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de mesurer les variations diurnes de cette force par la vitesse des oscillations horizontales d'un barreau aimanté '; mais il paroît que c'est Borda qui, le premier, a eu l'idée de faire osciller une même aiguille d'inclinaison dans différens lieux de la terre. Les tentatives de ce savant navigateur n'avoient donné, comme il me l'a affirmé plusieurs fois, aucun résultat précis, à cause du frottement qu'éprouvoient les anciennes aiguilles sur leurs axes. On se contentoit souvent, à cette époque, de faire osciller l'aiguille des compas de variation; et, dans la relation manuscrite du voyage de Borda aux Canaries, il est dit expressément, en parlant des modifications de l'intensité des forces magnétiques mesurées par la vivacité des oscillations, qu'au sommet du Pic on avoit compté dix oscillations de la Rose en 97′′ de temps, tandis qu'à Sainte-Croix, leur durée avoit été de 94"; à Cadix, de 103", et à Brest, de 113". M. Le Monnier, dans son ouvrage

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Phil. Trans., Vol. XXXIII, p. 332. Thomson, Hist. of the Royal Soc., p. 461. Diss. de Magnete, Exp. CII et CVII.

sur les lois du magnétisme', observe combien il seroit à désirer qu'on connût le rapport entre les oscillations d'une même aiguille au Pérou et dans le nord de l'Europe; mais une note ajoutée à son planisphère magnétique', annonce qu'il n'avoit pas une idée bien exacte des causes qui modifient l'intensité de la force totale. Selon Cavendish 3, cette intensité devoit être la même sur toute la surface du globe, et l'opinion de ce grand physicien pouvoit être imposante pour ceux qui n'avoient point occasion d'interroger la nature par des expériences directes.

Dans cet état d'incertitude, l'Académie des sciences engagea vivement M. de Lapérouse à faire, pendant le cours de son voyage autour du monde, des expériences sur l'intensité des forces magnétiques. « On a reconnu, disent les commissaires 4 dans l'instruction communiquée aux naturalistes de l'expédition, qu'à Brest, à Cadix, à Ténériffe,

Introduction, p. xxv.

2 Mém. de Paris, 1786, p. 43.

3 Phil. Trans., 1778, p. 39o.

Voyage de Lapérouse, Tom. I, p. 160.

à Gorée sur la côte d'Afrique et à la Guade lonpe, l'intensité est sensiblement la même, Il seroit intéressant de répéter ces expériences, en estimant la force magnétique par la durée des oscillations d'une bonne aiguille d'inclinaison, à la mer dans les temps très-calmes. Il seroit surtout important de connoître la force magnétique là où l'inclinaison est la plus petite. » L'imperfection des boussoles embarquées à bord des bâtimens de M. de Lapérouse n'a sans doute pas permis aux astronomes de cette expédition de se livrer à ce genre de recherches, et les voeux de l'Académie des sciences n'ont été remplis que dans le voyage de d'Entrecasteaux et dans celui dont cet ouvrage offre la relation. Parmi le grand nombre d'observations précieuses que nous devons à M. de Rossel, il y en a cinq sur les oscillations de l'aiguille aimantée' faites à Brest, à Ténériffe, à l'île Van Diemen,

* Ces observations n'ont été publiées qu'en 1808 (Voyage de d'Entrecasteaux, Tom. II, p. 287, 291, 321, 480 et 644), mais elles ont été faites huit ans avant mon voyage à l'Orénoque. J'en ai eu connoissance dès l'année 1805, immédiatement après avoir communiqué à la première classe de l'Institut les

à Amboine et à Java. De mon côté, j'ai déterminé, conjointement avec MM. GayLussac et Bonpland, depuis les 5o de latitude magnétique sud jusqu'aux 60o de latitude magnétique nord, l'intensité des forces en cent quatre-vingts endroits appartenant à deux systèmes d'attractions particuliers'. J'ai pu faire osciller, dans l'espace de trois ans, les mêmes aiguilles ou des aiguilles comparées entre elles à Lima, sous l'équateur magnétique, à Mexico, à Naples et à Berlin, ce qui m'a mis en état de fixer le rapport qui existe entre la charge magnétique du globe dans les différens climats. Il résulte de ce

résultats généraux de mes observations sur le décroissement progressif qu'offre l'intensité des forces magnétiques depuis Paris jusqu'à l'équateur magnétique. Voyez le Mémoire que j'ai publié à cette époque, conjointement avec M. Biot, dans le Tome LIX du Journal de Physique.

A cause des inflexions de l'équateur magnétique, on peut considérer les points du globe qui diffèrent peu en longitude magnétique, comme appartenant à un même système de forces. Les longitudes sont compées du point d'intersection entre les équateurs terrestres et magnétiques.

travail étendu, qui sera publié séparément, qu'en supposant l'intensité des forces sous l'équateur =1, cette intensité est, à Naples, 1,2745; à Paris, 1,3482, et à Berlin, 1,3703.

Nous voyons déjà que, depuis les 38 jusqu'aux 13 degrés de latitude terrestre, dans la partie de l'Océan Atlantique boréal, à laquelle se rapporte le tableau précédent, le nombre des oscillations diminue de 242 à 234, tandis que l'inclinaison varie de 75o,76 a 50°,67 de la divivision centésimale. J'ai tâché de faire ces observations, par un temps calme et lorsque le vaisseau oscilloit dans un plan perpendiculaire au plan du limbe de la boussole. Les oscillations de l'aiguille ne sont presque pas troublées celles du vaisseau ces dernières ayant, par un vent uniforme, toute la régularité des pendules isochrones, En général, la marche que suivent, par différentes latitudes, la déclinaison et l'incli→ naison magnétiques, paroît plus régulière dans le bassin des mers que sur les continens où les inégalités de la surface et la nature des roches qui constituent les montagnes environnantes, causent de fréquentes anomalies. Quant à la durée des oscillations, elle éprouve quel

par

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