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XXIX. Dieu veut plus disposer la volonté que l'esprit. La clarté parfaite servirait à l'esprit et nuirait à la volonté.

Abaisser la superbe '.

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XXX. La corruption de la raison paraît par tant de différentes et extravagantes mœurs. Il a fallu que la Vérité soit venue, afin que l'homme ne véquît plus en soi-même 2.

XXXI. Qui peut ne pas admirer et embrasser une religion qui connaît à fond ce qu'on reconnaît d'autant plus qu'on a plus de lumière 3?

XXXII. Pour moi, j'avoue qu'aussitôt que la religion chrétienne découvre ce principe que la nature des hommes est corrompue et déchue de Dieu, cela ouvre les yeux à voir partout le caractère de cette vérité; car la nature est telle, qu'elle marque partout un Dieu perdu, et dans l'homme, et hors de l'homme. Et une nature corrompue *.

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L'intelligence des mots de bien et de mal 5.

275 XXXIII. Il y a deux vérités de foi également con

Dans la copie du fonds de St.-Germain le mot superbe est effacé de la main d'Arnauld et remplacé par le mot orgueil.

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stantes l'une, que l'homme, dans l'état de la création, ou dans celui de la grâce, est élevé au-dessus de toute la nature, rendu semblable à Dieu et participant de la Divinité; l'autre, qu'en l'état de corruption et du péché, il est déchu de cet état et rendu semblable aux bêtes. Ces deux propositions sont également fermes et certaines. L'Écriture nous le déclare manifestement, lorsqu'elle dit en quelques lieux : Deliciæ meæ, esse cum filiis hominum1. Effundam spiritum meum super omnem carnem 2. Dii estis, etc. 3. Et qu'elle dit en d'autres Omnis caro fœnum. Homo comparatus est jumentis insipientibus, et similis factus est illis. Dixi in corde meo de filiis hominum, ut probaret eos Deus et ostenderet similes esse bestiis, etc.

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XXXIV. Toute religion est fausse qui, dans sa foi, 235 n'adore pas un Dieu comme principe de toutes choses, et qui, dans sa morale, n'aime pas un seul Dieu comme objet de toutes choses.

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CHAPITRE III.

MOYENS D'ARRIVER A LA FOI:

RAISON, COUTUME, INSPIRATION.

Rieu dans les notes de Pascal n'indique la place que doit occuper ce chapitre. Mais on peut supposer qu'après avoir exposé les caractères de la religion chrétienne et inspiré le désir d'entrer en possession des biens qu'elle donne, Pascal recherchait et indiquait les moyens de parvenir à la foi. Or, tel est évidemment l'objet principal des fragments dont nous formons ici un chapitre, et particuliè– rement de l'écrit intitulé: Infini. Rien.

Ce fragment dans lequel Pascal, après avoir appliqué le calcul des probabilités à la question de Dieu et de l'âme, et avoir essayé de démontrer mathématiquement qu'il faut parier pour l'existence de Dieu et pour l'immortalité de l'âme, fait un appel aux sentiments les plus intimes du cœur, ce fragment célèbre est ici publié pour la première fois en parfaite conformité avec le MS.

Il est tout entier de la main de Pascal et de son écriture la plus abrégée. Nous croyons important de faire remarquer, au risque de paraître minutieux, que le MS. de ce fragment offre l'aspect de l'ébauche la plus imparfaite : ce n'est qu'une suite de notes provisoires tracées d'un premier jet et dans une confusion matérielle dont on aura quelque idée en prenant garde aux chiffres de renvoi imprimés en marge dans cette édition, mais qu'il vaudrait mieux voir dans le MS. même. Un des feuillets a été visiblement plié en quatre et longtemps porté dans la poche d'un habit.

Sur une de ces notes se trouve le titre suivant: Fin de ce discours, ce qui pourrait faire croire qu'elles avaient été écrites par Pascal en vue d'une conversation avec quelqu'un des personnages qu'il avait connus dans le monde, avec le chevalier de Méré, par exemple. Quoiqu'il en soit de cette conjecture, il est certain que le fragment Infini. Rien ne peut être regardé que comme un canevas dont Pascal se réservait de développer et d'éclaircir le sujet.

P. F.

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