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Pour que l'arrosage soit efficace, il faut qu'un » peu d'eau sorte par le trou inférieur du pot. Si » la surface de la terre est seule mouillée, l'eau » ne profitera pas aux racines. On sait que les >> racines les plus tendres, les plus actives, par » conséquent, sont au fond du vase dont elles ta» pissent les parois. Ce sont celles-là qui absorbent » l'humidité et qui la transmettent à la plante; ce » sont donc celles-là qu'il faut abreuver.

>> Ce n'est pas tout pour vivre, une plante a > besoin de respirer, tout comme un animal. » Elle respire par ses feuilles, par ses parties » vertes; d'où il faut tirer la conséquence que » ces pores, ou stomates, doivent être tenus con>> stamment libres. On y parvient en lavant sou» vent, au moyen d'une éponge mouillée, les » feuilles des plantes; sans cette précaution, la » poussière s'accumule, s'insinue et ferme toutes >> les ouvertures: la plante languit et meurt.

» Tant qu'on laisse les plantes dans leur pot, » un excellent moyen consiste à tremper dans » l'eau le pot et la plante qu'il contient : une ou » deux minutes suffisent; laisser égoutter et remettre en place. En hiver, quand il gèle, on »fera toujours bien de ne pas laisser les jardinières passer les nuits auprès des fenêtres, parce >>que, dans ces endroits, la température s'abaisse >> bien plus qu'ailleurs; on les retire dans l'intérieur des appartements quand vient le soir. » Voici une liste des plantes qui s'accomodent >> le mieux de l'atmosphère confinée de nos appar>>tements. Nous ne parlons pas de fleurs, mais de végétaux, qui, par leur port et leur feuillage › élégant, prêtent un charme toujours nou» veau aux salons, et peuvent y vivre longtemps Le Ficus elastica ou caoutchouc, le Phor

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» mium tenax ou lin de la Nouvelle-Zélande, la » Mhyrthine africaine, les Dracænas australiens, »le Curcutigo aux larges feuilles, les Aspidis» tras colorés, les Begonias, les Myrthes, puis » l'admirable famille des Palmiers.

» Le levant est l'exposition la plus favorable à » toutes les plantes. Voici la recette d'un excellent engrais pour les plantes d'appartement: 400 >>grammes azotate d'ammoniaque. — 200 gram» mes de biphosphate d'ammoniaque. - 250 » grammes azotate de potasse.- 50 grammes de chlorhydrate d'ammoniaque.- 60 grammes de >> sulfate de chaux. 40 grammes de sulfate de » fer. Ce qui fait, mille grammes de sels que l'on » pulvérise en les mélangeant. On trouve ces >> sels chez tous les fabricants de produits chi»miques et cette quantité peut coûter 3 francs.

› On mêle un gramme de ces matières à un » litre d'eau ordinaire, et on arrose; ce litre suffit à alimenter 20 pots de fleurs. Les plantes, » traitées de la sorte, seront nourries et vivront >> admirablement. »>

Nous avons extrait de l'ouvrage de M. de la Blanchère quelques notions utiles, mais que de choses excellentes nous aurions pu citer encore !

Nous laissons à nos lectrices le plaisir de les lire dans ce joli volume, auquel de belles gravures donnent encore plus de valeur (1).

LA SAINTE VIERGE (2)

PAR M. ROHAULT DE FLEURY

Sans doute, grand nombre de nos lectrices connaissent le beau livre, les Instruments de la Passion, publié par M. Rohault de Fleury, et qui était le fruit des plus patientes, des plus intelligentes recherches sur ce sujet si touchant. Durant les voyages que l'auteur avait entrepris pour voir et étudier les insignes et précieuses reliques, qui en dépit des siècles, des guerres, de l'ignorance et de l'indifférence des hommes, nous sont restées, et retracent à nos yeux les souffran ces du Sauveur, il avait étudié et copié tout ce que les monuments anciens nous ont gardé sur le culte de la Sainte Vierge. Et c'est cette récolte immense et admirable qui est offerte aujourd'hui au public. Près de huit cents dessins intercalés dans le texte, montrent tout ce que la sculpture, la peinture, les mosaiques, les médaillons, les ivoires, ont eu de beau et d'intéressant sur Marie; ces deux volumes sont un monument consacré à la Mère de Dieu, et non seulement l'auteur a signalé les hommages des arts à la Sainte Vierge, mais il a indiqué, avec le plus grand soin, tous les sanctuaires, toutes les statues, toutes les images que la piété lui a dédiées et où elle a reproduit ses traits ou quelque particularité de sa vie. Le texte, écrit par une main aussi croyante que savante, est digne de cette œuvre d'art, et l'on peut assurer qu'aucun des recueils iconographiques qui ont traité ce beau sujet, ne saurait approcher de l'œuvre de M. Rohault de Fleury. Ce fut son dernier travail; il est allé en recevoir la récompense.

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LE TOUR DU LAC

I

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"Eh bien Solange, qu'arriva-t-il ensuite? Waverley rejoignit-il son régiment ou prit-il la cocarde que lui offrait Mac-Ivor?... Pourquoi t'interrompre?... comme tu lis mal, aujourd'hui, ma fille. Tu vas vite, vite, tu bredouilles, tu manges les mots; puis, soudain, tu t'arrêtes, tu as l'air de causer avec les nuages, et, patatras, voilà le livre par terre. »

Mademoiselle Solange baissa les yeux, soupira, ramassa le volume qu'elle avait laissé choir et le feuilleta négligemment.

C'était une jeune fille vive, alerte, remuante; il lui en coûtait de rester assise sous une charmille - épaisse, tandis que le ciel bleu et la brise légère invitaient à la promenade.

« Tu ne songes point à ce que tu fais, répéta son père d'un ton de reproche. Ferme ce livre et qu'il n'en soit plus question. Si je t'ai proposé de l'ouvrir, c'est que tu étais là, l'esprit distrait, les bras ballants; mais je ne tiens pas autrement à connaître les aventures de Waverley. Va t'amuser, ma fille.

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« En es-tu là, ma pauvre enfant? dit-il: ne sais-tu vraiment que faire de tes journées ? » Solange se récria :

« Oh! père, je ne parle point des heures que je consacre au travail. Elles sont bien employées, Dieu merci! Les occupations ne manquent pas, et vous êtes satisfait, j'ose le croire, de la manière dont je dirige votre maison.

- Oui, certes, répliqua le père indulgent; tu es une bonne petite ménagère, bien économe, bien diligente. Je n'espérais point qu'il en serait ainsi lorsque je suis allé te chercher à ta pension il y a deux ans. On disait dans notre voisinage : « Qu'est-ce que M. Finoël va faire de sa fille à présent qu'il lui a donné une si brillante éducation. » Et j'étais un peu inquiet, je craignais de ramener au logis une petite personne façonnière, dédaigneuse, nonchalante; comme tu m'as agréablement surpris, ma Solange, comme tu as fermé la bouche aux médisants, et prouvé que l'on peut acquérir l'instruction, les talents, les belles ma

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M. Finoël baissa la tête et garda le silence. Ce langage, qui n'était pas nouveau pour lui, l'embarrassait et le contrariait. Solange n'avait plus de mère, et son père, rude campagnard, ne pouvait voir ce qui manquait au bonheur de sa fille. Elle était reine et maîtresse au logis: elle avait chevaux et voitures pour visiter ses fermes, elle recevait des revues, des journaux, des livres qui lui apprenaient comment les élégantes Parisiennes s'habillent; sa petite bourse était toujours bien remplie, elle avait de jolies toilettes, des fleurs, une serre que pouvait-elle désirer encore?

Ce qu'elle désirait, la rivière et la colline devaient le savoir, car elle le leur disait souvent : << Connaître le monde, agir, parler, voyager, voir, entendre, sortir enfin de cette solitude! » s'écriait-elle dans ses promenades. Hélas! autant en emportaient le vent et les échos moqueurs.

Ce qui consolait la belle affligée et soutenait son courage, c'est qu'elle espérait bien que toute sa jeunesse ne se passerait point ainsi. Dans les vieux poèmes et dans les romans de chevalerie, les héroïnes persécutées, malheureuses, les prisonnières qui semblent abandonnées finissent toujours par trouver un libérateur.

Solange aussi attendait un libérateur; elle songeait à lui, elle le voyait venir, tantôt elle se figurait qu'il allait, fougueux cavalier, descendre

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Ce mot faisait rire le bon père. Et, se frottant les mains, il priait sa chère fille de ne point s'inquiéter, lui-même se chargeant d'assurer son avenir, mais en temps et lieu; rien ne pressait, tout vient à point à qui sait attendre.

Mademoiselle Finoël savait attendre, la preuve c'est qu'elle restait là sous la charmille, patiemment assise, faisant des cornes à son livre et répétant d'une voix un peu plaintive :

« Toujours à recommencer, les peupliers et la rivière, l'herbe jaune et la colline. »

Son père l'interrompit brusquement. « Mets un chapeau, prends une ombrelle, dit-il, et allons visiter la maison de Georges Darville. »

Solange fit mine de se lever, mine seulement et par pure obéissance.

Si vous le désirez... dit-elle.

Moi, non. C'est pour toi, pour te distraire. Oh! papa, quelle distraction! Nous trouverons une légion de travailleurs, des menuisiers, des serruriers, des peintres; il y a là un bruit, un désordre!

- N'en parlons donc plus, ma fille, j'irai seul, plus tard. Je voudrais presser un peu ces ouvriers qui vraiment tirent les choses en longueur.

- C'est qu'il y avait à faire beaucoup de réparations. Lorsqu'une maison a été louée pendant dix ans....

Il faut cependant en finir, Solange. J'ai promis à Georges de rendre son logis habitable et confortable pour le jour qu'il arrivera à Servin. » La jeune fille hocha la tête.

Ne vous inquiétez point, dit-elle, M. Darville ne viendra pas de sitôt.

- Oui, dà ! c'est ton avis? Eh bien, je suis sûr du contraire. Le pauvre enfant brûle du désir de revoir ses amis, sa maison, son pays natal.

- Il dit cela dans ses lettres, murmura Solange.

Et il le pense, mademoiselle; cet excellent jeune homme m'a ouvert son cœur, et je puis affirmer qu'il souffre d'être éloigné de nous.

· Vraiment, papa, c'est difficile à croire. Qui l'obligeait à nous quitter, à aller à Pondichéry, à y demeurer dix ans ?

- Qui l'obligeait à aller à Pondichéry? Enfant, réfléchis donc; que pouvait-il faire? Son oncle est venu le chercher.

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Mais il y a près d'un an que cet oncle est

En lui laissant une succession embarrassée, n'oublie pas ceci, Solange. Il y avait des dettes, il fallait liquider. A cette heure, il doit en avoir fini avec sa liquidation, et j'attends chaque jour la lettre qui m'annoncera sa prochaine arrivée.

Elle sera la bienvenue, cette lettre, s'écria gaiement mademoiselle Solange. J'aurai grand plaisir à revoir mon camarade de jeux, mon ami d'enfance. Quelles bonnes parties nous avons faites ensemble! Il a cinq ou six ans de plus que moi, mais sa turbulence, son étourderie et la lenteur avec laquelle il se développait rendaient cette différence d'âge assez peu sensible.

Oui, il était étourdi, mais il avait un excellent cœur, fit observer M. Finoël.

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Je crois bien, papa! Je le recevrai comme un frère longtemps attendu et sincèrement aimé. »

M. Finoël la regarda. Elle parlait de son camarade de jeux avec une joie franche et naive, sans embarras, sans arrière-pensée. Le père, prévoyant et prudent, qui avait, lui, ses pensées secrètes, demeura un instant rêveur.

L'arrivée de ce jeune homme amènera un grand changement dans notre existence, dit-il enfin.

-Oui, ce sera plus gai, répliqua tranquillement Solange. Que d'histoires il aura à nous conter! Comme ses récits m'émerveilleront! Quelle oreille attentive je prêterai lorsqu'il nous parlera du pays étrange qu'il habite, qu'il connaît mieux maintenant que notre village natal. Heureux Georges! il s'est promené ailleurs que dans son jardin, il a vu autre chose que les peupliers du rivage et l'herbe de la colline.

Tu en reviens toujours là, fit observer M. Finoël. »

Solange s'appuya tendrement sur l'épaule de son père.

Cette fois, c'est votre faute, dit-elle; vous parlez de voyages et de voyageurs, cela me fait venir l'eau à la bouche. Pauvre petite Solange que je suis! je ne voyagerai donc jamais, moi? Pourtant on m'avait promis de me conduire en

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