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Et la fée continuait de traverser nos

rêves.

Mais elle avait un autre sourire, mais son œil était vif et mutin, mais elle retroussait gaiement sa robe et trottait d'un pied leste, en nous invitant à la suivre.

Francs amis des bonnes filles,
Vous connaissez Frétillon:
Ses charmes aux plus gentilles
Ont fait baisser pavillon.

Il nous semble la voir encore. Que sa joue est fraîche, sa jambe fine et sa tournure agacante! Ah! friponne! nous ne reconnaissons plus en vous la blanche apparition de notre enfance! Vous êtes la reine du plaisir, de la joie, de l'amour et des festins.

N'importe, soyez la bienvenue!

Lorsque nous vous regardons de près, au

réveil,

il nous semble que vous vous appelez aussi Lisette. Approchez, alors; parlez

bas, et dites-nous quelques-uns des secrets du vieux chansonnier.

Mais non, tu n'as pas de secrets, ò poële !

Ta vie est un beau rayon qui ne s'est. jamais caché sous l'ombre de l'hypocrisie et du mystère. On connaît ton histoire, et nous n'apprendrons rien à personne.

Seulement, cette histoire est comme tes chansons plus on la répète, plus on l'aime.

Pierre-Jean de Béranger est né à Paris, le 17 août 1780, dans une maison de la rue Montorgueil, n° 50, où son grand

père exerçait la profession de tailleur. On se demande tout d'abord d'où vient Ja particule qui s'accole au nom de Béranger. Comme ce n'est évidemment point une usurpation, nous nous sommes renseigné à cet égard. Il résulte des informations prises que le chansonnier descend des anciens Bérenger de Provence.

Le nom de ceux-ci prenait un e au lieu

d'un a.

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Mais, dit en riant le poëte quand on lui parle de cette irrégularité, oubliez-vous que les nobles d'autrefois ne savaient pas signer, ou signaient mal? Un de mes ancêtres a bien pu se tromper de lettre.

Il existe un arbre généalogique dressé par les soins du père même de Béranger, qui s'occupait très-peu de son fils et beau

coup

de sa noblesse. Homme aventureux et mécontent de sa position, il courut toute sa vie après la fortune sans pouvoir l'atteindre.

Plus philosophe que l'auteur de ses jours, Béranger relégua son arbre généalogique au fond d'une armoire, et fit bon marché de ses titres nobiliaires.

Eh quoi! j'apprends que l'on critique
Le de qui précède mon nom.

Êtes-vous de noblesse antique?

Moi, noble? Oh! vraiment, messieurs, non!

Non, d'aucune chevalerie

Je n'ai le brevet sur vélin;

Je ne sais qu'aimer ma patrie.
Je suis vilain et très-vilain!

Il est toutefois bizarre, nous dira-t-on, qu'il garde cette particule, écrite encore aujourd'hui au frontispice de ses œuvres. A cela nous répondrons qu'il l'avait effacée

dans ses premiers recueils; mais il crut devoir la rétablir. Les petits journaux fourmillaient d'écrivains qui portaient le même nom que lui, et auxquels on faisait honneur de ses vers.

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Les rédacteurs de la Quotidienne attribuèrent une de ses chansons politiques à M. Béranger, auteur de la Morale en action et du Recueil amusant des Voyages. Inspecteur de l'Université, celui-ci pouvait perdre sa place. Notre chansonnier réclama toute la responsabilité de l'œuvre, la Quotidienne fit la sourde oreille et n'inséra point ses lettres.

Ce fut à partir de ce jour qu'il signa

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