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Cependant, en cette journée, les brigands avaient perdu deux de leurs chefs et une cinquantaine d'hommes. De notre côté, il n'y eut qu'un seul catéchiste blessé légèrement au sourcil par un biscaïen de fusil de rempart, qui caressa en même temps la moustache de l'enseigne de vaisseau Lahalle, second de la Surprise. Le Cai-Chang se croyait tellement réduit aux abois qu'il s'était déjà déguisé en mendiant pour s'échapper au moment de l'assaut. Il fut du reste si impressionné que, la nuit venue, il évacua la place sans tambour ni trompette et se réfugia dans les montagnes avec toute sa bande.

NÉCROLOGIE

(A suivre.)

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A Mgr Fallize, Norvège.

Annonyme de Paris, demande de prières................

Pour diverses églises sous le patronage de St-Antoine de Padoue (R. P. Antoninader et M. Allys.) R. P. Le R., diocèse de Versailles....

Pour les affamés d'Arménie (Mgr Bonetti).
Mme veuve Julien, du diocèse de Fréjus.......
Pour les affamés (Mgr Bonetti).

Me A. Méhaye, du diocèse de Limoges.
Mme veuve Félix Désigaux, du diocèse d'Autun..
Pour les affamés de l'Inde (Nagpore).

Mme veuve Félix Julien, du diocèse de Fréjus............................
Anonyme du diocèse d'Agen....

Anonyme de Nancy, en l'honneur du Sacré-Cœur.. Anonyme de Paris, demande de prières....

A Mgr Gandy, Pondichery, pour les affamés.
Anonyme du diocèse de Bayeux.

M. Ed. Laurent, Rouen.
Anonyme du diocèse de Meaux..
M. l'abbé B., diocèse de Lyon......
Mme Marnas, du diocèse de Lyon..
Pour les affamés de Pondichéry.
Anonyme du Mans....

A M. Maurice, à Villupuram (Pondichéry).
Mlle de Fava, du diocèse de Meaux.....

A M. Giraud, Maduratakam (Pondichéry). In spem contra spem, diocèse de Marseille.... M. Al. Maës, diocèse de Paris.....

A M. Fourcade (Pondichery).

In spem contra spem, diocèse de Marseille... M. Al. Maës, diocèse de Paris.....

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Deux dépêches, l'une de Takou, l'autre de Chang-hai, en même temps qu'elles annonçaient l'arrivée des troupes françaises à Hien-hien, et la délivrance par elles de la résidence centrale des missionnaires jésuites du Tché-ly sud-est, nous apprenaient la mort du vicaire apostolique de cette mission, Mgr Henri Bulté.

Né en 1830 dans le diocèse d'Arras, il avait fait partie, durant sept ans, du clergé séculier. Admis en 1861 dans la Compagnie de Jésus, il s'embarqua, trois ans après, pour la Chine. C'est le Kiang-nan qui fut le théâtre de ses premiers

travaux.

En 1880, il fut sacré évêque de Botra et appelé à succéder, comme vicaire apostolique du Tché-ly sud-est, Mgr Dubar. Sous sa direction la mission continua à prospérer et le nombre des chrétiens à croître.

Lorsqu'en 1895 le vaillant évêque vint faire un court séjour en Europe, on put constater que les fatigues de son apostolat avaient ébranlé sa santé. Les privations de ces derniers temps et le long blocus qu'il fallut subir de la part des Boxeurs lui portèrent le dernier coup.

Nous recommandons l'âme du vénéré et regretté prélat aux prières de nos lecteurs.

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A M. Comebs, Tindivanam (Pondichery).

In spem contra spem, diocèse de Marseille. M. Al. Maës, diocese de Paris....

A M. Darras, à Chetput (Pondichery)

M. Al. Maës, diocèse de Paris

A M. Grandjanny, à Seyour (Pondichery). M. Al. Maës, diocèse de Paris......

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Pour les missions persécutées de Chine (Mandchourie méridionale).

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M. Hinard, directeur du séminaire des Missions Etrangères de Paris, nous écrit le 26 octobre :

M. le Supérieur a reçu, ce matin, un télégramme de Shang-haï ainsi conçu :

Laveissière, Perreau et Hérin sains et saufs.
ROBERT.

M. Laveissière appartient à la Mandchourie septentrionale; MM. Louis Perreau et Hérin, à la Mandchourie méridionale.

Nous étions sans nouvelles de M. Laveissière, depuis le commencement de juillet, et de nos deux autres confrères, réfugiés dans les montagnes, depuis la mi-août.

Dès que j'aurai reçu des détails circonstanciés sur la mort de Mgr Guillon et des neuf missionnaires mas acrés en Mandchourie, je m'empresserai de vous les transmettre. Il s'est passé, dit-on, des choses inouïes.

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PÉKIN

Nous avons annoncé la mort de sœur Jaurias, supérieure des Filles de la Charité à Pékin. Voici le journal de la vénérable religieuse relatant les incidents dramatiques des terribles événements de Pékin. Nous nous empressons de publier ce document du plus haut intérêt.

LETTRE DE SOEUR JAURIAS, FILLE DE LA CHARITÉ Pékin, 12 juin 1900.

Le danger.

Le 31 mai, au soir, entrait dans la ville un petit corps d'armée, composé des détachements de marins de quatre nations; aucune opposition à leur passage; les délégués de leurs Légations respectives, et M. le Ministre de France, les attendaient à la gare, hors Pékin. Intrépides et dévoués comme ils le sont tous, les marins du d'Entrecasteaux ne désirent que le moment du combat, ou plutôt de la défense. Le 1er et le 2 juin, rumeur dans les rues, menaces d'incendie, invectives contre les chrétiens! rassemblements qui se dispersent d'eux-mêmes, lorsque les sectaires, reconnaissables à leur ceinture rouge, ont recruté un certain nombre d'adhérents. La nuit venue, tous les initiés se réunissent dans une Pagode, ou autre vaste emplacement désigné à l'avance; ils deviennent, après l'accomplissement

de certains rites idolatriques Sociétaires de la justice et de la Paix, et sont à la disposition de leurs chefs pour tel ou tel exploit.

Un édit impérial paraît, conseillant la pacification et accordant quinze jours pour l'effectuer; c'est-à-dire concédant une quinzaine et plus, pour le pillage, les incendies, les massacres sans répression. Malgré toutes ses précédentes et multiples assurances de bienveillance et de bon vouloir, l'impératrice régente, dominée par le prince Touann, père de l'enfant adopté comme héritier présomptif, incline à laisser encore agir les sectaires, et il en est ainsi. Attaques nocturnes des village chrétiens; massacre sur refus d'apostasie, gares de chemin de fer incendiées, rails enlevés, télégraphe coupé; toute communication prompte et directe avec Tien-Tsin et les navires de guerre, rendue impossible.

Un détachement de la cavalerie russe, remontant le fleuve, a été attaqué par les Boxeurs : l'officier et un soldat ont été blessés. M. Lou, missionnaire indigène, que l'on croyait tué dans sa chrétienté dévastée, arrive à la résidence épiscopale; quelques petites filles de la Sainte-Enfance et une religieuse indigène sont également sauvées; la douloureuse probabilité du massacre des deux autres religieuses chinoises et de plusieurs enfants se confirme... L'alarme gagne les habitants de la capitale; les menaces portent la panique dans toutes les familles chrétiennes ; femmes et jeunes filles implorent un asile chez les Sœurs, où déjà s'entassent des centaines de réfugiées des environs! Et pourtant, selon le plan des Boxeurs, après la destruction de la gare tête de ligne de Pékin à Tien-Tsin, c'est d'abord la résidence épiscopale qui est vouée au feu, ensuite et du même coup, notre établissement qui lui est contigu. L'exploit était annoncé pour le 4 juin; un orage providentiel modifia le plan, et les sectaires portèrent leur fureur sur d'autres points.

La veille de ce jour là, en la fête de la Pentecôte, Mgr Favier était invité à se rendre chez le prince Kong, délégué par S. M. l'Impératrice pour recevoir le présent,un objet d'art, et la lettre dont l'honorait le Pape Léon XIII. Le prélat s'y rendit officiellement et ajouta aux présents et à la lettre, un placet en faveur des chrétiens, si brutalement persécutés; Sa Grandeur pria le prince de transmettre le tout à sa Majesté Régente.

Vers le soir du 4 juin, rassemblements et rumeurs vis-àvis la porte de la Résidence. Arrive en palanquin le viceroi Jong-Lou, apportant à l'Evêque des assurances de paix. Le vice-roi parti, et deux insulteurs enchaînés, les rumeurs recommencent et se prolongent jusque vers le milieu de la nuit.

Les alertes (5, 6, 7 et 8 juin).

Dès 9 heures du soir, une bande nombreuse de rôdeurs environnait les deux établissements et l'église de Cha-la-eul; quelques cris furent poussés, quelques fusées lancées. Mais l'annonce de l'approche d'un mandarin militaire fit disparaître les sectaires. Frères et enfants priaient et tremblaient.

Le matin venu, il s'agissait de prendre quelques mesures

pour la sûreté du personnel et du matériel à Cha-la-eul, et aussi dans la maison de l'Immaculée-Conception et à la Résidence.

Les communications étant interceptées, les renforts de troupes n'arrivent pas; on sait par des fugitifs que les environs de Tien-tsin se trouvent dans un état d'aussi lamentable ruine que le sont ceux de Pao-Ting-Fou et de Pékin.

De vastes embrasements s'élevant sur les collines qui avoisinent la ville attestent de nouveaux sinistres : la villa de la Légation d'Angleterre, d'un côté; dans une autre direction, un petit village russe, sont la proie des flammes. Il est question du retour de l'Impératrice dans son palais de la capitale, où elle sera plus en sûreté, et surtout plus à même de juger de la situation.

M. le Ministre d'Italie, marquis Salvago, de concert avec M. le Ministre de France, craignant l'insuffisance du nombre des hommes armés pour la défense de la Résidence épiscopale et de l'établissement des Filles de la Charité, demandent aux marins de l'Elba leur concours; ceux-ci s'offrent à l'envi!... Le sort décide du choix des défenseurs de l'église et de l'orphelinat.

Chaque nuit ramène de nouvelles alarmes : au dehors, on entend le brouhaha de la foule, les vociférations des soldats indigènes, un ensemble de cris confus peu favorables à un tranquille repos, que nous ne connaissons plus depuis une quinzaine !

Passent et éclatent des fusées, que l'on suppose dangereuses: on veille armé de lances, et les veilleurs signalent çà et là quelques incendies. Les marins couchent tout équipés deux hommes à ceinture rouges, insignes des Boxeurs, ont été vus, examinant à l'intérieur l'enclos de l'établissement. Aussitôt, tout un quartier de femmes réfugiées se précipitent à la chapelle !

Comme l'heure bénie de 4 heures est désirée, mais plus encore celle de la sainte Messe! Nos ennemis dorment à l'aurore; aussi, dès le matin, attendent à l'unique porte, qui n'est point murée, des femmes et des filles, implorant un asile; ce sont des chrétiennes chassées par les Grands couteaux, et saisies d'effroi : parmi elles, plusieurs ont vu tomber des membres de leur famille, massacrés en haine de la religion catholique. Qu'ils seront édifiants, lorsqu'ils auront été recueillis et reconnus certains, ces traits héroïques de pauvres Chinois, préférant la mort à un simulacre d'apostasie! Il y a même des femmes catéchumènes et des fillettes encore païennes, reçues à la Sainte-Enfance, qui sollicitent et obtiennent la grâce du Baptême.

Quant aux chrétiennes, plus ou moins ferventes, en temps ordinaire, elles assiègent les confessionnaux.

Est-ce que l'heure dernière va sonner! Des troupes traversent la grand'rue à l'ouest de la Résidence. C'était l'heure du repas des marins; aussitôt, laissant la table servie, ils courent à leurs armes, tandis que les bandits continuent, sans coup férir, leur chemin du côté de l'ouest, par lequel ordre leur a été donné, dit-on, d'évacuer la capitale.

D'ailleurs, au rapport des païens eux-mêmes, une Dame blanche,de haute stature, protège les établissements et tem

ples catholiques et leur en barre la route. Ce jour et cette nuit, température et vent brùlants; nos marins sont en marche, raccommodant, au fur et à mesure, la voie ferrée; avec quelle anxiété ils sont attendus!

Le Chancelier de l'ambassade du Japon, allant officiellement à la rencontre de ses Nationaux, est massacré, en plein jour, vers 3 heures de l'après-midi, avant d'arriver à la gare... Grand émoi aux Légations, et parmi les Mandarins chinois !

Angoisses et blocus.

Plus de trente bébés, confiés à des nourrices païennes, sont rapportés par elles, de crainte qu'un enfant chrétien soit une cause de malheur ! En effet, en certaines ruelles, les maisons des païens sont marquées pour la préservation, et celles des chrétiens pour la destruction. C'est pitié de voir cette multitude d'enfants languissants ou mourants! C'est pitié de voir ces vieilles chrétiennes, qui,ayant perdu famille et biens, se contentent d'une tasse de riz à l'eau.

Les marchands refusent de vendre la farine ou les légumes, s'ils ne reçoivent auparavant quelques sapèques pour l'encens! En d'autres places, le passage est fermé à moins de faire une prostration à l'idole : c'est une persécution organisée.

Aux dangers existants, s'ajoute celui de l'incendie des prodigieuses meules de paille, appartenant au Gouvernement et entassées près de l'enclos des Sœurs de Cha-la-eul; le vent emporte les flammes dans une direction opposée.

..

Puisque les éléments ne les secondent pas, les Boxeurs essaieront de quelque autre expédient de dévastation qui leur réussira... En attendant, ils se ruent sur les établissements religieux du quartier sud: le collège des Petits Frères de Marie, l'Orphelinat des Vierges indigènes dites Joséphines, l'Hôpital des Filles de la Charité, l'ancienne église Portugaise du Nang Tang, construite au XVIIe siècle, tout y passe! Les Missionnaires et les Sœurs ont dù d'avoir la vie sauve, à quelques courageux volontaires européens, accourus de l'Hôtel de Pékin et de la rue des Légations, vers le milieu de la nuit. On assure que les neuf Filles de la Charité de l'Hôpital s'emploient au soin des malheureux chrétiens recueillis et protégés par les Résidents étrangers. Afin de conserver leurs œuvres et leurs malades, ces chères sœurs n'avaient pas accepté l'offre charitable d'un asile au lenTsé-Tang; celles de Cha-la-eul, au nombre de six, sont depuis le 26 mai nos compagnes de labeurs et d'anxiété. Leur aide est vraiment providentiel en ces jours d'angoisse, de quasi famine et d'effrayante mortalité; parmi nos mille réfugiées, plusieurs succombent aux privations; quelques unes et plusieurs enfants ont été tués par les projectiles du bombardement qui ne finira que lors de l'entrée de l'armée européenne. Impossible d'envoyer aucun courrier, de recevoir aucune nouvelle, d'acheter quoi que ce soit les soldats impériaux garrottent et massacrent quiconque, homme ou femme, ose franchir la Porte, soit pour sortir de la ville Jaune, soit pour y pénétrer.

L'église de l'est, Saint-Joseph du Tong Tang, au quartier

des Ambassades, devient un immense brasier; il y a tout lieu de croire que son desservant M. Jules Garrigues, qui ne vivait que pour la conversion des païens, a cueilli, sous le fer des Grands-Couteaux, la palme du martyre.

Dans la direction de l'ouest s'élève un autre embrasement Notre-Dame des Douleurs, paroisse du Sy Tang, est aussi incendiée. Qu'est devenu son dévoué pasteur, M. Maurice Doré? Il paraît qu'il aurait sacrifié sa vie sans se défendre, pour la conversion des malheureux Chinois.

Peu de jours après, ordre est donné par Mgr Favier de réunir dans la grande église de la Résidence, au Pe-tang, non seulement les familles chrétiennes réfugiées, mais tous les enfants et toutes les Sœurs de la Maison de l'Immaculée-Conception. Le défilé commence dès les premiers coups de canon, tantôt à une heure, tantôt à une autre, et chaque soir. La messe dite, vers 2 ou 3 heures du matin, femmes, enfants, Sœurs regagnent le logis, d'où une alerte nouvelle les chassera encore, jusqu'à ce que le bel édifice du Pé-tang, terriblement labouré par les bombes, ne puisse plus servir d'asile. Plusieurs personnes ont été mortellement blessées... Où fuir? L'où viendra le secours? Nos intrépides marins, qui ne sont que 40 en tout pour les deux maisons, s'avancent à la rencontre des aggresseurs; une fusillade bien nourrie en met bon nombre hors de combat; d'autres les suivent avec des torches enflammées; bientôt, le tir rapide de nos vaillants défenseurs confond dans un même affreux mélange, les brandons incendiaires, et leurs porteurs couchés dans la poussière imbibée de pétrole. Environ quatre-vingts gisent à terre; d'autres prennent la fuite; ils reviendront plus tard relever les cadavres de leurs camarades. Restent çà et là quelques trainards, attendant avec de grands paniers l'heure du pillage.

Le lendemain, alerte au Jen-Tse-Tang parmi les Sœurs, les femmes, les enfants, dont la Maison va être envahie ! Attaque au nord : les marins italiens de l'Elba sont au poste du dévoûment; ils repoussent Boxeurs et soldats impériaux; le lieutenant porte un crucifix dans la poche de sa vareuse et ses hommes victorieux récitent à genoux l'Ave Maria.

Le jour, ou plutôt le soir suivant, un embrasement causé par l'incendie d'un magasin de bois, destiné à consumer les bâtiments de la Résidence et l'église, étend comme un immense éventail sa rougeâtre et sinistre lueur... il semble que l'on active sans cesse le foyer, tandis que le vent emporte flammes et flammèches dans une direction opposée. Les enfants et les chrétiennes prient et gémissent dans l'église; les chrétiens, armés de piques et de lances, font la garde, tandis que l'héroïque détachement du d'Entrecasteaux stationne à la porte principale, et envoie ses terribles bordées aux aggresseurs. Mgr Favier s'oppose, à cause de leur petit nombre, à une sortie de poursuite. Elle sera tentée deux nuits plus tard; à la stupéfaction des Tartares, les Français mettront le feu à un mandarinat, repaire de Boxeurs, et en rapporteront des munitions, des provisions de bouche et de riches vêtements. Déjà un canon a été pris, mais sa prise a coûté la vie à deux hommes;

quelques jours après le sous-lieutenant Johanny succombera à une blessure reçue dans le poumon.

La mention A SUIVRE qui termine les pages que nous venons de publier sera-t-elle réalisée, ou bien la mort a-t-elle interrompu,à ce moment, le journal de la vénérable religieuse,nous l'ignorons. Quoi qu'il en soit, nous accompagnons ce document de l'appel suivant auquel nous nous associons de tout cœur.

LETTRE DE SŒUR MARIE LEUTIEA, FILLE DE LA CHARITÉ, A L'AMBULANCE DE PE-TANG

« Placées à l'Hôpital Saint-Vincent, de Pékin, jusqu'à la nuit du 14 juin, où de généreux Européens sont venus nous délivrer, nous avons eu notre Hôpital entièrement pillé, brûlé et saccagé; nos malades et nos vieillards ont confessé la foi au milieu des supplices les plus horribles.

« Les barbares, furieux de ne pas trouver les Soeurs, ont tout saccagé pharmacie, vestiaire, chapelle. Ils ont réussi à denicher les vases sacrés et l'argent que nous avions enterrés ou cachés dans les murs.

« Nous n'avons pas même de quoi nous habiller, et surtout, ce qui est plus pénible, nous sommes maintenant chargées d'une grande ambulance, où nous n'avons pas de quoi coucher et changer nos nombreux malades: pas de coton pour les pansements, plus de médecins, les Boxeurs nous ayant tout pris!

«Que le bon Dieu nous vienne en aide; nous comptons aussi sur votre charité, car nous n'avons plus rien. Ce qui nous ferait le plus plaisir, c'est quelque chose pour la chapelle ou la pharmacie. »>

KOUANG-TONG

M. Murcier, des Missions Etrangères de Paris, missionnaire à Tung-Kun, nous donne les détails suivants sur les événements dont les environs de Canton sont le théâtre :

Depuis une dizaine de jours, une grande partie des chrétientés voisines de Canton ont été complètement pillées. Nous avons en ce moment à la Mission, des centaines de chrétiens fugitifs, dépouillés de tout, n'ayant même plus un abri, car leurs maisons ont été rasées et les matériaux emportés. Un de nos confrères, surpris dans sa résidence le 24 septembre au soir, et poursuivi par les voleurs, ne leur a échappé que par une protection signalée de la divine Providence, en traversant à la nage, tous les étangs et cours d'eau qui se trouvaient sur son passage.

Le district voisin du mien est, en ce moment même, mis à sac. Deux très belles chapelles ont été détruites, trois ou quatre villages ont été brûlés, et chaque jour arrive la nouvelle de nouveaux désastres. Le missionnaire n'a dû son salut qu'à des champs de cannes à sucre au milieu desquels il s'est caché. Hier, on m'annonçait la fuite d'un autre de nos confrères chassé par les mêmes bandes.

Serai-je plus heureux ? pourrai-je moi-même échapper? aurai-je la consolation de conserver les chapelles qui m'ont coûté tant de peine et de dépenses? Mes ehrétiens verront-ils l'orage passer sans avoir à en souffrir? Je n'ose l'espérer. Si jusqu'à présent ils ont échappé, c'est, je crois, parce qu'une de ces dernières semaines, j'ai tenu à faire la visite de toutes mes chrétientés, pensant que ma présence en imposerait aux païens. Je ne me suis pas trompé; les bruits mauvais, qui circulaient déjà, ont aussitôt cessé. Mais les pillages survenus depuis à quelques lieues de distance, vont redonner aux païens toute leur audace et dans quelques jours, la situation ne sera sans doute plus tenable. Je devrai fuir à Canton pour y recevoir mes chrétiens aux

quels il me faudra donner le vivre et le couvert. Quelle perspective, à mon Dieu! Ce que souffre le cœur du missionnaire en pareille circonstance, ceux-là seuls peuvent le dire qui ont passé par de telles épreuves, et on est tenté de regarder comme bien heureux ceux qui ne survivent pas et sont eux-mêmes emportés par la tempête.

Je recommande mon district aux prières et, j'ose dire, dès à présent aux aumônes de vos lecteurs, car à l'heure où ma lettre vous parviendra, les bandes qui ravagent les districts voisins, se seront jetées sur le mien, pillant les chrétiens, rasant les maisons, enlevant les femmes et les jeunes filles pour les vendre, tuant les enfants, comme il est arrivé un de ces derniers jours à un pauvre petit dont ils ont brisé la tête contre un mur.

DÉPARTS DE MISSIONNAIRES

Le 1er juin sont partis pour l'Etat indépendant du Congo, le R. P. Melchior Gorke, de la Société des Prêtres du Sacré-Coeur, destiné à la mission des Stanley-Falls; les sœurs R. M. Marie Raymond de Pentaford, supérieure; R. M. Marie Photine, assistante; R. M. Marie Bernardette; soeurs Marie-Arsène, MarieBerthilda, Marie-Hendrilna, Marie-Dosithée, Marie-Thésérita et Marie-Amélie, des franciscaines missionnaires de Marie. dont six sont destinées à la fondation de la Mission SainteAdèle aux Stanley-Falls et trois à la maison de Bangala.

-Le 1er septembre se sont embarqués à Anvers pour le Congo, les RR. PP. Emeri Cambier, du diocèse de Tournai: Guillaume Van Leuven, du diocèse d'Haariem (Hollande), Auguste Cordier, et Joseph Dergehe, du diocèse de Gand. Egide de Boech et Dominiqua Moretus, de l'archidiocèse de Malines et le frère Leonce Restemont, du diocèse de Gand, tous de la Congrégation de Scheut, et avec eux les sœurs Annette, Erambert, Arcine et Armelle, des sœurs de Charité de Gand.

INFORMATIONS DIVERSES

Vérapoly (Hindoustan).

Le R. P. Boniface, Carme dechaussé, recteur du Séminaire de Putempally, nous écrit: « Lors de l'établissement de la hiérarchie aux Indes orientales (1887), les chrétiens du rite syrien, au nombre de 200.000, furent séparés des Latins et partagés entre trois vicariats apostoliques de leur rite, dont les titulaires sont des indigènes. <«< Tous les séminaires particuliers, fondés pour la formation du clergé, furent abolis en 1887; on décida qu'on n'en conserverait qu'un seul, commun aux Syriens et aux Latins. Ce fut celui de Putempally, qui fut déclaré séminaire central sous la juridiction immédiate de la Propagande. Il reste confié aux Carmes déchaussés. Le cours régulier des études est de six ans; la langue d'enseignement est le latin. Depuis dix-sept ans que je suis Recteur du Séminaire, près de deux cents de mes élèves ont été ordonnés prêtres.

« Les séminaires abolis ont été remplacés par des collèges qui sont, en partie, des petits séminaires. Les Carmes en ont un à Ernaculum, et les Jésuites français, un autre à Changanachery; il y en a un troisième à Trichur. De la sorte, il est possible de créer un clergé nouveau, instruit et formé comme en Europe.

« Les bâtiments du Séminaire de Putempally sont vastes; mais ils demandent sans cesse des restaurations et des amélio rations. Hélas! pour ces travaux nécessaires, l'argent fait défaut. La pension des séminaristes est tellement minime qu'elle ne suffit pas même à leur nourriture: 48 roupies (de 76 à 80 francs) par an! Impossible de songer à augmenter cette pen sion dérisoire; il est même très difficile d'en obtenir le paiement régulier. Cela n'étonnera, d'ailleurs, personne de ceux qui connaissent le pays.

« Jusqu'ici nous n'avons pu soutenir le séminaire que par une incessante mendicité auprès des amis et des bienfaiteurs. Chaque année, il faudrait pour les dépenses ordinaires, en plus

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