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EXPLICATIONS DES ANNEXES

GRAVURES DE MODES 4196.

Toilettes de Miles Vidal, rue de Richelieu, 101. Modes de la maison Coutot, avenue de l'Opéra, 43. Première toilette. Robe en cachemire de l'Inde chamois et tissu rayé chamois et noisette.-Jupe rayée. -Tunique unie ouverte sur le tablier, relevée derriere et à traine couvrant presque la jupe.- Corsage panier (1) ǎ basque drapée sur les hanches, découvrant un gilet rayé à deux pointes; derrière, basque postillon ornée, de chaque côté, d'un petit revers rayé. Manche à revers uni retenu par un bouton sur un parement rayé. - Chapeau de paille marron bordé d'un lacet d'argent; devant, noeud de dentelle blanche, et de côté bouquet de roses et herbes argentées; cachepeigne de roses; barbes de faille noisette nouées derrière.

Deuxième toilette. - Tablier couvert de petits plissés de faille bleu gendarme. Tunique princesse devant en tissu ondine, ouverte en chale sur un gilet de satin bleu; basque plissée derrière. Manche tombant sur un parement de satin, ouvert à la couture extérieure. Chapeau de paille de riz noire, orné de choux de satin bleu gendarme avec bague strass au cœur, voilés par une écharpe de dentelle noire; bouquet jardinière et barbes de dentelle.

Costume de petit garçon (2). gris feutre et velours noir; paletot fermé à l'encolure Costume en drap et ouvrant sur un gilet droit en velours, dos terminé en deux pattes, bordées comme le paletot d'un galon de soie gris foncé, tombant sur un plissé à plis creux; col rond; poche en velours à revers de drap boutonné dans toute la largeur; manche à double parement en velours et drap retenu par des boutons.

TAPISSERIE COLORIÉE REPOUSSÉE

BANDE POUR AMEUBLEMENT. En intervertissant le fond rouge et les motifs bleu foncé, on aura la bande assortie au fond publié en septembre.

GRANDE PLANCHE DE TRAVAUX Modèles de mademoiselle Lecker, 3, rue de Rohan. 1er COTÉ

COUSSIN, tapisserie par signes. Toutes les laines employées pour ce coussin sont en nuances demiéteintes; on peut utiliser ce modèle pour chaise, fauteuil, etc.

CANEVAS MONTÉ pour ameublement.-Ce tissu, dont nous avons déjà publié un modèle, forme des bandes alternées: l'une d'une sorte d'armure bleu, ponceau, grenat, vert, vieil or, etc.; l'autre de canevas, qui sont d'un fort joli effet. Les bandes de canevas doivent être brodées du même dessin; si nos deux sont de disposition différentes, c'est afin de multiplier les modèles; les laines sont aussi de nuances demiéteintes.

Les prix de ces canevas varient selon la largeur : 80 centimet. de largeur, 20 fr.; 60 centimèt., 16 fr., et 50 centimét, 15 fr.

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2me CÔTÉ

Le tulle employé pour ce mouchoir

(1) Les abonnées aux éditions verte et orange recevront ce patron le 16 Mars.

(2) Les abonnées aux éditions verte et orange recevront ce patron le 16 Mars.

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COUVERTURE DE BERCEAU ou de VOITURE DE BABY.Broderie plate sur drap. (Voir page 7 du cahier).

Les pois sont

BANDE, appliques sur drap noir. en broderie au passé en soie floche; les appliques sont toutes fixées par une soie d'Alger posée à plat et maintenue par une soie floche de même teinte; dans les ailes, la fenille ponceau et la fleur violette, les nervures intérieures sont faites avec la même soie floche que celle qui entoure l'applique; les deux groupes de pois, dont les nuances ne sont pas indiquées sont, celui du bas, vert trois tons, celui du haut, ponceau quatre tons. Pour l'entourage en soie d'Alger, des appliques en commençant par le bas la violette est bordée de blanc mastic; celle Havane de blanc crême; celle vert foncé en vert clair; celle ponceau en vieil or; les appliques de la chimère sont en satin, l'applique bronze bordée de vert liane, le bas des ailes de havane, le haut de vieil or, la queue et la huppe de bleu très pâle, l'applique havane clair de ponceau. celle vert olive clair en vert plus clair, et l'applique mousse de soie de même teinte.

PETITE PLANCHE REPOUSSÉE Modèle de la maison Cabin-Sajou, 2, rue Rambuteau.

LAMBREQUIN EN MACRAMÉ pour tablette d'angle, table à ouvrage, nappe d'autel ou effilé pour confection, costume ou tapis de table; on pourra en détacher des entre-deux et un fond. Le travail est facile à suivre. lorsqu'on sera familiarisée avec les différents points détaillés dans le dernier appendice de notre Manuel qui paraîtra bientôt.

Il faut 6 fils doubles par raccord; l'entre est mélangé de point feuille et point ondulé; le fond est en point feuille, au milieu des carrés est un point de gibecière, la séparation des entre-deux est un point de feston, l'encadrement des dents en point feuille très serré; le haut de chaque mèche d'effilé, composée de 4 fils, est en point ondulé. On peut réunir en un seul faisceau tous les fils d'un raccord en les enfilant dans un coulant natté, que l'on arrète au milieu de la hauteur des fils. Si l'on veut l'employer comme nappe d'autel, on placera toutes les deux dents la croix qui est rapportée. Cette croix se fait en point feuille tres serrée; on commence par le montant, faisant le haut d'abord, puis on rattache sur le côté les bras, en sc dirigeant sur le modèle.

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Paris. Morris père et fils, imprimeurs brevetés, rue Amelot, 64.

DES

DEMOISELLES

EUDOCIE & EUDOXIE

Le double empire que le grand Constantin étendit aux rives du Bosphore, avait atteint sous Théodose I le sommet de sa gloire: la valeur, la clémence, la justice se réunissaient en lui, et il fut peut-être le seul grand homme de cette longue suite d'empereurs qui va de Constantin jusqu'à Augustule sur le trône d'Occident, de Constantin jusqu'à Constantin Dracosès sur le trône de Byzance; on le sait, il partagea cet immense domaine, il donna l'Occident à son fils Honorius, Arcadius eut Byzance et tout l'Orient. Après un règne troublé, Arcadius mourut (408), et laissa deux enfants, une fille, Pulchérie, que l'Église a placée sur les autels, et un fils qui fut Théodose II. Pulchérie, dit le bréviaire romain, très-noble en tant que fille, petite-fille, sœur et épouse d'empereurs a été bien plus noble, principalement par ses travaux, ayant terrassé les erreurs des hérétiques et affermi le dogme catholique, touchant le mystère de l'Incarnation.

Pulchérie n'avait que seize ans lorsqu'elle prit les rênes de ce vaste empire, mais, l'esprit de sagesse que Salomon avait demandé, de préférence à tous les biens terrestres, cet esprit d'intelligence était avec elle: elle gouverna avec une prudence et une force que le monde ne connaissait plus depuis le grand Théodose; elle gouvernait au nom de son frère, qu'elle élevait en même temps. Savante dans les connaissances humaines, elle traça le plan des études du jeune empereur, elle le guida, le dirigea; elle parvint à faire de ce prince, d'une intelligence médiocre, un bon chrétien et un homme habile dans la QUARANTE-SEPTIÈME ANNÉE. No IV.

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science militaire. Il était rempli d'humanité, et si son règne fut marqué par quelques actes injustes et cruels, c'est aux flatteurs, aux adroits courtisans de la cour de Byzance qu'il en faut faire remonter la faute.

Hélas! ils ont des rois égaré le plus sage! Lorsque Théodose fut à l'âge de régner, il voulut que son admirable sœur régnât avec lui, et aussi longtemps que Pulchérie partagea le pouvoir, l'Empire fut prospère; les hérésies, ce fléau de la monarchie grecque, furent maintenues dans le silence et l'obéissance, et les Barbares respectèrent les frontières. Elle désirait marier son frère le hasard amena devant elle une jeune fille, nommée Athénaïs, qui venait réclamer la justice des empereurs dans un procès qu'elle soutenait contre ses frères. Pulchérie fut vivement frappée de la beauté et de l'éloquence de cette jeune fille: on lui dit qu'elle était fille du philosophe Léontius; elle était née à Athènes, et son père l'avait élevée dans l'amour de la philosophie et des lettres; elle était païenne. La princesse crut que nulle n'était plus digne d'occuper le trône, à condition toutefois que l'eau du baptême tomberait sur cette belle tête. Athénais, sollicitée par Théodose et par sa sœur, se soumit elle devint chrétienne, elle reçut le nom d'Eudocie et elle épousa Théodose.

Les premières années de son règne furent trèsbrillantes: elle protégeait les sciences, sa cour se composait d'hommes instruits avec lesquels elle aimait à disputer selon les lois de la philosophie; un d'eux surtout, Paulinus, homme. AVRIL 1879.

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aimable et d'un esprit ingénieux, était en faveur auprès d'elle. Théodose prit quelque ombrage de cette amitié, et dès ce moment, le bonheur d'Eudocie déclina, l'éclat de sa vie pâlit. Les questions théologiques mêlèrent leur venin aux motifs de plainte que l'empereur croyait avoir contre elle, et Pulchérie, si douce et si charitable, ne put cependant approuver sa bellesœur. La fille de Léontius en abjurant le paganisme, n'avait pas apporté au Dieu des chrétiens l'hommage d'une foi humble et sincère; son esprit exercé à la dispute, se trouvait disposé à admettre toutes les erreurs que l'orgueil humain enfante.

On le sait, les Barbares au dehors, les hérétiques au-dedans ruinèrent ce magnifique empire qui s'étendait en Europe, en Asie et en Afrique; l'hérésie semblait propre au génie subtil de ces peuples orientaux, et à chaque instant, sortait du désert, des contrées reculées de la Palestine ou de l'Egypte, quelque moine, quelque ascète qui opposait ses idées personnelles au grand concile de Nicée, à la croyance de quatre siècles, à la foi ferme dont Rome tenait le drapeau. Au temps où Théodose II régnait, Nestorius était patriarche de Constantinople; son éloquence, alimentée par une imagination vive, avait charmé le peuple, et quoiqu'il parût bien doux, il persécuta cruellement les Ariens, les Marcionites, les Valentiniens, les hérétiques multiples qui se pressaient dans les villes de son patriarchat. Cassien disait de lui ironiquement: « Nestorius prenait les devants pour qu'il ne restât au > monde d'autre hérésie que la sienne. »

Elle éclata enfin dans un discours qu'il prononça le jour de Noël, et dans lequel il attaquait la maternité divine de Marie, proclamant qu'elle n'avait enfanté que l'homme et non le Dieu, et lorsqu'on se reporte à ces temps de profonde conviction religieuse, on conçoit le trouble que cette proposition dut porter dans les esprits. Les uns, et parmi eux, Pulchérie, la combattirent avec l'énergie de la foi, les autres, et parmi eux, l'impératrice Eudocie, y adhérèrent. Nous ne nous étendrons pas sur ces longs débats qui aboutirent au concile d'Éphèse, et plus tard, à celui de Chalcédoine, lorsque Eutychèseût joint ses propres erreurs à celles de Nestorius: doubles erreurs qui furent condamnées et rejetées par les évêques et par l'autorité magistrale du Saint-Siége.

Ces discussions théologiques ne furent pas favorables à la paix de l'empire, elles troublèrent la famille impériale; toutes les forces vives de l'état se consumaient en luttes religieuses. L'empereur passait son temps à composer des symboles et à organiser des synodes; on ne veillait plus aux frontières; Attila était sur le Danube, et Genséric à Carthage! On payait tribu aux Barbares plutôt que de les combattre. Les bons et les mauvais ministres se succédaient à courts intervalles, selon

les révolutions intérieures du palais. Quand Eudocie ou Pulchérie triomphaient, une ère de justice et de calme arrivait avec elles; quand c'étaient les chambellans, les flatteurs, les favoris de Théodose, les impôts, la misère, les exactions s'appesantissaient sur le peuple. Les favoris le comprirent, et, afin d'affermir leur règne, ils éloignèrent les deux princesses. Pour arriver à leur fin, ils excitèrent l'orgueil de Théodose contre celle qui lui avait servi de mère et de tutrice; il ne recourut plus à cette admirable conseillère qui les avait si bien guidés, lui et l'empire pendant dix ans ; elle-même s'effaça et se retira dans la solitude monastique de son palais.

L'éloignement d'Eudocie eut des motifs plus cruels. Un incident ranima les soupçons jaloux que Théodose avait conçus jadis contre Paulinus, l'ami de l'impératrice; la colère de l'empereur ne connut plus de bornes, et quoique Eudocie protestât de son innocence, protestation qu'elle renouvela au moment de mourir, il fit décapiter Paulinus. Eudocie, affligée et offensée, déclara à son mari qu'elle le quittait pour jamais, elle lui demanda l'autorisation de se retirer à Jérusalem. Il l'accorda et elle partit (440).

Installée à Jérusalem dans un appareil convenable à son rang, entourée d'une petite cour, elle entreprit de se concilier l'amitié des habitants; elle reconstruisit les murailles de la ville, à demi-ruinées, elle bâtit et répara des églises et surtout des monastères, et elle s'acquit par ses libéralités, par sa grâce affable une telle popularité, que le gouverneur de la Judée en prit ombrage. Il dénonça Eudocie à Théodose, il l'accusa de menées dangereuses et de révolte à la volonté impériale: il n'en fallait pas tant pour éveiller les susceptibilités jalouses de l'empereur. Il fit mettre à mort les serviteurs d'Eudocie, parmi lesquels se trouvaient un diacre et un prêtre ; elle se vengea et fit égorger l'émissaire de son mari, le comte Saturninus. Un ordre de l'empereur supprima son palais, sa pension impériale, et la réduisit à la condition privée. Elle accepta son sort avec une calme fierté, et elle continua à faire autour d'elle, dans la mesure de sa pauvreté, le bien qu'elle ne pouvait plus faire avec une magnificence souveraine.

Tout à coup, une révolution de palais ramena Eudocie à Constantinople, auprès de son époux. et avec toute l'ardeur de son imagination, elle se rejeta dans les querelles religieuses et adopta les erreurs d'Eutychès qui enchérissaient encore sur celles de Nestorius. La mort de Théodose la ramena à Jérusalem: l'empire fut gouverné de nouveau par Pulchérie (450), et elle appela à ses côtés le général Marcien, dont la justice et la valeur rendirent quelque gloire à l'empire d'Orient. Il répondait à Attila, qui lui demandait le tribut: J'ai du fer et non de l'or à ton service. Eudocie reprit à Jérusalem sa vie de bonnes œuvres; ses libéralités allaient chercher les

ermites jusqu'au fond des déserts; elle élevait de ses deniers une splendide église à Saint Étienne, elle était la mère des pauvres, la reine de la province où on ne la connaissait que par ses innombrables bienfaits; pourtant son esprit restait livré à l'erreur; les décisions du concile de Chalcédoine et l'autorité du pape Léon le Grand ne la trouvèrent pas soumise, et il fallut les leçons de la vieillesse, l'approche de la mort, les malheurs dont fut frappée la race du grand Théodose pour éclairer enfin son âme.

En ce temps-là, les vertus et les austérités de saint Siméon Stylite frappaient les peuples d'une religieuse admiration; les fidèles accouraient au pied de cette colonne sur laquelle il passait sa vie. Eudocie le fit consulter: il lui répondit simplement:

Tu as dans ton voisinage un homme divin, Euthymius, consulte-le, fais ce qu'il t'ordonnera, et tu seras sauvée. »

Euthymius vivait dans une solitude, près de la mer Morte; Eudocie eut beaucoup de peine à le trouver, et lorsqu'il consentit enfin à venir vers elle, elle se jeta à ses pieds et lui dit :

Mon père, je vois que, malgré mon indignité, Dieu daigne me visiter par votre présence ! »

Quel tableau que celui de cette femme puissante, spirituelle, adorée, prosternée dans la poussière devant un pauvre ermite qui fuyait la société des humains, et vivait seul, sous le ciel et près de la mer! Il lui dit avec douceur :

«Ma fille, prenez garde à vous ! Vous vous êtes laissée séduire à la malice de l'impie, et le malheur vous a frappée. Quittez donc votre obstination, acceptez les conseils, et suivez la communion de Juvénal, votre évêque. »

La fière Athénaïs obéit avec simplicité. Elle fit la paix avec son évêque, et sa soumission à l'Église y ramena une foule d'ardents fauteurs du schisme. Elle se livra avec plus de zèle à ses œuvres de charité et elle construisit une église, dédiée à saint Pierre, non loin de l'endroit où habitait Euthymius. Une profonde paix régnait en elle et la préparait à la mort; elle voulut donner des trésors au pieux solitaire qui l'avait ramenée à Dieu, il refusa tout et lui fit dire:

« Pourquoi vous occuper de tant de soins? Préparez-vous au terrible passage, et quand vous serez allée au Seigneur, souvenez-vous de moi!

Elle mourut tranquillement, en demandant qu'on déposât ses restes à Jérusalem et en protestant que son affection pour Paulinus avait été innocente. Personne, dans sa vie, ne présenta plus de contrastes que cette élégante Athénienne, cette fille de rhéteur élevée sur le trône de Constantin, ce poète, qui porta dans la théologie la fougue de son imagination, et qui, après tant de fortunes diverses, demanda son salut à un anachorète ignorant des sciences de la terre, et ne voulut d'autre asile, pour ses restes, que la ville sainte. Elle mourut l'an 460.

Elle avait une fille, nommée Eudoxie, qui devint la femme de Valentinien III, empereur d'Occident. Maxime, usurpateur de l'empire, le fit assassiner, et il força Eudoxie d'accepter sa main. Cette malheureuse veuve, victime d'une passion sanglante, voulut se venger; vengeance fatale qui retomba sur elle-même et sur l'Italie tout entière. Elle appela à son secours Genséric et les Vandales, promettant de leur faire ouvrir les portes de Rome.

Il ne refusa pas la proie offerte, ses vaisseaux jetèrent l'ancre à Ostie: Maxime cherche à s'échapper, mais la fureur du peuple le poursuit, il est égorgé: Genséric approche; une seconde fois saint Léon veut sauver son troupeau, mais il n'obtient pas du chef Vandale ce qu'il avait obtenu d'Attila: la ville-reine est livrée au pillage pendant quinze jours et quinze nuits. La flotte se rembarque, emportant à Carthage les dépouilles de Rome, ainsi qu'autrefois les vaisseaux de Scipion avaient amené à Rome les richesses de Carthage. Parmi cet immense butin se trouvaient les ornements du temple de Jérusalem, jatlis apportés par Titus, et parmi les captifs, la malheureuse Eudoxie.

Depuis les temps antiques, depuis les princesses troyennes, les nobles filles de Jérusalem et Zénobie, traînées en esclavage, on n'avait pas vu de fille et de femme d'empereur portant des fers et servant dans le palais du vainqueur. Elle y passa sept années. Revenue à Constantinople, elle y mourut dans la pénitence, pleurant ses malheurs et expiant sa vengeance (1).

M. B.

(1) Cet article paraîtra prochainement dans un volume, Esquisses historiques, publié par la maison. Bray et Rétaux.

BIBLIOGRAPHIE

Pour l'achat des livres dont nous rendons compte, prière de s'adresser directement aux Libraires-Éditeurs.

QUVRAGES DE HENRI GRÉVILLE

(MADAME DURAND

Le roman, on ne peut le nier, est une veine littéraire d'une rare variété et d'un charme puissant. De nos jours, on l'exploite avec une abondance sans précédent dans l'histoire des lettres françaises; depuis les talents les plus délicats jusqu'aux plumes minutieusement cyniques, Meissonnier; de la fange, c'est à qui cherchera la faveur du public dans les œuvres de pure imagination. Le roman historique, que Walter Scott a doué d'une vie si admirable, n'a plus droit de cité parmi nous; c'est, ou dans les mœurs plus ou moins bien connues des nations étrangères, ou dans les scènes de l'existence de tous les jours en France, à tous les degrés de l'échelle, que les romanciers puisent leur inspiration et trouvent les modèles de ces portraits dont la ressemblance n'est pas toujours le premier mérite.

Parmi cette pléiade d'auteurs nouveaux, on a beaucoup remarqué et justement loué les débuts d'une dame, qui se cachait sous le pseudonyme d'un gentleman anglais, sir Greville, fort connu des contemporains. Le premier roman que madame Durand a publié, l'Expiation de Savéli, produisit une vive sensation et fit grandement espérer de ce nouveau talent qui se montrait si ferme et si pur; la peinture exacte des mœurs russes, le caractère du barbare seigneur qui oppresse et opprime les malheureux paysans, l'image mélancolique du pope, les détails du crime et de la vengeance, l'expiation si bien amenée, le sentiment moral qui découle de ce beau récit, le style naturel et souple, tout enfin contribua à placer au premier rang le nom nouveau.

Le succès de Savéli aiguillonna la plume facile d'Henry Greville; elle produisit une quantité étonnante de romans; mais, disons-le franchement et à regret, la sève première n'y circule plus avec la même générosité. Ce n'est plus une idée morale dans un cadre ingénieux et dramatique, ce sont de simples récits d'amour, souvent spirituels, rarement touchants, toujours empreints de la dangereuse mollesse qui peut se trouver dans les mœurs des Russes, asiatiques d'origine, mais qui ne s'accorde pas avec les idées françaises, plus sévères en ces matières délicates. Dosia, si étrangement couronnée par l'Académie, comme un

ouvrage utile aux mœurs, c'est l'antique légende de la jeune fille capricieuse et sauvage, transformée par l'amour; Sonia est la même histoire, mieux dite, plus intéressante, mais peu vraisemblable; les Koumiassine sont une peinture trèsgaie des intrigues de deux jeunes filles pour échapper aux fiancés qu'elles n'aiment pas, et s'unir à ceux qu'elles préfèrent; la Maison de Maurèze et Ariadne, prêteraient à une vive critique morale, ainsi que Suzanne Normis; A travers champs et Autour d'un phare, plus corrects, sont aussi beaucoup mieux faits et d'une lecture plus agréable; l'étude parisienne, l'Amie, renferme des pages spirituelles et charmantes, mais les idées élevées, le type idéal du bien qu'on aime à rencontrer dans ces figures, faites pour plaire et pour toucher, ne s'y rencontrent pas. Claire est une admirable épouse parce qu'elle aime son mari, mais si elle ne l'aimait pas, si elle éprouvait pour lui ce qu'éprouvait Pauline pour Polyeucte, qu'arriverait-il? Camille, l'amie, est odieusement méchante, et Henry Greville aurait bien dû ne pas nous la montrer à demi-pieuse et lisant des livres dévots. C'est là une injustice pénible à constater. Tous les détails de ces scènes modernes sont vivants, et les deux caractères, chacun dans son ordre, sont tracés avec vigueur.

Aucun des livres de cette jolie plume n'a été écrit pour les jeunes filles; les femmes qui aiment les romans peuvent les lire; leur esprit s'en amusera, mais au fond de l'âme, cette lecture laissera un vide. Nous avons tant besoin de ce qui nous élève et nous relève! Exemple, conseil, inspiration, émotion noble, voilà ce qui devrait se trouver au fond de toutes les œuvres d'imagination, voilà ce que Henry Greville, sauf dans l'Expiation de Savéli, n'a pas souvent exprimé, et quand un homme du goût le plus éclairé traçait les lignes que nous allons citer, il semblait qu'il eût connu ces livres où le réel est si vivant, mais où la note élevée et grave se tait presque toujours.

M. Doudan a critiqué, en quelques lignes, le roman moderne, et son jugement, en cette delicate matière, est profond et juste comme toujours. Il écrivait, en 1871 « Les êtres créés par l'ima»gination moderne ont une petite vie passagère » comme celle des bourgeois de Paris. Ils sont vrais, mais ce sont des bourgeois du monde de l'imagination. Il leur manque, pour se conser

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