Page images
PDF
EPUB

susceptible de produire. Le calcul que vous a exposé M. Cuynat, semble indiquer que la rotation s'opère 182 fois pendant une ou deux secondes. Cette théorie, toute physique, est fondée sur l'observation, et s'applique aux blessures faites par des biscaïens ou des balles, ainsi qu'à tous les corps lancés par la déflagration de la poudre à canon, et même à l'action de tous les corps contondants; et elle est appuyée dans le Mémoire dont nous parlons, d'un certain nombre d'exemples démonstratifs dans le détail desquels nous regrettons de ne pouvoir pas entrer ici.

APPAREIL NOUVEAU POUR LA GUÉRISON DES PIEDS BOTS.

Au mois de juin, l'an passé, M. Dompmartin vous a rendu compte d'un appareil qu'il a imaginé pour remédier à la difformité connue sous le nom de pied bot. Cet appareil, d'une grande simplicité, a été construit d'après le système de son corset rotateur dont vous avez fait représenter le dessin dans vos derniers Mémoires. C'est une idée semblable qui s'est trouvée fort ingénieusement ici reproduite pour effacer graduellement la tendance que les pieds, chez les petits enfans qui ne marchent pas encore, ont à perdre l'équilibre qui doit rendre la marche régulière plus tard.

L'appareil imaginé par notre collègue se compose : 1° D'un brodequin ordinaire qui se lace en devant; sur les côtés du talon il existe en dedans et en dehors une ouverture pour recevoir une lanière qui doit maintenir cette partie du pied;

2o D'une tige à rotation qui est étendue en dehors de la semelle du brodequin ; cette tige aplatie et mobile sur son axe se trouve solidement attachée au milieu de la longueur de la semelle indiquée; en bas elle est fixée

à une planchette sur laquelle reposé la partie postérieure du brodequin, et en haut, au centre d'une lame de for courbe qui sert à faciliter ainsi le pivotement nécessaire pour imprimer au pied une direction convenable;

3o D'un régulateur cintré qui prend ses points d'attache au milieu de la longueur de chacun des bras de la lame de fer qui est destinée, comme nous venons de le dire, à fixer la tige à rotation.

Ce régulateur cintré reçoit un levier percé qui tient à la tige et qui glisse à volonté sur le régulateur même où l'on peut aisément l'arrêter avec une vis de pression.

M. Dompmartin s'est fort avantageusement servi dans deux cas différents, chez des sujets en bas âge, de cet appareil qu'il convient de désigner sous le nom de brodequin rotateur; il agit d'une manière comme exclusive sur l'articulation tibio-tarsienne. En s'aidant ainsi d'une force mécanique ingénieusement combinée et d'une puissance artificielle que l'on met en jeu avec une modération et des ménagements dont on possède toujours la mesure, notre collègue vous a démontré qu'il pouvait très-bien triompher des obstacles qui se rencontrent ordinairement dans les os, les ligaments et les muscles du pied, chez les enfants qu'une déviation vicieuse de ces parties met plus tard dans l'impossibilité de bien marcher.

DE L'EMPLOI DES TONIQUES

Dans certains cas de polypes utérins.

A l'occasion d'un polype utérin qui avait donné lieu à d'abondantes hémorrhagies et dont l'observation est rapportée dans vos Mémoires (partie des sciences,

page 15), M. le docteur Antoine, notre vice-président, vous fit une communication sur un fait analogue à celui qui venait de vous être rapporté. Ce fut avec de grands avantages qu'avant de pratiquer l'opération jugée convenable, M. Antoine employa les préparations martiales; et dans un cas aussi grave il parvint ainsi à réparer les forces de sa malade que la fréquence des pertes sanguines avait épuisée.

SUR PLUSIEURS FOETUS AGÉS DE MOINS DE CINQ MOIS Et qui ont vécu pendant quelques instants.

Dans vos séances particulières du mois de mars et du mois d'avril dernier vous avez entendu avec intérêt la lecture de deux Mémoires sur ce sujet.

Je vous présentai trois fœtus, âgés de moins de cinq mois et bien conformés, dont l'un m'avait été remis le 21 mars, tandis que les deux autres qui étaient jumeaux et de sexe différent me furent apportés peu de temps après, le 8 avril suivant.

Les différentes remarques que je vous soumis sur ces trois fœtus vous ont paru conformes aux exemples qui passèrent sous vos yeux, et vous avez pensé que ces mêmes remarques pouvaient bien n'être pas sans quelque importance pour la médecine légale, dans la question des âges qui regarde la vie fœtale. Il est vrai qu'elles sont contraires à de certaines assertions qui ont été avancées par des médecins légistes d'ailleurs trèsestimables.

Ainsi « à cinq mois, dit un auteur célèbre, les testi>> cules assez volumineux sont situés un peu au-dessous >> des reins, près les vertèbres lombaires, sous le péri>> toine; il en est de même des ovaires. »

Eh bien! chez les trois fœtus que nous avons conser

vés et que nous avons montrés à l'Académie, il en est autrement; l'on peut voir aisément que les ovaires avec leurs ligaments, sous une forme vermiculaire, sont placés sur les côtés de la matrice, dans la cavité du bassin ; pour les testicules, ils sont engagés dans un point rapproché de l'orifice interne de l'anneau inguinal à travers lequel il semble qu'ils ne devaient point tarder à passer.

« Les oreillettes du cœur, dit l'auteur que nous ve>> nons de citer, sont aussi vastes pour le moins que les >> ventricules. >>

C'est le contraire chez les trois fœtus dont il s'agit, et les ventricules, le gauche surtout fort bien distinct du droit, notamment chez le premier, par un sillon qui n'est pas sans profondeur, conservent le degré de développement qui les rend de beaucoup supérieurs aux oreillettes chez l'adulte.

Le cuir destiné à recevoir les cheveux n'avait que des lacunes multipliées et très-distinctes, surtout à la tête des deux fœtus jumeaux, tandis que dans l'ouvrage en question l'on peut lire que du « quatrième au cinquième mois les cheveux, fort courts, sont rares, blancs et argentins. >>

J'ai cru devoir en même temps fixer votre attention sur la consistance du cerveau chez tous ces fœtus. A la coupe de cet organe, son parenchyme, surtout en dessus, présentait une masse blanche d'une mollesse et d'une coloration que l'on ne pouvait pas mieux exprimer qu'en les qualifiant de spermatiques.

C'est en partant de ces mêmes sujets d'observation, mais dans un autre but, que je lus à l'Académie un Mémoire intitulé: « Essai sur les fonctions du thymus. » Différentes considérations anatomiques, jointes à quelques renseignements empruntés à la physiologie, m'a

vaient amené à conjecturer dans ce travail que le corps dont il s'agit pouvait fort bien cesser d'être compris parmi les parties granduleuses et sécrétoires, et qu'il n'avait sans doute à remplir qu'une fonction temporaire et toute spéciale, celle d'empêcher le parenchyme pulmonaire de prendre un trop prompt accroissement pendant la vie intrà-utérine.

SUR LE STRABISME.

Dans la séance du 10 juin 1840, je vous ai soumis quelques remarques sur la ténotomie appliquée aux muscles de l'œil, en faisant passer sous vos yeux une pièce anatomique que j'avais préparée dans le but de démontrer combien il semble difficile de pouvoir porter impunément l'instrument tranchant sur des parties d'une délicatesse extrême, en raison des rapports immédiats qu'elles ont avec l'œil et ses dépendances.

Nous vous avons fait observer que les résultats heureux qui ont répondu aux tentatives répétées jusqu'à présent, prouvent un fait important, et ils sont de nature à jeter quelque jour sur la véritable cause du strabisme ordinaire; si ces mêmes résultats sont constants, l'opinion d'un grand naturaliste du siècle dernier, de Buffon, sur l'origine du strabisme, cesserait d'être aussi favorablement accréditée qu'elle l'avait été jusqu'à présent.

Il serait aisé cependant de mettre entre eux d'accord les pathologistes sur ce point. Car s'il est des cas où le strabisme n'est qu'une affection symptomatique passagère ou bien durable du cerveau, il en est d'autres où il paraît évident que la difformité en question ne doit pas se rattacher à une autre cause qu'à un effet déréglé de l'action musculaire. Alors l'on conçoit aisé

« PreviousContinue »