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quefois des irrégularités, même au milieu des mers', sans doute parce que la couche d'eau est trop mince pour que l'aiguille ne soit pas affectée par l'inégale distribution des forces magnétiques dans l'intérieur du globe. La théorie mathématique des marées rend probable, il est vrai, que la moyenne profondeur de l'Océan est au moins de quatre lieues '; mais nous savons, par l'ascension aérostatique de M. Gay-Lussac, qu'en s'éloignant perpendiculairement de la surface de la terre, de 3600 toises, on n'éprouve encore aucun changement sensible dans l'intensité du magnétisme. On ne peut par conséquent pas admettre que la mer soit beaucoup plus profonde dans les parages où, sous le même parallèle magnétique, nous voyons diminuer le nombre des oscillations.

Je n'ai point eu à regretter de n'avoir pas embarqué l'appareil que Saussure a appelé

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Voyez dans le Journal de route mes observations faites

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par les 34° 30' et les 14° 15' de latitude nord.

D'après la petite hauteur des marées dans les

mers libres, et le rapport de la densité de la mer à celle de la terre. (La Place, dans les Mém, de Paris, 1776, p. 218.

magnétomètre, et que j'avois fait construire par M. Paul, à Genève. J'incline à croire que les variations d'intensité que l'on a cru observer dans un même lieu, au moyen de cet instrument compliqué, ont été l'effet d'une illusion involontaire. M. de Saussure

pensoit que la force magnétique diminuoit et sur les montagnes et pendant les grandes chaleurs de l'été, tandis que M. Blondeau' croyoit avoir trouvé, par un instrument de son invention, qu'une haute température de l'atmosphère augmentoit l'intensité du magnétisme. Ni l'une ni l'autre de ces assertions n'ont été confirmées par des expériences

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Voyage dans les Alpes, §. 458 et 2103. Je trouve la première idée d'un appareil magnétométrique dans les Œuvres posthumes de Hooke. Ce physicien, doué d'une sagacité extraordinaire, imagina, en 1680, de mesurer, au moyen d'une balance (statera), la force avec laquelle un aimant attire le fer à différentes distances. Posth. Works, p. xxiij. Voyez aussi les expériences de Brook Taylor, faites en 1715 (Phil, Trans., Vol. XXXI, p. 204).

2 Sur l'appareil que M. Blondeau a désigné avant Saussure par le nom de magnétomètre, voyez Mém. de l'Acad. de la marine de Brest, Tom. I, p. 421.

précises. Il n'est pas douteux qu'il existe, dans un même lieu, des variations périodiques dans l'intensité des forces magnétiques, comme on en a reconnu déjà dans la déclinaison, et, jusqu'à un certain point, dans l'inclinaison de l'aiguille aimantée : mais ces variations d'intensité paroissent être infiniment foibles, puisqu'on n'a pu les apercevoir en employant, au lieu du magnétomètre à verge perpendiculaire terminée par une boule de fer, l'appareil délicat de Coulomb, c'està-dire les oscillations d'une petite aiguille renfermée dans une cage de verre, et suspendue à un fil de soie sans torsion 2. D'ailleurs,

'On n'a pas remarqué des variations d'inclinaisons horaires ou diurnes, mais un changement lent dans l'espace de plusieurs années.

• A l'hospice du Mont-Cénis et à Rome, nous avons observé, M. Gay-Lussac et moi, les oscillations d'une même aiguille de jour et de nuit, par des températures atmosphériques très-différentes: le résultat de ces expériences a été que, s'il existe une variation horaire dans l'intensité des forces magnétiques, elle ne change pas la durée des oscillations d'un douzecentième. A Milan, la même aiguille a fait, le 15 avril 1805, dans l'intérieur de la ville, près de la

les deux instrumens ne sont pas tout-à-fait fondés sur le même principe; car l'aimant artificiel ayant une quantité de fluide qui est pour ainsi dire indépendante de celui de la terre, on conçoit que le magnétomètre, transporté sous différens climats, ne peut donner les mêmes résultats que l'appareil oscillatoire.

En parlant des observations de physique recueillies pendant la traversée du Ferrol à cathédrale, soixante oscillations en 4′ 56′′,8; et le 7 octobre, dans une prairie hors des murs, en 4′ 56′′,4. A Rome, la durée des oscillations a été la même à quelques dizaines de secondes près, à la Villa Borghèse, au Monte-Pincio et sur le chemin de Tivoli. Ce genre d'expériences est susceptible d'une telle précision que', dans différentes expériences faites à la cime du MontCenis, deux cent cinquante oscillations ont duré 1229′′,3, 1229′′,2, 1229′′,0 et 1229",5. A Rome, nous avons trouvé successivement, en temps d'un chronom. de Breguet, 1169′′,2; 1169,′′2; 1169′′,0 et 1169′′,5. J'ai cru devoir rapporter ici ces résultats pour prouver que les expériences faites sur l'intensité des forces magnétiques, et consignées dans cet ouvrage, ne sont pas sujettes, dans une étendue de terrain peu considérable, à ce grand nombre d'influences locales et horaires qui affectent les observations sur la déclinaison de l'aiguille aimantée.

Cumana, je n'ai pas fait mention de mes expériences sur la pureté de l'air et sa charge éléctrique. Les premières avoient été faites au moyen du gaz nitreux dans les tubes étroits de l'eudiomètre de Fontana : elles sembloient indiquer une plus grande portion d'oxygène dans les couches de l'atmosphère qui reposent sur la mer que dans celles qui entourent les continens. Nous savons aujourd'hui que s'il existe des variations eudiométriques, elles doivent être moindres de deux millièmes, et que les résultats que j'ai obtenus en 1799 ne méritent de confiance à cause des moyens trop imparfaits qu'on employoit alors à l'analyse de l'atmosphère.

pas

Quant aux expériences électrométriques, il nous a été impossible, tant à bord du Pizarro qu'a bord de tous les autres bâtimens sur lesquels nous avons été embarqués dans la suite, d'apercevoir au large le moindre

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Je mettois d'autant plus d'intérêt à ce genre d'expériences que, peu de temps avant mon départ d'Allemagne, je m'étois livré à un travail très-étendu sur l'électricité atmosphérique au pied des hautes montagnes du Salzbourg. Les résultats de ce travail se trouvent consignés dans le Journal de Physique, an 7.

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