On va voir que l'adjectif qui entre en composition dans ces invariables est un adjectif féminin singulier, lequel s'accorde avec le du même genre et du même nombre. substantif ment, C'est donc toujours de l'adjectif féminin que se forment les invariables en ment; mais, lorsque cet adjectif finit par deux voyelles, comme étourdie, vraie, due, le besoin d'abréger a fait syncoper l'e muet. La rencontre des adjectifs féminins en ante, ente, avec ment, a aussi amené une construction bien naturelle. Car si l'on prononce un peu vite élégantement, prudentement, à peine fait-on entendre le T; d'où élégan-ment, qui s'est transformé en élégamment. Comment est venu lui-même de l'adjectif féminin qua mente, qui a subi diverses altérations faciles à reconnaître. L'impression se fait; mais comment se fait-elle? a Il y a quelques invariables en ment, comme impunément, traîtreusement, commodément, etc., qui peuvent être regardés comme irréguliers; car les adjectifs sont impuni, impunie, traître, traîtresse, commode. C'est à l'art étymologique à expliquer la cause de ces alté rations. Je m'enrôlai, je servis le corsaire ; Il y a des hommes qui, placés traitreusement derrière le peuple, le poussent à tous les excès. PARAGRAPHE II. DES INVARIABLES dits ADVERBES, qui sont évidemment des substantifs ou des adjectifs employés d'une manière elliptique. Nous nous complairons surtout à donner des exemples de pas et de point, qui, d'après la doctrine des grammairiens, sont des substantifs et ne sont pas des substantifs, sont des négations et ne sont pas des négations, selon qu'ils sont employés dans les phrases affirmatives ou dans des phrases négatives; double erreur également inconcevable. Rien de trop est un FoINT Suite. Dent on parle beaucoup et qu'on n'observe point. a Belle tête! dit-il, mais de cervelle point. Rien ne sert de courir, il faut partir à POINT. C'est assez qu'on ait vu par-là qu'il ne faut point Quand on a suivi sa bannière, Pas. Descartes prit sa place avec quelque fracas, berchant un tourbillon qu'il ne rencontrait pas... eigneur, dit-il à Dieu, ce bon homme Thomas, Ju reveur Aristote a trop suivi les PAS. g Or ne demandez pas omment un homme, avant sa dernière heure, but pénétrer dans la sombre demeure: et homme aimait, l'amour guidait ses pas. h - il n'y a de cervelle en aucun point. que vous n'atteindrez ce but d'un point ou en aucun point. qu'il ne faut d'un point, agir de même sorte. C.-å-d. on ne là quitte d'un pas, on ne revient d'un pas, etc. Tu vois depuis quel temps il évite nos vas, Au milieu des forêts, sans trop user ma poudre, Du salpêtre infernal j'ai beau forcer la dose, Des réputations serait-ce donc l'histoire? Ressemble beaucoup à la gloire. k Pas et point ne diffèrent donc que par la manière dont ils sont mployés avec ou sans ellipse : or l'ellipse ne change rien à la nature es mots. Pas et point sont donc toujours pas et point, c'est-à-dire, es substantifs, et, dans quelque phrase qu'ils se trouvent, ils ne ont jamais des négations. e La F. 9, 11. b Id. 4, 14. e Id. 6, 10, d Id. 2, 10. e L'AUTEUR. Cons. d'une mère g VOLT. h VOLT, Contes en vers. i RAC. Phèdr. 2, 1. A ARNAULT. Fab. 2, 8. Un pas, c'est une mesure qui exprime, à la vérité, une petite étendue dans l'espace; mais cette étendue est réelle, positive. Un point, c'est une partie de la ligne. Employés dans les phrases négatives, pas et point ont les mêmes valeurs, et c'est ne, ne lui seul qui marque la négation. Pas et point ne sont là que pour la préciser, que pour montrer qu'un pas, qu'un point ne pourraient être retranchés. On conçoit que les poëtes, qui cherchent surtout à peindre l'illusion plutôt qu'à creuser les idées, se soient contentés de la différence d'emploi pour faire rimer le pas et le point de la construction pleine avec le pas et le point de la construction elliptique. Mais ils ne sont point obligés, comme les grammairiens, à pénétrer jusque dans la nature des mots. C'est ainsi que, quoiqu'ils s'interdisent la rime du simple avec les composés, comme dit et redit, tenant et contenant, ils se la permet tent, lorsque la dérivation ou l'étymologie n'est pas visible aux yeux vulgaires, et ils font rimer dit et maudit, tenant et maintenant, etc. Ce qui, comme on sait, n'empêche pas que les mots rimés aient la même source, que maudit ne soit un composé de mal et de dit, maintenant un composé de main et de tenant. Aux lois de la nature, amis, soumettons-nous; vous ? Pourquoi m'attirez-vous? soudain répondait l'autre. a Soudain est l'adjectif soudain, fémi nin, soudaine; d'où l'invariable son dainement. Les Allemands ne connaissent presque pas d'autre manière d'ex primer notre invariable en ment, que d'employer ainsi l'adjectif pu et simple, dans sa forme absolue. L'absence du substantif et sa posi tion, à côté d'un adjectif ou d'un verbe, annoncent assez sa nouvelle fonction. Quelque, tout, même, sont sujets à recevoir cet emploi. Voyez premier, pag. 697, le second, pag. 711, et le dernier, pag. 718. Il y a beaucoup d'autres adjectifs qui servent plus ou moins dans la même analogie. Voyez n°. XI, pag. 617. a ARNAULT. Fab. 1, 2. PARAGRAPHE III. DES INVARIABLES dits ADVERBES, formant une liste de mots épars, qui ne peuvent être rapportés à une seule analogie, tels que AFIN, AINSI, etc. Nous avons donné, pag. 144 et suiv., l'étymologie et un exemple de chacun de ces invariables. Nous allons en reprendre quelquesuns, en suivant l'ordre alphabétique. Afin que. Ton intérêt dès-lors fit seul cette réserve; Dans le Potose, au sein du nouveau monde, Au monde entier épuisé pour vous plaire. ¿ Afin de. Mon galant ne songeait qu'à bien prendre son temps, Afin de happer son malade. c On dirait, avec le mode impersonnel, tu as travaillé pour nous, afin de pouvoir insulter à notre misère. Afin que avec le mode personnel est nécessaire, lorsque le verbe qui suit ne peut se rapporter au sujet de la phrase. Quand il s'y rapporte, on se sert de afin de avec un mode impersonnel. Voyez et comparez les exemples; voyez aussi l'emploi de l'infinitif, pag. 813. Alors, alors que. In petit bout d'oreille, échappé par malheur, Martin fit alors son office. d Alors Il n'est plus temps d'aimer alors qu'il faut mourir. e Et l'on n'a point d'amis alors qu'ils sont payés. f Tous les maux sont pareils alors qu'ils sont extrêmes. g que n'est guère employé qu'en vers; il remplace lorsque. Dans la poésie familière, lors sert quelquefois au contraire à la lace d'alors. |