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cette faute s'est glissée dans les éditions stéréotypes, d'ailleurs si soignées.

QUANT et QUAND.

Il a plu aux grammairiens de placer ces mots dans deux classes, et d'appeler le premier adverbe, et le second conjonction.

Quant est une altération du quantum, quia pour antécédent tantum; d'où ces deux mots tant et quant.

Quand est une altération de quando, qui signifie dans le temps que ou dans quel temps. A peine méritent-ils d'être comparés, tant il y aentre eux de différence!

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-On a vu que quant s'emploie quelquefois comme adjectif variable, toutes fois et quantes, etc. Dans le chapitre des invariables dits conjonctions, nous donnerons les différents emplois de quand, et nous l'opposerons à lorsque.

SI augmentatif, et si suppositif.

Nous avons deux si évidemment différents, tant par leur sens, que par leur étymologie. Le premier est une altération du latin sic, qui

a LA F.3, 1.

b Id. 4, 21.

c VOLT. Les Systèmes.
d MoL. Dep. amour. 4, 2.

e J. J. R. Emil. 4. ƒ VOLT.

signifie ainsi, de telle manière; voyez Idéologie, pag. 154; et l'autre, exprimant toujours une supposition, est le si latin. Celui-ci est peutêtre une altération de sit, troisième personne du verbe sum. Les deux sortes se trouvent employées dans chacun des passages suivants :

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Suite.

Si vous saviez ma honte et qu'un avis fidèle
De mes lâches combats vous portât la nouvelle! a

Que le peuple aux tyrans ne soit plus exposé;
S'il eût puni Sylla, César eût moins osé. b

Je définis la cour un pays où les gens
Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu'il plaît au prince, ou, s'ils ne ponvent
l'étre,

Tâchent au moins de le paraître. c

On a cru qu'il y a un si dubitatif, qui répond à l'an des Latins; comme dans je ne sais s'il crut ce conseil. Si on le distingue! Mais ce n'est là qu'une manière d'employer le si suppositif. Je ne sais CECI OU LA SUPPOSITION SUIVANTE; savoir, il crut ce conseil.

On a pu remarquer que si suppositif, placé devant il et ils, devient s', par le changement de l'i en apostrophe. Cette altération n'a lieu que devant ces deux mots, s'il, s'ils.

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La seconde colonne nous montre les prétendues conjonctions ou, construites dans l'ordre même des idées. La place que ces п

a RAC. Mithrid. 4, 5. CORN.

C LA F. 8, 14.

d Passage déjà cửi,

occupent dans la construction est incontestable. Ils ne lient donc ni phrases, ni parties de phrases, ni même des mots. Ce ne sont donc point des conjonctions, cette partie imaginaire du discours, qui, selon la doctrine générale des écoles, sert à joindre ensemble des mots ou des phrases.

« La conjonction, dit Restaut, est employée pour faire une liaison dans le » discours. Elle diffère de l'adverbe en ce qu'elle ne sert à modifier ni un verbe, »> ni un adjectif, ni un adverbe. »

Voilà le fantôme parfaitement caractérisé. Il s'évanouit devant la construction. Les deux et du premier exemple y sont invinciblement placés, l'un après cherche, l'autre après trouve : ils servent donc à modifier un verbe. Ils ne diffèrent donc en aucune manière de la nature des mots qui portent le nom d'adverbes; et il est impossible de placer et, et additionnellement dans deux classes différentes.

Ou n'est pas non plus d'une autre nature; il est évidemment le ynonyme de autrement; et comme ce dernier mot, comme et, il nodifie à la manière des adverbes. Or les autres prétendues conjoncions n'offrent rien qui ait dû faire attribuer à certains mots la vertu nconcevable de lier des phrases, de joindre, d'assembler les phrases, l'en lier le sens, et d'en composer un tout (383).

Les mots ne sont jamais que juxta-posés. On ne pourrait pas même omparer une phrase à une chaîne dont les anneaux soient enlacés es uns dans les autres; et en supposant qu'on pût se figurer dans les ots une liaison semblable à celle qui existe entre les anneaux d'une aîne, on ne serait pas plus avancé pour établir une classe de mots ont la propriété serait d'assembler les phrases. Car on n'assemble mais que les anneaux, et quand de plusieurs chaînes on en fait e seule à plusieurs branches, ce sont seulement plusieurs anaux; ce sont les anneaux, les anneaux seuls qui sont l'objet

cette union.

Reprenons deux phrases peu étendues : je cherche, je trouve. Nous

rons cette construction:

Je cherche,

Je trouve.

333) Lisez les étranges doctrines répétées dans la Grammaire des gramires, 3. édition.

Introduisons la prétendue conjonction et je cherche et je trouve.

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S'il existait un mot qui marquât une liaison entre ces deux phrases, il serait en contact avec l'une et l'autre, ou tout au moins comme l'anneau qui s'unit à deux autres anneaux. Et cependant la construction, selon l'ordre des idées, place ce prétendu lien à la fin des deux phrases, et ne le montre en rapport qu'avec un seul mot. Qui le croirait? une simple inversion a trompé tous les grammairiens(384). Dans la construction usuelle et est placé entre deux phrases, et l'on a cru qu'il servait à les lier ! Voyez l'étymologie et l'analyse de toutes les prétendues conjonctions, Idéolog., pag. 159.

Sur la division des prétendues conjonctions.

Prétendues conjonctions simples.

Lorsque le kan de Tartarie a dîné, un héraut crie que tous les princes de la terre peuvent aller dîner, si bon leur semble. a

Hate-toi de jouir, tu n'as pas tant à vivre.
Je te rebats ce mot; car il vaut tout un livre.

Prétendues conjonctions composées.

Il faut avoir de la mémoire, après qu'on a menti. b

Elle ne vous loue qu'à cause qu'elle vous croit faible. c

Ainsi ce n'était point assez de créer une partie imaginaire du discours, de donner à des mots une propriété absurde; il fallait encore convertir des phrases en mots, regarder deux ou trois mots bien distincts, et déjà classés comme n'étant plus qu'un seul et même mot.

A cause que, de peur que, à condition que, par conséquent, as reste, etc., etc., etc., ont été rangés dans la huitième partie, dans le huitième élément du discours.

(384) Nous ne connaissons que le célèbre Horne-Tooke, qui ne se soit pas laissé imposer. Voyez Biographie des morts, au mot HORNE-TOOKв. Ce qu m'étonne, ce n'est point de nous être rencontrés sur la même route, mais que nous y soyons si solitaires.

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