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emploie le même moyen que celle de l'Hylotome du rosier, et comme elle, elle incise l'écorce.

Le brin de sarment, sur lequel j'ai fait ces observations, ayant été détaché du cep, n'a plus fourni aux œufs l'humidité nécessaire pour en augmenter le volume et favoriser le développement des larves. On sait en effet que les œufs de Tenthrèdes, déposés par les femelles, grossissent considérablement après la ponte; c'est une condition essentielle pour leur éclosion; si elle vient à manquer, les œufs se dessèchent, comme il est arrivé à ceux qui m'avaient été adressés de Beaune.

Les œufs, restés sur le cep, éclosent au mois d'août; les larves se nourrissent de feuilles jusqu'au moment où la saison rigoureuse les force à la retraite; les unes se retirent dans la terre pour se transformer, et les autres dans les onglets pour y passer leur quartier d'hiver. Revue de la Côte-d'Or déjà citée, 10 août 1838.

En attendant que des observations plus complètes aient fait connaître l'insecte parfait, je l'appelle Tenthrède de la vigne, Hylotonia vitis, Nob.

Après avoir exposé mes observations, annoncées dans la Revue de la Côte-d'Or et de l'ancienne Bourgogne, 1840, 25 avril, je vais, en suivant l'ordre chronologique, leur comparer les récits des auteurs pour remédier à la confusion dont j'ai parlé.

Cette partie de mon travail n'a, à la vérité, nul rapport à la pratique; mais je la donne pour prouver le soin avec lequel il a été fait.

S' VII. PLINE.

Avant le naturaliste latin, Ctésias avait déjà parlé de vers qui font tant de mal aux vignes de la Grèce. L'auteur grec voulait-il indiquer le ver coquin, § III, ou la

larve de la Pyrale, § IV? Nous ne nous permettrons pas de décider. Mém. Acad. de Dijon, 1838, p. 52-61.

Pline, Hist. nat., lib. xvii, cap. xxiv et xxviii, sous le nom de l'olucre, désigne positivement la première génération de la Tinea uvella, Vall.; et sous celui d'Aranea ou Araneus, la seconde génération du même insecte dont la larve enveloppe de soie les grains de raisin. Les commentateurs et les traducteurs, ignorant cette circonstance, ont cru qu'Aranea ou Araneus désignait ici l'insecte consacré à Minerve, ce qui a fait croire, bien à tort, à quelques naturalistes que certaines araignées causaient du dégât dans les vignes.

Galien, de simpl. medicam. facult., lib. ix, cap. vi, à l'occasion de l'Ampelite dont il conseille l'emploi, pour s'opposer aux dégâts produits par le Scnips, insecte ennemi de la vigne, paraîtrait indiquer le Coupe-bourgeon,

SI.

S VIII. ALDROVandı.

Ce naturaliste, diffus comme les improvisateurs italiens, parle dans son Traité des insectes, de plusieurs ennemis de la vigne, mais très-confusément ; cependant, avec un peu de patience, on parvient, jusqu'à un certain point, à les reconnaître. Ainsi, sous le nom de Cantharides, p. 486, il désigne tous les coléoptères ennemis de la vigne; sous celui d'Ips, p. 487, de Volucra Columellæ et de Butyrus Tullii, il désigne particulièrement le Coupe bourgeon; sous celui de Cantharts octava, on reconnaît l'Eumolpe de la vigne; sous ceux de Convolvulus, Involvulus Plauti, Volvulus Festi, se trouve désigné l'Attelabe vert. Pour combattre les insectes ennemis de la vigne, Aldrovandi, p. 275, conseille l'emploi des cendres, des lotions, des fumigations, de la succussion; moyens souvent peu efficaces.

SIX. OLIVIER DE SERRES.

Le père de l'agriculture française, Théát. d'agricult., 1804, tom. I, p. 260, en parlant des Coigniaux, dits Instrumentiers à Tournon, indique le moyen de s'en débarrasser. Nous nous bornerons à examiner la note 38, mentionnée à la page 324 du vol. cité. « Les insectes qu'Olivier de Serres désigne sous les noms de Coigniaux, sont deux espèces de Charansons, connus des vignerons sous les noms d'Urbec, Urebère, Becmou, Coupe bourgeon, Béche, Lisette, Liset, Velours vert, Destraux, etc.; et des naturalistes, sous ceux de Curculio Bacchus, Curculio betulæ, Linn. >>

L'auteur de cette note a bien reconnu que sous le nom de Coigniaux, Olivier de Serres confondait deux insectes, le Coupe bourgeon et l'Attelabe vert; mais il a eu tort de nommer l'un Curculio Bacchus; car l'Attelabe de ce nom ne touche point à la vigne. La dénomination Bacchus est la suite d'une homonymie fondée sur le mot latin Bachus employé pour traduire le mot français, Bèche ( du radical bec). Voyez ci-dessous, p. 59.

La similitude de Bachus, employé par Fabricius, Sp. Ins., tom. I, p. 165, no 32, et Bacchus, aura fait croire à Linné, mal informé d'ailleurs, que son Curculio Bacchus, Rynchites bacchus, Latr., act. Divion., 1838, p. 45-48, p. 66, vivait sur la vigne; de là l'erreur de nom répétée dans une multitude d'ouvrages, et même dans le Règne animal par Cuvier, 2 édit., 1820, tom. v, p. 74. Dict. Sc. nat., tom. 1, p. 29i, no 5. Il suffit de passer en revue les noms cités par l'auteur de la note signalée, pour acquérir la preuve de la confusion qui règne dans cette synonymie.

Urbec, Urbère (bec brûlant), nom vulgaire donné

à tous les attelabes, et à tous les charansons à longue trompe, dont la morsure dessèche les organes qui sont attaqués, et détermine leur chute; du mot Urbère on a fait en Bourgogne le nom vulgaire Albère.

Becmou, pour Becmare, Bec more (de bec mordant). Lisette, Liset, de ie, destruction; dénominations vulgaires données à beaucoup d'insectes, tels qu'à des Curculionides, des Altises, etc.

Velours vert, nom du Cryptocephalus Sericeus, Fabr., attribué à tort à l'Attelabe vert.

Destraux, dénomination applicable à tous les insectes destructeurs des végétaux cultivés.

Diableau, nom donné aux insectes à cause des dégâts qu'ils causent, de Diable, être malfaisant.

S X. CHARLES ESTIENNE ET LIébault.

Ces auteurs, Maison rustique, 1618, p. 555, rangent parmi les ennemis de la vigne, les chenilles et poux, les bestioles gastant le bourgeon, les petites les petites bestes appelées Hannetons, et p. 556, les Formions.

Les chenilles ne seraient-elles pas les larves de la pyrale? Elles pourraient être celles de la teigne.

Les poux peuvent être ou des pucerons, ou le ver coquin. Les pucerons attirent les larves aphidivores. Les bestioles gastant le bourgeon sont le Coupe bourgeon, c.-à-d. les curculionides aptères signalés p. 34.

Les petites bestes appelées Hannetons sont les Hannetons, et l'Eumolpe de la vigne.

Les Formions, dont le nom vient du grec OPMO'E coupe, sont l'attelabe vert qui roule les feuilles en cornet, ou en coupe, à moins qu'en jouant sur ce dernier mot, dont on fait coupeur, on n'ait voulu indiquer les Coupe-bourgeons, mentionnés ci-dessus, p. 34.

S XI. PLUCHE.

Pluche, Spect. de la nat., tom. II, p. 353-355, ne parle que de deux insectes ennemis de la vigne ; ce sont, dit-il, le Gribouri et la Béche.

Le Gribouri indiqué par Pluche est bien l'Eumolpe de la vigne; mais l'auteur, en donnant des détails peu scientifiques et fondés sur de faux renseignements, lui attribue, à tort, les mœurs du Coupe-bourgeon, celles du ver Coquin, et celles de la Cione Linée, Ciona lineata, qui ronge les feuilles de fèves, dont la présence dans les vignes est inutile pour la destruction de leur ennemi, comme je l'ai démontré. Voy. Revue de la Côte-d'Or citée, 1838, 15 juillet.

Le nom de Gribouri, donné d'abord par Pluche, à l'eumolpe, et employé ensuite par Geoffroi, a causé bien des erreurs, comme je le fais voir.

La Bêche est effectivement l'Attelabe vert; mais Pluche dit, à tort, qu'elle tapisse la feuille d'une sorte de toile ou de duvet pour y déposer ses œufs.

S XII. ROZIER.

Ce savant agronome a publié dans le Journal de Physique, juillet et août 1771, un Mémoire fort intéressant intitulé: Des insectes essentiellement nuisibles à la vigne ; il se plaint d'abord du vague des dénominations employées pour les désigner; il indique très-exactement la manière dont la feuille est pliée; mais en attribuant au Rouleur des antennes coudées dans le milieu, il confond l'Attelabe vert avec le Polydrusus flavipes, qui en est bien différent par ses antennes brisées.

En jetant un coup d'œil sur les fig. 2 et 3 de la pl. 1,

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