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Plufieurs raifins procédent de bourjon Et maille à maille fait-on le hauberjon. HAVE. Pour maigre, fec, décharné, pâle, laid, livide, ridé, difforme.

Arrive accompagné d'une vieille fort have.

(MOLIERE, Étourd.) HAVRESAC. Pour beface, biffac.

N'as-tu rien dans ton havrefac. (Théat. It.) HAUSSER. C'est un homme qui ne fe hauffe, ni ne fe baiffe. C'eft-à-dire, qu'il eft mou, tranquille, qui ne s'émeut ni ne s'inquiete de rien.

On dit de celui qui s'enorgueillit pour être en quelque belle charge ou emploi, que cela lui a bien hauffé le nez, le menton, le courage.

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On dit auffi des gens qui font bonne chere, qu'ils hauffent le tems, qu'ils ont bien hauffé le coude pour dire qu'ils ont bu. Hauffons tous le coude jufqu'à la fin. (Théat. Ital. )

HAUT. Il nous donne le carême bien haut. C'està-dire, il prend un long terme, il nous veut bien faire attendre. Car on appelle le carême haut, quand il ne commence que tard, ou au mois de

mars.

Il a le cœur haut & la fortune baffe. Se dit d'un homme qui refuse de petits emplois, quoiqu'il foit en néceffité.

Tomber de fon haut. Signifie être étonné, ou furpris d'admiration d'une chofe qu'on nous dit, quand elle eft extraordinaire.

On dit de celui qui n'entend point une langue, une fcience, qu'il n'y entend que le haut allemand. Etre fou de gamme. Pour dire extrêmement fou.

Quand un homme méfoffre d'une chofe qu'il marchande, on lui dit qu'il faut bien chanter plus haut.

On dit qu'un homme a été pendu haut & court. C'est-à-dire, que le procès & l'exécution en ont

été faits en peu de tems, comme on fait à la guerre. Lorsqu'un payfan abat des hautes futaies, pour faire de l'argent, on dit qu'il joue du haut-bois. On dit d'un homme qui s'enfuit, qu'il a gagné le haut, le taillis.

Quand une femme commande à fon mari, ou quand elle eft maîtreffe dans la maison, on dit qu'elle porte le haut-de-chauffe.

On dit d'un banqueroutier, qu'il a fait haut le corps. Pour dire qu'il s'eft enfuit.

Lorfqu'une femme eft laide, on dit que le haut défend le bas.

C'eft un cadet de haut appétit. Se dit d'un jeune homme qui aime fort à manger.

Haut-à-bas. Cri de ramonneur de cheminée. Pour ramonner la cheminée du haut en bas. (Les Souffleurs, Coméd.)

Haut & bas. Pour bonheur & malheur, chance & revers; fe dit ordinairement du jeu. Le jeu a fes hauts & bas, la fortune a fes hauts & bas,l'amour a fes hauts & bas, &c. Pour bons & mauvais coups, momens, heures.

La Cour a fes hauts & bas.

Etre haut à la main. Signifie être arrogant, orgueilleux, fuffifant, hautain, faire l'entendu, le petit-maître, l'homme d'importance, être infolent.

Emporter haut à la main. Signifie emporter fans réfiftance, prendre d'emblée, enlever par force, à l'improvifte.

Le porter haut. C'eft fortir de fon état, faire une dépense disproportionnée à fa condition, avoir grand train, faire grande figure pour paroître avec fafte & éclat.

Mais il fait le Marquis & le porte fort haut.. (POISSON, l'Après-foupé des Hôteller.) Parler haut. Maniere de parler, pour parler avec courage & fermeté, s'exprimer avec véhé

mence, parler d'un ton de voix affuré, en maître, s'énoncer avec énergie, avec éloquence. Licurgue, Démofthene, & Hipéride, qui parloient fi haut. (ABLANC. Dial. de Luc. 2. p.)

Porter fon bois haut. Maniere de parler figurée, pour faire grande & belle figure, paroître dans le monde avec éclat, faire du fracas & de la dépense, se mettre fur le bon bout. Elle vous portera fon bois fi haut, ( CHOL. Cont. t. z.)

Dit en ce fens-ci s'enorgueillir, devenir superbe & infolent, s'en faire accroire.

HAUTBERGEON. Maille à maille fe fait l'hautbergeon. C'est-à-dire, qu'avec un travail afsidu, quoique petit, on vient à bout des plus grandes chofes, Ou bien, qu'en faifant plufieurs petites épargnes, on peut amaffer beaucoup de bien.

HAUT-DE-CHAUSSE, Partie de l'habillement de l'homme, qui pend depuis les reins jufqu'aux genoux, & qui eft compofée d'un devant & d'un

derriere.

Sa femme porte le haut-de-chauffe. C'eft-à-dire qu'elle eft la maîtreffe, & que fon mari n'a nul pouvoir au logis.

DE HAUTE LUTTE. (Adverbe.) Hautement, haut à la main. Son cœur eft pris de haute lutte. 'BENSER. Rondeaux.)

HAUTEUR. On dit qu'un homme tombe de fa hauteur, quand il voit quelque chofe dont il est furpris ou étonné.

HAYE. Faire haye. Pour exprimer les efforts que fait une perfonne qui évacue fon ventre. ( Théat. Ital. Ifabelle, Médecin.)

Haye au bout, Pour exprimer qu'on doit encore quelque chofe de plus. Scaron s'en fert dans ce fens-là dans fon Virg. trav.

Par ma foi vous gaterez tout.
C'eft un démon & haye au bout,

Comme s'il avoit voulu dire, c'est un démon & même plus. A fon imitation on peut dire, c'eft un fot & haye au bout.

Hé. Pour appeller quelqu'un. Ce mot marque l'autorité, mais beaucoup de perfonnes s'en font une telle habitude, qu'ils appellent tout le monde par hé, fans faire réflexion au rang ni à la qualité, ce qui eft auffi infolent que ridicule. Sur - tout à Paris les petits-maîtres ont ce mot fi fréquemment à la bouche, qu'il femble, à les entendre appeller un honnête homme, que tout le monde foit leur valet. On verra auffi fort peu de perfonnes bien élevées & qui favent vivre, fe fervir de ce mot, parce qu'ileft infolent, & qu'on doit appeller un honnête homme par fon nom ou par Monfieur.

HÉBERGER. Pour loger, demeurer, habiter
conferver, garder. Il ne fera point dit que je t'hé-
bergerai dans mon cœur. (Théat. Ital. Naissance
d'Amadis.)

Dame douce qui honor & franchise
Hébergates en votre manoir.

(GAUTIER D'EPINE.)
HÉBÊTÉ. Pour ftupide, fou, infenfé, qui a
perdu la raison, le bon-fens & le jugement.
Mais il eft devenu comme un homme hébêté.

(MOL. Tartuffe.)

HÉBREU. C'eft de l'hébreu. Pour c'eft un langage que je n'entends pas, c'eft une chofe que je ne comprends pas, cela m'eft inconnu, cela paffe ma capacité & mon efprit, cela eft obfcur & difficile. C'eft de l'hébreu pour moi. (Moz. Etourdi.)

HEM. Pour exprimer le bruit ou le fon de voix que rend une perfonne qui touffe, ou en appelle

une autre.

Voici Laune, Monfieur, faites semblant de rien.
Hem, femblant de rien. (PALAP. Attendez-moi
fous l'orme. Et Bours. Poéf.).

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HENNER, v. 1. Peiner, incommoder, fatiguer. HEP. Mot qui exprime les efforts que fait une perfonne qui faute, ou fert à encourager, & dit autant que courage, bon, ferme. Courage, mes amis! hep: voulez-vous boire un coup pour avoir plus de force? (PALAP. Ballet extrav.)

HERBE. A chemin battu il ne croit point d'herbe. Mauvaise herbe croît toujours. Se dit en raillant des jeunes gens qui croiffent trop vîte.

On dit d'un homme adroit & dans la néceffité, que l'herbe fera bien courte, s'il ne trouve à brouter. Sur quelle herbe avez-vous marché?. Se dit en raillerie à un homme, pour lui reprocher la bonne ou la mauvaise humeur où il eft.

Quand on a cherché toutes fortes de moyens & de remedes dans des affaires ou dans des maladies, on dit qu'on y a employé toutes les herbes de la Saint-Jean.

Manger fon bled en herbe. Pour dire, manger fön revenu avant qu'il foit échu.

Etre cocu en herbe. C'est avoir la mine d'être un -jour cocu, c'est être taillé pour cela.

On dit en herbe & en gerbe. En parlant d'un côté de l'espérance, d'un autre côté de la jouissance. Couper l'herbe fous le pied. Vieux proverbe, qui fignifie fupplanter quelqu'un, le débufquer, prendre fa place, être fon concurrent, fon rival, briguer quelque chose.

Tandis que le fils de Vénus

Sous le pied te va couper l'herbe,
Comme dit l'antique proverbe.

(SCAR. Virg. trav.1.7.) Herbe qui croit dans la main. Maniere de parler libre, pour exprimer le membre viril, qui croît & fe roidit étant touché par la main d'une femme. Je vous donnerai d'une herbe

Qui croit dedans la main. ( Parn. des Muf.)

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