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pas s'inquiéter outre mesure au sujet de nouvelles qui ont besoin d'être confirmées. En effet, cette communication renferme des données inexactes et incomplètes. D'abord elle donne les sept missionnaires belges comme étant de l'ordre des lazaristes qui est celui de Mgr Favier; or, les missionnaires nommés dans le journal appartiennent tous à la Congrégation des Pères de Scheut, qui n'est pas celle de Mgr Favier, évêque de Pékin. En outre, il s'agit de savoir de quelle source M. le ministre Joosten tient cette nouvelle. En supposant qu'elle lui ait été communiquée par les missionnaires de Mongolie, ceux-ci auront dû la notifier par lettre, le télégraphe ne fonctionnant pas en Mongolie; en ce cas, puisqu'ils connaissaient le nombre exact des missionnaires tués, comment se fait-il qu'ils n'aient pas ajouté les noms?

<< Et s'ils pouvaient faire parvenir un courrier jusqu'à Pékin, comment ne le chargeaient-ils pas aussi d'une lettre qui aurait pu transmettre la nouvelle à la Maison-Mère des missionnaires de Scheut, vu qu'à la date du 13 octobre la nouvelle était déjà connue à Pékin.

«Il est donc tout à fait probable que cette rumeur aura été divulguée à Pékin par des Chinois; ceux-ci, ayant vu les résidences dévastées et détruites par les Boxers, en auront conclu que les missionnaires avaient également péri sous leurs coups. C'est une chose assez ordinaire pour des Chinois de prendre leurs appréhensions pour des réalités.

«S'ils ont été témoins oculaires du massacre des missionnaires, on ne s'explique pas comment ils connaissent le nom du Père Abbeloos et ignorent celui des trois autres. En somme, il y a dans cette communication des données trop incertaines pour y ajouter foi avant que l'on ait reçu à Scheut confirmation explicite et complète.

« Des missionnaires français ont déjà été annoncés comme tués alors qu'on apprit plus tard qu'ils étaient sains et saufs; l'expédition Fivé a été tenue pour massacrée en Mongolie tandis que maintenant elle paraît être arrivée en Sibérie. »

Nagasaki (Japon). — M. E. Raguet, des Missions étrangères de Paris, écrit de Kagoshima le 23 septembre, à M. l'abbé Marnas :

« Le 15 août 1899 était le trois cent cinquantième anniversaire de l'arrivée de Saint François Xavier au Japon. C'est ici même à Kagoshima, chef-lieu de la principauté de Satsuma qu'il débarqua (1), c'est ici qu'il résida tout d'abord pendant plus d'une année chez le premier Japonais converti, nommé Anjiro ou Paul de Sainte-Foi, opéra des miracles, notamment la résurrection d'une jeune fille, et jeta les fondements de cette Eglise du Japon, qui devait donner au Ciel tant de martyrs. Aujourd'hui rien pour ainsi dire ne rappelle à Kagoshima de si grands souvenirs. Notre chapelle de Saint François-Xavier n'est qu'une vieille maison japonaise de huit mètres de long sur sept de large, et de deux mètres et demi de haut. Une lithographie de trois sous de la maison Dopfer est la seule image que nous possédions du grand apôtre.

« Or, un peu avant l'aube de ce grand anniversaire, tandis que le missionnaire et les chrétiens de Kagoshima s'apprêtaient à le célébrer de leur mieux, survint tout à coup un typhon d'une telle violence, que ces parages accoutumés cependant aux tempêtes, n'en n'avaient pas essuyé depuis plus de soixante ans. Les portes et les fenêtres de la pauvre chapelle furent arrachées et brisées, le toit emporté, l'autel inondé, et tous les décors de la fête mis en lambeaux. C'est sous la pluie et au milieu des débris, que nous dûmes chanter : Gaudeamus omnes in Domino! Dans la province 26.427 constructions avaient été abattues, plus de 10.000 à moitié renversées, et plus de 50.000 fortement endommagées. La résidence du missionnaire était de ce nombre, et sept familles chrétiennes se trouvaient sans abri.

<< Certes, c'est de tout cœur que nous baisons la main du Père céleste; mais cette épreuve en un pareil jour nous est comme une sommation de la Divine Providence d'avoir à rem

(1) Le jour de l'Assomption 1549.

placer notre misérable oratoire par un vrai sanctuaire, moins indigne de Dieu et de notre saint Patron.

« Une chapelle commémorative plus belle que vaste, servant d'église paroissiale et rappelant par ses ornements et ses inscriptions la vie de Saint François-Xavier et son séjour à Kagoshima le ferait en quelque sorte revivre parmi nous. Elle serait une éloquente et continuelle prédication pour la population de Satzuma qui le connait à peine, et hâterait sans doute les conversions qu'il a implorées si ardemment en ces lieux pendant plus d'une année. Cette construction est, depuis bien des années, vivement désirée par S. G. Mgr l'évêque de Nagasaki, de qui relève Kagoshima. Vu l'abondance de la pierre à bâtir elle pourrait s'exécuter dans d'excellentes conditions, et elle nous mettrait à l'abri des incendies si désastreux au Japon. Hélas! nous n'avons pour l'entreprendre que notre extrême pauvreté.

« Il y a déjà partout tant de misères à soulager, tant d'œuvres à soutenir, que j'ai longtemps hésité à faire un appel à la charité catholique. Je m'y décide cependant à la pensée, qu'il y a beaucoup d'âmes dont le bonheur est de donner encore et toujours. Et puis tandis qu'autour de nous se dressent fièrement de magnifiques temples bouddhistes, notre pauvre masure, qui menace ruine, fait vraiment peine à voir. « Est-ce << donc là, disent les payens, tout ce que les chrétiens ont pour << honorer leur Dieu, et Jésus-Christ, et leur saint FrançoisXavier? »>

« Va donc, ina pauvre supplique, au nom de saint FrançoisXavier et pour ce cher Japon qui faisait « les délices de son <«< cœur ! », va frapper à la porte des innombrables admirateurs du grand apôtre. Dis-leur le dénûment du prêtre qui continue son œuvre à Kagoshima, et supplie-les de le doter d'une chapelle commémorative de son séjour et de ses bienfaits. Son amour et leur charité suppléeront à ton insuffisance.

« Un livre d'or conservera le souvenir de nos bienfaiteurs et de leurs dons, et à chacune de nos réunions du dimanche nous nous ferons un devoir, suivant l'usage établi déjà, de prier le Seigneur de récompenser au centuple leur générosité. »

Tunisie. nous écrit: << Djerba possédait depuis vingt-six ans une école de filles dirigée d'abord par les Sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition et ensuite, depuis 1891, par les Sœurs blanches de Notre-Dame d'Afrique envoyées ici par son Em. le cardinal Lavigerie avec les PP. Blancs qui dirigèrent la paroisse jusqu'en l'année 1898. Ces bons Pères, appelés pour les missions de l'intérieur, remirent la paroisse aux prêtres du diocèse de Carthage et en juillet 1899 les Sœurs Blanches les suivirent.

M. de Smet, missionnaire dans l'ile de Djerba,

« Le gouvernement du Protectorat, sur les innombrables pétitions de la pieuse population de Djerba, demanda à l'archevêque de Carthage des Religieuses pour remplacer les Sœurs Blanches. Sa Grandeur Mgr l'Archevêque ne put les trouver et une lettre désolée me disant que partout il lui avait été répondu par des fins de non recevoir, précéda de peu l'arrivée des institutrices laïques. Celles-ci n'ont pu se faire aimer et la population redemande des sœurs. Pourrai-je par l'intermédiaire du Bulletin des Missions trouver pour mes paroissiens les Sœurs tant souhaitées? Il faudrait une ou deux Sœurs (une suffirait) ayant le brevet requis pour l'enseignement. Son traitement sera fourni par la direction de l'enseignement. Mgr l'Archevêque y ajouterait un subside de 400 à 600 francs. A ces ressources ordinaires il faut encore ajouter les offrandes de la population.

« Le climat de l'Ile de Djerba est un des plus beaux du monde ; il était déjà réputé dans l'antiquité. Les rapports avec le continent sont faciles trois heures de navigation jusqu'à Gabès et huit heures de traversée jusqu'à Sfax.

« Le gouvernement du Protectorat s'occupe activement de l'introduction ici de la sériciculture qui, dans peu d'années, aura pris une grande extension dans l'île. J'ai eu le bonheur d'être le père de cette idée dont la réussite peut être considérée dès maintenant comme certaine. »

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PROMENADES EN NORVEGE

Par Mgr FALLIZE, vicaire apostolique
Suite et fin

Peu à peu la famille s'agrandit. Thorval n'est plus seul à recevoir les caresses paternelles et maternelles. Il lui arrive des frères et des sœurs en tel nombre que la maisonnette ne peut presque plus loger tous les petits lits. En Norvège les familles sont très nombreuses, et, malgré une émigration énorme, principalement vers le Minnesota et le Wisconsin américains, la population de la Norvège augmente rapidement, gros surcroît de travail et de soucis naturellement pour les parents.

Ce qui présente la plus grande difficulté, c'est l'éducation des enfants. Il y a bien de bonnes écoles publiques; mais les distances sont énormes et les chemins difficiles. Le père ou un domestique doit conduire les enfants à l'école, soit en voiture, soit en barque, et souvent, lorsque l'école est par trop éloignée, les enfants doivent être mis en pension chez des amis habitant dans son voisinage. L'instituteur ou l'institutrice ne séjourne dans chaque localité que dix à douze semaines par an et va ensuite remplir ses fonctions ailleurs. Pendant le reste du temps, c'est le père et la mère qui continuent l'instruction des enfants, et ils le font avec un dévouement infatigable. Tandis que la maman fait la classe proprement dite (voir la grav. ci-dessus) et apprend aux filles les innombrables travaux manuels que la vie

LA MÈRE INSTRUIT SES ENFANTS; d'après une peinture de TIEDMAND.

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Oubanghi (Afrique équatoriale). Le R. P. Gourdy, de la Congrégation du Saint-Esprit, écrit de la mission Saint-Pauldes-Rapides:

« Les eaux de l'Oubanghi, extrêmement basses cette année, n'ont pas permis aux petits vapeurs qui naviguent sur le Congo de monter jusqu'ici, et nous avons eu la contrariété de rester sept longs mois sans aucune nouvelle d'Europe et de Brazzaville. En ce moment encore, malgré la grande crue du fleuve, les bateaux ne sont pas nombreux.

<< Depuis l'inauguration de la chapelle, nous sommes débarrassés des gros soucis de la construction; nous n'avons plus qu'à nous occuper des sauvages qui nous entourent. Tout en continuant notre ministère chez les Ndris, nous allons maintenant un peu plus loin. Nous sommes ici deux Pères, et, à tour de rôle, chaque semaine, nous quittons la mission Saint-Paul. Mon confrère va visiter les Bondjos qui demeurent le long du fleuve; moi, je me suis réservé une tribu qui habite l'intérieur, au nord de la Mission, sur un affluent de l'Oubanghi, la Mpoko. C'est un peu loin; le premier village se trouve à une trentaine de kilomètres. Les habitants sont au fond aussi sauvages que les autres Bondjos, mais plus paisibles. Mes visites actuelles n'ont encore d'autre résultat que de les apprivoiser un peu. J'attends avec impatience le jour où je pourrai installer au milieu d'eux un de nos enfants, de leur race et de leur langue, né chez eux, mais fait esclave autrefois par leurs ennemis qui nous l'ont vendu. Cet enfant, marié chez eux, restant au milieu d'eux, leur dira qui nous sommes, pourquoi nous venons et qui nous envoie. Le Noir est naturellement curieux, et ses interrogations, souvent enfantines, quelquefois grotesques, montrent un désir de connaître qu'on peut utiliser pour le bien. Je compte sur vos prières pour le succès de mes projets et de mes espérances. >>

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LE PÈRE INSTRUIT SON FILS; d'après une peinture de TIEDMAND.

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isolée leur impose, le papa initie les garçons aux secrets de la pêche, de l'agriculture et de la chasse (Voir la gravure p. 582). J'ai toujours été étonné de constater ce qu'à l'âge de 18 ans la jeune fille et le jeune homme norvégiens possèdent de connaissances théoriques et pratiques.

A mesure que les enfants grandissent, les parents trouvent en eux des auxiliaires pour leur travail. Le père n'est plus seul à ramer sa barque nuit et jour pour pourvoir la table de poisson et pêcher la morue qu'il faut vendre pour payer au marchand les vêtements et les produits coloniaux (V.la grav. ci-contre). Pendant que les filles aident la mère à soigner les vaches et à sécher le foin, les garçons agrandissent,sous la direction du père, la maison et ses dépendances, pour loger la moisson produite par les nouveaux champs défrichés et cultivés par eux. Ils construisent encore, à côté de la grande maison, une plus petite, où le père et la mère se retireront, lorsque le fils aîné sera marié, lorsque les filles auront suivi l'élu de leur cœur, lorsque les autres garçons se seront embarqués, soit pour chercher fortune en des pays lointains, soit pour affronter comme marins les périls des océans. Le Norvégien aime passionnément son pays et il verserait la dernière goutte de son sang pour le défendre contre ses ennemis. Mais il aime aussi à tenter la fortune et à la suivre jusqu'au bout du monde. Parti une fois, il n'oublie pas son père et sa mère; il leur envoie une large part de ce qu'il aura conquis.

PÊCHE NOCTURNE; d'après une peinture de TIEDMAND.

Enfin le cadet est parti (Voir la grav.ci-dessous). Le vieux père lui a recommandé une dernière fois de ne jamais oublier son Dieu et sa famille. La mère n'a pas pu parler, car les larmes lui ont coupé la voix. Maintenant la tâche des parents est finie. Ils abandonnent la ferme à l'aîné de leurs enfants et se retirent dans leur paisible retraite, où

ils finiront leurs jours en vivant de leurs souvenirs et en se préparant par la prière au suprême passage. (Voir la gravure p. 584).

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LE CADET QUITTE E FOYER PATERNEL; d'après une peinture de TIEDMAND.

J'ai prononcé deux mots qui me consolent, prière et souvenir.

Chers lecteurs, après le long voyage que nous avons fait ensemble, je vais enfin vous quitter. Eh bien! je vous demande une double faveur. Accordez-moi une place dans vos prières; priez pour moi et pour les brebis dont le Seigneur m'a constitué le père et le pasteur. Accordez-moi aussi un souvenir, lorsque votre cœur apostolique vous inspirera d'aller au secours des missionnaires qui travaillent et luttent pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes immortelles.

Adieu, chers lecteurs, et que le Seigneur vous comble de ses meilleures bénédictions!

FIN

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DEUX MOIS CHEZ LES MIAOTSE

Par M. Paul VIAL

DES MISSIONS ÉTRANGÈRES, MISSIONNAIRE AU YUN-NAN

Suite (1)

Partir! Depuis longtemps, bien longtemps, ce mot cruel ne m'avait si douloureusement ému. Je croyais que l'amour de mes chers Guipa avait envahi tout mon cœur et ne laissait place à aucune autre tendresse ; mais, au contact de ces enfants plus petits, plus misérables, plus délaissés, à la vue de ce peuple plus caché, plus méprisé, plus détesté, j'ai senti en moi une nouvelle vigueur, une nouvelle jeunesse et une nouvelle fraîcheur.

Et moi-même surpris de ce nouveau printemps
Je me mis à pleurer comme on pleure à vingt ans.

Et cependant il faut partir.

Nous sommes arrivés au 16 février 1900. Mon confrère et moi nous devisons assis l'un à côté de l'autre. Sur la table sont étalées toutes les photographies que nous avons prises ensemble; nous passons de l'une à l'autre.

NORVÉGE.

Tout-à-coup, à 8 heures, la porte s'ouvre. Des hommes, des femmes, des enfants, entrent les uns après les autres, s'installent, se pressent, se serrent en silence. Lorsque la chambre est pleine, ma bonne vieille parente prend la parole et me dit :

« Père, vous avez été bien bon pour nous tous, et vous partez demain. Permettez à vos enfants de venir passer la veillée avec vous afin que vous les consoliez. Nous voulons vous prouver que nous ne vous oublierons jamais... jamais.>>

Je n'eus pas le courage de répondre. Mes paroles auraient été entrecoupées de sanglots. Que faire cependant pour exprimer mes sentiments?

Tout à coup je me souviens que j'avais acheté à Mongtse un lot de magnifiques rubans français.

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Père, dis-je à mon confrère, me permettez-vous de les leur distribuer ?

((— Oui, oui, faites-le, car, je sais bien que le plus heureux ne sera pas celui qui recevra.

༥ - Merci.»

J'exhibe mon dernier souvenir et l'émotion s'efface sous la surprise.

Mon confrère tient en main le ruban déroulé ; je mesure la longueur déterminée, la même pour tous; je coupe et je l'offre avec un sourire, qui m'est payé par un double, un triple atcheou (merci) parti du cœur.

La soirée se passe à babiller sur tout ce qu'on a vu, entendu, et peu à peu, après un dernier mot, un dernier sourire, un dernier regard, on se sépare pour aller se coucher.

(1) Voir les 14, 21, 28 septemb. 5, 12 octobre, 2, 9 et 30 novembre.

LES VIEUX PARENTS RESTÉS SEULS; d'après une peinture de
TIEDMAND (Voir p. 583).

Je me suis déterminé à revenir par un itinéraire tout nouveau et en pays entièrement inconnu. Il s'agit de traverser le domaine des Poula et de rejoindre la grande route à Amitcheou.

Il n'y a pas de chemin et il faudra se faire conduire de village en village; la chose du reste ne souffrira pas de difficultés, grâce à un Miaotse et à un Poula chrétiens qui me conduiront.

Aujourd'hui 17 février, je n'irai pas loin et mon cher con frère veut bien m'accompagner jusqu'à Lotopeu.

Nous voici donc en selle, inutile de dire que tout le village est là. On me prie de revenir dans 4 ou 5 mois, et je le promets, certes.

Les enfants, garçons et filles, nous accompagnent jusqu'au fond de la vallée. Peu à peu nous montons et, au moment de disparaître derrière le plus haut mamelon, j'entends encore les échos m'apporter les derniers cris et les derniers saluts. Deux heures après, nous traversons la limite des villages miaotse et nous mettons le pied sur le sol des Poula (1). Il est donc temps de parler de ce peuple.

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Ce mot « tête-pointue » fait allusion, non à la tète qui ne diffère pas de celle des autres; mais à la coiffure qui se termine en cône.

Ces trois branches ne forment qu'une tribu appartenant elle-même à la race Lolo.

sont plus ou moins atteintes de maladies des yeux et le sulfate de zinc est, de tous les médicaments, le plus demandé et heureusement le moins coûteux.

Je ne m'occupe ici que des Pochlouma, ou Poula blancs. D'abord cette peuplade occupe à elle seule et sans mélange hétérogène tout le pays, c'est-à-dire la haute chaîne de mon tagnes qui borde la plaine d'Amitcheou à l'est. Mais, de plus, elle s'étend, mêlée aux Miaotse, aux Longjen et aux Chinois, entre Mongtse et Kaihoa et descend, au sud, presque jusqu'au Tonkin.

Sa langue est celle des Lolos, et, pour la connaître, on n'a qu'à se reporter à mon travail sur cette intéressante race (1).

Le dialecte des Poula appartient, comme celui des Gnipa, à la branche dite langue d'A, et, grâce à cette ressemblance je puis converser avec eux sans grande difficulté.

Les Poula, hommes et femmes, sont solidement et même assez grossièrement bâtis; les hommes sont de gros et grands gaillards et les femmes de vraies viragos.

Les hommes portent un turban noir, une veste en laine et un pantalon de même couleur. Ce costume sévère fait encore ressortir la dureté des traits. Les femmes et les jeunes filles portent, comme coiffure, sur la tête, un treillis formé de pointes d'étain ou d'argent surmonté de flocons de laine rouge.

Au point de vue du caractère, la femme poula est une bonne mère de famille, plus pratique que tendre, et en cela elle diffère beaucoup de la femme miaotse.

J'ai eu le plaisir d'être invité à une noce. La caractéristique de cette cérémonie chez les Poula est que la jeune fiancée, accompagnée de ses filles d'honneur, au lieu d'être reçue dans la maison du fiancé, est logée pendant trois jours, en dehors du village dans une hutte de branchages d'où elle ne sort que pour retourner chez elle. Elle ne reviendra que lorsque son fiancé viendra lui-même la chercher, ce qui a lieu au bout de trois ou quatre mois.

Chez les Poula, dans la nuit qui précède le jour de l'an, les garçons et les jeunes filles parcourent les bois et les collines et font retentir les échos de leurs chansons enfantines; c'est ce qu'ils appellent « appeler les petits oiseaux ».

De même que les Miaotse, les Poula n'ont ni pagode ni aucun autre signe extérieur de religion; mais ils sont fort superstitieux.

On les accuse d'avoir le mauvais œil. Que de fois n'a-t-on pas demandé au P. Kircher une médecine contre ce maléfice! Le Père lui-même, ayant été atteint d'une légère ophtalmie, ne put convainere les Miaotse que les Poula n'étaient pour rien dans cette inflammation et que le soleil était le seul coupable.

Toutefois si les Poula n'ont pas le mauvais œil, ils ont, par contre, de très mauvais yeux. Presque toutes les femmes Histoire, religion, mœurs, langue, écriture, par Chang-hai, imprimerie de la Mission catholique, 1898.

(1) Les Lolos. Paul VIAL.

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Bon nombre de villages poula se sont déclarés chrétiens, tant chez le P. de Gorostarzu que chez le P. Kircher; mais, ce premier pas fait, il leur reste le plus difficile et le plus essentiel à accomplir. Quand pourront-ils progresser dans la bonne voie? Pas de missionnaire, pas de catéchistes. Et que de difficultés offre l'apostolat dans un pays où l'on parle quatre ou cinq langues différentes et où toutes ces races se coudoient sans se mélanger? Il faut attendre du Bon Dieu et du temps la solution de ce problème. (A suivre).

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La garnison de Tuyen Quang a eu des assauts terribles à supporter les nuits du 22 et 24 février après que les Chinois eurent fait sauter des pans de mur. La nuit du 27 au 28, connaissant l'arrivée du général, l'ennemi avait tenté un effort désespéré : il entra par les anciennes brèches et en fit de nouvelles avec la dynamite, mais il fut repoussé ; le 3 mars, les cadavres des Chinois étaient encore sur les brèches. On a remarqué qu'ils avaient au front un signe rouge c'étaient des hommes d'élite et de bonne volonté qui avaient fait serment de ne pas reculer. A ce moment la fusillade à bout portant ne suffisait pas à arrêter l'ennemi et il entrait en masse. Nos soldats se sont alors lancés à la baïonnette et ont repoussé les assaillants. Ce combat a duré toute la nuit. On porte à 1.000 hommes les pertes des Chinois au siège de Tuyen Quang, sans compter celles qu'ils ont subies a Phò Giuộc (Hoa Mộc). La garnison de Tuyen Quang a beaucoup souffert, et, si le général n'était pas arrivé, la place était perdue, car elle était minée partout. Le 11, une dépêche télégraphique annonce que le colonel (1) Voir les Missions Catholiques des 23, 30 mars; 6, 13, 20, 27 avril. 4, 11, 18, 25 mai; 1er, 8, 15, 22, 29 juin, 31 août, 7, 14, 21, 28 septembre 5, 12, 19, 26 octobre, 2, 9 et 23 novembre.

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