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I

dez, » et il lit le discours de Démosthène. Les applaudissements redoublent :

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Que serait-ce donc, s'écrie-t-il à son tour, si vous eussiez entendu le lion lui-même ? »

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1 Tí dè, si avtoŭ roŭ Ongíov åxnxóestt; V. Cic. de Or. III, 56; Plin., VII, 30; Plin. Jun. II, 3; IV, 5; Philostr. Vit. Sophist. I, 19, 5; etc.

PROCÈS DE LA COURONNE.

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ACCUSATION, PAR ESCHINE.

Vous voyez, ô Athéniens! quel appareil on déploie, quelle armée se range en bataille; vous voyez certains hommes solliciter sur la place publique l'abolition des règles et des usages d'Athènes1. Pour moi, je me présente plein de confiance dans les dieux, puis dans les lois et en vous, persuadé qu'auprès de vous l'intrigue ne prévaut jamais sur les lois ni sur la justice.

Je voudrais, ô Athéniens! que le Conseil des Cinq-Cents, que les assemblées du Peuple fussent régulièrement dirigés par ceux qui les président, et que la législation de Solon sur la discipline des orateurs reprît son empire 2. Ainsi, le plus vieux citoyen, appelé le premier par ces lois, montant avec modestie à la tribune, pourrait, sans tumulte, sans trouble, tirer de son expérience l'avis le plus utile à la république; après lui, tout autre qui en aurait le désir, opinerait seul à son tour et selon l'âge, sur chaque question 3. Je vois là le moyen et de gouverner très bien l'Etat, et de rendre les accusations très-rares. Mais, depuis que toutes les règles, jadis reconnues sages, sont brisées; depuis

que les uns proposent sans scrupule des motions illégales, tandis que d'autres, parvenus à la présidence, non par la voie légitime du sort, mais par la brigue, les convertissent en décrets, et dans la pensée que l'administration publique est devenue leur patrimoine, menacent de poursuivre comme traître tout autre membre du Conseil qui, réellement appelé par le sort à présider, déclarerait fidèlement vos suffrages; depuis qu'asservissant les citoyens et s'arrogeant tous les pouvoirs, ils ont anéanti la jurisprudence conforme aux lois, et jugent avec passion là où il faut appliquer vos décrets : elle est muette, cette proclamation, la plus belle, la plus prudente de toutes, Quel citoyen, au-dessus de cinquante ans, veut haranguer le Peuple? Quel autre Athénien, à son tour, veut prendre la parole? et rien ne peut plus réprimer la licence des orateurs ni lois, ni prytanes, ni proèdres 5, ni la tribu qui préside, c'est à dire ni la dixième partie de la nation.

En présence de pareils désordres, dans ces jours mauvais où vous voyez la patrie, un seul débris d'autorité vous reste, si je ne m'abuse: c'est le droit de poursuivre l'auteur d'une motionillégale 6. Si vous y renoncez, si vous permettez qu'on vous l'enlève, je vous prédis qu'à votre insu vous aurez à abandonné la constitution à quelques peu peu hommes. Vous le savez, Athéniens, il est parmi les peuples, trois formes de gouvernement, monarchie, oligarchie, démocratie. Les deux premières sont régies par la volonté des chefs; la démocratie,

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