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COMPTE-RENDU

DE L'ACADÉMIE

DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DE DIJON.

A15

V.40-42

PARTIE DES SCIENCES.

ANNÉES 1839 ET 1840.

RÉDACTEUR, M. RIPAULT, D. M. P.,

SECRÉTAIRE adjoint.

MESSIEURS,

Après l'événement qui vous a privés d'un secrétaire instruit autant que laborieux, vous m'avez chargé de la continuation d'une tâche importante et grave, celle de vous rendre compte des travaux des membres de l'Académie depuis deux années, devoir difficile, qui consiste dans une mission aussi sage que précieuse, dont le but est de montrer que l'Académie ne déroge point à ses nobles et anciennes habitudes de labeur, et que les institutions de ce corps savant continuent de prospérer et de s'affermir de jour en jour.

Depuis longtemps vous étiez habitués à recueillir de la bouche de M. Pingeon le résumé de vos travaux, et la confiance que vous aviez dans les talents et dans

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l'activité de votre secrétaire semblait vous promettre pour l'Académie plus de vigueur et d'éclat que jamais. Ce n'est pas que M. Maillard de Chambure, successeur de M. Pingeon, ne puisse par l'étendue et la variété de ses connaissances, vous rendre moins sensible la perte que vous avez faite; mais, vous ne l'ignorez pas, de nombreux travaux stimulent ailleurs son zèle et réclament l'emploi d'un temps qu'il eût été, sans d'impérieuses circonstances, en mesure de consacrer de la manière la plus distinguée pour l'honneur de l'Académie. Différents motifs s'opposent à ce qu'il apporte cette année le tribut de ses lumières pour la partie du Compte-rendu qui regarde les belles-lettres et les arts; quant à la partie scientifique, les circonstances m'ont amené à vous en présenter moi-même l'analyse.

Je ne puis nier cependant d'avoir été retenu par une crainte légitime, en réfléchissant que je devais vous. entretenir d'un ensemble de faits dont la connaissance vous avait été acquise à une époque où je n'avais pas encore l'honneur d'appartenir à l'Académie. Ce n'était point une difficulté légère, celle d'introduire et de coordonner, dans le cadre étroit d'un compte-rendu, des observations éparses, que je n'avais pas pu recueillir de la bouche des membres qui s'étaient plu à vous en transmettre les détails.

Bien que l'analyse des travaux les plus importants que l'Académie a vu s'accomplir depuis deux ans, ne soit ni aussi complète, ni aussi étendue qu'elle aurait dù l'être, je dois néanmoins déclarer que je suis redevable à l'obligeance de l'un de nos collègues les plus laborieux, de plusieurs renseignements sur la série de faits qui ajoutent annuellement à la variété de vos richesses. M. Vallot a donc bien voulu nous communiquer le

sommaire des travaux qui lui sont propres, et nous avons pensé qu'il n'y avait rien de mieux à faire làdessus, qu'à laisser notre collègue vous rappeler luimême le souvenir de ses intéressantes communications. Du reste, vous reconnaîtrez, Messieurs, que nous avons suivi le même ordre qu'avait adopté notre prédécesseur.

MÉDECINE, CHIRURGIE ET ANATOMIE.

-SUR DES SUJETS DIVERS DE MÉDECINE.

M. Salgues a lu dans nos Séances particulières, trois notices, dont l'une, insérée dans les Mémoires de l'Académie de cette année, se rapporte à la Pneumonie, qui à Mirebeau ne saurait jamais être traitée par la saignée, sans de graves inconvénients, tandis que cette opération est rigoureusement nécessaire dans plusieurs villages voisins, pour combattre avec succès la même maladie.

La seconde notice est intitulée : « Commémoratif pathologique de l'infirmerie des filles de Ste.-Anne, pour les années 1835 et 1836. » M. Salgues démontre dans ce Mémoire, que ces filles étant soumises à des règles hygiéniques particulières, dépendantes d'habitudes qu'elles ne peuvent modifier, leurs maladies offrent des caractères spéciaux, où la débilité des forces domine, et où l'on ne saurait, qu'avec la plus grande circonspection, employer les médications affaiblissantes et antiphlogistiques.

L'expérience a démontré à M. Salgues, que près de ces filles il n'y a de succès à obtenir dans leurs maladies, que par l'usage souvent réitéré des émétiques,

part

de là, pour

des purgatifs et des vésicatoires. II blâmer les méthodes exclusives, si souvent fàcheuses dans leurs applications en médecine.

Dans sa troisième notice enfin, M. Salgues signale un fait de prolapsus du cœur, fait dans lequel cet organe était couché transversalement sur le diaphragme, sa base à droite et sa pointe à gauche. Cette grande anomalie organique était congéniale.

SUR DIFFÉRENTS CAS D'EMPOISONNEMENT.

Diverses observations relatives à la Toxicologie vous ont été communiquées l'année dernière par M. Tilloy : nous n'essaierons pas de vous en présenter nous-même l'analyse, dans la crainte de nuire à l'intérêt dont ces observations sont susceptibles, et nous laissons à M. Tilloy le soin de vous faire connaître lui-même les circonstances qui lui ont permis de tirer un parti fort avantageux de plusieurs substances qu'il s'empressa d'administrer comme un remède spécifique contre des poisons violents.

1re OBSERVATION.

Empoisonnement par l'Opium.

à

Un porte-faix, après avoir accumulé par petites portions, la quantité de seize grammes de laudanum liquide (ce qui équivaut à quatre grammes d'opium), la prit dans l'intention de se détruire. Il ne tarda pas être atteint de stupeur; son sommeil devint extrêmement agité et comme convulsif. Appelé en hâte par sa femme, et après un examen du liquide que ce malheureux s'était administré, je lui fis prendre une solution de quinze centigrammes de tartre stibié, et de plus un lavement où entrait la même quantité d'émétique. Une demi-heure

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