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elle ne parle jamais, d'ailleurs, qu'en termes pleins de gratitude et d'affection.

« L'on m'emporta dans des brancars, où tous » les soirs à la couchée, je trouvois le Roy Char» les, qui prenoit la peine, avec tous les honnestes » gens de la Cour, de porter ma litière jusqu'au » chevet de mon lit. »>

Dans un si bon frère, qui reconnaîtrait le naturel féroce auquel nous associons d'ordinaire le nom de Charles IX?

Le duc d'Anjou persistait à se montrer également attentif auprès de la convalescente; mais il n'oubliait rien pour la tourmenter.

« Je vins à Angers, dit-elle, « malade du >> corps, mais beaucoup plus malade de l'âme, où » pour mon malheur je trouvay M. de Guise et >>ses oncles arrivez; ce qui réjouit autant mon » frère pour donner couleur à son artifice, qu'il » me donna d'appréhension pour accroître ma >> peine. >>

Chaque jour, lo duc d'Anjou venait la voir, et ne venait pas seul, mais accompagné de qui? De ce même Henri de Guise, dont il dénonçait naguère les audacieuses aspirations. Maintenant, il l'amenait par la main dans l'appartement de sa sœur, et devant elle, le serrant affectueusement entre ses bras : « Plût à Dieu, s'écriait-il, que tu fusses mon frère! »

« A quoy,» poursuit Marguerite, « Monsieur » de Guise monstroit ne point entendre. »

Si nous l'en croyons, tout ce manége n'avait d'autre but que de la compromettre de plus en plus, et de la perdre auprès de leur mère et du roi. Pareille comédie était bien d'ailleurs dans l'esprit du futur Henri III. Perdre sa sœur, peutêtre n'y tenait-il pas trop; mais perdre par des voies détournées ce superbe duc de Guise, que dès lors il haissait, quel coup de maître!

N'était-ce pas une scène analogue à celle qui se passait à Blois dix-huit ans plus tard, alors que ces deux hommes communiaient ensemble avec la même hostie, la veille du jour où Henri de Lorraine comptait détrôner Henri de Valois, et où Henri de Valois allait faire assassiner au seuil de son cabinet Henri de Lorraine?

La situation de Marguerite devenait intolérable. Son frère la représentait à la reine, dont par là il attisait contre elle la colère, comme obstinée à esquiver toute proposition de mariage qu'on pouvait lui faire, et à laisser la porte ouverte aux espérances du duc de Guise. Le duc s'était pourtant décidé à reporter ses vues ailleurs, et avait demandé la main de Catherine de Clèves; mais il ne mettait nul empressement à conclure cette union. Marguerite prend le parti d'écrire à sa sœur Claude, mariée au duc de Lorraine, et la prie d'employer son influence sur la branche cadette de cette maison, pour hâter un mariage qu doit, elle l'espère, lui rendre le repos, Ce qu'elle souhaite, elle l'obtient, et Catherine de Clèves est duchesse de Guise.

Tel est le récit de Marguerito. Il diffère en quelques points avec ce que racontent d'autres auteurs; mais, somme toute, elle était mieux en état que personne de nous dire le vrai.

De son côté, elle proteste à sa mère, assez incrédule, que son unique désir est, a toujours été, et sera toujours de lui obéir en toutes choses, et d'accepter de sa main l'époux que la reine voudra lui choisir. Il s'en présentait plus d'un, entre autres le roi Dom Sébastien de Portugal et Henri de Bourbon, prince de Navarre. Le légat du pape appuyait le premier, mais la Politique avait déjà jeté son dévolu sur le second.

Ce jeune prince, à peine sorti, pour ainsi dire, de l'enfance, était évidemment le moins sympathique à Marguerite, alors dans la fleur brillante de ses vingt ans; toutefois elle n'exprime à la reine qu'un seul motif de répugnance :

« Je luy dis que... n'ayant volonté que la sienne, » à la vérité, je la supplierois d'avoir égard com>> bien j'estois catholique, et qui me fascheroit » fort d'épouser personne qui ne fust de ma re» ligion. »

Pauvre innocente! Elle n'était plus, on le voit de reste, dans la confidence de Catherine de Médicis.

Les circonstances qui précèdent et accompagnent ce triste mariage sont bien connues. Ce ne serait pas, en tout cas, dans les Mémoires de Marguerite qu'il faudrait les aller chercher. Enfermée dans son rôle d'obéissance passive, elle ne nous révèle absolument rien de ses impressions à l'égard de son futur époux, ni de sa future belle-mère. Elle les nomme peine. L'histoire s'est chargée de parler de l'un et de l'autre plus au long.

La reine de Navarre, cette Jeanne d'Albret, qui, au dire d'Aubigné, « n'avoit rien de femme >> que le sexe, l'âme entière ès choses viri» les, l'esprit puissant aux grandes affaires, »> était venue à la Cour traiter en personne avec l'astucieuse Catherine la conclusion de cette alliance difficile, où les intérêts de son cœur maternel se trouvaient si fortement engagés, en même temps que ceux de son parti. D'autres documents nous la montrent inquiète et tourmenté au cours de la négociation, et regrettant de l'avoir entreprise. Une lettre écrite par elle à son fils, resté en Béarn, décèle ce sentiment, comme aussi le jugement qu'elle portait de la princesse destinée à son cher Henri.

« Je n'ay nulle liberté de parler au Roy ni à » Madame (Marguerite). Seulement à la Reyne>> Mère, qui me traite à la fourche... Quant à » Madame, je ne la vis jamais que chez la Reyne, » d'où elle ne bouge, et ne va en sa chambre » qu'aux heures qui me sont mal-aysées..... Elle >> est fort discrète, et me respond toujours en » termes généraux d'obeyssance et révérence à » vous et à moy, si elle est vostre femme..... Elle est » belle, et bien avisée, et de bonne grâce; mais

»> nourrie en la plus maudite et corrompue com»pagnie qui fust jamais..... Je ne voudrois pour » chose du monde que vous y feussiez pour y » demourer. Voilà pourquoy je désire vous ma>>rier, et vous et vostre femme vous vous reti> ricz de cette corruption; car encore que je la » croyois bien grande, je la trouve encore da» vantage. »>

Voilà, en quelques mots brefs et nets, le portrait de Marguerite tout tracé. Nous voyons du même coup ce que la nature libérale avait fait pour elle, ce que le milieu où elle vivait avait gâté, et - non pas l'excuse mais l'explication de ce qu'elle a été, au lieu de ce qu'elle aurait pu être. APHÉLIE URBAIN. (La suite au prochain numéro.)

BIBLIOGRAPHIE

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FABLES

PAR LE MARQUIS DE SÉGUR (1)

L'apologue est, dit-on, presque aussi vieux que le monde; dès que les hommes ont été réunis en société, ils ont voulu se dire les uns aux autres des vérités, parfois sévères, parfois dangereuses, et ils les ont cachées sous des voiles ingénieux; ils ont prêté aux animaux et même à des êtres moins rapprochés de nous, un langage, des défauts, des passions. Ésope chez les Grecs, Lokman chez les Orientaux, Phèdre et d'autres encore chez les Romains, ont excellé dans ces petits drames, où l'enseignement se cache sous une forme bizarre; les modernes ont suivi cet exemple, et depuis Marie de France, l'aimable trouvère, jusqu'aux jours actuels, que de fabulistes ne compte pas l'histoire littéraire de France, et le premier d'entre eux tous, ce la Fontaine, qui a uni la causticité gauloise à la sensibilité la plus exquise; et qui a embelli, orné, agrandi, poétisé les fables anciennes auxquelles il lui a plu de toucher.

M. de Ségur, que tant de titres rendent sympathique aux lecteurs chrétiens en le recommandant à toute leur estime, porte dans la fable le sérieux et les sentiments élevés de son âme ; jamais plaisanterie salée, jamais raillerie narquoise ne viennent pétiller dans ses drames moraux; tout y est raison, grâce et douceur, ce qui ne veut pas dire que l'esprit en soit absent; il s'y montre sous des formes ingénieuses, et sa norale, tirée de l'Évangile, est plus solide et plus pure que les déductions morales de la Fontaine; aux mains d'un enfant, les charmantes fables du marquis de Ségur ne peuvent laisser qu'une impression salutaire; il n'y trouvera jamais le

Vous chantiez, j'en suis fort aise,

Eh bien! dansez maintenant!

(1) Chez Hetzel, 18, rue Jacob: Broché, 7 fr.; Cartonné, 10 fr.; - Relié, 11 fr.

ou :

Le sage dit, selon les temps,
Vive le Roi, vive la Ligue!
Quiconque est loup agisse en loup
C'est le plus certain de beaucoup.

ou cette maxime d'Épicure :

Et le moins prévoyant est toujours le plus sage.

Mais citons quelques-uns des apologues de M. de Ségur; laissons apprécier à nos lectrices et l'harmonie des vers unie à la vigueur de la pensée, et le charme accompli de cet ensemble.

LA LUNE ET LE SOLEIL

Deux frères, deux enfants, se disputaient un jour : Dispute sérieuse! il s'agissait d'amour.

L'amour, pour les enfants, c'est l'amour de leur mère.
« Je l'aime plus que toi! criait le frère aîné.
- D'accord, répliqua l'autre frère,

Mais, si tu l'aimes plus, moi je suis plus aimé !
S'il est ainsi, leur dit un sage

Qui les écoutait souriant,

L'ainé de vous, enfants, a le meilleur partage.
Il est doux d'être aimé, mais aimer est plus grand.
Aimer, c'est s'oublier, c'est sortir de soi-même
Pour entrer en celui qu'on aime.

L'un donne la lumière, et l'autre la reçoit ;
L'un verse le nectar divin et l'autre boit:
L'un rayonne la flamme et l'autre s'en pénètre.
Levez les yeux, voyez le sublime appareil
Qu'a placé dans les cieux la main du divin Maitre :
Être aimé, c'est la lune; aimer, c'est le soleil! >>

LA STATUE ET LE PIÉDESTAL

Un grand seigneur original
Avait fait mettre une statue

De matière commune et de taille exiguë
Sur un immense piédestal.

D'un de ses ennemis c'était, je crois, l'image.
Chacun en la voyant disait : « C'est grand dommage
D'avoir placé ce sot et mesquin personnage

Sur un bloc de Carrare aussi pur, aussi beau.
Qu'il est laid et grossier! Fi, le vilain museau!
Comme il paraît petit vu de cette distance!

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Et l'hiver, avec la froidure,

Lui rapporte aussi sa fourrure.

Je le sais, et c'est là le moindre de nos maux,
Reprit la douce créature.

O triste sort des animaux,

Sans force comme nous, comme nous sans défense!
Persécuté toujours et toujours innocent,
Vivre dans la douleur et mourir dans le sang,

Voilà toute notre existence!

Ceux qui semblent nous protéger, Les chiens, le fermier, le berger, Hypocrite et cruelle engeance, Pourquoi nous gardent-ils? C'est pour nous égorger, Nous vendre ou nous manger. Vraiment, c'est à donner des désirs de vengeance. Au lieu d'être moutons, ah! si nous étions loups! Chacun nous craindrait à la ronde : Nous ferions trembler tout le monde! Pauvre enfant, répliqua la brebis au cœur doux, Laisse là ces désirs coupables.

Faire mal, inspirer l'effroi,
Vivre aux dépens des misérables,
Tout cela n'est pas fait pour toi.

Deux classes, vois-tu bien, se partagent le monde,
Hors les exceptions dont toute règle abonde :
La classe des mangeurs et celle des mangés.

Les loups, les chiens et les bergers

Sont tous dans la première, et nous dans la seconde. Puisque telle est la règle, hélas !

Plaignons nos ennemis, ne les envions pas;

Mieux vaut encore être victime;

Ainsi du moins nos jours s'écouleront sans crime,
Nous verrons sans terreur approcher le trépas,
Et, quand des hommes l'avarice
Nous enverra parmi les morts,
Nous aurons vécu sans malice,

Et nous finirons sans remords. »

Ces trois échantillons assez divers donneront une idée de ce volume qui porte le cachet de notre temps, le cachet de gravité que les malheurs publics impriment aux esprits qui

savent réfléchir, mais la grâce qui se joint à ces notes sérieuses les rend tout à fait aimables.

L'ART DE LA LECTURE PAR ERNEST LEGOUVÉ (1)

En parlant de cet art charmant, dans lequel il est passé maître, M. Legouvé dit : « Je voudrais avoir pour disciples, toute une classe de personnes dont je me reproche de n'avoir pas encore parlé, ce sont les femmes. Notre art leur convient encore mieux qu'aux hommes. Elles tiennent de la nature une souplesse d'organes et une facilité d'imitation qui se prêtera à merveille à tous les arts d'interprétation, et, par conséquent, au talent de la lecture. J'ajoute que ce talent qui, chez les hommes, est un instrument de travail, un moyen de succès professionnel, peut se lier pour les femmes à leurs plus douces occupations d'intérieur, à leurs plus chers devoirs de famille; elles sont filles, sœurs, mères, femmes... Plus d'une a vu ou verra près d'elle un vieux père infirme, une mère frappée d'un grand deuil, un enfant malade... le père ne peut plus lire, ses yeux le lui défendent; la mère ne veut pas lire, son cœur s'y refuse; l'enfant voudrait bien lire, mais il ne le sait pas. Quelle joie pour la jeune fille de pouvoir, à l'aide de quelques pages bien lues, calmer celui qui souffre, consoler celui qui pleure, distraire celui qui crie! C'est donc au nom de leurs plus doux sentiments que je leur dirai Apprenez à lire, et tâchez d'acquérir un talent qui peut devenir une vertu. »

Pour apprécier la justesse de ces réflexions, il faut avoir vu en plein exercice la bonne volonté dépourvue de talent. Qui ne se souvient de tous les défauts de certaines lectures en famille,et qui sont bien faites pour faire détester la lecture et fuir le coin du feu? Celui-ci ânonne, celui-là court la poste, celui-ci saute les points et les virgules, celui-ci a un ron ron qui équivaut à une dose d'opium. Il me souvient d'avoir assisté à une lecture qu'une personne dévouée aux bonnes œuvres faisait à de pauvres prisonnières; ses intentions étaient admirables, son livre bien choisi, et pourtant jamais lecture n'obtint moins de succès. Parmi les auditrices, les unes sommeillaient, les autres regardaient voler les mouches, les autres se faisaient des signes ou riaient entre elles, et je ne m'en étonnai pas un débit monotone, des mots commencés, repris, des hésitations continuelles, des intonations fausses expliquaient l'attitude des prisonnières, et voilà une bonne œuvre manquée, faute d'un petit talent.

M. Legouvé abonde en conseils pratiques et

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excellemment dits: il attaque tour à tour les défauts de la parole: le zėzaiement, le grasseyement, le bégaiement; il enseigne à respirer, à ponctuer, à prononcer, et il fait comprendre que dans l'art de lire, ainsi que dans la musique, il y a toute une partie technique et pratique qui demande une étude spéciale. Il faut d'abord comprendre ce qu'on lit, et puis le faire comprendre et sentir aux autres, et pour cela, il faut conduire sa voix, régler sa respiration, rectifier sa prononciation, assouplir et former l'organe qui transmettra la pensée. Cet enseignement est donné par M. Legouvé de la façon la plus claire et la plus spirituelle, et assaisonné d'anecdotes neuves, variées, piquantes, qui ajoutent l'exemple au précepte. Celle de la page 66, le bègue qui se dit gué... gué... gué... guéri est bien amusante.

L'aimable livre apprend pourquoi tel orateur échoue dans ses plus beaux moments d'éloquence. Aucune question douteuse n'est oubliée: - Fautil lire comme on parle? faut-il lire une pièce de théâtre comme les acteurs la joueraient? faut-il, comme (page 80) ce magistrat qui dépeint un « corps z'ensanglanté », faire sonner les lettres finales qui lient les mots entre eux? et chacune de ces questions reçoit une réponse catégorique et donne lieu aux observations les plus délicates. C'est un gracieux ouvrage; les vingt jolis chapitres dont il se compose seront lus de tous avec agrément, et il sera très-utile à un grand nombre. Les institutrices et leurs élèves y puiseront d'excellentes leçons, les jeunes gens y apprendront l'art de la parole; qui est sûr aujourd'hui de ne pas devenir député, conférencier, orateur

à un titre quelconque? il faut tâcher de dire de bonnes choses et de les bien dire.

LA MARE AUX CHASSEURS

PAR MADAME DE STOLZ

De tous les livres de madame de Stoltz s'élève comme un parfum de douceur et d'exquise bonté c'est là le cachet particulier à ce talent si chrétien et si délicat, et qui s'est si complètement préservé de la rudesse des mœurs contemporaines, cette rudesse qui apparaît jusque sous des plumes féminines, dans leurs dialogues et leurs romans. L'héroïne de ce nouvel ouvrage, Germaine, est la bonté même; elle ramène par la douceur, son dévouement affectueux, vers la famille et vers le bonheur, un frère prodigue, qui avait fui loin de ceux dont il était aimé; des années avaient passé, il n'était pas revenu, mais Germaine l'attendait toujours. Elle l'attendait heureux, et combien plus encore aux jours de malheur! Non contente de l'attendre, elle va audevant de lui, au-devant de sa femme dont elle n'avait reçu que des dédains, elle les prévient, elle les oblige, elle les sert, et enfin, elle les ramène vers le toit paternel qu'elle a su leur conserver. Rien n'est plus touchant que les actes et les sentiments de cette générosité constante, et l'esprit, dont madame de Stoltz n'est jamais avare, assaisonne encore ce charmant récit (1).

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CONSEILS

A UNE JEUNE FILLE PAUVRE

Vous avez beau faire, vous ne pouvez, ma chère Henriette, dissimuler une certaine tristesse qui vous gagne; votre humeur est souvent assombrie, vous apportez dans vos occupations une sorte de dégoût et de nonchalance. Vos parents qui vous aiment tant ne reçoivent de vous aucune joie; repliée sur vous-même, vous accusez votre destinée, vous regardez, vous enviez peut-être celle d'autrui. Vous avez vingt-deux ans, et, à mesure que vous vous éloignez de la première jeunesse, cette disposition amère et mélancolique s'accroît. Vous en savez le pourquoi et moi aussi, parlons donc ouvertement.

Vous n'avez, chère Henriette, ni la haute voca⚫

tion de l'état religieux, ni le désir de demeurer libre et de vous consacrer tout à votre famille. Non, le mariage scintille à vos yeux, et depuis quatre années, au moins, vous attendez la demande, le consentement, les baux, le contrat, la corbeille et la bénédiction nuptiale. Vous attendez et rien n'est venu, sauf peut-être une demande timide faite par un jeune employé de l'administration de votre père : vous l'avez repoussée, trouvant que pour entreprendre un grand voyage, sa barque n'était pas suffisamment lestée. L'exemple de votre digne mère ne vous a pas touchée : elle s'est mariée jeune et pauvre à un homme pauvre et jeune aussi; elle a espéré en son modeste avenir, elle a accepté de grand cœur la vie obscure, laborieuse, dévouée qui est

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