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Il n'y en a pas dans le commerce, me dit-il, mais faites mieux; écrivez-moi ce que vous venez de me dire, j'insérerai votre lettre dans mon journal, et il se trouvera bien dans quelque coin du monde une âme généreuse qui vous enverra ce que vous désirez.

Je suivis le conseil; je lui envoyai un cri de détresse, c'est-à-dire que je m'établis, au coin de son journal, une sébile à la main, en disant, d'une voix lamentable:

-Une touffe d'arundo donax foliis variegatis, s'il vous plaît.

L'imagination de Pàquet eut un grand succès. Je reçus une touffe d'arundo, puis une autre d'un autre point de

la France, puis une autre d'Espagne, puis une autre d'Italie. Puis les messageries n'avaient plus qu'une occupation m'apporter des caisses contenant de magnifiques touffes d'arundo donax.

Si bien que je me trouvai dans la situation de l'élève du sorcier allemand, qui a surpris la formule au moyen de laquelle son maître oblige le balai de la maison à lui aller chercher de l'eau; mais quand il a assez d'eau, il ne sait aucun moyen d'arrêter le zèle du balai qui apporte toujours de l'eau, inonde la maison et le noie.

Pour moi, je ne fus noyé que jusqu'à concurrence de trois cents francs à peu près que me coûtait le port des

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- O mon ami! tu es le plus parfait de tous les hommes ! C'était à son mari que Céleste, la bien nommée, adressait cette phrase peu conjugale. Les yeux fixés sur lui, elle le contemplait comme une des sept merveilles du monde, celle de Jupiter Olympien probablement, ou plutôt elle le prenait pour un ange en habit noir, mais un ange dont M. le maire avait coupé les ailes. Il est vrai de dire que, dans ce moment, un rayon de la lune de miel se glissait OCTOBRE 1855.

au travers des vitres du salon et éclairait le visage de Robert de Valligny. C'était un rayon caressant et gracieux; il projetait sur la figure du nouveau marié un reflet doux, souriant et tout à fait avantageux. Cette lune de miel était dans son premier quartier.

- Flatteuse! répondit l'ange, en retroussant sa petite moustache noire.

- Mais je te vois absolument tel que tu es: d'une bonté

-2-VINGT-TROISIÈME VOLUME.

parfaite, d'une douceur angélique, vertueux comme un sermon du Père Ravignan, et poétique comme une méditation de Lamartine.

Les jeunes époux échangèrent longtemps des phrases tendres et gracieuses; mais on se lasse de toutes les douceurs, des flatteries de la lune de miel comme des bonbons du jour de l'an: au bout d'une heure environ, ils ne trouvèrent plus rien dans leur esprit; le sac de dragées était vide.

Si Robert de Valligny avait été sénateur, banquier, notaire, ou même tout simplement marchand de rouenneries, il aurait quitté sa femme pour consacrer la journée à ses affaires; mais une fortune brillante et une vocation irrésistible l'avaient poussé d'une manière impérieuse vers la profession de désœuvré.

Il resta donc près de sa femme quand il ne trouva plus rien à lui dire, et les jeunes époux se regardèrent avec bonheur. Puis, quand ils furent las de se regarder, Céleste alla s'asseoir devant un guéridon, et ouvrit un volume de légendes poétiques, allégoriques et diaboliques.

Céleste, blonde aux yeux bleus, ressemblait aux portraits de l'ange Gabriel, tandis que Robert, avec ses traits accentués, ses yeux et ses cheveux noirs, avait un faux air de Robert le Diable. Céleste était rêveuse, poétique, mais d'une poésie de sensitive, que le positif effarouchait; Robert était habitué à une joyeuse vie de garçon, et avait toujours pensé qu'une tragédie en cinq actes ne vaut pas un dîner à deux services: c'étaient là ses opinions littéraires. La nature l'avait fait gourmand, la civilisation parisienne, qui en eût remontré à Lucullus, l'avait rendu gourmet. Quand il vit que sa jeune femme était essentiellement poétique et semblait descendre d'un nuage, il se crut obligé de cacher avec soin son vilain péché de gour mandise; mais chassez le naturel par la porte de Tortoni, il rentre par la fenêtre du Café de Paris pendant que Céleste se nourrissait des chefs-d'œuvre de nos poëtes, Robert ne songeait qu'aux Iliades de Chevet, et même aux petites poésies légères des simples cordons bleus. Voilà pourquoi Céleste ouvrit un volume de légendes tandis que Robert, qui alla s'asseoir loin d'elle, dans un coin du salon, tira furtivement de sa poche le Parfait Cuisinier.

Céleste, que son mari croyait absorbée par sa lecture, releva brusquement la tête.

Quel ouvrage lis-tu, mon ami? demanda-t-elle. -Ce que je lis... répondit Robert tout embarrassé, et se croyant perdu s'il avouait son crime, tu veux savoir ce que je lis, n'est-ce pas, ma bonne amie?

- Est-ce un recueil de poésies? Est-ce de Victor Hugó, de Lamartine?

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De Lamartine... C'est cela! c'est de Lamartine.

Je te reconnais bien là; tu choisis nos poëtes inspirés dont l'âme est sœur de ton âme. Comme tu dois bien lire les vers!... le Lac, par exemple... Oh! tu vas me lire le Lac, n'est-ce pas?

Pour le coup, Robert sentit une sueur froide.

Je crois qu'il vaudrait mieux aller nous promener, dit-il en se levant.

-Du tout, monsieur, je veux, j'exige, j'ordonne.

Robert était marié depuis huit jours, il se soumit. Il feignit bien d'avoir égaré le livre; mais Céleste, le traitant d'étourdi, lui fit remarquer qu'il était dans sa poche. Il fallut donc chercher le Lac dans le Parfait Cuisinier ; mais, en fait de lac, il n'y trouva que des fleuves de sauces et des ruisseaux formés d'un petit filet de vinaigre.

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Maladroit! s'écria Robert.

C'était le Parfait Cuisinier! dit-elle, pétrifiée.

Eh bien oui! répondit Robert, qui prit résolûment son parti. Que veux-tu, ma petite Céleste, le mariage est la communauté des défauts: passe-moi la rhubarbe, ou plutôt le filet de chevreuil, quand il y en aura sur la table, je te passerai... des croquettes de volaille. Il faut bien te l'avouer, je suis un peu gourmet.

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Mais, mon ami, dit Céleste, qui avait peine à cacher son profond désappointement, tu pourrais peut-être te corriger.

- Ma foi, non! et puisque le masque est jeté, j'indiquerai mes recettes à ta cuisinière; je t'instruirai toimême, afin que tu lui donnes tes ordres; et quand nous serons seuls, au lieu de causer éternellement poésie, nous parlerons art culinaire. La meilleure de toutes les muses, c'est la Cuisinière bourgeoise ; je me trompe, elle est trop vulgaire ; l'Apollon inspirateur, c'est le Parfait Cuisinier; en guise d'une lyre, il tient une fourchette. Allons, ne grondez pas, mon blond séraphin... Je vais commander un dîner à mon goût.

O désenchantement amer! c'était donc là le poétique Roméo que la tendre jeune femme avait choisi! Dès qu'elle fut seule, elle se laissa tomber sur un fauteuil, le coude posé sur le guéridon, et son beau front, triste et sombre, appuyé sur sa blanche main. Le livre des légendes était encore ouvert; ses regards tombèrent sur ce ti tre le Miroir du Diable. Elle lut machinalement les premières lignes, puis tout à coup une inspiration lui vint: était-ce du ciel ou de l'enfer? Le sourire sur les lèvres et l'espoir dans le cœur, elle lut des yeux la légende sui

vante:

« Belzebuth, diable sédentaire, n'avait pas encore quitté le toit paternel et infernal; il restait enfermé dans sa maison rouge et noire. Du reste, il passait agréablement ses soirées en causant avec Voltaire et en se chauffant au coin du feu de l'enfer. Mais, un jour, un banqueroutier, grand touriste de la Belgique, débarqua en enfer, et lui

donna le goût des voyages. Belzébuthi partit sur un chemin de fer souterrain; ce n'étaient ni le feu ni la vapeur qui lui manquaient. Naturellement, il commença par aller visiter Paris, où résidait une partie de sa famille: son père Satan, son frère Méphistophélès, revenu depuis longtemps de l'Allemagne, et Asmodée, son neveu boiteux, qui fut, comme chacun le sait, l'ami intime de Le Sage.

« Dès que Belzebuth mit pied à terre, son premier soin fut de se diriger vers la rue Vivienne, pour aller rendre ses devoirs à Satan, qui demeurait dans une maison à colonnes appelée la Bourse. Mais jugez de l'étonnement du pauvre diable, tous les Parisiens lui riaient au nez. Il en fut aussi surpris qu'irrité. Belzébuth se croyait un Adonis; il ne s'était jamais regardé au miroir, car il n'y a pas de miroir en enfer, ce qui fait présumer que toutes les femmes sont au paradis. Astaroth, qui se promenait avec son cousin Belzebuth, le mena tout droit devant un magasin de glaces. Belzebuth se regarda dans un délicieux miroir de Venise, et jeta un cri d'épouvante; le miroir reproduisait exactement toutes ses imperfections: ses regards flamboyants, diaboliques, et son affreuse barbe rouge, toute roussie au feu de l'enfer.

<«<Belzebuth adoucit ses prunelles, fit couper sa barbe et devint charmant, élégant, fashionable, car il venait de faire disparaître les défauts que lui avait montrés son fidèle ami, le Miroir du Diable. »>

Eh bien! moi aussi, se dit Céleste, je reproduirai exactement les défauts de mon mari, pour l'en corriger; je serai le Miroir du Diable.

Te voilà, mon ami, dit-elle à Robert qui rentrait dans le salon, as-tu commandé un dîner artistique, succulent?

- Cela t'intéresse donc bien? demanda Robert.

Si cela m'intéresse !... Ne disais-tu pas tout à l'heure que le mariage est la communauté des défauts? Eh bien ! moi aussi, j'ai un défaut, un tout petit, pareil au tien : je suis un peu gourmande.

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— A quoi bon, madame, mêler cette moutarde à notre amour? dit Robert irrité. Sais-tu bien que tu me réponds étrangement? on dirait, en vérité, que tu ne m'aimes plus, et je tiens tant à ton affection !... Mais elle est à moi pour la vie, n'est-il pas vrai? Avec des petits soins, des prévenances, j'espère la conserver toujours.

Comme des confitures avec beaucoup de sucre, dit Céleste. A propos de confitures, j'ai une recette adorable pour la gelée de pommes.

- Mais c'est odieux ! s'écria Robert; il n'y a plus de

conversation possible, plus de ces doux entretiens qui font le bonheur de la vie !

Marianne! cria Céleste, sans écouter son mari et en courant après la cuisinière qui traversait la pièce voisine, un pâté à la main.

Un instant après, Céleste revint en mordant une énorme tranche de pâté, mais en la mordant à belles dents, comme un jeune levrier gourmand, avec une joie, une avidité, qui la dépoétisèrent tout à fait aux yeux de son mari.

- Tu disais donc que notre affection?... dit Céleste en mangeant... Oh! que ce pâté est bon !

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Mais je ne veux pas que vous engraissiez ! dit Robert en frappant du pied.

-J'en ai le droit, répondit Céleste, le Code ne s'y oppose pas; ce n'est pas un cas de séparation.

Voyons, Céleste, reprit Robert plus doucement, il serait cruel que le désenchantement commençât après huit jours de mariage. Si tu veux me plaire, il faut éviter d'abord cette conversation perpétuelle de cuisinière bourgeoise; il faut te corriger de la gourmandise; c'est un défaut vulgaire, repoussant, honteux, prosaïque, qui a chassé Adam et Ève de leur paradis terrestre, et qui me chassera aussi du mien.

En vérité !... Mais tu le cultives, ce péché-là... Eh bien ! mon ami, puisque je te déplais ainsi, je te promets de me corriger. Mais tu comprends que si tu me donnes l'exemple, si tu me parles toujours du Parfait Cuisinier, cela me fera venir la sauce à la bouche, et, dame! il y aura des rechutes.

--

Le Parfait Cuisinier! s'écria Robert, la cause de notre première dispute! tiens, je le condamne au feu auquel il a condamné tant d'innocents volatiles!

Et il jeta le livre dans la cheminée.

Le petite querelle conjugale fut bien vite oubliée. Robert était parfaitement corrigé ; il lisait des élégies toute la journée, il poussait même la complaisance jusqu'à maigrir légèrement, et Céleste recommençait à lui dire:

-

- O mon ami! tu es le plus parfait de tous les hommes ! - Cela devenait un peu fade. Par bonheur, une lettre d'une amie intime de Céleste vint rompre l'uniformité du tête-à-tête. Voilà ce que contenait ce tendre billet:

« Es-tu consignée chez toi, très-chère? on ne te voit pas plus que si tu étais aux arrêts forcés. Ce n'est pas ton mari qui te retient, je l'espère: il faut que, dans son ménage, la femme soit la commandante; c'est mon principe. Puisque nous habitons toutes deux cette belle garnison de Paris, viens donc me voir. Apporte ton cœur et ta broderie. Surtout pas de cérémonie; mets l'uniforme de petite tenue. Tout ce que je te demande, c'est que l'amitié sɔit au grand complet quand je passerai la revue.

« A demain, ina toute belle; viens à deux heures. heure militaire. « CÉSARINE LORMIER. >> Mme Lormier, veuve, à vingt-cinq ans, d'un colonel de lanciers, avait fait près de lui son éducation militaire ; elle était brave comme notre armée d'Orient, faible sur la couture, et forte sur le point d'honneur.

Le lendemain, Céleste courait chez elle et se jetait tendrement dans ses bras, sans même donner au domestique le temps de l'annoncer. En face de la belle veuve, elle aperçut un point de vue assez peu gracieux, qui se composait d'un frac noir, d'un visage pâle et fade, et d'une physionomie d'agneau. Tout cela s'appelait Placide de Mozerand, et très-certainement n'avait pas gagné la bataille de l'Alma.

- Il est deux heures cinq minutes, chère belle, dit Césarine, tu es en retard; je te ferai mettre à la salle de police. Mais tu me permettras, mon enfant, de continuer mon interrogatoire. Monsieur vient de m'avouer qu'il a demain une affaire d'honneur; il sait que ces choses-là m'intéressent. Quand on a commandé le 4 de lanciers, on ne peut épouser en secondes noces qu'un brave. -Ainsi, monsieur...

-Est mon prétendu, que je te présente.

Césarine n'avait pas l'habitude de dissimuler ses projets; elle ouvrait facilement son cœur, c'était du reste un bon livre, assez moral pour ne pas le cacher. Quand elle eut fait la présentation officielle, et que Céleste et Placide eurent échangé quelques mots de politesse, elle continua :

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Malgré mon inquiétude, je ne suis pas fàchée de ce duel; il me détermine, je l'avoue. J'appréciais les qualités de M. de Mozerand, mais il n'en est pas moins vrai qu'il a le tort d'être dans le civil et non dans le militaire, de s'appeler Placide au lieu de César, et de n'avoir jamais cu précédemment la moindre petite querelle.

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Vraiment!... Eh bien! il faut le faire mettre à l'exposition de 1855, on te donnera une médaille. D'après ce que vous m'avez dit, continua-t-elle en s'adressant à Placide, notre adversaire, que je ne connais pas cependant, dont je ne sais même pas le nom, me fait l'effet d'être une sorte de spadassin; car enfin il s'est trouvé offensé...

- Pour une misère, reprit Placide, une plaisanterie que je me suis permise sur la livrée de son groom, dont il a fini par me jeter le chapeau à la tête.

- C'est une insulte sanglante! s'écria Césarine. Quand nous commandions le 4o, nous avons reçu un gant au visage. Nous nous sommes battu, et nous avons été blessé. -Voilà ce qui me déplaît dans les duels, dit Placide en pålissant.

- Rassurez-vous, reprit l'amazone, j'honore le courage malheureux; une balafre au visage ne m'effraye même pas; c'est une décoration qui change de place, voilà tout. Si je vous vois revenir balafré ou le bras en écharpe, je ne vous en dirai pas moins: Voici ma main, M. de Mozerand, elle est à vous pour vous consoler, et surtout pour vous soigner.

-Et cette main si jolie fait palpiter mon cœur, répondit Placide, comme dans la Dame blanche.

- Je ne conçois pas, dit Céleste, que deux hommes civilisés s'égorgent comme des sauvages. Votre adversaire, monsieur, est donc un de vos ennemis acharnés?

- C'est un de mes meilleurs amis, madame... Je ne

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Mais, monsieur, s'écria Céleste, votre sanglant point d'honneur, c'est le bourreau des honnêtes gens... Quel est le jour fixé?

-

Demain, à sept heures du matin.

- Eh bien, je vous réponds, moi, que vous ne vous battrez pas. Je cours chez moi, je vais parler à Robert, il se laissera toucher par mes larmes, je l'attendrirai. Ce ne sera pas difficile, allez; il est doux comme un agueau, comme une colombe.

Oui, dit Placide, un agneau enragé et une colombe qui a la fièvre chaude.

Céleste ne l'écouta pas, et revint précipitamment chez elle. Robert était dans son cabinet; elle s'élança vers lui, lui prit les deux mains, le regarda les yeux dans les yeux, à la façon des magnétiseurs, et lui dit:

- N'est-ce pas, mon ami, que tu es d'une douceur d'ange?

Voilà une étrange question, dit Robert en riant. Réponds-moi, c'est très-grave. N'est-ce pas que tu es pacifique?

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- Comme Numa Pompilius.

Alors, monsieur, pourquoi vous battez-vous demain?

- Me battre ! s'écria Robert, comment sais-tu ?...

- Que t'importe ?... Mais je m'y oppose, moi, dit-elle en ouvrant précipitamment un tiroir, et en prenant une boîte de pistolets, je m'empare de tes armes.

Ce sont les témoins qui apportent les armes, dit Robert, celles-ci sont inutiles.

- Que faire? s'écria Célesté. Ainsi tu veux te battre avec ton ami de collége: l'homme qui te serrait la main ne peut pas te marcher sur le pied sans que tu lui coupes la gorge.

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Tais-toi! ne le défends pas! s'écria Robert le Diable, dont la colère commençait à chauffer le cerveau, comme le feu chauffe une locomotive. Je te dis que je ne me suis jamais laissé insulter... Eh bien! non, je ne suis pas calme, paisible; je ne suis pas le joueur de dominos et le pêcheur à la ligne que tu avais rêvé. Je suis un homme de cœur ; j'ai eu plusieurs duels dans ma vie ; j'en ai eu un... deux... trois, je n'en sais plus le compte. Tu vas m'appeler spadassin... Spadassin si tu veux, mais toutes les fois qu'un mot désobligeant a sifflé à mes oreilles, moi, j'ai fait siffler une balle aux oreilles de l'insolent; j'ai répondu à un coup de coude par un coup d'épée; je ne me suis jamais laissé effleurer le visage sans châtier l'impertinent: suis-je donc

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