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sur la pierre d'un sépulcre. Je restai long-temps ainsi, ¦ vallée du Cédron, est un monument auquel l'œil ne peut priant le ciel, le Père, là, dans le lieu même où la plus se tromper : c'est bien là que Sion était assise; sile belle des prières monta pour la première fois vers le ciel; bizarre et malheureux pour la capitale d'un grand peupriant pour mon père ici-bas, pour ma mère dans un ple: c'est plutôt la forteresse naturelle d'un petit peuple, autre monde, pour tous ceux qui sont ou qui ne sont chassé de la terre, et se réfugiant avec son dieu et son plus, mais avec qui le lien invisible n'est jamais rompu; temple sur un sol que nul n'a intérêt à lui disputer; sur la communion de l'amour existe toujours; le nom de tous des rochers qu'aucunes routes ne peuvent rendre accessiles êtres que j'ai connus, aimés, dont j'ai été aimé, passables, dans des vallées sans eau, dans un climat rude et de mes lèvres sur la prière du Saint-Sépulere. Je ne priai qu'après pour moi-même; ma prière fut ardente et forte; je demandai de la vérité et du courage devant le tombeau de celui qui jeta le plus de vérité dans ce monde, et mourut avec le plus de dévouement à cette vérité dont Dieu l'avait fait le verbe ; je me souviendrai à jamais des paroles que je murmurai dans cette heure de crise pour ma vie morale. Peut-être fus-je exaucé : une grande lumière de raison et de conviction se répandit dans mon intelligence et sépara plus clairement le jour des ténèbres, les erreurs des vérités; il y a des momens dans la vie où les pensées de l'homme, long-temps vagues et douteuses, et flottantes comme les flots sans lit, finissent par toucher un rivage où elles se brisent, et reviennent sur elles-mêmes avec des formes nouvelles et un courant contraire à celui qui les a poussées jusque-là. Ce fut là pour moi un de ces momens : celui qui sonde les pensées et les cœurs le sait, et je le comprendrai peut-être moimême un jour. Ce fut un mystère dans ma vie, qui se révélera plus tard.

stérile, n'ayant pour horizon que les montagnes calcinées par le feu intérieur des volcans, les montagnes d'Arabie et de Jéricho, et qu'une mer infecte, sans rivage et sans navigation, la Mer Morte ! - Voilà la Judée, voilà le site de ce peuple dont le destin est d'être proscrit à toutes les époques de son histoire, et à qui les nations ont disputé même cette capitale de ses proscriptions, jetée, comme un nid d'aigle, au sommet de ce groupe de montagnes : et cependant ce peuple portait avec lui la grande idée de l'unité de Dieu, et ce qu'il y avait de vérité dans cette idée élémentaire suffisait pour le séparer des autres peuples, et pour le rendre fier de ses proscriptions, et confiant dans ses doctrines providentielles.

Même date. Après avoir parcouru les différens quartiers de la ville, tous aussi démantelés que ceux par lesquels nous étions entrés, nous descendìmes du côté de la fameuse mosquée qui tient la place du temple de Salomon. Le gouverneur de Jérusalem a son sérail dans un édifice altenant aux jardins et aux murs de la mosquée. Nous allions lui faire notre visite de remerciment. La cour du sérail était entourée de cachots grillés, où nous aperçûmes quelques figures de bandits de Jéricho et de Samarie, qui attendaient leur délivrance ou le sabre du pacha. Des cavaliers, couchés aux pieds de leurs chevaux, des scheiks du désert et des Arabes de Naplouse étaient groupés çà et là sur les escaliers ou sous les hangars, attendant l'heure du divan. Le gouverneur, apprenant notre arrivée, nous envoya son fils pour nous engager à monter. Ce jeune homme, d'environ trente ans, est le plus beau des Arabes, et peut-être des hommes que j'aie vus en ma vie. La force, la grâce, l'intelligence et la

· Même date. — Au sortir de l'église du Saint-Sépulcre nous suivîmes la voie Douloureuse, dont M. de Châteaubriand a donné un și poétique itinéraire. Rien de frappant, rien de constaté, rien de vraisemblable; des masures de construction moderne, données partout, par les moines aux pélerins, pour des vestiges incontestés des diverses stations du Christ. L'œil ne peut avoir même un doute, et toute confiance dans ces traditions locales est détruite d'avance par l'histoire des premières années du christianisme, où Jérusalem ne conserva pas pierre sur pierre, où les chrétiens furent ensuite bannis de la ville pendant de nombreuses années. Jérusalem, à l'ex-douceur, sont fondues avec une telle harmonie dans ses ception de ses piscines et des tombeaux des rois, ne conserve aucun monument d'aucune de ces grandes époques quelques sites seulement sont reconnaissables, comme le site du temple, dessiné par ses terrasses, et portant aujourd'hui l'immense et belle mosquée d'Omar-plouse. Persécuté par Abdalla, pacha d'Acre, et souvent El-Sakara; le mont de Sion, occupé par le couvent des Arméniens et le tombeau de David; mais ce n'est même que l'histoire à la main et avec l'œil du doute que la plupart de ces sites peuvent être assignés avec une certaine précision. Hormis les murs de terrasses sur la vallée de Josaphat, aucune pierre ne porte sa date dans sa forme el dans sa couleur; tout est en poudre, ou tout est moderne. L'esprit erre incertain sur l'horizon de la ville, sans savoir où se poser; mais la ville tout entière, dessi- | née par la colline circonscrite qui la porte, par les difféentes vallées qui l'enceignent, et surtout par la profonde

trails, et brillent à la fois dans son œil bleu avec une si attrayante évidence, que nous restàmes tous frappés de son aspect. C'est un Samaritain. Le gouverneur de Jérusalem, son père, est le plus puissant des Arabes de Na

en guerre avec lui pendant la domination des Turcs, il avait été forcé de se réfugier, avec sa famille, dans les montagnes au-delà de la Mer Morte; la victoire d'Ibrahim-Pacha sur Abdalla l'avait ramené dans sa patrie. Il y avait retrouvé ses richesses et son influence, il avait chassé ses ennemis du pays, et le pacha d'Égypte, pour suppléer à l'insuffisance de ses troupes égyptiennes en Judée, lui avait confié le gouvernement de Samarie et de Jérusalem. Il n'avait d'autres troupes que quelques centaines de cavaliers de sa tribu, à l'aide desquels il maintenait l'ordre et la domination d'Ibrahim sur toutes les

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la ruine de la religion du prophète et l'extermination des musulmans. Pour moi, ajouta-t-il, je n'en crois rien : tous les hommes sont frères, bien qu'ils adorent, chacun dans leur langue, le Père commun: il ne donne rien aux uns aux dépens des autres ; il fait luire son soleil sur les adorateurs de tous les prophètes; les hommes ne savent rien, mais Dieu sait tout; Alla kérim, Dieu est grand ! et il inclina sa tête en souriant. Dieu me préserve, lui dis-je, d'abuser de votre hospitalité et de vous exposer pour satisfaire une vaine curiosité de voyageur! Si j'étais dans la mosquée d'El-Sakara, je ne prierais pour l'extermination d'aucun peuple, mais pour la lumière et le bonheur de tous les enfans d'Alla. A ces mots, nous nous levâmes ; il nous conduisit par un corridor à une fenêtre de son sérail, qui donnait sur les cours extérieures de la mosquée. Nous ne pûmes pas en saisir aussi bien l'ensemble de cet endroit qu'on le fait du haut de la montagnes des Oliviers: nous ne vimes que les murs de la coupole, quelques portiques moresques de l'architecture la plus élégante, et les cimes des cyprès qui croissent dans les jardins intérieurs. Je pris congé du gouverneur en lui annonçant que mon projet était de passer huit ou dix jours campé aux environs de la ville, et de partir le lendemain pour aller à la Mer Morte, au Jourdain, à Jéricho, et jusqu'au pied des montagnes de l'Arabie-Pétrée; que je rentrerais plusieurs fois, comme aujourd'hui, dans l'intérieur de Jérusalem ; et que je n'avais à lui demander que le nombre de cavaliers suffisant pour garantir notre sûreté dans les différentes excursions que nous nous proposions de faire en Judée. Nous sortìmes de Jérusalem par la même porte de Bethléem près de laquelle nos tentes étaient dressées ce jour-là, et nous achevâmes de visiter, dans la soirée, tous les sites remarquables ou consacrés autour des murs de la ville.

populations d'alentour. Nous entrâmes dans le divan, grande salle sans aucun ornement que quelques tapis sur des nattes, des pipes et des tasses de café sur le sol. Le gouverneur, entouré d'un grand nombre d'esclaves, d'Arabes armés, et de quelques secrétaires à genoux, écrivant sur leurs mains, était occupé à rendre la justice et à expédier ses ordres. Il se leva à notre approche et vint❘ au-devant de nous. Il fit enlever les tapis du divan, susceptibles de donner la peste, et y fit substituer des nattes d'Égypte, qui ne la communiquent pas. Nous nous assîmes. On nous présenta les pipes et le café. Mon drogman lui fit en mon nom les complimens d'usage, et je le remerciai moi-même de tous les soins qu'il avait bien voulu prendre pour que des étrangers comme nous pussent visiter sans péril les lieux consacrés par leur religion. Il me répondit avec un sourire obligeant qu'il ne faisait que son devoir; que les amis d'Ibrahim étaient ses amis; qu'il répondait d'un cheveu de leurs têtes; qu'il était prèt, non-seulement à faire pour moi ce qu'il avait fait, mais encore à marcher lui-même, si je l'ordonnais, avec ses troupes, et m'accompagner partout où ma curiosité ou ma religion m'inspireraient le désir d'aller, dans les limites de son gouvernement; que tel était l'ordre du pacha. Puis, il s'informa de nous, des nouvelles de la guerre, et de la part que les puissances de l'Europe prenaient à la fortune d'Ibrahim. Je lui répondis de manière à satisfaire ses pensées secrètes : que l'Europe admirait dans IbrahimPacha un conquérant civilisateur ; que, sous ce rapport, elle prenait intérêt à ses victoires; qu'il était temps que l'Orient participât aux bienfaits d'une meilleure administration; que le pacha d'Égypte était le missionnaire armé de la civilisation européenne en Arabie; que sa bravoure et la tactique qu'il nous empruntait lui donnaient la certitude de vaincre le grand-visir qui s'avançait à sa rencontre en Caramanie; que, selon toute apparence, il remporterait là une grande victoire, et marcherait sur Constantinople; qu'il n'y entrerait pas, parce que les Européens ne le lui permettraient pas encore, mais qu'il ferait la paix avec leur médiation, et garderait l'Arabie et la Syrie en souveraineté permanente. C'était là ce qui touchait au cœur du vieux révolté de Naplouse: ses regards buvaient mes paroles, et son fils et ses amis penchaient leurs têtes au-dessus de la mienne pour ne pas perdre un mot de cette conversation, qui était pour eux l'augure d'une longue et paisible domination dans Samarie. Quand je vis le gouverneur si bien disposé, je lui témoignai le désir, non pas d'entrer dans la mosquée d'Omar, puisque je savais qu'une telle démarche eût été contraire aux mœurs du pays, mais d'en contempler l'ex-taine de l'Oranger. Cette fontaine me rappelle une des térieur. Si vous l'exigez, me répondit-il, tout vous sera ouvert, mais je m'exposerais à irriter profondément les musulmans de la ville: ils sont encore ignorans ; ils croient que la présence d'un chrétien dans l'enceinte de la mosquée leur ferait courir de grands périls, parce qu'une prophétie dit : Que tout ce qu'un chrétien demanderait à Dieu dans l'intérieur de El-Sakara, il l'obtiendrait; el ils ne doutent pas qu'un chrétien n'y demandat à Dieu

Même date. - Soirée passée à parcourir les pentes qui s'étendent au sud de Jérusalem, entre le tombeau de David et la vallée de Josaphat. Ces pentes sont le seul côté de la ville qui présente l'apparence d'un peu de végétation. Au coucher du soleil, je m'assieds en face de la colline des Oliviers, à quatre ou cinq cents pas au-dessus de la fontaine de Siloé, à peu près où étaient les jardins de David: Josaphat est à mes pieds; les hautes murailles des terrasses du temple sont un peu au-dessus de moi à ma gauche; je vois les cimes des beaux cyprès qui élèvent leurs têtes pyramidales au-dessus des portiques de la mosquée El-Aksa, et les dômes des orangers qui recouvrent la belle fontaine du temple appelée la Fon

plus délicieuses traditions orientales inventées, transmises ou conservées par les Arabes. Voici comme ils racontent que Salomon choisit le sol de la mosquée.

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Jérusalem était un champ labouré; deux frères possédaient la partie de terrain ou s'élève aujourd'hui le temple; l'un de ces frères était marié et avait plusieurs enfans, l'autre vivait seul ; ils cultivaient en commun le champ qu'ils avaient hérité de leur mère; le temps de la

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