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les touche. Une incivilité à leur égard leur paraît plus criminelle que de grands péchés devant Dieu qui ne choquent pas les hommes. Une infinité d'exemples de cela.

XXXIV. Mon sort est différent du vôtre; vous changez souvent d'état, et moi je suis toujours à la même place; nous sommes pourtant tous deux assez également tourmentés. Vous roulez dans les flots, et je les sens rouler sur moi.

XXXV. Tout homme qui a la moindre expérience dans le monde juge facilement que tous les autres, sans exception des plus raisonnables, raisonnent mal quelquefois et raisonnent mal pour l'ordinaire dans leurs intérêts. Ainsi il faut être fou de présomption pour s'imaginer qu'on soit l'unique au monde raisonnable dans son intérêt et ne se pas défier toujours de son jugement quand il s'en agit d'où j'admire l'extravagance de la plupart des gens, surtout des plaideurs qui s'imaginent toujours tous avoir le meilleur droit du monde.

XXXVI. Il y a apparence que du temps de Joseph on n'avait pas l'usage de l'écriture. Joseph aurait écrit à son père.

XXXVII. On hait si fort les redites, que quand elles sont inévitables on veut au moins à chaque fois être averti que c'est une redite. Dans le palais le dit, la dite, c'est l'excuse de celui qui redit. Les relatifs son, siens, etc, sont la même chose. Mais d'où vient cette haine des redites? La nouveauté et l'ennui des mêmes choses; l'orgueil y a sa part, car il y a apparence qu'on veut inculquer par redites, et on n'aime pas à paraître dur à comprendre.

XXXVIII. Les plus gens de bien et les plus grands saints en un temps où il n'y avait ni livres ni écri

tures.

XXXIX. J'ai une expérience réglée d'un certain tour que fait mon esprit du trouble au repos, du repos au trouble, sans que jamais la cause ni de l'un ni de l'autre cesse; mais seulement parce que la roue tournant il se trouve tantôt dessus tantôt dessous.

XL. On juge aussi témérairement en bien qu'en mal : il y a du péril en l'un et en l'autre. Si on juge mal en mal, on blesse la charité; si on juge mal en bien, on blesse la vérité. C'est-à-dire que, jugeant mal d'une bonne action, on fait tort à son prochain, et que, jugeant bien d'une mauvaise action, on fait tort à la vérité.

XLI. Aujourd'hui la dévotion et la vertu sont choses fort différentes.

XLII. Il n'y a que deux voies pour se rendre heureux et content l'une de remplir tous nos désirs, l'autre de les borner à ce que nous pouvons posséder. La première est impossible en cette vie; ainsi c'est une folie d'entreprendre de se contenter en ce monde par cette voie.

APPENDICE.

No I. EXTRAIT D'Une lettre d'ArnaULD à madame la princesse de Guemené, pour répondre à celle qu'elle lui avait écrite pour lui demander quelques avis sur l'éducation du prince son jeune fils.

Il est certain, madame, et les grâces que Dieu vous fait, aussi bien que les peines que vous ressentez, vous en assurent assez, que les grandes naissances, les grandes conditions, les grandes fortunes, sont de grands empêchements au salut. Je vous dirai néanmoins, sans flatterie, qu'il y a sujet d'espérer que Dieu bénira la pensée qu'il vous a donnée de consacrer le petit prince à son service, et d'en faire un prince du ciel pourvu que vous lui soyez fidèle et que le don que vous lui en avez fait soit sincère et du fond du cœur. Il a beaucoup d'excellentes inclinations, et surtout la plus nécessaire et dont on se défiait le plus, qui est la doci lité, n'étant point difficile à gouverner, pourvu qu'on le sache prendre avec douceur et avec adresse. Mais les païens mêmes ont reconnu que les meilleures inclinations dégénèrent dans les plus grands vices, si elles ne sont cultivées par la bonne éducation. Et notre religion nous apprend de plus, que c'est de la grâce de Dieu que dépend la bonne éducation, et que quoique les hommes plantent et arrosent, tout cela n'est rien si Dieu ne donne l'accroissement.

C'est pourquoi, madame, si vous voulez agir par les règles de notre foi, comme je sais que vous le voulez, vous

jugerez vous-même facilement que l'importance de cette affaire est de trouver des hommes de Dieu, pour l'élever en enfant de Dieu, et le nourrir de son esprit. Et permettezmoi de vous dire que c'est une pure tentation que la crainte que vous avez, qu'en le voulant rendre saint on ne l'abêtisse, et on ne lui ôte le cœur ; et qu'ainsi n'entrant pas dans la voie de Dieu, il ne fût mal fait pour le monde. Au contraire je vous puis assurer que, pourvu qu'il soit mis en bonnes mains, on lui élèvera l'esprit et le courage, parce qu'il n'y a rien de si grand que la philosophie chrétienne, ni rien de si généreux qu'un vrai chrétien, et qu'on prendra même un soin tout particulier à le rendre adroit, civil et bien fait, en lui apprenant en même temps le véritable usage de toutes ces choses, et à les employer pour le service de Dieu, et non pour la vanité du monde.

II. Extraits des tables des Recueils MSS. du P. Guerrier. (Lettres et Ecrits de Pascal.)

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Lettre de M. Pascal touchant la première des cinq propositions'.

XIV

XXV

Écrit qui paraît être la suite de la page XIV..
Écrit touchant le véritable sens de ces paroles:
Les commandements de Dieu ne sont pas im-
possibles

2

Écrit touchant le pouvoir d'accomplir les com

mandements...

Imprimée dans l'édition de Bossut.

2 Idem.

XXIX

CXLV

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