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SUR

L'OUVRAGE INTITULÉ

CONFÉRENCES PHILOSOPHIQUES

SUR LA RELIGION,

PAR M. ISIDORE DE MONTMÉGAN.

Lu à l'Académie par M. NAULT, à la Séance du mercredi
8 juillet 1840.

L'auteur des Conférences philosophiques sur la Religion a rattaché la question chrétienne à deux questions principales, dont la solution domine toutes les difficultés de détails que l'on peut proposer contre la vérité du Christianisme.

Ces deux questions sont : 1o la certitude historique des faits du Christianisme; faits surnaturels dans la vie, la mort et la résurrection de J.-C.; et dans la prédication des Apôtres ;

2o L'examen des dogmes qui résultent de l'Evangile et qui sont formulés par l'Eglise, à l'effet de reconnaître s'ils sont contraires à la raison ou seulement supérieurs à la raison.

Sur la première question l'auteur prouve, 1o que la certitude historique peut être aussi pleine et aussi ferme que toute autre certitude; 2o que les faits surnaturels tombent sous la preuve historique, tout aussi bien que les faits naturels; 3° que les faits rapportés dans les Evangiles, et ceux qui sont liés à la prédication des Apôtres, sont attestés par le témoignage et la tradition,

à un degré de certitude supérieur à celui de tout autre système de faits reconnu comme indubitable parmi les hommes.

Sur la seconde question, l'auteur passe en revue six dogmes principaux, à savoir : la Trinité, le péché originel, lincarnation, la grace, l'eucharistie et les peines éternelles. Il montre que ces six dogmes sont mystérieux en ce sens que l'esprit humain ne saurait les comprendre; mais qu'il n'en est aucun dont la définition, telle que l'Eglise l'établit, soit en contradiction avec les notions claires de notre raison en un mot, ils sont au-dessus de la raison, mais non pas contre. Considérés en eux-mêmes, et sans l'appui de la révélation, ils ne donnent aucune prise à la raison pour les rejeter, bien que, laissée à ses propres forces, elle ne soit pas suffisamment éclairée pour les admettre.

Cela étant logiquement démontré, l'auteur rappelle la solution donnée à la première question qui est la certitude historique de faits surnaturels qui prouvent la révélation divine:

D'où il suit d'une part que ces dogmes mystérieux étant certainement révélés de Dieu, et d'autre part que n'étant point contraires à la raison, l'esprit humain doit nécessairement s'y soumettre.

Tel est l'ouvrage quant au fond; quant à la forme, la voici :

*Pour amener la discussion de ces différents points d'examen et les régler en conférences, l'auteur met en présence quatre philosophes du siècle dernier, qui sont quatre géomètres. Bouguer, l'un d'eux, est tombé dans cet état de doute qui n'est pas encore l'incrédulité, mais qui la précède. Bouguer est malade, et le côté sérieux de la question chrétienne le touche vivement.

Houvre son ame à un géomètre de ses amis qui est venu le visiter, l'abbé de Gua de Malves, lequel est un chrétien fervent. La discussion s'engage de la sorte et les questions sont débattues : Bouguer est ébranlé. Survient d'Alembert, ami commun des deux premiers interlocuteurs. Bouguer explique au nouveau venu la première conférence, et l'engage à présenter dans toute leur force, que peut-être il ne leur a pas donnée, les difficultés contre le Christianisme. Ici la lutte devient sérieuse et animée. Les questions sont coulées à fond et résolues dans l'ordre que je vous ai fait connaître. Bouguer est déjà convaincu lorsque survient un quatrième interlocuteur, le célèbre Euler qui va prêter main-forte à l'abbé de Gua. D'Alembert fait un dernier effort d'argumentation contre ce puissant adversaire. Euler et l'abbé le ramènent aux deux questions dominantes, dont la solution est inattaquable. D'Alembert, comme l'on pense bien, se rend point, il quitte Bouguer et la conférence en annonçant qu'il s'en va chez d'Argental, qui lui remettra une lettre de son ami Voltaire.

ne

Euler et l'abbé de Gua sont demeurés avec Bouguer. Le grave Euler montre quelque étonnement d'avoir trouvé un faible logicien dans le grand géomètre d'Alembert. Euler déplore qu'il y ait des vices spirituels qui nous rendent très-coupables devant Dieu, dit-il, et qui malheureusement ne sont pas incompatibles avec un beau génie et méme un caractère sociable et bon. Bouguer est pleinement convaincu et rend grâce à ses amis telle est la conclusion des Conférences philosophiques.

Ce livre est l'œuvre d'un esprit solide et sérieux, d'une tête véritablement philosophique. Il est écrit

avec un excellent ton de discussion et par un homme bien élevé, mais selon les formes anciennes. On peut dire même que la méthode didactique que l'auteur a suivie contraste avec la nouvelle école qui attaque le sujet par des considérations générales plus ou moins solides ou brillantes, sans se mettre en peine de les coordonner en un systême de preuves. Dans ce siècle où tout a été dit, où il faut pour se faire remarquer de prodigieux artifices de style, il se peut faire que ce livre n'ait pas tout le retentissement qu'il mérite. Je ne l'en déclare pas moins bon et très-bon. Il pourrait être utile à l'usage des jeunes gens d'un esprit fort et développé. Je désirerais qu'il trouvât place dans toutes les maisons d'éducation publique.

PARTIE DES LETTRES.

Années 1839-1840.

PRÉAMBULE d'une Traduction complète et inédite de
Démosthène et d'Eschine : Premier fragment.
IIe Fragment: Choix de textes; Interprétation; Introduc-
tions historiques; Classification.

IIIe Fragment: Principaux événements de la Grèce,
depuis la paix d'Antalcidas jusqu'à la première tenta-
tive de Philippe contre les Thermopyles.

IVe Fragment Des partis politiques à Athènes, pendant

la résistance à Philippe et à Alexandre.

Ve Fragment: Eloge de Démosthène, attribué à Lucien. 34

VIe Fragment: Coup-d'œil sur l'influence de l'éloquence
de Démosthène chez les Anciens et chez les Modernes.

PROCÈS DE LA COURONNE. Introduction.

Accusation, par Eschine.

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Rapport sur l'ouvrage intitulé: Conférences philosophiques

sur la Religion, par M. Isidore de MONTMÉGAN. 227

FIN DE LA TABLE.

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