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1° Une lombo-dorsale saillante en arrière, concavité à droite;

2o Une dorsale supérieure, concavité à gauche;

3o Une dernière enfin qui était cervicale, concavité à droite, et qui concourait à imprimer à la tête ce degré d'inclinaison vicieuse et incommodante dont nous avons parlé plus haut.

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Il n'y avait pas alors jusqu'à la figure même qui n'offrît une altération singulière des traits; on remarquait une coloration bleuâtre de tout le visage et du col, ce qui dépendait évidemment de la gêne des fonctions des poumons et du cœur.

Dans un cas aussi compliqué, aussi grave, il s'était manifesté pourtant de l'amélioration, ainsi qu'on peut le constater d'après une empreinte du tronc qui fut prise six mois après la première.

Un certain degré de rectitude commençait à se montrer dans la région dorso-cervicale et faisait présager encore quelques résultats meilleurs.

Les omoplates tendaient également à se rapprocher d'un plan plus horizontal; le bassin paraissait se redresser un peu; la saillie de la partie postérieure de l'iléon commençait à être moins forte, et la grande concavité du côté droit à devenir moins sensible.

En juillet 1839, le torse du même sujet accuse une amélioration plus évidente encore. L'on pouvait reconnaître en effet que la proéminente ou septième cervicale du col était sur la même ligne verticale que la région sacrée. Il n'y avait plus guère que trois centimètres ou un pouce de distance entre cette même ligne et la plus grande incurvation lombo-dorsale, tandis que nous vous rappellerons qu'il y avait neuf centimètres de différence dans le principe.

Quant à la deuxième courbure, celle qui rend le plus

saillante la gibbosité du sujet, elle ne paraît pas aussi bien modifiée que le reste de la colonne dorsale, à raison de la saillie de l'omoplate droite qui dans le commencement était énorme.

Au reste, cette intéressante personne est aujourd'hui méconnaissable, tant le tronc, les membres et tout le corps ont acquis de force et ont pris de l'accroissement. Ce développement heureux est remarquable surtout du côté du bassin ; c'est à un point que le succès du traitement sous ce rapport présente d'heureuses garanties pour l'avenir; elle peut devenir épouse et mère, avantage immense, si l'on songe combien le sujet avait à désirer, il y a trois ans, même pour acquérir les moyens de pouvoir passablement faire quelques exercices qui lui rendissent la vie moins pénible et moins à charge.

Les fonctions de tous les organes s'exécutent maintenant avec une régularité surprenante, et la menstruation s'est établie, il y a quatre mois, sans le moindre dérangement dans la santé.

Mais quel que soit le succès que l'on ait obtenu jusqu'à présent, il est bon, pour le rendre durable, de faire encore usage du traitement orthopédique, pendant longtemps sans doute, pour soutenir les organes redressés autant que possible, et pour donner à la colonne aussi bien qu'à la masse thoracique qui se trouvait si bombée et si fortement écrasée en quelque sorte auparavant, le temps de se consolider et de se maintenir dans sa nouvelle position.

Troisième sujet ou no 3. Ce dernier sujet est entré le 8 octobre 1839; c'est une jeune personne d'une taille élevée et dont la déviation était moins prononcée que chez les sujets précédents : elle a quatorze ans.

Il y avait dans le principe une gibbosité ou une déviation lombo-postérieure, en même temps qu'une incur

vation dorsale, déviation saillante qui datait de trois ans à cette époque, avec convexité à droite; l'on voyait un abaissement remarquable de l'omoplate de ce même côté, et une saillie assez forte de quelques-unes des côtes.

De plus, il existait à gauche une dépression des côtes très-manifeste, une saillie du bassin également, et une élévation si grande de la région trochantérienne du même côté, que l'on aurait pu croire à une luxation spontanée du fémur, sans un examen plus attentif qui démontrait que la cause de cette saillie se trouvait dans la déviation du tronc.

Le torse de cette jeune personne, pris le même jour que celui du n° 1, vous fait voir que la rectitude du tronc et du corps entier est presque parfaite. Il n'y a plus à droite qu'une légère saillie qui ne se manifeste même que très-légèrement dans la progression, comme l'un de vos Commissaires a pu s'en assurer en faisant marcher le sujet dans différentes directions.

Ici même, l'emploi du traitement orthopédique n'est plus nécessaire que pour imprimer au corps entier une attitude ferme, et pour faciliter à la colonne dorsale les moyens.de conserver l'équilibre des forces qui avaient été jusque-là mal réparties. Mieux vaut d'ailleurs se Soumettre un peu plus de temps et sans une nécessité absolue aux secours de l'orthopédie, que d'être dans l'obligation de revenirà ce traitement plus tard. C'est une sorte de convalescence dont les soins préviennent d'autant mieux les chances contre le retour de la maladie qui précédait, qu'ils sont plus sévères et plus minutieux.

Maintenant, Messieurs, est-il permis de croire que les efforts de la nature auraient pu, sans des moyens auxiliaires, suffire pour opérer le redressement de la colonne vertébrale, chez les sujets dont nous venons de

vous entretenir? Nous ne le pensons pas; et nous ne supposerons jamais que ces mêmes sujets atteints à des degrés divers de déviations de la taille et de gibbosités auraient pu se redresser plus tard, sans assistance ni sans secours; il leur fallait quelque chose de plus que l'aide du temps, même quand il est secondé par l'influence que la révolution ordinaire à l'époque de quatorze à quinze ans détermine d'une façon dont trop souvent l'on s'exagère les bénéfices.

Les résultats remarquables obtenus chez ces trois sujets, la tendance à une plus grande amélioration encore chez l'un d'eux, la rectitude presque parfaite chez les deux autres, l'état florissant de la santé, le développement des membres chez tous, leur force même, leur souplesse et leur agilité pour des exercices difficiles et très-fatigants, la grande régularité des fonctions de l'économie qui était auparavant troublée, voilà des avantages qui sont à signaler et qui donnent lieu de croire que la guérison de ces jeunes personnes sera so→ lide et durable. Pour nous, que des études spéciales sur les maladies entretenues par un vice lymphatique et scrofuleux avaient rendu méfiant et sévère à l'égard de tout traitement qui n'est pas exclusivement basé sur une médication interne et très-énergique, il nous a paru évident que les moyens employés par M. Dompmartin étaient aidés en outre de ceux qu'on emprunte au régime, à l'hygiène et aux secours d'une médecine éclairée dont la puissance et l'efficacité sont incontestables aux yeux des médecins instruits et de bonne foi.

SUR UN BRAYER PERFECTIONNÉ,

PRÉSENTÉ PAR M. BORSARY.

EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL DE LA SÉANCE DU 3 JUIN 1840;

PAR M. RIPAULT, D. M.,
SECRÉTAIRE ADJOINT.

M. Borsary, chirurgien herniaire du Collège et des prisons de la ville de Dijon, a informé l'Académie des heureux changements qu'il avait fait subir à son brayer, depuis la dernière description qui en a été insérée dans les Mémoires de l'Académie de l'année 1836 1. Son bandage depuis cette époque avait été soumis à l'examen des Membres de l'Académie royale de Médecine de Paris, comme le prouve un extrait imprimé et signé du Secrétaire perpétuel de cette Compagnie savante. La Commission avait voté des remercîments à adresser à l'auteur, en l'engageant à continuer ses travaux dans la même direction.

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Les efforts de M. Borsary n'ont pas été inutiles; il

Voy. Mém. de l'Acad. des Sc. de Dijon, p. 311 et suiv. Une figure est jointe au rapport qui fut alors présenté à l'Académie par M. le docteur Pingeon.

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