Page images
PDF
EPUB

NOTE SUR LE MONT PAUSILIPPE.

Le Pausilippe est une colline de tufa volcanique ou pipérine, située le long du bassin de Naples, au S.-O. de cette ville. Son nom tiré du grec Tavo us, signifie cessation de tristesse, à raison sans doute de la charmante vue que l'on découvre en sortant du long et sombre chemin souterrain qui traverse la montagne et qui conduit de Naples à Pouzzol.

Ce chemin qu'on appelle la grotta di Pozzuoli ou grotta di Posilipo, a 363 toises de longueur; sa hauteur est au moins de 50 pieds, et sa largeur en a 18. Il est présumable que cette grotte fut commencée par une carrière d'où l'on tirait de la pierre et du sable, et elle fut continuée pour abréger et faciliter le chemin de Pouzzol à Naples qui passait jadis sur la montagne. Le peuple croit que ce chemin fut fait par les enchantements de Virgile; cette fable est même rapportée dans la chronique de Villani. Les savants ne sont point d'accord sur l'origine de cette grotte : Celano dit qu'elle fut creusée par les habitants de Cumes. Varron, De re rustica, lib. III, c. 17, semble l'attribuer à Lucullus. Strabon, lib. V, en fait honneur à Marcus Cocceius; cela est répété dans une inscription qu'y fit placer le duc de Medina Las Torres. Enfin Martocelli assure qu'elle fut faite du temps d'Auguste.

Dans les temps anciens elle était moins large et moins commode qu'elle ne l'est maintenant. C'est Don Juan d'Aragon vice-roi de Naples, et Pierre de Tolède, sous Charles-Quint, qui l'ont fait élargir et mettre dans l'état où elle est à présent. Deux ouvertures ou soupiraux de la voûte y répandent un peu de jour; et dans le milieu est une petite chapelle à la Vierge, près de laquelle on entretient une lampe ou lanterne qui répand aussi un peu de clarté.

La direction de cette avenue souterraine est telle, que vers la fin d'octobre, le soleil couchant l'éclaire un instant dans presque toute sa longueur; d'où il suit, dit Lalande, qu'elle

fait un angle de 18 degrés vers le sud avec la ligne de l'ouest, où de 72 degrés avec la méridienne vers le couchant.

On trouve, en descendant du tombeau de Virgile, une côte appelée Mergellina; elle fait partie du Pausilippe.

Les journaux ont annoncé récemment (août 1840), la découverte d'une nouvelle grotte sur le mont Pausilippe. Cela paraît assez singulier, surtout d'après les objets que l'on prétend avoir trouvés dans les décombres, et qui donneraient à penser que ce lieu a été habité, car on y voit, dit-on, des traces d'ornements sculptés sur des murs; on y a découvert des statues, des monnaies, etc. Comment l'histoire n'a-t-elle rien révélé sur ce lieu, qui sans doute a prêté jadis à des événements? Au reste, quoi qu'il en soit, voici le récit auquel le lecteur ajoutera le degré de foi qui lui paraîtra convenable.

<< On vient de découvrir sur le versant sud-est du mont Pausilippe une nouvelle grotte qui paraît très profonde, dont l'ouverture a 16 pieds de largeur et qui, jusqu'aux 314 de sa hauteur qui est de 45 pieds, est remplie de terre, de sable fin et de beaucoup de décombres. Les parois intérieures sont composées en partie de grès, en partie de murs élevés par la main de l'homme et sur lesquels on découvre par-ci par-là les traces d'ornements sculptés qui semblent avoir eu la forme de réseaux. A environ 400 pas de l'entrée, se trouvent douze statues colossales en marbre, qui sont enterrées jusqu'aux épaules dans les décombres, mais dont les têtes sont tellement mutilées, qu'il est impossible de déterminer ce que ces statues étaient destinées à représenter. On a aussi trouvé parmi les décombres quelques petites monnaies grecques et romaines en cuivre et en argent. On ne peut entrer dans cette grotte que lorsque le vent du côté de la mer vient de l'enfiler, car autrement l'air y est tellement raréfié, que la respiration

se trouve gênée, et que quelquefois la lumière s'éteint. >>

Tel est le récit des journaux sur cette découverte récente qui, si elle existe réellement, sera sans doute l'objet de savantes recherches de la part des archéologues italiens. Il faut donc en attendre le résultat, pour juger de son importance.

INDICATION DE QUELQUES OUVRAGES A GRAVURES

Dans lesquels est représenté le Tombeau de Virgile dans son état actuel.

Si beaucoup d'amateurs ont visité le tombeau de Virgile au mont Pausilippe, il en est un bien plus grand nombre qui ont été privés de cette satisfaction : c'est pour les dédommager de cette privation que nous allons leur indiquer quelques ouvrages enrichis de planches, dans lesquels ils trouveront représentée la vue de ce monument et quelquefois celle de l'entrée de la grotte du Pausilippe. Parmi ces ouvrages, les principaux sont :

L'ANTIQUITÉ expliquée et représentée en figures, par B. de Montfaucon (français-latin ). Paris, 1719, 5 tomes en 10 vol. in-fol., avec 977 pl. (Vor. tom. V, chap. xII, vis-à-vis la page 132; la planche 119 représente le tombeau de Virgile de forme ronde, posé sur sa base carrée, et couvert de branches de laurier.)

ANTICHITA di Pozzuoli, Cumo e Baia, auctore P. Ant. Paoli (italien-latin), Florentiæ, 1768, in-fol. avec 65 fig. (Vox. 10 et suiv.)

CAMPI PHLEGRÆI: Observations sur les volcans des deux Siciles, par Will. Hamilton (anglais-français); Naples, 1776, 2 parties in-fol. avec 54 pl. (Vox. 2o part., 1, 16).

VOYAGE PITTORESQUE, ou description du Royaume de Naples et de Sicile (par Richard, abbé de Saint-Non); Paris, Lafosse, 1781-1786, 4 tomes en 5 vol. in-fol. avec 371 pl. dont 22 offrent des sujets doubles. (Vor. tome 1er, trois planches à

doubles gravures. La première, vis-à-vis la page 81, représente, dans la gravure inférieure, l'Entrée de la grotte du Pausilippe en y arrivant du côté de Naples. On aperçoit au-dessus de la grotte, un peu à gauche, dans le lointain, un petit groupe d'arbres et de ruines, confus; c'est le tombeau de Virgile. La seconde planche, vis-à-vis la p. 82, représente à droite l'Entrée de la grotte du Pausilippe près de Naples, et à gauche le chemin creux qui conduit à la grotte. La troisième planche, vis-à-vis la page 83, offre, dans la gravure du bas, la vue du tombeau de Virgile près de Naples. Une quatrième planche, vis-à-vis la page 85, donne le tombeau de Sannazar, dans la gravure à gauche ).

NOUVEAU Voyage d'Italie (par Misson). La Haye, 1702, 4 vol. in-12, fig. (Voy. tome II, vis-à-vis la p. 87; le tombeau de Virgile est représenté isolé, hérissé de branches de laurier).

LE MAGASIN universel, Paris, 1836-1837, in-4o, avec 52 pl. et beaucoup de vignettes. (Vox. page 9, pl. 2. C'est Pétrarque visitant le tombeau de Virgile sous le roi Robert, en 1341 : dessin de fantaisie, représentant l'intérieur du tombeau de Virgile, tel qu'on suppose qu'il devait être à cette époque).

Tels sont les ouvrages, dont les gravures, excepté celle du dernier, nous représentent l'aspect extérieur du tombeau de Virgile dans ces temps modernes; il paraît que les artistes ne l'ont pas tous pris du même point de vue, car plusieurs de leurs dessins offrent des différences, quoique tous annoncent un monument en ruine.

COUP-D'OEIL PHILOSOPHIQUE

SUR

LES PHASES DE LA LITTÉRATURE EN FRANCE.

LITTÉRATURE CONTEMPORAINE.

§ Le Consulat et l'Empire.

La révolution française, qui dans son origine était l'œuvre des besoins et des intérêts, avait bientôt poussé ses doctrines à l'extrême, puis elle avait procédé dans ses actes conformément à ses doctrines. De là, les aberrations qu'elle avait sanctionnées, les ruines qu'elle avait faites, les maux qu'on avait soufferts. Lorsqu'épuisée par ses propres excès, elle trouva un temps d'arrêt dans la lassitude générale, la première pensée qui s'éleva dans tous les esprits fut de lui demander compte de ses doctrines. Du moment donc où un pouvoir nouveau, qui avait pris son point de départ dans la force matérielle, eut fait un appel aux idées d'ordre et de morale pour se consolider; la réaction qui était au fond des cœurs se produisit au dehors, elle se formula dans la parole et dans les livres.

« PreviousContinue »