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lards bien malheureux, bien dignes de compassion. Tous les jours ce sera la méme peine, puisque je n'ai plus de lits, tout est au grand complet. J'ose donc faire un appel à vos généreux abonnés. Voici d'abord quelques détails sur nos vieillards. Depuis plusieurs mois, quelques-uns sont allés chez le bon Dieu bien disposés, bien préparés. Un entre autres m'a fait demander quatre jours avant sa mort : « Ma Sœur, m'a-t-il dit, « lorsque je serai au ciel, vous exhorterez ma femme à adorer <« le bon Dieu, elle n'a pas la foi et moi je suis si heureux de « mourir chrétien,que je voudrais la voir chrétienne aussi.» L'hôpital a aussi ses consolations: que de malades dans une année y trouvent le salut! ils viennent chercher la santé du corps et le bon Dieu, pendant la maladie, leur fait connaître les vérites saintes et au moment de la mort ils reçoivent le baptême.

« Permettez-moi de vous dire un mot de mes chers petits estropiés. Cette œuvre grandit tous les jours; mais il faut pour la développer, chercher un travail à leur portée et par ce moyen, pouvoir ne jamais faire de refus à ceux qui viennent à notre porte demander leur admission. Ce travail a été trouvé, les petits estropiés font des ouvrages magnifiques en dentelle cols, mouchoirs, carrés, etc. Mais la difficulté maintenant, c'est la vente! Peut-être à Lyon, ou ailleurs, me trouveriez-vous des débouchés. Il en est de même pour le satin que font aussi les orphelins de notre maison. Ces derniers n'ayant aucune infirmité, peuvent bien le tisser. Mais il faut aussi trouver à le vendre! Alors grâce à cela, nous pourrons sans témérité ouvrir nos portes toutes grandes pour recevoir tous ces pauvres enfants païens. Elevés par nous, ils seraient plus tard les chefs de bonnes familles chrétiennes! Voilà mes petits projets, je les confie à votre cœur. »

Japon.

Mgr Cousin, évêque de Nagasaki, nous envoie l'état de sa mission au 15 août 1899:

« Le diocèse de Nagasaki comprend le Kiushiu et les différents groupes d'iles qui en dépendent, savoir: Amakusa, Goló, Ilirado, Ikitsuki, Iki, Tsushima et l'archipel de Riukiu. La population totale (31 décembre 1894) était de 6.377.080 et la population catholique (15 août 1899) de 36.117.

Le personnel de la mission comprend : 1 évêque, 30 missionnaires, 26 prêtres indigènes, 6 cleres: 2 diacres, 4 tonsures; 50 catéchistes indigènes (hommes et femmes) travaillant à la conversion des infidèles; 150 catéchistes indigènes (hommes et femmes) chargés de l'instruction religieuse dans les anciennes chrétientés; 12 baptiseuses ambulantes; 15 religieux Marianistes, dont 2 prêtres; 20 religieuses du Saint-Enfant Jésus, 9 religieuses indigènes et novices, 5 religieuses Franciscaines Missionnaires de Marie.

«La mission compte: 37 postes ou résidences; 110 chrétientés; 59 églises ou chapelles; 50 oratoires (simples chambres servant provisoirement de chapelles), 1 séminaire avec 40 élèves; 1 école pour les catéchistes: 8 élèves; 1 noviciat de religieuses: 4 postulantes; 4 écoles de garçons: 450 élèves, et 5 écoles de filles : 850 élèves; 1 salle d'asile : 50 enfants; 10 communautés de femmes indigènes (soin des malades, instruction des jeunes filles, etc.) comprenant 170 personnes; 5 termes ou ouvroirs, avec 108 personnes; 7 orphelinats; 260 enfants, dont 87 entretenus à l'extérieur; 1 hôpital pour les étrangers, malades reçus pendant l'année, 43; 1 léproserie, malades soignés, 105; 4 pharmacies.

« Du 15 août 1898 au 15 août 1899 ont été administrés 478 baptêmes d'adultes, 276 baptêmes d'enfants de païens, 1.260 baptêmes d'enfants de chrétiens, 343 confirmations, 21.630 confessions annuelles, 19.784 communions pascales, 299 Viatiques, 399 Extrêmes-Onctions, 329 mariages. »

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le 6 janvier, tout le pays est couvert de neige. A Constantine, nous avons eu 15° au-dessous de zéro. Cette température glaciale, qu'on n'avait jamais constatée dans la province, a déjà de bien funestes conséquences : les labours retardés à cause de la sécheresse ne pourront plus être repris; la mortalité est effrayante parmi les bestiaux, les colons et les indigènes sont dans la désolation. Les malheureux Arabes, à peine vêtus de haillons qui ne les défendent pas contre le froid, assiègent ma porte pour me demander des secours. Ils sont déjà bien nombreux. Que sera-ce lorsque la circulation sera rétablie? Je fais distribuer des vivres trois fois par semaine car la charité est la prédication la plus puissante. Ce n'est que par la charité que nous pouvons faire du bien aux musulmans et les amener lentement à la connaissance et à l'amour de notre divin Maître. La charité serait bien efficace si nous pouvions l'exercer plus largement, mais le diocèse est pauvre, le plus pauvre et le plus éprouvé de l'Algérie.

«Malgré cette détresse, j'ai constaté avec satisfaction que le directeur diocesain de l'Euvre de la Propagation de la Foi a pu vous envoyer, cette année, 5.800 francs. C'est une augmentation notable sur les envois des années précédentes. C'est que les missionnaires et les prêtres comprennent bien, comme leur Evêque, que les œuvres du diocèse ne pourraient pas vivre sans votre concours généreux et, pour prouver notre reconnaissance, nous nous efforçons de provoquer des offrandes pour la Propagation de la Foi. Euvre admirable! Je la bénis de tout cœur, et je demande à Dieu par mes plus ferventes prières, de la rendre plus féconde encore afin qu'elle puisse étendre le règne de Notre-Seigneur par toute la terre. »

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Fidji (Océanie). Mgr Vidal, Mariste, vicaire apostolique des îles Fidji, nous écrit de Suva, le 3 décembre 1899, en la fête de saint François Xavier :

« Me voici de retour des îles Salomon et j'espère que, sous peu, j'aurai fait face aux difficultés de l'heure presente et expédié la rude besogne qui s'est accumulée durant mon absence de six mois; alors je me propose de vous adresser quelques pages sur l'Archipel Salomon et sa mission nouvelle. « On nous pousse à commencer prochainement un asile pour les lépreux. Le gouvernement nous aiderait un peu; mais dans une trop faible mesure pour que, dans les circonstances actuelles, il me soit permis d'entreprendre cette nouvelle oeuvre. Et cependant pourrai-je résister longtemps et ne pas tenter l'impossible! Je n'ose le promettre, car il s'agit de sauver des âmes! »

PROMENADES EN NORVÈGE

Par Mgr FALLIZE, vicaire apostolique

Suite (1)

A Tin. Nos petits chevaux, qui ont eu le temps de se reposer, nous emportent au triple galop. La petite fille du maître de station, assise derrière moi sur ma malle pour ramener plus tard les chevaux, a toutes les peines du monde à conserver l'équilibre.

Le pays est encore riant et fertile; mais bientôt arrivent les forêts avec de rares clairières, animées par de jolies fermes. Lorsque nous passons auprès d'une de ces fermes, les poules se sauvent en criant, comme si le vautour allait s'abattre sur elles; le chien fait un vacarme épouvantable; le cheval tend son long cou à travers la lucarne de son étable et salue d'un long hennissement nos coursiers; les enfants mettent leur tête à la fenêtre et nous envoient de leurs petites mains un aimable salut; le paysan, occupé à

(1) Voir les Missions Catholiques des 5, 12, 19, 26 janvier et 2 février.

aiguiser son long tollekniv (voir la grav. p. 67), nous jette un regard amical sans interrompre sa besogne et nous-mêmes, nous jetons un regard d'admiration sur ce magnifique stabur (garde-manger) (v. la grav. ci-dessous), qui a vu passer des générations et des générations.

Les montagnes Himingen, Haeksfjeld et Kjæivingfjeld aux cimes poivre et sel semblent nous inviter à aller les entretenir un peu dans leur solitude. Nous devons résister à la tentation pour ne pas manquer notre étape du soir. C'est l'hôtel, je devrais plutôt dire l'ermitage de Tinoset

à l'extrémité sud du lac Tinsjoë que nous avons choisi pour passer la nuit. Nous y trouvons bon nombre de touristes, car, depuis que le lac est sillonné de deux petits bateaux à vapeur, les touristes y affluent c'est d'abord le lac qui les attire puis l'ascension du pic Gausta et plus loin la fameuse cascade Rjukanfos, qu'on ne peut atteindre qu'en passant par la porte du lac.

Le matin suivant nous trouve sur le pont de la petite barque à vapeur Fin. C'est une bien frêle embarcation, mais elle file comme une flèche, à l'ombre des montagnes

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NORVÈGE. GARDE-MANGER DU TELEMARKEN; d'après une photographie envoyée par Mgr FALLIZE vicaire apostolique (voir le texte).

qui resserrent le lac des deux côtés. Le capitaine, un petit vieux d'une rare vivacité, est déjà en pleine conversation allemande avec mon compagnon. Il est fier de son lac et en explique tous les secrets.

« - Voyez-vous, dit-il, ce pic, qui menace le ciel ? C'est le Lifjeld, un vilain gaillard, qui nous envoie souvent à l'improviste les grains que nous appelons kastvind. En un tour de main le vent change en écume les paisibles flots du Tinsjoe, et nous avons toutes les peines du monde à éviter un naufrage. Pas plus tard qu'avant-hier il a enlevé là, devant moi, à une pauvre paysanne deux grandes jattes de

lait pour les jeter dans le lac. J'ai navigué pendant trente années un peu tout autour du globe; mais j'ai presque plus peur du kastvind norwégien que du cyclone des tropiques. Mais enfin, nous sommes entre les mains de Dieu.

« Le pasteur d'ici en est la preuve. Vous voyez là à gauche, au pied de ce mur gigantesque de granit, cet amas de blocs, qu'avec le temps la gelée a détachés des rochers et a fait rouler dans l'abîme. Nous appelons un tel amas un ur. Or, il y a quelques années, le pasteur; en revenant en barque d'une visite, fut surpris par le kastvind. Le vent et les vagues lancèrent la barque contre les rochers et la

brisèrent, et c'est par un vrai miracle, que le passager put se réfugier sur cet ur. Mais comment sortir de là? Derrière lui une paroi abrupte, ayant plusieurs centaines de mètres de hauteur, devant lui le lac, qui a une profondeur de près de mille mètres. Pendant trois jours et trois nuits, il appela au secours et pria Dieu; alors seulement ceux qui le cherchaient, le découvrirent, exténué et presque que mort, »

Le bon vieillard était en verve. Il ajouta aussitôt :

« Voilà le mauvais côté

de la médaille, mais il y a aussi le côté poétique. Vous voyez d'ici cette saillie sur la pente. Vous savez que nos ancêtres païens avaient peuplé

de leurs divinités toutes leurs montagnes et leurs vallées. A l'intérieur du pays là où se dressent nos pics les plus majestueux, couverts de neiges éternelles, habitait le dieu Jotun; c'est pour cela que la contrée se nomme Jotunheim. Or la fiancée de ce brave Jotun vivait de l'autre côté du lac, là où vous voyez, au pied des montagnes, une gracieuse ferme. Il désirait lui faire une visite; mais, ne voulant pas faire le tour du lac, qui a 34 kilomètres de long sur 2 à 3 seulement de large, il résolut de le franchir d'un seul saut. C'est ce qu'il fit; et cette saillie marque la place où il enfonça son talon en par

tant, et de l'autre côté du lac, son pied, en touchant le rocher, fit précisément cet enfoncement, où la ferme s'est nichée plus tard. >

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dans la lune ou encore sur notre vieille terre. Mais voilà que l'un d'eux découvre sur la neige une boite d'allumettes norvégiennes, perdue par un touriste. Cette trouvaille les rassura en leur apprenant qu'ils n'étaient pas trop loin de gens civilisés. Ils furent reçus et fêtés comme des héros par les habitants, et si vous voulez voir les restes de leur aérostat, vous n'avez qu'à aller au Musée de Christiania, où ils sont religieusement conservés. »

Entre temps notre petit bateau a contourné l'imposante montagne Haakenæsf jeld. Un instant notre regard, en suivant la vallée qui forme le prolongement de l'enfoncement du lac, peut se promener sur l'immense plateau qui, à une énorme hauteur, va s'étendre sous le nom commun de Hardangervidden, jusqu'au fond du Hardangerfjord. Un instant plus. tard nous abordons à l'embarcadère de Fagerstrand, où déjà une confortable calèche, retenue pour nous par l'amabilité du bureau Cook, nous attend.

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NORVÈGE. PAYSANS DU TELEMARKEN; d'après une photographie envoyée par Mgr FALLIZE (voir p. 66).

En ce moment je dus interrompre l'aimable causeur pour dire un mot à mon compagnon. Je le fis en français, afin de ne pas être compris des personnes présentes.

"Ah! Monsieur, vous parlez français? répliqua le brave capitaine en bon français; vous devez être Français. Eh bien! voici quelque chose pour vous. Voyez-vous ce pic? Il a une hauteur de près de 5.000 pieds. C'est là qu'atterrirent le 15 novembre 1870, deux aéronautes français, partis en ballon quinze heures auparavant de Paris assiégé. Les passagers ne savaient pas s'ils se trouvaient

Mais voilà notre vieux capitaine qui s'était absenté un instant pour diriger la manoeuvre de son bateau et le faire entrer à bon port. Il est agité, comme si trois kastvinds allaient nous assaillir à la fois.

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avec

Monseigneur! me dit-il, et sa voix vibre d'émotion, Monseigneur! vous me pardonnez, n'estce pas?... d'avoir causé si familièrement Votre Grandeur! A l'instant seulement j'ai pu arracher à votre compagnon le secret que vous êtes évêque. Et moi, qui ai beaucoup voyagé en pays catholiques, je sais comment on doit se comporter vis-à-vis d'un évêque. Vous irez jusqu'au Rjukanfos, et puis vous pourrez reprendre le bateau pour revenir à Tinoset. Ne vous pressez pas, mon Fin vous attendra ici jusqu'à l'heure qu'il vous plaira d'assigner à votre retour. Les autres passagers n'auront qu'à patienter, car un retard ne leur fera perdre aucune correspondance, parole du capitaine Olsen! »

J'aurais pu embrasser ce petit vieillard au grand cœur.

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Départ pour la Sainte-Famille.

Accident. Banziris contre Bondjo. — Souvenir au Frère Séverin.

A Saint-Paul, il faut dire adieu à la navigation à vapeur et prendre place sur de légères pirogues, pour passer les rapides. Une équipe de solides Banziris, conduite par deux anciens élèves de la mission, s'offrit pour me conduire à la mission de la Sainte-Famille. Je m'embarque.

Grâce aux longues perches qui fonctionnent à l'avant pendant que les pagaies frappent l'eau en cadence à l'arrière, nous avançons rapidement. Une pincée de sel ou une feuille de tabac donnée à propos activent encore l'ardeur de l'équipage. Tout à coup la pirogue lancée à grande vitesse butte sur un tronc d'arbre qui manque de nous faire chavirer.

si peu : ils Les pagayeurs ne s'embarrassent pas pour sautent à l'eau, soulèvent la pirogue avec leur dos, la dégagent de l'obstacle et remontent lestement en se secouant comme des canards, sans s'inquiéter autrement des blancs qui n'ont qu'à quitter leur costume s'ils ne veulent pas être mouillés!

Mais nous voilà arrivés dans la région des rapides, et l'équipage demande que nous prenions du renfort. On aborde au pied du village et un Bondjo, prend place dans notre esquif, heureux de la brasse d'étoffe à cinq sous qui vient de lui être généreusement octroyée.

Mais comment combiner son action avec celle des Banziris? Le premier, en effet, ne se sert que de son énorme pagaie, semblable à une palette de moulin, tandis que les Banziris n'usent que de petites pagaies et de longues perches dont l'extrémité s'arc'boute sur les rochers du fleuve. La pagaie du Bondjo sert tant bien que mal de gouvernail; mais, au moindre faux coup de barre, les Banziris réclament et improvisent narquoisement une chanson satirique à l'adresse du Bondjo qui se garde bien de réclamer, se sentant seul de sa tribu.

Les choses se passent sans encombre cependant, et bientôt le rapide au delà duquel fut massacré, l'année dernière, le Frère Séverin, est doublé. Avec quelle émotion je me prosterne devant le terrain teint du sang de notre généreux martyr! Le village coupable de l'attentat a disparu; son chef a été pris par les autorités belges et ne tardera pas à subir le châtiment qu'il mérite. Un silence de mort pèse sur ces cases détruites et envahies par les grandes herbes. Les pagayeurs banziris ne disent plus un mot, et le

(1) Voir le no du 2 février.

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A un coude brusque du fleuve, on aperçoit dans le lointain des habitations européennes, au-dessus desquelles se dressent la croix et le pavillon français. C'est la mission de la Sainte-Famille, qui se trouve là à 2.200 kilomètres de la côte.

Le tam-tam redouble de tapage et les sons se répercutent au loin pour prévenir de notre arrivée. Bientôt, en effet, on voit des banderolles s'agiter dans les airs. On a reconnu la pirogue des missionnaires et le tam-tam a annoncé par de savantes combinaisons de sons que le Grand Chef est à bord.

Nous abordons au débarcadère, où le personnel blanc et noir de la mission se presse pour recevoir ma première bénédiction.

La station apostolique ressemble en ce moment à un camp militaire, car il y a là cent cinquante tirailleurs avec leurs officiers et sous-officiers, qui vont se diriger vers le Chari et le Tchad. C'est le renfort pour le commandant Marchand que j'avais monté d'urgence huit mois auparavant et qui, à mi-route de Fachoda, avait dû faire volte-face.

Je laisse à penser si les blancs étaient enchantés de cette promenade inutile et des rudes privations qui en avaient été la conséquence.

L'un d'eux, le brave lieutenant Archambault, était mort des suites de ces fatigues.

En partant de Brazzaville, il était en excellente santé; mais, à bord du bateau, il fut pris d'une fièvre bilieuse qui inspira des inquiétudes au docteur de l'expédition. Aussi, en passant à Liranga, on le débarqua à notre mission de Saint-Louis, où les soins les plus assidus et les

plus fraternels lui furent prodigués pendant plusieurs semaines. Il se remit, continua son voyage et arriva bien portant à Banghi.

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Là, il dut faire un voyage d'un mois en pirogue sur les rapides et s'avança assez loin dans l'intérieur. Après l'abandon de Fachoda, le gouvernement donna à la colonne de renfort, commandée par le capitaine Julien, l'ordre de redescendre et de se replier sur le Chari et le Tchad. C'est ainsi que toute la colonne revint à la mission de la Sainte-Famille, qui servait de point de départ pour le Chari. Peu de jours après son arrivée, le lieutenant fut repris de la fièvre bilieuse. Le Père Luec, habitué à soigner ces maladies, voulut lui faire suivre un traitement énergique. Le lieutenant, qui ne se croyait pas atteint gravement, refusa absolument, croyant s'en tirer comme la première fois à Liranga.

Le Père Luec, voyant le danger, envoya une pirogue d'urgence à Banghi, chercher un docteur et celui-ci arriva rapidement après avoir marché nuit et jour pour franchir environ 250 kilomètres sur les rapides. Tous les soins furent prodigués au malade, mais inutilement. Le Père Luec entendit sa confession et lui administra l'ExtrêmeOnction; la mission lui fit des funérailles solennelles.

Les officiers et les hommes de sa Compagnie pleurèrent le défunt qui n'avait su s'attirer que des sympathies. Quelques jours après (1er juin), j'arrivai à la Sainte-Famille et je ne pus qu'aller prier sur sa tombe. J'ai demandé à Dieu d'adoucir pour ses chers parents l'amertume de la séparation. Le corps du lieutenant repose en terre sainte et des prières sont dites chaque jour pour le repos de son âme. (A suivre).

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TERRITOIRE INDIEN (Etats-Unis). - L'ÉCOLE DE PAWHUSKA; d'après une photographie envoyée par le R. P. SAVINIEN (voir le texte).

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savent que nous apprendrons consciencieusement à nos élèves à parler, à écrire, à compter en anglais, résultat qu'ils redoutent et voudraient retarder le plus longtemps possible.

L'école sur la colline » (c'est ainsi qu'on désigne à Pawhuska l'école du gouvernement) a toute leur confiance. Elle a fait ses preuves. Elle peut garder un Indien pur sang, voire même un Métis, intelligent d'ailleurs, pendant six ou huit ans, et le renvoyer à sa famille, ne sachant presque ni lire ni écrire et souillé de vices qu'il n'aurait pas appris au camp. A ce compte-là, les Indiens ne sortiraient jamais de leur infériorité et de leur dépendance. Les pères de famille commencent à s'en apercevoir; ils nous disent : « - Construisez une école pour les garçons et elle sera remplie aussi vite que celle des filles. » Les Sœurs ont eu quarante élèves internes, le jour de

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