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COMIQUE,

SATYRIQUE, CRITIQUE,

BURLESQUE,

LIBRE ET PROVERBIAL,
Avec une explication très-fidelle de toutes les
manieres de parler burlesques, comiques,
libres, fatyriques, critiques & proverbiales,
qui peuvent se rencontrer dans les meilleurs
Auteurs, tant anciens que modernes.

Le tout pour faciliter aux étrangers & aux François
mêmes l'intelligence de toutes fortes de livres.

PAR P. J. LEROUX.

Nouvelle édition, revue, corrigée & confidérablement
augmentée.

TOME SECON D.

A PAMPE LUNE.

M. D C C. L X X X V I.

DICTIONNAIRE

COMIQUE,

SATYRIQUE, CRITIQUE,

BURLESQUE,

LIBRE ET PROVERBIAL.

HA, v. 2. 11 a.

Il

H.

Tel foyre de peur qui menace,

Tel ha bon droit qui rien ne vaut,

A qui veut affez rien ne faut.

(Mimes & proverbes de BAIF.) Ha. Interjection qui exprime de l'admiration & de l'applaudiffement.

Fai de l'efprit affez pour faire du fracas, A tous les beaux endroits qui méritent des has. (MOLIERE, Mifant. ) HABILE. On dit qu'un homme eft habile à fuccéder. C'est-à-dire, qu'il n'a pas la main fûre, qu'il prend tout ce qu'il peut attraper.

HABILETER, v.1. Rendre habile à quelque chofe. HABILLÉ. Au propre, vêtu, qui porte un habit. On fe fert élégamment de ce mot pour les chofes inanimées.

Tome II,

A

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Souvent j'habille en vers une maligne profe. (DESPREAUX, Sat. 7.) C'eft-à-dire, je fais des vers qui tiennent de la profe, à caufe de leur fimplicité.

Le tems n'eft plus, mes vers, où ma muse en fa
force,
Du Parnaffe François formant les nourrissons,
De fi riches couleurs habilloit fes leçons.

(DESPREAUX.) HABIT. L'habit ne fait pas le Moine. Signifie que ce n'eft pas affez de marquer à l'extérieur fa profeffion, il faut encore en obferver la régularité.

Ma foi, les beaux habits fervent fort à la mine. C'est un proverbe mis en vers par Regnier.

On dit auffi de celui qui porte toujours un même habit, qu'il eft comme un gouverneur de lions, qu'il a peur qu'on le méconnoiffe.

HABLER. Pour mentir impudemment, donner des baies, des gafconnades.

HABLEUR. Pour grand menteur, grand parleur, qui ne dit pas un mot de vérité, qui s'est fait une habitude de mentir.

Sur-tout certain hableur à la gueule affamée,
Qui vint à ce feftin, conduit par la fumée.

(DESPREAUX, Sat. 3.) Despreaux, HACHE. Avoir un coup de hache. Maniere de parler, pour dire, être fol, infenfé, dépourvu de jugement, avoir de la folie, être brouillé avec le bon-fens. Il a le coup de hache. ( CORN. Eaux de Pyr. Et MoL. Méd. malgré lui. Act. 2. Sc. z.) HACHER. Hacher menu comme chair à paté. HAHA. Ce mot fe joint avec celui de vieille pour marquer une vieille décrépite & méchante. Vieille haha,

Votre chien de feffier en a. (SCAR. Poef.) HAINEUX. Pour ennemi, qui a de la haine contre quelqu'un.

Si toujours nos amis en bon-fens les expliquent, Etfi tout au rebours nos haineux nous en piquent. (REGNIER, Sat. 5.)

HAIRE. Pour membre viril. Une jeune Corin thienne, qui regardoit mon pauvre haire émou→ cheté, comme s'il s'étoit retiré au feu. (RABEL. 1.2.)

HALEBARDE. Quand on veut parler d'une chofe fauffe, on dit qu'elle eft vraie comme les Suiffes portent la halebarde par-dessus l'épaule.

Les poëtes difent auffi, en blâmant une mauvaise rime, que ces mots riment comme halebarde & miféricorde.

HALEINE. On dit qu'un homme feroit bon trompette, qu'il a l'haleine forte. C'eft-à-dire, que fon haleine eft puante, vineufe, &c.

Haleine. Ce mot fert au figuré. On dit, c'eft un ouvrage de longue haleine. C'eft-à-dire, de longue durée. Ce procès eft de longue haleine. Il tiendra long-tems le bureau. Des périodes à perte d'haleine. C'eft-à-dire, d'une longueur exceffive.

Tout d'une haleine. C'est-à-dire, tout de fuite, fans interruption.

Tenir fon ennemi en haleine. C'eft-à-dire, le harceler continuellement, ne lui point donner de relâche.

Tenir quelqu'un en haleine. C'eft-à dire, l'amufer, & le repaître de vaines efpérances.

HALIGOTÉ, 9. 2. Déchiré, mis en lambeaux. HAMEÇON. Petit crochet de fil d'archal, avec quoi on prend le poiffon en pêchant à la ligne.

Prendre l'hameçon, ou mordre à l'hameçon. Pour fe laiffer duper, attraper, prendre l'appât, tomber dans le panneau, ou fe prendre au piege qu'on a tendu. Il a pris l'hameçon. ( MOLIERE, Étourd.)

HANAP. Pour verre, taffe, goder, gobelet, grand & large, à peu près comme les vilkomes d'Alle

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