Pierre y consent; Colas est du voyage. Sans la galette il l'aurait méconnu. Ce fut tout, et tandis qu'elle n'est occupée Le marmot, lui, bat le tambour, Traine son chariot, fait donner sa poupée. Fanfan le repoussa d'un air fier et hautain. - Viens, lui dit-elle avec tristesse : FABLE XLVII. LE VIEILLARD ET SES TROIS FILS. Un bon vieillard, sentant sa dernière heure, Fit le partage, à ses trois fils, De quelques biens avec grand'peine acquis. De l'action la meilleure Que fera l'un de vous; dans huit jours, si je vis, Allez, partez, mes chers amis; Puisse le Ciel, qui nous rassemble, Nous voir encore réunis! Déjà les enfants sont partis; (1) Dieu de la vigne et du vin, selon les palens. Ensuite, au rendez-vous, le jour dit, chacun vole Et, les embrassements finis, Les pleurs séchés, le père assis, D'un grand trésor j'étais dépositaire ; Qu'un honnête homme puisse faire ? On ne fait rien de trop en faisant son devoir, Répondit le vieillard; ne pas commettre un crime, N'est rien moins qu'un acte sublime. Tu fus juste, mon fils, rien de plus; va t'asseoir Le second des enfants conte alors la manière Dont il a retiré du fond d'une rivière Un marmot prêt à s'y noyer. Tout ce qu'il a pu déployer D'adresse et de courage, en cette circonstance, Est mis par le conteur au rang de ces hauts faits, Pour lesquels on ne peut jamais Avoir trop grande récompense. Le prix qui te convient est dans ta conscience, Rien n'est plus beau que de faire du bien à nos ennemis. FABLE XLVIII. LE LABOUREUR ACCUSÉ DE MAGIE. Sur les bords que le Tibre arrose de ses eaux, Dont le champ, quoiqu'il fût de son fonds peu fertile, Tout semblait respecter ses fruits et ses moissons; Ses voisins en furent témoins; Et loin d'attribuer son bonheur à ses soins, (On sait qu'elle est de tout métier), Ils vous l'accusent de magie, Et le citent comme sorcier. Le laboureur paraît; et pour toute défense, Il introduit ses fils avec ses deux taureaux, Et, parlant avec assurance : (1) Fleuve d'Italie. (2) Ils l'appellent devant le tribunal. C'est d'eux seuls que je tiens tous ces fruits abondants, Qui me font accuser aujourd'hui la magie. " Condamnez-moi donc, j'y consens. Le sage laboureur n'en dit pas davantage. Ce plaidoyer, bien mieux que les plus beaux discours, REYRE. FABLE XLIX. LE PRINCE ET LES GALÉRIENS. Dans certains de nos ports sont des prisons de bois, Et recevoir la récompense Due à leurs infâmes exploits; Vous m'entendez, je parle des galères. De voir bientôt finir leur peines, Accourent à ses pieds, et lui montrant leurs chaines, L'un accusait la calomnie, L'autre des magistrats blåmait la dureté; Le suivant apportait une raison semblable: On devait sur-le-champ les tous congédier; Et tandis que chacun cherchait à s'excuser, - Pour moi, dit celui-ci, je serai plus sincère : Prince, je rends grâces aux dieux De ce qu'ils n'ont puni mes forfaits odieux Je suis un traître, un assassin; Et si de tous mes vols on eût eu connaissance, Et contre lui feignant d'être indigné : Et parmi tant d'honnêtes gens, On souffre cet infâme, et ce chef de brigands! Tous nos hardis menteurs restèrent en prison, Quand on a commis une faute, le meilleur moyen de se la faire pardonner, c'est de l'avouer avec franchise et regret. FABLE L. LES VRAIS ET LES FAUX SAVANTS. Un père sage, instruisant ses enfants Sur les objets intéressants Que nous présente la nature, Surtout ceux de l'agriculture, Leur disait : Observez ces épis dans les champs; Tant qu'ils sont vides ils se dressent : Et des faux savants et des vrais : Plus d'eux-mêmes ils se défient: Ils s'abaissent, ils s'humilient; La science est pour eux un fidèle miroir, Qui leur met sous les yeux sans cesse Les bornes de l'esprit, son vide et sa faiblesse. Ceux qui sont vraiment instruits ne font jamais les suffisants, ni les pédants. REYRE. |