Page images
PDF
EPUB

HERMINE

I

Le soleil était haut à l'horizon, et ses clartés chaudes ruisselaient comme une pluie d'or sur les vieilles maisons du petit port de Roscoff.

En hiver, sous un ciel terne et plombé, ces maisons semblent tristes et sombres dans leur uniforme vêtement de pierre grise; mais par cette belle journée de septembre, elles se détachaient heureusement sur le ciel bleu foncé, et, rajeunies, presque pimpantes, elles paraissaient écraser de leurs masses solides les rares chalets modernes éparpillés çà et là pour l'usage des étrangers.

Il y avait peu de monde dans les rues; tout le mouvement se concentrait sur la grève et sur le port, où des marins anglais chargeaient une cargaison de légumes. La scène était vraiment pittoresque; les hommes du pays, grands, robustes, aux traits agréables et aux épais favoris blonds, échangaient de joyeux propos avec les marins dont ils parlaient aisément la langue; des groupes d'oisifs, accoudés sur le parapet de la jetée, regardaient alternativement le chargement des navires, le mouvement des charrettes et les gracieux bateaux qui sillonnaient les vagues, tandis que la mer, montant rapidement, venait déferler à peu de distance des jardins qui bordent la grève d'une ceinture verdoyante.

Assis sur le parapet, deux jeunes gens promenaient leurs lorgnettes de côté et d'autre, échangeant de rapides réflexions. Le plus âgé était vêtu avec une simplicité étudiée qui s'harmonisait mal avec le site un peu rude qui l'entourait. Son léger paletot blanc, sa cravate de couleur claire, ses fines chaussures et jusqu'à son ombrelle en toile écrue, au manche élégant, semblaient peu faits pour ces rochers sauvages et même pour les rues étroites de cette petite ville, alors moins fréquentée qu'aujourd'hui. Brun, assez laid, mais doué de traits singulièrement énergiques, il offrait un contraste absolu avec son compagnon, qui, à peine âgé de vingt ans, semblait avoir gardé l'insouciance propre à la période qui venait à peine de se clore pour lui. Cette insouciance se révélait par l'absence totale de prétentions et de recherche dans sa toilette et même dans l'arrangement de sa chevelure. Des cheveux

bouclés, d'un châtain soyeux, et un peu longs, s'échappaient sans art de dessous un vieux chapeau de paille tel qu'en portent les habitants du pays et une blouse en toile grise, ouverte sur la poitrine, recouvrait un vêtement légèrement usé et étroit. Mais en dépit de ce costume peu avantageux, il était impossible de se méprendre sur sa condition sociale. Des manières vives et aisées, un port de tête gracieux et hautain à la fois, des traits empreints d'une distinction incontestable, enfin, la petitesse de son pied et la finesse de ses poignets trahissaient au premier coup d'œil une origine au-dessus du vulgaire.

Tandis que son compagnon suivait de préférence le mouvement du port et les évolutions d'un groupe de dames qui venaient d'apparaître sur la plage, il regardait la mer et les effets de soleil sur les eaux. Des masses de rochers et d'îlots surgissaient de toutes parts, des traces noirâtres et des remous impétueux attestaient la présence de nombreux écueils, les grèves de l'ile de Batz étincelaient au soleil, et à l'horizon, tranchant sur la couleur azurée des flots, une ligne d'écume neigeuse se brisait et se reformait sans cesse. Des voiles rouges ou blanches glissaient avec rapidité au milieu des roches, et ajoutaient une touche pittoresque et vivante à ce paysage grandiose, mais sévère.

Ah! voici cette jolie anglaise qui a də si beaux yeux candides et qui absorbe tant de tranches de beefsteak! Sur l'honneur, je regrette d'avoir oublié la langue « des oiseaux » (ô rossignols, ne protestez-vous pas !...) quand, dans ce misérable village, chaque enfant parle à peu près l'anglais, et que les plus horribles boutiques se parent d'un English spoken très véridique... »

Le jeune homme à la blouse grise n'avait pas semblé entendre ces paroles. En ce moment, il tournait le dos à son ami, et ses yeux erraient sur les rochers de la plage. Tout à coup, il fit un brusque mouvement, tira de sa poche un large portefeuille, et commença à dessiner avec ardeur.

Eh! allez-vous croquer l'Anglaise? Vous n'êtes pas à votre aise, ainsi juché sur ce parapet... Elle ne demanderait pas mieux que de poser à l'hôtel; elle est délicieucement coquette, et quoique nous ne nous entendions guère, nous

avons commencé une flirtation en règle... Mais que faites-vous donc?... Ce n'est pas miss Julia...

Le jeune homme poussa un frais éclat de rire, sans cesser de dessiner.

[ocr errors]

Non, sans doute! Si j'avais besoin de ce teint de roses, de ce sourire perpétuel et de ces yeux d'émail, j'achèterais le premier keepsake venu, et j'y trouverais vingt éditions de votre langoureuse Anglaise au robuste appétit... Non, mon cher, j'ai trouvé mieux... Voyez-vous cette petite fille, debout sur le rocher, là, au-dessous de nous ? Cela!... Mais elle est absolument laide! Vous vous trompez... Je voudrais qu'elle s'abstînt de bouger... Heureusement elle semble extraordinairement tranquille... Et, quoique le soleil soit brûlant, je désirerais oui, Gaston, les artistes sont féroces! - je désirerais qu'elle ne remît pas son chapeau, et qu'elle restât ainsi, en plein soleil, c'est vrai, mais en pleine lumiére... ›

Gaston rit bruyamment, et l'enfant leva aussitôt la tête.

C'était une petite fille de dix à douze ans. Elle était vêtue de noir, sans recherche et même sans goût; une sorte de fourreau accusait sa maigreur et faisait ressortir la pâleur douce et uniforme de son visage. L'intérêt soudain qu'elle avait inspiré au jeune artiste ne tenait certes point à la beauté : elle n'en possédait point; ses traits étaient effacés, son teint sans éclat, sa bouche un peu trop grave pour une si jeune créature, et ses cheveux d'uue nuance blonde sans reflets, coupés courts comme ceux d'un garçon. Toutefois, il y avait dans sa pose et dans l'émotion contenue mais évidente de sa physionomie prématurément sérieuse, quelque chose de méditatif et de profond qui ne devait point échapper à un observateur exercé. Quand elle leva son regard vers les deux amis, Gaston murmura.

« Mon cher Henry, je vous accorde qu'elle a de beaux yeux, mais je ne puis la trouver jolie. »

Henry haussa les épaules et continua son ébauche. Mais la petite fille se voyait maintenant observée. Le sentiment ou la sensation de la solitune avait disparu pour elle, et, rappelée à la réalité, elle remit son chapeau qui avait glissé à quelques pas d'elle, et reprit lentement le chemin de la ville.

La! vous me gâchez l'inspiration et vous faites fuir mon modèle! s'écria brusquement Henry, suivant des yeux l'enfant qui s'éloignait. Elle était si bien posée!... Votre sot éclat de rire "A effarouchée! »

Gaston rit de nouveau.

« Allons, enfant, ne vous fâchez pas. Vous n'avez pas perdu grand'chose, votre imagination prêtait à cette petite un charme parfaitement illusoire... Qu'en vouliez-vous faire? Je croyais que vous haissiez l'école réaliste, et par conséquent la laideur dans l'art.

- Vous ne me comprendrez jamais! répliqua Henry avec pétulance. Vous n'avez pas un tempérament d'artiste, Gaston; sachez que nous autres, nous sommes doués d'une sorte de seconde vue... Non seulement nous avons, comme le vulgaire, le sens de la beauté physique, mais nous découvrons, bien au dessus, la beauté morale, l'idéal... Qu'est ceci? ajouta-t-il, se baissant et ramassant un caillou.

Cela? Eh! qu'y voyez-vous donc d'idéal? J'avoue n'aperçevoir qu'un caillou. »

Henry lança la pierre contre le parapet, et deux ou trois étincelles en jaillirent.

«Est-ce que vous prétendez avoir le monopole de faire sortir des étincelles d'une pierre à fusil ?

L'art, dit le jeune homme avec une émotion contenue, et sans paraître remarquer l'accent railleur de son compagnon, l'art et la poésie, qui, à mon sens, ne font qu'un, découvrent le beau là où les natures ordinaires ne le soupçonnaient pas, et, de l'étincelle fugitive du caillou de la route, savent tirer une lumière radieuse. Un peintre possède cette baguette magique qui transforme les objets en apparence vulgaires... Il eût reconnu dans Cendrillon la fiancée du prince Charmant... Il faut que je retrouve cette enfant, Gaston, elle doit m'aider à réaliser une pensée... Venez-vous avec moi, ou restez-vous faire admi. rer à ces dames votre élégante toilette?

Je vous accompagne, parbleu! Je suis curieux de savoir ce que, l'inspiration aidant, vous ferez de cette laide petite figure. »

Sans répondre, Henry se dirigea vers la ville, et il aperçut bientôt devant lui la robe noire de l'enfant.

«Elle posera pour la plus modeste pièce blanche, dit Gaston; voyez, elle n'est pas accompagnée... Et cette affreuse toilette!... C'est une enfant du peuple. »

Un tranquillité étrange régnait dans les rues. Çà et là, les maisons semblaient s'écarter pour laisser voir une échappée de mer. Les larges pavés luisaient au soleil, les persiennes étaient closes, et le silence sembla oppresser Gaston.

Est-ce que vous resterez encore longtemps dans ce désert, Henry?

[blocks in formation]

C'est que, malgré le charme de votre présence et de celle de deux ou trois autres personnes, je ne puis m'empêcher de penser qu'on finirait agréablement la saison à Trouville.

- Trouville! fit dédaigneusement Henry. Un endroit rebattu, dont chaque recoin a figuré et figurera dans tous les Salons passés, présents et futurs! Une plage cosmopolite où l'on ne voit que des gens tapageurs, rien de neuf, d'imprévu, la mode suppléant la nature et gâtant toutes les impressions !... Peut-être penserai-je un jour comme vous, Gaston, ajoutat-il au bout d'un instant de silence et avec une

[blocks in formation]

Le grèbe, bien que classé parmi les fourrures, est cependant un vrai plumage. Il est presque exclusivement réservé aux toilettes des jeunes filles. Ses tons argentés sont un peu froids; aussi les modistes s'en emparent et leur font subir les transformations de la teinture: on voit alors les chapeaux s'orner de pouffs ou de bandeaux de tons loutre, vert russe, bleu-marine, etc., avcc aigrettes de différents jaunes.

Le feutre est souvent garni ainsi, ou d'oiseaux, mais surtout de plumes, soit qu'elles tournent en amazone autour de la calotte pour retomber en arrière, soit qu'on les dispose en diadème, en cache-peigne ou autrement. On ne peut nier que cette profusion de plumes n'ait un caractère de richesse et un aspect de haute tournure, signes distinctifs de la mode actuelle.

Les formes de chapeaux de feutre diffèrent comme les physionomies. On voit des toquets, des bords larges, des bords étroits, des bords relevés d'un seul ou des deux côtés, des calottes larges, pointues, etc., etc., en un mot, ce qui plaît, et sied bien au visage. De même, il y a du feutre ras ou à long poils, du terne et du brillant, du dur et du mou et de toutes les teintes.

On continue à faire des chapeaux tout en feuillages de velours et de satin d'une seule couleur de plusieurs tons dégradés: vert-bronze, caroubier, loutre, etc. Ces modèles, ornés de touffes de roses et de brides de velours ou de satin assortis, se portent avec des toilettes habillées, et conviennent pour les concerts et les théâtres.

La peluche blanche ou de nuances claires compose de bien jolis chapeaux d'enfants et de jeunes filles. Un ornement fort simple et très comme il faut consiste en un noeud alsacien, avec brides en crêpe lisse de la même couleur que la peluche, le tout simplement ourlé. Le feutre blanc est spécialement destiné aux enfants. Outre sa solidité, il se nettoie parfaitement et se transforme selon la volonté. Il y en a aux larges ailes crânement retroussées; d'autres, forme Niniche, à large calotte fermée, sont garnis de petits bouquets de plumes comme ceux des dames et vont particulièrement bien aux petits minois délicats. Ainsi que les petites capotes de satin, ils se portent un peu en arrière et ont un tour de tête assez touffu. Une bride de satin traverse quelquefois la calotte et vient se nouer un peu de côté sous le menton.

Le bonnet de police, avec noeud de peluche ou de velours traversé par une aile, coiffe très gentiment les petits garçons; il s'en fait en feutre mou, en velours, en loutre ou autre fourrure.

Comme coiffure de soirée, on porte des bandeaux de fleurs, pour remplacer les couronnes dont tout le monde est fatigué, ou bien encore un joli piqué auquel se relie un cache-peigne et quelques traines.

J'ai vu, destinés aux jeunes personnes, de charmants petits colliers tout en fleurs, ainsi que le bouquet de corsage et les boucles d'oreilles; c'est

ravissant.

En dehors du costume simple de drap ou de cachemire, modèle pratique qui se multiplie et reparaît journellement sans qu'on s'en lasse, je citerai comme toilette plus élégante des corsages à basques collantes et plus ou moins échancrées sur les hanches, tout en velours uni ou velours frappé, portés sur des jupes de faille ou de satin de même nuance et ayant de chaque côté, en long, des pentes de ce même velours; une fort belle toilette de satin noir uni, mélangé d'étoffe à bouquets brochés de toutes couleurs; un long gilet en broché, ainsi que deux draperies distancées par des plis de satin noir en travers. Ces deux draperies se perdent dans la queue de satin noir, dont le bas est garni de six volants plissés, trois en remontant, trois en descendant. deuxième draperie qui descend jusqu'au bas du devant de la robe, se termine par un bel effilé de toutes nuances, avec petits grelots. Une belle cordelière, mélangée de toutes les couleurs de l'effilé, retient les draperies et les bouffants de satin noir en arrière du dos, qui est forme princesse.

La

Comme ornements, pour mélanger avec de la faille ou du satin unis, il se fait de fort belles étoffes que l'on emploie aussi en longs gilets. J'en ai vu avec broderies de nuances sombres sur fond de satin noir, parsemées de filets et de sablés d'or du plus bel effet Il y a encore, pour le même usage, de beaux pékins de velours noir, à rayures de soie brodées de couleur, des pékins velours et moire, et de beaux bouquets de soie brochés sur le fond de satin vieil or.

Pour toilettes du soir, de fort jolies écharpes ou draperies en crêpe de chine blanc ou de nuances extrêmement pâles, brodées de guirlandes de fleurs en chenille grenat, rose, bleu, avec feuillages de différents tons, de vert, calices et nervures en or. De longues franges de chenille de toutes couleurs, mélangées de brindilles d'or, suivent le contour de ces écharpes, qui est dentelé. Les fleurs de la coiffure doivent avoir de l'analogie avec celles de la broderie.

Les devants des robes habillées sont généralement assez ornés, tout en restant très plats, de plis en long ou en travers, de draperies plissées se réunissant plusieurs fois par de petits noeuds de ruban ou de velours; quelquefois par une FEVRIER 1879

étroite broderie de perles, de jais ou autres, et dont le milieu est en velours, posée en long sur de la faille ou du satin unis.

Voici la description d'une toilette très élégante en pékin et satin maïs.

Le jupon de dessous est en satin à longue queue, avec deux volants plissés, posés presque l'un sur l'autre. Devant, deuxième jupon en pékin même nuance, entièrement plissé en long de gros plis doubles, retenus en dessous et n'ouvrant que dans le bas, où ils sont terminés par un bel effilé roseau, retombant sur les volants du jupon. Par derrière, longue traîne en pékin satiné, doublée de satin uni et fixée sur le bas du jupon.

Écharpe en satin uni, passant sous les basques du corsage; elle croise devant en faisant draperie et vient nouer de côté, un peu en arrière, et retomber en deux larges pans; le tout garni du même effilé que le devant de la robe. Le corsage, en pékin, est à longue pointe devant, et derrière à basques très échancrées, et très collantes sur les hanches. Il est décolleté ou ouvert en carré, et garni, ainsi que les manches, d'une très jolie blonde mais.

En toute nuance, cette toilette serait jolie.

Les casaquins, ou habits Louis XV, conviennent particulièrement aux femmes d'un certain âge, ce qui ne les empêche pas d'être très goûtés par les plus jeunes. En les ornant de dentelles noires ou blanches, on les rend très élégants pour le soir. Les manches sont demi-longues. Il s'en fait en étoffe brochée et en velours uni. Ceux de velours, brodés de perles de même nuance, sont extrêmement parés. Si l'on ne veut pas ouvrir le corsage, on y met un jabot de dentelle blanche.

J'ai encore remarqué la toilette montante que voici jupe en satin bleu de roi. Le bas de la longue traîne se compose de six petits volants alternés, trois plissés et trois posés en gros tuyaux; les derniers garnis de trois petites soutaches d'or, cousues au-dessus de l'ourlet. Gilet et manches en satin uni bleu. Boutons or et acier, Corsage corselet en velours gros bleu à bouquets vieil or. Ce corselet fait deux pointes devant, il dégage bien les hanches et refait deux autres pointes derrière. Tous les bords sont garnis de cinq rangs de soutache d'or.

Disons aussi que le châle de cachemire de l'Inde carré se porte beaucoup sur les costumes courts. On le pose en écharpe, et s'attache, devant, par une belle agrafe artistique. De tous les vêtements de transition, j'entends ceux du printemps et de l'automne, il est le plus comme il faut, le plus élégant et, ajoutons, le plus commode, car il s'harmonise aussi bien avec la toilette parée qu'avec le costume de course. Les jeunes filles le désirent dans leur corbeille et le préfèrent à la plus belle des confections, laquelle sera démodée d'une saison à l'autre, tandis que le châle de cachemire de l'Inde, par sa fabrication, ses dessins artistement mêlés, l'harmonie des couleurs et son prix toujours un peu élevé, subit beaucoup moins les fluctuations de la mode; il est la base de toute corbeille un peu élégante.

VISITES DANS LES MAGASINS

Notre visite dans les magasins nous ayant amenée d'abord chez mesdemoiselles Vidal, 104, rue de Richelieu, où l'on est assuré de rencon

trer du nouveau, élégant et distingué, nous avons trouvé là à vous faire quelques jolies descriptions. Des étoffes qui annoncent la saison transitoire, sont jolies dans leurs diverses dispositions, elles se nomment :

1 L'hirondelle, tissu d'un gris doux parsemé d'un imperceptible pointillé bleu et bronze, qui se combinera avec du satin bronze. La robe à draperie-panier est en tissu hirondelle avec double panneau de satin superposé sur le côté; ces panneaux sont lisérés de satin bleu ciel avec poche intérieure au second panneau; devant, deux plissés de satin, nœuds ciel et bronze de côté. Pour corsage, une veste ornée de satin.

2o Le Saraï, à rayures satinées tourterelle et petites rayures écossaises bleu-paon, mais et blanc, se combine avec un cachemire Schoudas bleu paon qui fait le fond de la robe, l'étoffe rayée n'entrant dans la combinaison que comme ornement. La façon est Louis XVI avec un long habit qui s'enfuit de côté sur un gilet et dont la basque de derrière, carrée, descend jusqu'au relevé qui soulève la jupe en une sorte de pouff; les côtés de la jupe, continuant la ligne fuyante de l'habit, se détachent sur un plissé de sarai. Flots de ruban et boutons artistiques.

3. Le Pompei, genre de fines rayures cachemire sur fond bleu prune, est éyagé d'un imperceptible pompadour et d'un filet de soie grenat prince de Galles. La particularité de cette étoffe est de fournir un envers cachemire éteint et charmant qui permet de s'en servir en revers et accessoires; elle se combine avec un satin grenat prince de Galles et sa façon est un peu directoire avec jupe courte. Le tablier, en satin, se drape légèrement, des côtés, et se perd dans la garniture du bas, laquelle se compose de trois volants tuyau d'orgue, tandis que les lés de derrière en tissu Pompei se drapent en pouff panier, pour se rejeter de côté en revers directoire. La longue veste, qui sert de pardessus, répète, devant, les revers de la jupe et découvre un grand gilet à poche. La basque du dos est à trois plis tuyau d'orgue. A l'ouverture en cœur, col rabattu retenu par une cordelière Brandebourg.

Nous terminerons ces renseignements sur les modes transitoires, par la description d'un fichu mantelet d'une forme charmante. Il se fera en cachemire de l'Inde noir ou gris ou beige, et se garnira de bouclettes en ruban. Une couture cintre le dos qui simule la manche, auquel s'ajuste, à l'épaule, le devant dont le pan assez long s'arrondit au bord inférieur. Comme garniture : deux rangs de bouclettes au dos, un rang devant et à la manche. Ces bouclettes passent à travers deux fentes-boutonnières, faites dans le mantelet, elles ressortent de chaque côté. Les boutonnières sont espacées de deux centimètres.

Nous n'oublions pas les personnes qui sont en deuil; pour elles nous sommes allée à la Scabieuse, 10, rue de la Paix, voir les fantaisies qui peuvent égayer ou élégantiser une toilette noire ou de demi-deuil. Nous y avons vu de charmants fichus en gaze iris garnis de dentelle bretonne; les uns de forme paysanne sont brodés en soie d'un jeté de violettes et croisés devant sous une volumineuse touffe des mêmes fleurs; d'autres ont un genre plastron coupé d'un jabot Louis XV en dentelle bretonne très-fournie de coquillés. En petite coiffure, voici un pouff en feuilles mor tes, coupé de branches d'héliotrope, un nœud de côté, des coques en satin mauve au milieu complètent une coquette coiffure de

dîner ou de soirée. Pour sortie de théâtre ou de soirée, voici une mantille en dentelle espagnole très joliment drapée en capulet; devant, un noeud de velours pose sur la coiffure et derrière, un même nœud retient les plis qui rejettent l'ampleur de la mantille. Un noeud pour corsage montant est à double rabat juge superposé; les côtés se détachant sur des coques en ruban mauve. Il est fait de gaze iris et de dentelle bretonne.

Les parures en jais qui complètent la toilette de deuil sont, par leur monture et par la taille du jais, de véritables bijoux. La parure dalhia et le myosotis, composé de fins myosotis, délicatement montés à jours, se compose de la broche, des boucles d'oreilles, ou d'un médaillon et d'un collier; le jeu d'épingles pour la coiffure en est le complément. Les cinq épingles qui le composent sont de grosseurs graduées, l'effet scintillant qu'elles produisent aux lumières rappelle celui des pierres fines. Terminons cet aperçu par la description d'une toilette de demi-deuil pour grand diner. Elle est en satin noir, le tablier coupé diagonalement par deux étages de dentelle blanche; un rang dans le bas vient se perdre dans une longue traîne carrée à panier, sous un flot de satin; cette traîne qui se développe sous le pouff, se termine par un plissé et s'encadre d'une dentelle blanche qui lui donne l'aspect d'un manteau de cour. Le corsage Louis XV à basque-habit, a la pointe ouverte devant et s'enfuyant des côtés; dentelle au contour et fichu Louis XV au décolleté carré. Manche arrêtée au coude, garnie d'une dentelle posée en façon revers, maintenue à la saignée par un nœud de satin. Nous signalerons comme très bon marché un velours côtelé noir à 11 fr. 75 cent. le mètre.

Le cachemire de l'Inde pour costume ne subit point les caprices de la mode; de toutes les étoffes, il est toujours le préféré aussi bien pour les robes habillées de jour que pour celles du soir, toilettes de dîner, de soirée et de bal. Selon son emploi, on le combine avec un pékin satiné, un velours rayé, un satin uni, une brocatelle ou un damassé. Les teintes azur, hortensia, lapis, blanche, citron, sont charmantes aux lumières, et l'effet mat fait valoir les reflets brillants du satin, heureuse opposition dont nos couturières de goût ont su profiter. La Compagnie des Indes, 34, boulevard Haussmann, a certainement la plus complète et la plus belle collection de tissus de cachemire de l'Inde qui se puisse trouver. Les couleurs à la mode, répétées dans une gamme de tons bien comprise, rendent faciles les assortiments de faille, de velours et des étoffes avec lesquelles, le plus souvent, on les combine. La série à 6 fr. 50 cent. le mètre en un mètre vingt centimètres de largeur est la plus courante pour faire le costume complet, ainsi que les toilettes de soirée pour les jeunes filles; celle à 8 francs le mètre convient encore pour le même usage. Celles à 9, 10, 12, 15 francs le mètre et plus s'emploient plus particulièrement à cause de leur fabrication plus serrée pour les toilettes de ville, d'intérieur et diner. La Compagnie des Indes a fait fabriquer quelques étoffes de fantaisie, pékin satiné, pointillé, écossais, dont les tons s'harmonisent avec ceux du cachemire; nous n'avons pas besoin de dire que, comme les cachemires de l'Inde, ces tissus sont excellents. La Compagni. des Indes envoie franco la collection de ses échan tillons, et l'expédition des commandes est faite de même, franco.

ÉTOFFES JAPONAISES

POTICHES, FANTAISIES CHINOISES ET JAPONAISES De madame Jérôme, 10, boulevard Malesherbes.

Que de folies font faire ces jolis bibelots exotiques! Depuis deux mois la foule se presse chez madame Jérôme; c'est un cabinet en laque, c'est un paravent, c'est un écran, c'est une potiche que l'on vient choisir; éventails, coupes en cloisonné, porte-bouquet de formes diverses en satzouma; encrier en porcelaine de Chine, magot pour étagère, font naître bien des désirs; c'est que la mode a marqué du sceau de sa faveur tous les produits de ce lointain pays. Ainsi que je vous le disais dernièrement, l'ameublement japonais est à l'ordre du jour pour le petit salon et le fumoir, on en fait des merveilles de goût; les murs se couvrent de tentures bariolées en soie de Chine brodée de fleurs imaginaires et d'oiseaux rêvés; les sièges se recouvrent de tissus brochés or et soie; les tapis de table sont en harmonie. Les lampes, les jardinières en vieux japon étalent leur riche dessin, auquel se mêle une dorure éteinte du plus doux effet, et toutes ces merveilles se trouvent réunies chez madame Jérôme. C'est donc au boulevard Malesherbes que se rendent les amateurs de curiosités; c'est encore là que nos élégantes vont choisir cette robe d'intérieur japonaise en satin ou crêpe de Chine brodée, dont la vogue ne diminue pas. Elle change de forme selon les circonstances. Le soir, pour entrer au théâtre ou sortir de soirée, elle se ouatera et deviendra le plus élégant et le plus confortable des vêtements; le jour, elle se transformera en robe d'intérieur et se portera sur une jupe de faille noire ou de couleur claire; enfin, elle recouvrira un tête-à-tête, un fauteuil ou des sièges de fantaisie, ou se tendra en paravent ou en écran. Les morceaux qui tomberont, trop petits pour s'utiliser en chaise ou tabouret, feront de charmants dessous de vase et de lampe que l'on encadrera de dentelle d'or ou de frangette. Nous signalons comme jolie suspension d'antichambre, de cabinet, de chambre à coucher, la lanterne japonnaise, montée en bambou, ou en bois de fer travaillé pour les plus riches.

Nous donnons à nos abonnées l'adresse du dépôt de thé « Bojie Promisle, » qui se vend en gros et en détail: maison Siraudin, 17, rue de la Paix. Disons maintenant quelques mots sur le thé de la caravane Bojie Prômisle. Cette marque, fort appréciée des amateurs, a un parfum et un arôme des plus agréables. Le mélange et le paquetage faits sous la surveillance du chef de la maison, sont une garantie pour les acheteurs, de même que la grande médaille d'or qu'il a obtenue. Les thés de la Caravane se vendent en paquets d'une livre, d'une demi-livre et d'un quart de livre russe dans les qualités suivantes : Thés noirs. Sane-sine, 6 fr. 50 c. Héo aromatique, 9 fr. - le Sy-Chine-Hou, 10 fr. et le Fou-tche-fou, 11 fr. Thés en fleurs, Souny-tchine, 11 fr. My-you-sine, 13 fr. trois autres qualités à 16, 18 et 22 fr. Il n'est plus permis aujourd'hui, avec les thés de caravane inis à la portée des bourses modestes, d'offrir à ses amis une boisson fade et sans saveur. Mais il ne suffit pas que le thé soit de bonne qualité, il faut aussi que la préparation en soit parfaite. Nous donnerons la formule à l'économie domestique, formule que nous tenons du directeur entrepositaire des thés de Bojie Pro

[ocr errors]

Néne

Puis

« PreviousContinue »