, éclaircir les faits. Il eft bon que le public soit inf,, truit, il s'agit ici de fon intérêt. J'ai fort bien fait " de produire le certificat du roi Stanislas, qui attefte la vérité de tous les faits rapportés dans l'histoire " de Charles XII. Les aboyeurs folliculaires font "confondus alors, & le public eft éclairé. "Si votre zèle pour la vérité & pour les mœurs " va jufqu'à la calomnie la plus atroce, jufqu'à ,, certaines impoftures, capables de perdre un pauvre "auteur auprès du gouvernement & du monarque; "il eft clair alors que c'eft un procès criminel que " vous lui faites, & que le malheureux fifflé, opprimé, " que vous voudriez encore faire pendre, doit au " moins défendre fa cause avec toute la circonspection " poffible. " Je pense entièrement comme M. de Voltaire. Il me femble d'ailleurs que dans notre Europe occidentale, tout eft procès par écrit. Les puiffances ont-elles une querelle à démêler, elles plaident d'abord pardevant les gazetiers, qui les jugent en premier reffort, & enfuite elles appellent de ce tribunal à celui de l'artillerie. Deux citoyens ont-ils un différend fur une claufe d'un contrat ou d'un teftament, on imprime des factums, & des dupliques, & des mémoires nouveaux. Nous avons des procès de quelques bourgeois, plus volumineux que l'hiftoire de Tacite & de Suétone. Dans ces énormes factums, & même à l'audience, le demandeur foutient que l'intimé est un homme de mauvaise foi, de mauvaises mœurs, un chicaneur, un fauffaire. L'intimé répond avec la même politeffe. Le procès de mademoiselle la Cadière & du R. P. Girard, contient sept gros volumes, & l'Enéide n'en contient qu'un petit. Il est donc permis à un malheureux auteur de bagatelles, de plaider pardevant trois ou quatre douzaines de gens oififs qui fe portent pour juges des bagatelles, & qui forment la bonne compagnie, pourvu que ce foit honnêtement, & furtout qu'on ne foit point ennuyeux; car fi dans ces querelles l'agreffeur a tort, l'ennuyeux l'a bien davantage. J'ai lu autrefois une épître fur la calomnie; j'en ignore l'auteur, & je ne fais fi fon ftyle n'eft pas un peu familier; mais les derniers vers m'ont paru faits pour le fujet que je traite. Voici le point fur lequel je me fonde; On entre en guerre en entrant dans le monde. Rampans dans l'ombre, inconnus comme vous, Homme public, c'eft la publique envie Le coq jaloux fe bat fur fon fumier, L'aigle dans l'air, le taureau dans la plaine. La jaloufie & tous les noirs enfans Sont au théâtre, au conclave, aux couvens. Montez au ciel; trois déeffes rivales Ne voit-on pas chez cet atrabilaire Qui d'Olivier fut un temps fecrétaire, (a) Et le Meffie allant dans une armoire Prendre fa lance, inftrument de fa gloire? Mais, dit-on, Bernard de Fontenelle, après avoir fait quelques épigrammes affez plates contre Nicolas (a) Milton, fecrétaire d'Olivier Cromwell, & qui juftifia le meurtre de Charles I, dans le plus plat libelle qu'on ait jamais ecrit. (b) Irénée Caftel de Saint-Pierre. (c) Jean-Jacques a fait auffi un très-mauvais ouvrage fur ce sujet. (d) Ce font deux ex-jefuites les plus infolens calomniateurs de leur profeffion, & il en fera queftion dans le cours de cet ouvrage. Boileau & contre Racine, ne répondit rien au mauvais livre du R. P. Balthus de la fociété de Jéfus, qui l'accufait d'athéifme pour avoir rédigé en bon français & avec grâces le livre latin très-favant, mais un peu pefant de Vandall; c'eft que les RR. PP. Lallemant & Doucin, de la fociété de Jéfus, firent dire à M. de Fontenelle par M. l'abbé de Tilladet, que s'il répondait on le mettrait à la bastille; c'eft que plus de vingt ans après, le R. P. le Tellier perfecuta Fontenelle, qu'il accufa d'avoir engagé du Marfais à répondre; (e) c'est que du Marfais était perdu fans le préfident de Maifons, & Fontenelle fans M. d'Argenfon, comme on l'a déjà dit ailleurs, & comme Fontenelle le fait entendre lui-même dans le bel éloge de M. d'Argenfon le garde des fceaux. (f) Mais à préfent que le R. P. le Tellier ne diftribue plus de lettres de cachet, je pose qu'il n'eft pas abfolument défendu à un barbouilleur de papier, foit mauvais poëte, foit plat profateur, du nombre defquels j'ai l'honneur d'être, d'expofer les petites erreurs dans lefquelles des gens de bien font depuis peu tombés, foit en inventant, foit en rapportant des calomnies abfurdes, foit en falfifiant des écrits, foit en contrefefant le ftyle & jufqu'au nom de leurs confrères qu'ils ont voulu perdre; foit en les accufant d'héréfie, de (e) Voyez la page 101 de l'excellent ouvrage intitulé: La deftruction des jefuites, livre écrit du ftyle des Provinciales, mais avec plus d'impartialité. Voici comme l'auteur très-inftruit s'exprime : Dans le même temps que le Tellier perfecutait les janfeniftes, il déférait Fontenelle à Louis XIV comme un athée, pour avoir fait l'Hiftoire des oracles. (f) M. Jean-George le Franc, évêque du Puy en Vélai, a renouvelé cette accufation dans une paftorale qui ne vaut pas les paftorales de Fontenelle. déifme, d'athéifme, à propos d'une recherche d'anatomie, ou de quelques vers de cinq pieds, ou de quelque point de géographie. M. Jean-George le Franc, évêque du Puy, dit, par exemple, dans une pastorale, à la page 6: Qu'on s'eft armé contre le chriflianifme dans la grammaire. On n'avait pas encore entendu dire que le fubftantif & l'adjectif, quand ils s'accordent en genre, en nombre, & en cas, conduifent droit à nier l'exifftence de DIEU. Je vais, pour l'édification du public, raffembler, preuves en main, quelques tours de paffe-paffe dans ce goût, qui ont illuftré en dernier lieu la littérature. Ce petit morceau pourra être utile à ceux qui entrent dans la carrière heureufe des lettres. C'eft un compendium de traits d'érudition, de droiture, & de charité, qui me fut envoyé il y a quelque temps par un bon ami, fous le titre de Nouvelles honnêtetés littéraires. Première honnêteté. IL ya des fottifes convenues qu'on réimprime tous les jours fans conféquence, & qui fervent même à l'éducation de la jeunesse. La géographie d'Hubner eft mife entre les mains des enfans, depuis Mofcou jufqu'à Strasbourg. On y trouve, dès la première page, que Jupiter fe changca cu taureau pour enlever Europe, treize cents ans avant JESUS-CHRIST, jour pour jour; mais que les habitans de l'Europe font enfans de Japhet; qu'ils font au nombre de trente millions, quoique la feule Allemagne poffède environ ce nombre d'habitans. Il affirme enfuite qu'on ne peut trouver en Europe un terrain d'une lieue d'étendue qui ne foit habité. |