Page images
PDF
EPUB

le partage des femmes d'une condition médiocre. Elle ne s'en est jamais plainte, elle a trouvé sa force dans son amour de la famille, son plaisir dans son devoir, et ses joies dans ses affections. A l'heure qu'il est, Henriette, elle est plus riante que vous.

Vous êtes d'une autre génération. Le souffle vicié qui, depuis trente ans, a tout gâté en France, vous a atteinte, ma pauvre petite enfant. Vous n'aimez pas votre situation: au lieu de regarder en bas, vers les gens vraiment déshérités, vous regardez en haut, vers ceux que vous croyez comblés de biens, parce qu'ils regorgent d'argent; et vous les enviez, et vous voudriez leur ressembler, et vous aspirez à un mariage qui vous donne ce luxe et ces plaisirs qui sont devenus l'idéal des jeunes filles. Les jeunes filles! Pauvres ou riches, jadis elles étaient simples, modestes dans leur parure et dans leurs désirs; elles étaient, peut-être, un peu romanesques, et dans la grande affaire du mariage, elles cherchaient non un futur bien riche, mais un fiancé idéal, dont la figure, l'esprit et le caractère répondit à une certaine image gravée au fond de leur esprit. Ces dispositions n'étaient pas toujours bonnes, elles enfantaient des romans passagers qu'on regrettait toute la vie, mais, grand Dieu! le désir effréné de l'argent vaut-il mieux, et les calculs qui dictent la plupart des mariages n'engendrent-ils pas, dans le cœur des femmes éclairées trop tard autant de regrets que les choix romanesques du temps passé?

Mais ne nous perdons pas en réflexions sous prétexte de conseils.

Vous désirez vous marier, Henriette, et je ne vous en blâme pas; vous vous étonnez que les demandes n'arrivent pas, et que, jeune, bien élevée, d'une famille honorable, vous voyiez en perspective cette triste coiffure de Sainte-Catherine, ce célibat isolé et désolé dont la liberté, à Vos yeux, ne compense pas la tristesse. J'ai une trop petite dot, dites-vous. Commentez ce mot, ma chère Henriette, et qu'il dicte votre ligne de conduite. Calculez le revenu de cette dot que vous porteriez à votre mari, et voyez si ce faible revenu suffirait à votre toilette et à ces goûts de dépense et de prodigalité qui sont si évidents chez vous. Aujourd'hui, grâce à la tolérance de vos trop bons parents, votre toilette dépasse votre situation : vous obéissez à la mode autant que vous le pouvez et plus que vous ne le devriez : dès qu'on vous voit, on devine que l'occupation et la préoccupation de votre vie, c'est cette robe, ce sont ces nœuds, ce chapeau enroulé de fleurs, cette coiffure où tant de faux se mêle au vrai, ces gants étroitement boutonnés, cette chaussure démesurément exhaussée... les jeunes gens, parmi lesquels se trouverait pour vous un mari sortable, voient, admirent... et réfléchissent. Ils ont de modestes appointements, des bénéfices peu considérables, une fortune médiocre,

en un mot: comment, la raison le leur dit, suffiraient-ils à ces dépenses et vous fourniraient-ils tant de coûteux colifichets? Vous absorberiez à vous seule la plus grosse part du budget, et que resterait-il alors pour la maison, pour les enfants et pour le pauvre mari? Autre réflexion : ces jeunes gens se disent qu'une femme aussi éprise de la parure doit lui consacrer une immense part de son temps et de son travail, et que, n'ayant pas de femme de chambre, elle consacre ses heures à chiffonner, aidée de la machine à coudre, une des maudites inventions sorties de la boîte de Pandore. Elle n'aura pas le temps de s'occuper de travaux utiles et nécessaires; elle n'aidera pas l'unique servante (comme le fait votre digne mère) à arranger, nettoyer et décorer la maison, elle ne la remplacera pas à la cui. sine les jours de coup de feu, elle ne s'occupera de ses enfants que lorsqu'il s'agira de leur fabriquer quelque nouvel habit; jamais son mari ne trouvera en elle une aide intelligente pour les écritures d'un commerce, par exemple, pour la correspondance, ou pour les répétitions des enfants; l'état de modiste et de couturière absorbera l'épouse, sans rapporter un sou au mari, bien au contraire. Voilà les réflexions et les justes calculs que font ces jeunes hommes, ces petits employés, ces médecins qui débutent, ces comptables aux minces appointements, ces professeurs qui ont plus de science que d'écus... ils calculent et ils s'abstiennent. Quant aux jeunes gens riches, ils font comme les jeunes filles riches, ils cherchent plus d'argent qu'ils n'en ont eux-mêmes. Et voilà pourquoi votre fille est muette, voilà pourquoi, vous, Henriette, et bien d'autres jeunes filles de votre position, vous ne vous mariez pas vous avez mis vos goûts et vos habitudes en désaccord avec votre fortune; vous donnez mauvaise opinion de votre cœur et de votre jugement, et les alliances que vous désirez, qui pourraient développer en vous des vertus dont le germe est au fond de votre âme, ne viennent pas et ne viendront pas s'offrir.

Si, dans ces positions honorables et modestes, vous n'affichiez pas de goûts de luxe et de dépense, si vous vous montriez ce qu'étaient vos mères, raisonnables, ménagères, occupées du bien-être des vôtres, capables de vous employer utilement dans la maison d'un mari, vous ne manqueriez pas cette vocation du mariage, qui est bonne, car le mariage est un grand sacrement en Jésus-Christ, et vous consacreriez votre existence à des devoirs sacrés qu'embelliraient de nobles affections. Voulez-vous accepter ces avis, ma bonne Henriette, ils viennent d'une vieille amie qui vous est bien dévouée.

M. B.

UN RÊVE ACCOMPLI

I

AU CHATEAU

Une longue et quadruple avenue de platanes conduisait à ce château, un des plus jolis de la Normandie, le pays des belles fermes et des beaux châteaux; il n'était pas neuf, il n'offrait pas ces teintes d'un blanc cru qui offensent le regard, il ne montrait pas à ses quatre angles ces tourelles de fantaisie, chères aux hôteliers des bains de mer; aucune faîtière de zino, fabriquée à la grosse, ne surmontait ses toits aigus; l'immense pelouse, déroulée comme un tapis de velours devant le perron, ne portait pas de boule-miroir, où gens et paysage se reflètent en traits hideux; tout était beau, calme et d'un goût sévère; le manoir, bâti sous Henri IV, avait gardé les jolis ornements de cette époque; au-dessus de chaque fenêtre couraient des guirlandes fouillées dans la pierre, et reliées par des mascarons à l'expression spirituelle; du haut des larges balcons, du côté de l'ouest et du sud, on suivait le cours de la Seine plus belle et plus bleue à mesure qu'elle avance vers la mer; l'est et le nord ouvraient sur le parc et sur des campagnes aussi riantes que les plus beaux jardins; au-dessus des toits, s'élevaient deux de ces épis de faïence que les Rothschild paient au poids de l'or, ils étaient le reste d'une plus ancienne construction, car il est à remarquer, que, en dépit des guerres et des révolutions, la terre ne change pas beaucoup de face: dans les mêmes sites où le seigneur gallo-romain avait bâti sa villa aux brillantes mosaïques, l'homme du Nord, le Franc ou le Normand édifia son donjon crénelé et entouré de fossés profonds; la tour tomba sous l'effort des années ou des projectiles ennemis, un château, une maison-forte prit aussitôt sa place et cacha dans ses murs de granit les premières recherches du bien-être, les premières ébauches du luxe, les premières splendeurs des beaux-arts; des temps plus paisibles arrivèrent, on ne guerroya plus de castel à castel, et avec la paix, les demeures seigneuriales virent tomber leurs solides remparts et de nouvelles constructions plus élégantes, faites pour la vie sociale, prirent la place de ces armures de granit, dédiées à la guerre; la Révolution vendit au plus offrant ces

maisons pleines de souvenirs, elle en dispersa les pierres, mais les pierres se ranimèrent, et, dans le même paysage, se mirant dans le même fleuve, le château moderne grandit là où le Romain, le leude, le chevalier, le noble, le magistrat avaient eu leur foyer. Si l'on avait fouillé sous les fondations du château d'Hivray-Saint-Ouen, où s'ouvre ce récit, on y aurait trouvé tous ces vestiges de l'antiquité, qui font rêver, car ils disent: Ici, d'autres hommes ont vécu, souffert, aimé... Qui sait quelles larmes furent versées ici, quel génie s'y éleva, quelles tragédies s'y jouèrent?.... Qui le sait?... les pierres n'en ont pas gardé mémoire et les échos ne le redisent pas!

Aucune tragédie n'assombrissait la famille du château. Elle jouissait paisiblement du charme inexprimable d'une soirée de printemps. Deux antiques aubépines à fleurs roses séparées par des catalpas formaient un demi-cercle plein d'ombre et de parfums; les petits oiseaux étaient déjà couchés dans leurs nids, mais, au loin, on entendait les appels prolongés du rossignol et la voix profonde des grands boeufs couchés dans les pâturages; l'occident était irradié de feu et quelques étoiles scintillaient au levant dans le bleu calme du ciel. Les quatre personnes groupées sous les aubépines regardaient en silence ce tableau qui apparaît tous les soirs et qui n'est jamais le même; la mère de famille, madame d'llivray, fixait l'horizon d'un air préoccupé, elle pensait évidemment à autre chose qu'à contempler, en les admirant, ces jeux de lumière qui eussent ravi Claude Lorrain.

Madame d'Hivray était veuve depuis plusieurs années, mais elle conservait ce grand deuil qui honore la femme qui le porte et qui consacre en quelque sorte la constance de ses souvenirs et la durée de son engagement. Elle avait quarante-cinq ans et des restes de beauté, quoique sa figure et celle de ses enfants aînés, un fils et une fille, offrissent d'une manière caractérisée le type normand, les traits busqués, la boncho en avant et les yeux d'un gris bleuâtre comme la mer, avec le teint frais et coloré qui rappelle le Nord et l'absence de soleil. Sa fille aînée, déjà mariée, déjà mère, était assise auprès d'elle, et son regard quittait souvent sa tapisserie pour suivre les ébats de deux petits garçons, ses fils,

sur le

qui jouaient au cerceau autour du parterre. Une belle petite fille de dix ans environ, jouait seule : elle était à genoux devant son petit jardin, sa propriété, elle arrachait les mauvaises herbes et elle regardait soigneusement si les copsis, semés quatre jours auparavant, avaient levé. Sa poupée gisait près d'elle, décoiffée, les bras ballants et la face contre terre; elle était tout à son horticulture, et dans son attitude penchée, avec ses longs cheveux blonds flottants dos, son profil délicat, ses cils abaissés sur ses joues roses, elle était charmante. Cette enfant était la dernière née de madame d'Hivray; elle avait quinze ans de moins que sa sœur Edmée, douze ans de moins que son frère Amaury, dont elle était la filleule et la favorite. Il se levait parfois du banc où il était assis auprès de sa mère, il aidait Berthe à porter un arrosoir, trop Jourd pour son faible bras, il rattachait une bran- ! che de jasmin qul n'était pas à sa portée, et l'embrassait en passant. Une autre personne complétait cette réunion de famille: c'était une jeune fille qui, toute petite, frêle, timide, effacée, paraissait sortir à peine de l'enfance, quoiqu'elle eût dix-sept ans. Rien en elle n'attirait les yeux; elle était sans beauté et sans éclat; un étranger ne l'eût pas remarquée, mais sa famille la chérissait. Valentine était la nièce de madame d'Hivray, et chérie presqu'à l'égal d'une fille.

Le soleil avait fait ses adieux, il colorait encore de pourpre et de rose le fond de l'horizon. Madame d'Hivray appela Berthe et lui dit :

« Je vois Sara qui vient te chercher; dis bonsoir, chérie.. >>>

L'enfant quitta ses fleurs, rejeta en arrière ses cheveux qui venaient retomber sur son front, comme une crinière dorée; elle embrassa sa sœur, puis Valentine, puis Amaury, puis sa mère, qui la retint un instant et baisa ses joues et son front:

« Bonsoir! bonsoir! dit-elle en s'éloignant et en jetant des baisers avec la main.

J'ai attendu qu'elle fût éloignée, reprit madame d'Hivray, pour parler un peu d'elle. Elle a dix ans.

· Oui, mère, elle a juste trois ans de plus que son neveu Fabien, dit Edmée en souriant de loin à son gros aîné dont elle entrevoyait la silhouette dans le crépuscule.

Il serait bien temps de songer un peu à son instruction; elle ne sait que lire et écrire.

Bah! maman! cela ne suffit-il pas? dit Amaury; la lecture est la clef de toutes les sciences. Elle lira, elle deviendra un phénix, tu ver

[blocks in formation]
[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Ah! chère mère, quand tu as la bonté de parler ainsi, tu me ferais accepter toutes les misses, fussent-elles rousses comme e cheval de l'Apocalypse! >>

Amaury baisa la main de sa mère, qui lui caressa les cheveux, et madame de Fréville dit à son tour:

« On ne peut que t'approuver, chère maman, et j'espère que tu trouveras une perle pour notre petite Berthe. Allons! Fabien! allons! Eugène! il faut aller vous coucher! Montons. Bonsoir, mère!>

La famille regagna le château; madame d'Hivray visita d'abord la chambre de Berthe et s'inclina sur le lit où la petite fille dormait du plus paisible sommeil.

N'était ce teint fleuri des couleurs de la pomme
Ne la diriez-vous pas dans les bras de la mort?

Sa mère la contempla longtemps avec un sentiment un peu triste. Il faudra donc la confier à d'autres mains! l'institutrice leur déplaît, et à moi done! Mais il le faut.....

Elle baisa doucement une boucle légère qui s'échappait de la résille où l'enfant enfermait ses cheveux, et elle s'éloigna, en se disant encore: Il le faut! mais qu'il m'en coûte, mon Dieu! Madame d'Hivray était veuve depuis six ans d'un mari uniquement aimé. Peut-être M. d'Hivray, dernier rejeton d'une vieille race normande, n'avait-il pas épousé par pur amour mademoiselle Vallée, fille d'un filateur, dont la

forte dot venait rendre de l'éclat à son vieux blason, mais il avait trouvé en elle un cœur si dévoué et si affectueux, une raison si solide, elle lui avait été une si tendre compagne, que l'amour conjugal était venu, avait cimenté des liens sacrés, et duré constamment jusqu'à la mort de l'époux, et au delà, puisque sa mémoire attirait tout le cœur de la veuve.

Elle était respectée et aimée de ses enfants; sa fille Edmée, un peu froide, lui rendait toutefois de grands devoirs. Amaury chérissait et vénérait sa mère, la petite Berthe se laissait aimer, et Valentine figurait dans un coin de ce tableau de famille, où, selon toutes les prévisions, elle devait un jour occuper la première place.

II

L'EXAMEN

L'examen écrit pour le brevet supérieur était fini, les juges du camp avaient rendu leur sentence, et les pauvres filles exclues, coupables ou d'un excès de timidité ou d'un excès d'ignorance, s'en allaient tristement, en passant devant les statues de Laplace et de Malherbe qui décorent le péristyle de l'Université de Caen; les élues, celles qui se voyaient appelées à l'épreuve orale, restaient, et bien émues, attendaient le moment de comparaître devant l'aréopage. Que de cœurs palpitants! Que d'expressions inquiètes sur ces jeunes visages, et que de destinées différentes dans ce groupe féminin ! De pauvres jeunes filles qui portaient sur leur front soucieux les inquiétudes de toute une famille, frôlaient de leur petite robe usée, l'enfant riche, chérie, qui venait demander au diplôme un succès de plus, un mérite tout personnel, et qui affrontait l'examen, avec un peu de trouble vaniteux; l'une avait non loin d'elle sa mère, plus anxieuse qu'elle-même, une pauvre mère, veuve, chargée de petits enfants, et qui comptait sur cette aînée, son orgueil, pour donner du pain à toute la couvée; l'autre était accompagnée de son institutrice, qui la soutenait et l'encourageait, et elle savait quel tendre accueil l'attendait à la maison paternelle ! Que de félicitations pour le succès! que de consolations pour un échec! Et puis, sa vie reprendrait comme toujours, avec son bien-être et ses joies, avec ses horizons souriants; mais pour l'orpheline, quel serait l'avenir, si elle échouait?... Plus loin, seule, une jeune fille attendait, les yeux baissés et l'air calme: aucun trouble ne se lisait sur son visage recueilli, elle était venue là pour obéir, elle avait quitté les murs de son couvent, elle avait revêtu une dernière fois un vêtement séculier, elle venait subir l'examen, afin d'avoir le droit d'enseigner les pauvres, et elle remettait avec une pleine confiance, entre les mains de Dieu, l'issue de son entreprise. Le soir, elle retournerait à son monastère, elle repren

drait son voile et son scapulaire, elle s'humilie:rait devant ses compagnes de son insuccès ou glorifierait Dieu en silence, s'il avait donné la lumière à son esprit et l'à-propos à ses paroles, et qui aurait pu voir clair dans son âme aurait cru entrer dans un royaume de paix.

On appela les quatre premières prétendantes; la jeune religieuse joignit les mains, elle priait pour elles. Elles s'assirent devant les examinateurs qui les regardèrent avec cet intérêt demipaternel, demi-railleur que ces savants hommes pratiquent volontiers. La première de ces jeunes filles était connue de tous, elle appartenait à une famille opulente de Caen, et jolie, élégante, elle se présentait avec une certaine assurance. Ses deux voisines, plus humbles, venaient de la campagne; leur robe et leur tournure le révélaient. Elles faisaient partie de la déraisonnable armée qui déserte les champs pour la ville, l'indépendance pour le servage, le travail dans la famille pour un salaire chez des étrangers; la quatrième paraissait bien pauvre, mais quelle charmante tête sortait de ce petit chapeau de paille noire, et comme cette robe de toile de Vichy était bien faite et bien portée! Elle ne semblait pas déconcertée, et elle attachait ses yeux noirs et doux sur les examinateurs, prête à leur répondre, et sûre de trouver en eux, à côté de l'équité du juge, l'indulgence de l'homme pour une jolie figure. Mais cette puissance qu'elle se connaissait, Lucie Thory n'eut pas besoin d'y recourir; toutes les questions la trouvèrent armée en guerre; elle était invincible en grammaire, très-forte en géographie, on ne pouvait pas la débusquer dans les problèmes d'arithmétique; l'histoire semblait être sa passion, elle soutint même une jolie et courtoise discussion sur les origines des maisons souveraines d'Allemagne. Les juges souriaient, les deux paysannes, venues du Bocage normand, écoutaient avec une surprise un peu jalouse, mademoiselle Paule de Broville paraissait contente et applaudissait du regard. Les brevets furent décernés: Lucie Thory obtint le diplôme supérieur, avec éloges et compliments; mademoiselle Paule eut le brevet qu'elle méritait d'ailleurs par son intelligence; une des Normandes fut renvoyée à la prochaine session, et la seconde reçut un certificat de capacité. Paule vint vers Lucie et l'embrassa en lui disant avec effusion:

« Je suis enchantée, mademoiselle, vous avez si bien répondu ! »

Lucie l'embrassa à son tour, en la caressant d'un regard de ses beaux yeux, et elles rentrèrent dans la grande salle : une femme pâle, mesquinement vêtue et moins âgée sans doute qu'elle ne le semblait, se jeta au-devant de Lucio.

« Maman! j'ai mon diplôme ! diplôme supérieur !

[blocks in formation]
« PreviousContinue »