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après, comme les symptômes de l'empoisonnement semblaient avoir un peu moins d'intensité, je revins à l'émétique à la dose de cinq centigrammes, et l'amélioration devint d'une extrême évidence, si bien que le lendemain le malade put reprendre son travail.

2o et 3° OBSERVATIONS.-Empoisonnement par l'Arsenic.

Une domestique avait fait manger à sa maîtresse, par étourderie, des gaudes qui renfermaient de l'arsenic et que l'on avait préparées pour détruire des rats. Cette dame s'aperçut de suite de la méprise et m'en fit prévenir. Je lui donnai du persulfure de chaux convenablement dilué, les vomissements survinrent presqu'aussitôt ; pendant quelques heures, la malade continua l'usage de ce médicament qui fut étendu dans une plus grande quantité d'eau. Enfin, il n'y eut plus de vomissements, et l'arsenic ne donna lieu de cette manière à aucun résultat fâcheux.

A cette observation il convient de joindre la suivante, pour montrer l'utilité du persulfure de chaux, dans les cas où il est nécessaire de provoquer de prompts vomisse

ments.

Un père de famille laissa par mégarde de l'arsenic sur une table; son enfant âgé de quatre ans en prit une pincée qu'il porta dans sa bouche et qu'il avala; ce fut du moins la crainte du père. Un médecin mandé de suite se disposait à recourir à l'émétique, afin de provoquer le rejet de la substance vénéneuse. Mais dans la crainte que l'arsenic ne fût absorbé avant que l'émétique n'eût produit l'effet désiré, je recommandai l'emploi du persulfure de chaux qui répondit de la manière la plus complète à mon attente.

4o OBSERVATION.-Empoisonnement par la Strychnine.

A l'époque de l'année où, par une sage mesure de sûreté, la police fait empoisonner les chiens, un de ces animaux de forte taille fut victime d'une semblable précaution, et son maître ne s'en aperçut que quand se manifestèrent les premiers symptômes occasionnés par la strychnine. Je fis prendre au chien vingt centigrammes d'acétate de morphine; une demi-heure après, les vomissements n'augmentaient pas; mais comme l'animal me paraissait encore sous l'influence de la strychnine, je continuai l'usage de l'acétate de morphine à la dose d'un décigramme; il se rétablit bientôt, et six à huit heures après il semblait ne plus se ressentir de rien.

Bien que la morphine eût annihilé les effets de la strychnine, je pensai que ce n'était peut-être pas le remède spécial, et je songeai à recourir à l'eau de laurier-cerise. En effet, après avoir fait prendre cinq centigrammes de strychnine à un chien de petite taille, je lui donnai de suite une cuillerée d'eau de lauriercerise; l'animal vomit promptement et ne fut pas malade. Le lendemain je renouvelai sur lui le même essai et j'attendis l'effet du poison, c'est-à-dire le complet développement des accès tétaniques; je lui fis boire alors une cuillerée d'eau de laurier-cerise qu'il rendit à l'instant ; nouvelle dose fut administrée sans avoir été rejetée cette fois ; mais les mouvements convulsifs moins violents, il est vrai, n'avaient pas entièrement disparu; ils ne cédèrent complètement qu'à une troisième dose d'eau de laurier, et peu de temps après l'animal reprit sa vivacité naturelle.

HISTOIRE D'UNE FIÈYRE TYPHOÏDE,

Suivie de réflexions sur le traitement des affections de ce genre.

Dans votre séance du 19 juin 1839, M. Cuynat vous a donné connaissance d'une longue observation sur une fièvre ataxo-adynamique ou typhoïde, survenue chez le fils d'un lieutenant-colonel : c'était un jeune homme de 16 ans, faible, lymphatique et qui avait habité longtemps un pays mal-sain. La guérison dans ce cas grave et compliqué parut dépendre de la combinaison de méthodes de traitement opposées et dont le résultat fut de conjurer les symptômes inflammatoires qui survinrent au début, par des saignées, et les signes de la prostration des forces qui se manifestèrent dans les périodes suivantes de la maladie, par des toniques diffusibles où entrait l'esprit de mindérer.

M. Cuynat tire de ce fait et de nombreuses observations qu'il a recueillies à l'armée, des conclusions qui prouvent qu'il faut, dans les camps surtout, se conduire d'une manière différente de celle que l'on pourrait suivre ailleurs. « Au reste, dit-il, il arrive >> une époque dans la maladie où il ne convient pas de >> se laisser retenir par la crainte d'accroître l'irritation >> gastro-intestinale, sur laquelle les physiologistes >> exclusifs mesurent trop scrupuleusement l'adminis»tration des remèdes. >>

HISTOIRE DE LA FIÈVRE MILIAIRE

Essentielle épidémique qui a régné à Vesoul et dans les villages voisins en 1817.

C'est le 18 mars 1840, que M. Cuynat vous lut un

ན་

Mémoire sur cette épidémie dont la cause semble avoir été provoquée par les déplorables effets de la température dans le cours de l'année 1816. « Hyppocrate avait » observé, nous dit l'auteur, que le déréglement >> d'une saison cause les maladies de la saison suivante; >> cette fois encore l'expérience vient nous donner lieu » d'admirer la précision et la sagesse des remarques >> dont le divin vieillard nous a laissé les plus grands >> témoignages. >>

Une circonstance particulière frappa notre collègue durant cette épidémie, dont il a très-bien décrit les symptômes; plusieurs observations ont mis hors de doute à ses yeux, le caractère dépuratoire de la miliaire : le curé d'un village voisin lui en fournit même une preuve convaincante; en se sentant atteint de cette éruption vésiculeuse, il s'était bien administré les remèdes simples et les boissons légèrement amères par lesquels M. Cuynat débutait dans le traitement de la fièvre ; mais sur les observations que lui fit son médecin ordinaire, il s'était refusé à l'application d'un large vésicatoire entre les épaules, moyen dont l'expérience avait appris l'efficacité à M. Cuynat, et à l'aide duquel il cherchait à favoriser le retour d'une crise heureuse et prompte. Le malade ne tarda pas à regretter d'avoir par son refus interverti cette crise.

L'éruption vésiculeuse fut incomplète et la maladie longue; les membres abdominaux devinrent douloureux, engorgés, et l'œdeme qui en fut la suite n'était pas encore dissipé à la jambe droite une année après l'invasion de cette fièvre dont notre collègue était parvenu à triompher aisément dans le pays, après en avoir pénétré la cause que nous vous avons signalée plus haut.

SUR LA MANIère d'agir dES BOULETS

Et des autres projectiles lancés par la poudre à canon, lorsqu'ils nous frappent.

Dans ce Mémoire fort étendu et dont vous avez entendu la lecture dans la séance du 10 juin 1840, le même Membre réfute l'ancienne erreur relative au vent du boulet, par laquelle on expliquait les morts produites sans lésion extérieure de nos parties. Il démontre que l'imperfection de la sphéricité du projectile, sa liberté dans le canon, dont il va, en sortant, frapper alternativement les parois, et que la force de pesanteur, qui s'applique contre la partie inférieure du tube, sont autant de circonstances qui communiquent au boulet, en même temps qu'il parcourt l'espace, un mouvement de rotation et de déviation qui se continue souvent après sa chute; notre collègue ajoute, que la variété des points de contact, soit en sortant de l'embouchure de la pièce, soit par le choc des corps extérieurs, fait varier à l'infini le sens du mouvement de rotation, ou lui imprime des changements. Si, en touchant une partie vivante, le mouvement de rotation est tel que, pendant sa translation, le boulet roule dans le même sens, il y aura pression plus ou moins forte, brisement des os et des muscles; mais les vêtements et la peau seront ménagés; il y aura froissement et déchirure, si le roulement se fait sur un axe perpendiculaire à l'axe de la région touchée; il y aura perte inévitable de substance, et peu ou point de désordre intérieur, si le mouvement de rotation est tout à fait opposé à celui de translation. En un mot, les rapports entre les deux mouvements de translation et de rotation du boulet expliquent tous les effets différents que le projectile est

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