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pas plus clair. Et ce sens spirituel est si clairement expliqué en quelques endroits, qu'il falloit un aveuglement pareil à celui que la chair jette dans l'esprit quand il lui est assujetti, pour ne pas le reconnoître.

Voilà donc quelle a été la conduite de Dieu. Ce sens spirituel est couvert d'un autre en une infinité d'endroits, et découvert en quelques uns, rarement, à la vérité, mais en telle sorte, néan

qu'en éclairant les uns il aveugle les autres, marquoit, en ceux mêmes qu'il aveugloit, la vérité qui devoit être connue des autres; car les biens visibles qu'ils recevoient de Dieu étoient si grands et si divins, qu'il paroissoit bien qu'il avoit le pouvoir de leur donner les invisibles, et un Messie.

IX.

moins, que les lieux où il est caché sont équi-Christ est prédit; le temps du second ne l'est Le temps du premier avènement de Jésus

point, parceque le premier devoit être caché,
au lieu
le second doit être éclatant, et tel-
que
lement manifeste, que ses ennemis mêmes le

qu'obscurément, et pour être connu seulement de ceux qui sonderoient les Écritures, Dieu avoit tellement disposé les choses, que tout servoit à le faire reconnoitre. Les Juifs le prouvoient en le recevant car ils étoient les dépositaires des prophéties; et ils le prouvoient aussi en ne le recevant point, parcequ'en cela ils accomplissoient les prophéties.

voques, et peuvent convenir aux deux : au lieu que les lieux où il est découvert sont univoques, et ne peuvent convenir qu'au sens spirituel. De sorte que cela ne pouvoit induire en erreur, et qu'il n'y avoit qu'un peuple aussi char-reconnoîtront. Mais comme il ne devoit venir nel que celui-là qui pût s'y méprendre. Car quand les biens sont promis en abondance, qui les empêchoit d'entendre les véritables biens, sinon leur cupidité, qui déterminoit ce sens aux biens de la terre? Mais ceux qui n'avoient des biens qu'en Dieu les rapportoient uniquement à Dieu. Car il y a deux principes qui partagent les volontés des hommes, la cupidité et la charité. Ce n'est pas que la cupidité ne puisse demeurer avec la foi, et que la charité ne subsiste avec les biens de la terre. Mais la cupidité use de Dieu et jouit du monde; et la charité, au contraire, use du monde et jouit de

Dieu.

Or, la dernière fin est ce qui donne le nom aux choses. Tout ce qui nous empêche d'y arriver est appelé ennemi. Ainsi les creatures, quoique bonnes, sont ennemies des justes, quand elles les détournent de Dieu; et Dieu même est l'ennemi de ceux dont il trouble la convoitise.

Ainsi le mot d'ennemi dépendant de la dernière fin, les justes entendoient par-là leurs passions, et les charnels entendoient par-là les Babyloniens de sorte que ces termes n'étoient obscurs que pour les injustes. Et c'est ce que dit Isaie: Signa legem in discipulis meis (Is., 8, 16); et que Jésus-Christ sera pierre de scandale (1b., 8, 14). Mais bienheureux ceux qui ne seront point scandalisés en lui. (MATTH., 11, 16.) Osée le dit aussi parfaitement : Où est le sage, et il entendra ce que je dis? Car les voies de Dieu sont droites; les justes y marcheront, mais les méchants y trébucheront. (OSÉE, 14, 10.)

Et cependant ce testament fait de telle sorte,

X.

Les Juifs avoient des miracles, des prophéties qu'ils voyoient accomplir; et la doctrine de leur loi étoit de n'adorer et de n'aimer qu'un Dieu; elle étoit aussi perpétuelle. Ainsi elle avoit toutes les marques de la vraie religion : aussi l'étoit-elle. Mais il faut distinguer la doctrine des Juifs d'avec la doctrine de la loi des Juifs. Or, la doctrine des Juifs n'étoit pas vraie, quoiqu'elle eût les miracles, les prophéties et la perpétuité, parcequ'elle n'avoit pas cet autre point de n'adorer et de n'aimer que Dieu.

La religion juive doit donc être regardée différemment dans la tradition de leurs saints et dans la tradition du peuple. La morale et la félicité en sont ridicules dans la tradition du peuple; mais elle est incomparable dans celle de

Au lieu de la négation absolue, l'auteur auroit pu dire, ne

l'est pas aussi clairement; car les trois temps et demi de Daniel (DAN., 7, 25, et 12, 7) et les quarante-deux mois de saint Jean (Apoc., 11, 2, et 15, 5) paroissent conduire là, suivant les théologiens. Mais que signifient ces temps et ces mois?

C'est ce que l'Écriture ne dit pas. Jésus-Christ annonce aussi les signes qui précéderont la fin du monde, et il ajoute : Lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez que le fils de l'homme est près. (MATTH., 24, 53. MARC, 12, 29. LUC, 21, 31.)

(Note de l'édit. de 1787.)

leurs saints. Le fondement en est admirable. | C'est le plus ancien livre du monde, et le plus authentique; et au lieu que Mahomet, pour faire subsister le sien, a défendu de le lire, Moïse, pour faire subsister le sien, a ordonné à tout le monde de le lire.

XI.

La religion juive est toute divine dans son autorité, dans sa durée, dans sa perpétuité, dans sa morale, dans sa conduite, dans sa doctrine, dans ses effets, etc. Elle a été formée sur la ressemblance de la vérité du Messie; et la vérité du Messie a été reconnue par la religion des Juifs, qui en étoit la figure.

Parmi les Juifs, la vérité n'étoit qu'en figure. Dans le ciel, elle est découverte. Dans l'Église, elle est couverte, et reconnue par le rapport à la figure. La figure a été faite sur la vérité, et la vérité a été reconnue sur la figure.

XII.

Qui jugera de la religion des Juifs par les grossiers, la connoîtra mal. Elle est visible dans les saints livres, et dans la tradition des prophètes, qui ont assez fait voir qu'ils n'entendoient pas la loi à la lettre. Ainsi notre religion est divine dans l'Évangile, les apôtres et la tradition; mais elle est toute défigurée dans ceux qui la traitent mal.

XIII.

Les Juifs étoient de deux sortes: les uns n'avoient que les affections païennes, les autres avoient les affections chrétiennes. Le Messie, selon les Juifs charnels, doit être un grand prince temporel. Selon les chrétiens charnels, il est venu nous dispenser d'aimer Dieu, et nous donner des sacrements qui opèrent tout sans nous. Ni l'un ni l'autre n'est la religion chrétienne, ni juive. Les vrais Juifs et les vrais chrétiens ont reconnu un Messie qui les feroit aimer Dieu, et, par cet amour, triompher de leurs

ennemis.

XIV.

Le voile qui est sur les livres de l'Écriture pour les Juifs y est aussi pour les mauvais chrétiens, et pour tous ceux qui ne se haïssent pas eux

mêmes. Mais qu'on est bien disposé à les entendre et à connoître Jésus-Christ, quand on se hait véritablement soi-même !

XV.

Les Juifs charnels tiennent le milieu entre les chrétiens et les païens. Les païens ne connoissent point Dieu, et n'aiment que la terre. Les Juifs connoissent le vrai Dieu, et n'aiment que la terre. Les chrétiens connoissent le vrai Dieu, et n'aiment point la terre. Les Juifs et les païens aiment les mêmes biens. Les Juifs et les chrétiens connoissent le même Dieu.

XVI.

servir de témoin au Messie. Il porte les livres, C'est visiblement un peuple fait exprès pour est prédit; car il est dit que les jugements de et les aime, et ne les entend point. Et tout cela Dieu leur sont confiés, mais comme un livre scellé.

Tandis que les prophètes ont été pour maintenir la loi, le peuple a été négligent. Mais depuis qu'il n'y a plus eu de prophète, le zèle a succédé, ce qui est une providence admirable.

XVII.

La création du monde commençant à s'éloiDieu a pourvu d'un historien contempogner, rain, et a commis tout un peuple pour la garde de ce livre, afin que cette histoire fût la plus authentique du monde, et que tous les hommes pussent apprendre une chose si nécessaire à savoir, et qu'on ne peut savoir que par-là.

XVIII.

Moïse étoit habile homme : cela est clair. Donc,

s'il eût eu dessein de tromper, il eût fait en sorte qu'on n'eût pu le convaincre de tromperie. Il a fait tout le contraire; car, s'il eût débité des fables, il n'y eût point eu de Juif qui n'en eût pu reconnoître l'imposture.

Pourquoi, par exemple, a-t-il fait la vie des premiers hommes si longue, et si peu de générations? Il eût pu se cacher dans une multitude de générations, mais il ne le pouvoit en si peu ; car ce n'est pas le nombre des années, mais la

multitude des générations, qui rend les choses | pendant avec joie, soit dans les biens qu'il lui obscures. plaît de me donner, soit dans les maux qu'il m'envoie pour mon bien, et qu'il m'a appris à souffrir par son exemple.

La vérité ne s'altère que par le changement des hommes. Et cependant il met deux choses les plus mémorables qui se soient jamais imaginées, savoir, la création et le déluge, si proches, qu'on y touche par le peu qu'il fait de générations. De sorte qu'au temps où il écrivoit ces choses, la mémoire devoit encore en être toute récente dans l'esprit de tous les Juifs.

Sem, qui a vu Lamech, qui a vu Adam, a vu au moins Abraham ; et Abraham a vu Jacob, qui a vu ceux qui ont vu Moïse. Donc le déluge et la création sont vrais. Cela conclut entre de certaines gens qui l'entendent bien.

Dès là je réfute toutes les autres religions : par-là je trouve réponse à toutes les objections. Il est juste qu'un Dieu si pur ne se découvre qu'à ceux dont le cœur est purifié.

Je trouve d'effectif que depuis que la mémoire des hommes dure, voici un peuple qui subsiste plus ancien que tout autre peuple. Il est annoncé constamment aux hommes qu'ils sont dans une corruption universelle, mais qu'il viendra un réparateur : ce n'est pas un seul homme qui le dit, mais une infinité, et un peuple entier prophétisant durant quatre mille ans.

ARTICLE IX.

I.

La longueur de la vie des patriarches, au lieu de faire que les histoires passées se perdissent, servoit, au contraire, à les conserver. Car ce qui fait que l'on n'est pas quelquefois assez instruit dans l'histoire de ses ancêtres, c'est qu'on n'aja- Des figures; que l'ancienne loi étoit figurative. mais guère vécu avec eux, et qu'ils sont morts souvent avant que l'on eût atteint l'âge de raison. Mais lorsque les hommes vivoient si longtemps, les enfants vivoient long-temps avec leurs pères, et ainsi ils les entretenoient long-temps. Or, de quoi les eussent-ils entretenus, sinon de l'histoire de leurs ancêtres, puisque toute l'histoire étoit réduite à celle-là, et qu'ils n'avoient niles sciences, ni les arts qui occupent une grande partie des discours de la vie? Aussi l'on voit qu'en ce temps-là les peuples avoient un soin qu'en ce temps-là les peuples avoient un soin particulier de conserver leurs généalogies.

XIX.

mais il

II y a des figures claires et démonstratives; turelles, et qui ne prouvent qu'à ceux qui sont y en a d'autres qui semblent moins naturelles, et qui ne prouvent qu'à ceux qui sont persuadés d'ailleurs. Ces figures-là seroient seml'his-blables à celles de ceux qui fondent des prophéties sur l'Apocalypse, qu'ils expliquent à leur blables à celles de ceux qui fondent des prophéfantaisie. Mais la différence qu'il y a, c'est qu'ils Tellement qu'il n'y a rien de si injuste que quand n'en ont point d'indubitables qui les appuient. ils prétendent que les leurs sont aussi bien fondées que quelques unes des nôtres; car ils n'en ont pas de démonstratives comme nous en avons. La partie n'est donc pas égale. Il ne faut pas égaler et confondre ces choses, parcequ'elles semblent être semblables par un bout, étant si différentes par l'autre..

Plus j'examine les Juifs, plus j'y trouve de vérités; et cette marque qu'ils sont sans prophètes, ni roi, et qu'étant nos ennemis, ils sont d'admirables témoins de la vérité de ces prophéties, où leur vie et leur aveuglement même est prédit. Je trouve en cette enchâssure cette religion toute divine dans son autorité, dans sa durée, dans sa perpétuité, dans sa morale, dans sa conduite, dans ses effets. Et ainsi je tends les bras à mon libérateur, qui, ayant été prédit durant quatre mille ans, est venu souffrir et mourir pour moi sur la terre dans les temps et dans toutes les circonstances qui en ont été prédites, et, par sa grace, j'attends la mort en paix, dans l'espé

H.

Une des principales raisons pour lesquelles les prophètes ont voilé les biens spirituels qu'ils promettoient sous les figures des biens temporels, c'est qu'ils avoient affaire à un peuple charnel, qu'il falloit rendre dépositaire du testament spirituel.

Jésus-Christ, figuré par Joseph, bien-aimé de rance de lui être éternellement uni; et je vis ce- 1 son père, envoyé du père pour voir ses frères,

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est l'innocent vendu par ses frères vingt de- | deux sens, il est sûr qu'il sera venu en Jésusniers, et par-là devenu leur seigneur, leur sau- Christ. veur, et le sauveur des étrangers, et le sauveur du monde; ce qui n'eût point été sans le dessein de le perdre, sans la vente et la réprobation qu'ils en firent.

Dans la prison, Joseph innocent entre deux criminels: Jésus en la croix entre deux larrons. Joseph prédit le salut à l'un, et la mort à l'autre, sur les mêmes apparences : Jésus-Christ sauve l'un, et laisse l'autre, après les mêmes crimes. Joseph ne fait que prédire : Jésus-Christ fait. Joseph demande à celui qui sera sauvé qu'il se souvienne de lui quand il sera venu en sa gloire; et celui que Jésus-Christ sauve lui demande qu'il se souvienne de lui quand il sera en son royaume.

III.

La grace est la figure de la gloire; car elle n'est pas la dernière fin. Elle a été figurée par la loi, et elle figure elle-même la gloire; mais de telle manière, qu'elle est en même temps un moyen pour y arriver.

IV.

La synagogue ne périssoit point, parcequ'elle étoit la figure de l'Église; mais parcequ'elle n'étoit que la figure, elle est tombée dans la servitude. La figure a subsisté jusqu'à la vérité, afin que l'Église fut toujours visible, ou dans la peinture qui la promettoit, ou dans l'effet.

V.

Pour prouver tout d'un coup les deux Testaments, il ne faut que voir si les prophéties de l'un sont accomplies en l'autre. Pour examiner les prophéties, il faut les entendre; car si l'on croit qu'elles n'ont qu'un sens, il est sûr que le Messie ne sera point venu; mais si elles ont

1 Le mot est n'a-t-il point été transporté ici par erreur de copiste? Ne faudroit-il pas lire : Jésus-Christ est figuré par Joseph, bien-aimé de son père, envoyé du père pour voir ses frères, l'innocent vendu par ses frères vingt deniers, et le reste? Car cette circonstance des vingt deniers regarde Joseph, et non Jésus-Christ, qui fut vendu trente deniers. Tout ce qui suit regarde également Joseph; le nom même de Sauveur du monde est celui qui fut donné à Joseph, selon la Vulgate Salvatorem mundi. (Gen., 41, 43.) Tout cela regarde Joseph;

et en tout cela Jésus-Christ est figuré par Joseph. Voilà bien ce que l'auteur a voulu dire. (Note de l'édit. de 1787.)

:

Toute la question est donc de savoir si elles ont deux sens, si elles sont figures, ou réalités; c'est-à-dire, s'il faut y chercher quelque autre chose que ce qui paroît d'abord, ou s'il faut s'arrêter uniquement à ce premier sens qu'elles présentent.

Si la loi et les sacrifices sont la vérité, il faut qu'ils plaisent à Dieu, et qu'ils ne lui déplaisent point. S'ils sont figures, il faut qu'ils plaisent et déplaisent.

Or, dans toute l'Écriture ils plaisent, et déplaisent. Donc ils sont figures.

VI.

Pour voir clairement que l'ancien Testament n'est que figuratif, et que par les biens temporels les prophètes entendoient d'autres biens, il ne faut que prendre garde, premièrement, qu'il seroit indigne de Dieu de n'appeler les hommes qu'à la jouissance des félicités temporelles ; secondement, que les discours des prophètes expriment clairement la promesse des biens temporels; et qu'ils disent néanmoins que leurs discours sont obscurs, et que leur sens n'est pas celui qu'ils expriment à découvert : qu'on ne l'entendra qu'à la fin des temps. (JÉRÉM., 25, 92, et 50, 24.) Donc ils entendoient parler d'autres sacrifices, d'un autre libérateur, etc.

Enfin, il faut remarquer que leurs discours sont contraires et se détruisent, si l'on pense qu'il n'ait entendu par les mots de loi et de sacrifice autre chose que la loi de Moïse et ses sacrifices; et il y auroit contradiction manifeste et grossière dans leurs livres, et quelquefois dans un même chapitre. D'où il s'ensuit qu'il faut qu'ils aient entendu autre chose.

VII.

Il dit que la loi sera changée; que le sacrifice sera changé; qu'ils seront sans roi, sans princes et sans sacrifices; qu'il sera fait une nouvelle alliance; que la loi sera renouvelée ; que les préceptes qu'ils ont reçus ne sont pas bons; que leurs sacrifices sont abominables; que Dieu n'en a point demandé.

Il est dit, au contraire, que la loi durera éter

nellement ; que cette alliance sera éternelle; que le sacrifice sera éternel; que le sceptre ne sortira jamais d'avec eux, puisqu'il ne doit point en sortir que le roi éternel n'arrive. Tous ces passages marquent-ils que ce soit réalité? Non. Marquent-ils aussi que ce soit figure? Non: mais que c'est réalité ou figure. Mais les premiers, excluant la réalité, marquent que ce n'est que figure.

Tous ces passages ensemble ne peuvent être dits de la réalité : tous peuvent être dits de la figure. Donc ils ne sont pas dits de la réalité, mais de la figure.

VIII.

Pour savoir si la loi et les sacrifices sont réa

lité ou figure, il faut voir si les prophètes, en parlant de ces choses, y arrêtoient leur vue et leur pensée, en sorte qu'ils ne vissent que cette ancienne alliance, ou s'ils y voyoient quelque autre chose dont elles fussent la peinture, car dans un portrait on voit la chose figurée. Il ne faut pour cela qu'examiner ce qu'ils disent.

Quand ils disent qu'elle sera éternelle, entendent-ils parler de l'alliance de laquelle ils disent qu'elle sera changée? Et de même des sacrifices, etc.

IX.

Les prophètes ont dit clairement qu'Israël seroit toujours aimé de Dieu, et que la loi seroit éternelle; et ils ont dit que l'on n'entendroit point leur sens, et qu'il étoit voilé.

Le chiffre a deux sens. Quand on surprend une lettre importante où l'on trouve un sens clair, et où il est dit néanmoins que le sens est voilé et obscurci ; qu'il est caché en sorte qu'on verra cette lettre sans la voir, et qu'on l'entendra sans l'entendre; que doit-on penser, sinon que c'est un chiffre à double sens, et d'autant plus, qu'on y trouve des contrariétés manifestes dans le sens littéral? Combien doit-on donc estimer ceux qui nous découvrent le chiffre et nous apprennent à connoître le sens caché, et principalement quand les principes qu'ils en prennent sont tout-à-fait naturels et clairs? C'est ce qu'ont fait Jésus-Christ et les apôtres. Ils ont levé le sceau, ils ont rompu le voile et découvert l'esprit. Ils nous ont appris pour cela que

les ennemis de l'homme sont ses passions; que le Rédempteur seroit spirituel; qu'il y auroit deux avènements, l'un de misère, pour abaisser l'homme superbe; l'autre de gloire, pour élever l'homme humilié ; que Jésus-Christ sera Dieu et homme.

X.

Jésus-Christ n'a fait autre chose qu'apprendre aux hommes qu'ils s'aimoient eux-mêmes, et qu'ils étoient esclaves, aveugles, malades, malheureux et pécheurs; qu'il falloit qu'il les délivrât, éclairât, guérit et béatifiât; que cela se feroit en se haïssant soi-même, et en le suivant par la misère et la mort de la croix.

La lettre tue; tout arrivoit en figure: il falloit que le Christ souffrît: un Dieu humilié, circoncision du cœur, vrai jeûne, vrai sacrifice, vrai temple, double loi, double table de la loi, double temple, double captivité: voilà le chiffre qu'il nous a donné.

Il nous a appris enfin que toutes ces choses n'étoient que des figures; et ce que c'est que vraiment libre, vrai Israélite, vraie circoncision, vrai pain du ciel, etc.

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