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Voici les différentes lettres qui nous sont parvenues cette semaine, et dont la lecture est bien propre à exciter la pitié et la charité.

TCHÉ-LY SEPTENTRIONAL

LETTRE D'UN MISSIONNAIRE LAZARISTE DE LA RÉSIDENCE DE TIEN-TSIN

Tien- sin, 12 juin 1900.

Depuis un mois, on ne parle et on n'entend parler que de massacres, de boucheries de chrétiens. Dans notre district, tous les villages chrétiens ont été brûlés, même ceux à 10 lys de Tien-Tsin (environ 1 heure). L'église, qui se trouve dans Tien-Tsin même, est fortement en danger. Les districts de Paoting-fou, Kingtong, tous les environs de Pékin ont subi le même sort.

Les missionnaires sont encore tous chez eux, disposés à tout faire pour sauver la vie de leurs ouailles; que peuvent-ils ?

Nous sommes à Tien-Tsin, les plus en sûreté, mais que de précautions pour cela! Des soldats européens font des patrouilles, veillent toute la nuit, etc.

A cause de ce semblant de sécurité, beaucoup de chrétiens se sont réfugiés chez nous, nous en avons plus de 1.200 qu'il faut nourrir et loger notre homme d'affaires me disait hier qu'il fallait par jour six à sept sacs de riz.

Ce n'est pas tout; quand la crise sera passée, ces braves gens, en retournant chez eux, ne trouveront ni maisons, ni champs ensemencés, ce sera alors la famine. O vous, qui avez le cœur bon, venez leur en aide, je vous en supplie, au nom de Jésus!

Si vous saviez ces alarmes continuelles; si vous voyiez ces chrétiens arrivant, l'œil hagard; l'un pleure ses enfants, l'autre sa femme; un autre a semblé apostasier, et ne sait que faire pour exprimer son repentir..., etc. Voilà ce qu'on voit tous les jours. Un mot d'un frère de Péking peint bien la situation « On ne vit pas. »

YUN-NAN

M. Chirou, directeur du Séminaire des Missions Etrangères de Paris, nous communique la lettre suivante de Mgr Escoffier, coadjuteur de Mgr Fenouil, vicaire apostolique du Yun-nan. Elle montre aussi dans quel état de misère étaient déjà nos pauvres chrétiens dès le 12 juin.

Yunnansen, 12 juin 1900

Les Affaires Étrangères vous ont sans doute fait connaître les graves événements qui viennent de se passer à Yunnansen. L'évêché, le séminaire ont été pillés et ensuite incendiés. L'église, nouvellement construite pour les chrétiens de la ville, a été pillée

aussi, complètement; peut-être va-t-elle être incendiée à son tour. Nous n'avons pu presque rien sauver. Mgr Fenouil et quatre missionnaires (PP. Gaudu, Ducloux, Blondel, Coulmont), ne possèdent plus que les habits qu'ils portent. J'ai pu sauver avec moi les principaux contrats d'achat des immeubles que possède la mission. Le P. Maire, provicaire, chargé de la paroisse de la ville, a été aussi dépouillé de tout.

Le séminaire est dispersé; les élèves vont essayer de rentrer dans leurs familles. Mais quelques-uns, très jeunes, ont vingt et quelques jours de marche à faire. Arriveront-ils ?... Quel désastre pour notre mission!

Nous sommes actuellement réunis (Mgr Fenouil. PP. Maire, provicaire, Gaudu, Ducloux, Blondel. Coulmont et moi) avec la commission des chemins de fer autour de M. François, consul général, en tout vingt et quelques français. Nous allons essayer de gagner Mong-tse et le Tonkin. Nous vous enverrons de nouveaux détails le plus tôt possible si nous pouvons atteindre Mong-tse.

MANDCHOURIE MÉRIDIONALE

EXTRAIT D'UNE LETTRE DE M. CHOULET A M. HINARD, PROCUREUR DE LA MANDCHOURIE MÉRIDIONALE Monsieur Félix Choulet, provicaire de la Mandchourie Méridionale, écrivait de Niou-Tchouang, le 25 juin dernier :

« Nous sommes sur un volcan. On est effrayé de voir avec quelle rapidité le mouvement des Boxeurs se propage. Il y a un mois, on en parlait à peine: actuellement, tous les confrères écrivent que leurs postes en sont infestés, et, partout, c'est la même rage contre nous, nos églises et nos chrétiens.

«Le danger est bien plus grand que pendant la guerre sino-japonaise. Ce sont des alertes à chaque instant, à Niou-Tchouang. Les femmes et les enfants, qui n'ont pas encore déserté la place, passent la nuit sur la canonnière russe, seule protection que nous ayons ici.

« Nous sommes sans nouvelles du dehors. Le télégraphe est coupé sur plusieurs points, et le chemin de fer de Niou-Tchouang à Chan-hai-Kouan est détruit. Que se passe-t-il à Pékin? Que se passe-t-il à Tientsin? Vous devez être mieux renseignés que nous. Ici, on n'entend que des rumeurs sinistres qui sont loin de contribuer à ramener le calme. Les mandarins ne font rien pour enrayer le mouvement: ils promettent d'agir, et c'est tout.

Voilà, en deux mots, notre position à tous. Quand vous recevrez cette lettre, il est probable qu'il ne restera que des cendres de notre chère Mis

sion. Ne nous oubliez pas auprès de nos Bienheureux; priez-les d'intercéder pour nous devant le Bon Dieu ! »

Depuis cette lettre, lès massacres se sont succédé et les missionnaires, les sœurs, les chrétiens essayent d'échapper à la mort. Voici au sujet de l'un d'entre eux ce que nous communique M. Hinard:

M. Henri Lamasse, missionnaire de la Mandchourie Méridionale, vient d'adresser de Wladivostock, le télégramme suivant à sa mère :

Sauvé avec Sœurs.

M. Lamasse, à l'époque du pillage de la mission Tieling, par les Boxeurs, avait échappé au massacre, en se réfugiant chez les Russes avec les deux Sœurs de la Providence de Portieux qui dirigeaient son orphelinat. Il a mis un mois environ pour se rendre à Wladivostock.

Deo gratias!

nous

Au nom d'un grand nombre de nos lecteurs, avons demandé aux chefs de missions s'il était possible, au milieu de l'état troublé de la Chine, de faire parvenir des secours à ces pauvres chrétiens exilés de leurs foyers incendiés, errant et se cachant pour échapper à la mort; tous nous ont répondu que leurs procureurs étant dans les villes ouvertes aux Européens et sous la sauvegarde des armées alliées, l'envoi de l'argent était toujours facile. Les Procureurs auront le choix du moment et du moyen opportun pour le distribuer.

C'est donc de tout cœur que nous tendons la main pour nos missions désolées de Chine, pour ces infortunés chrétiens, nos frères. Nous l'espérons, un bon nombre parviendront à échapper à la fureur des Boxeurs; mais ils arriveront dépouillés de tout dans les villes occupées par les Européens; ils demanderont alors de la nourriture et un abri. Que les missionnaires survivants comme eux au massacre aient au moins la consolation de pouvoir écouter la prière de ces chers néophytes, victimes de leur amour pour Dieu et de leur attachement à la foi !

Nous n'oublions pas qu'avec la charité matérielle qui sauvera de la faim et de la misère nos pauvres chrétiens nous leur devons l'aumône, plus précieuse encore, de la prière; aussi, au nom de toutes les missions persécutées de Chine, au nom de l'Euvre de la Propagation de la Foi, nous offrons à NN. SS. les archevêques et évêques l'humble expression de nos remerciements. Unissant leurs voix à la voix du Pontife suprême, ils ont partout

ordonné des prières solennelles et publiques pour que Dieu reçoive dans les joies éternelles nos chers chrétiens tombés si cruellement sous les coups de leurs compatriotes, afin qu'il donne aux victimes futures, si, hélas! il devait y en avoir encore, le courage de souffrir. Puisse-t-il faire cesser bientôt l'épreuve par laquelle passe l'Eglise de Chine; qu'elle sorte de tant de maux plus féconde et plus glorieuse !

DERNIÈRES NOUVELLES

Jeudi matin.

Au moment où nous mettons sous presse une dépêche du R. P. Procureur de la Compagnie de Jésus, à Amiens, nous annonce de nouveaux massacres et de nouveaux désastres dans la mission si éprouvée du Pe-tchely sud-est :

Massacre de cinq prêtres dont voici les noms : Père Finck, Père Gaudissart, Père Neveux, Père Césard, Père Gissiger, et du Fr. Kieffer. Mission ravagée.

Une lettre intéressante du Père Denn qui nous parvient trop tard sera publiée la semaine prochaine.

DÉPARTS DE MISSIONNAIRES

Se sont embarqués à Marseille, le 29 juillet 1900, les jeunes missionnaires de la Société des Missions Etrangères de Paris dont les noms suivent: MM. Colas Auguste (Paris) et Renoux Célestin (La Rochelle), pour le diocèse de Pondichery; Brun Marius (Marseille), Bailleau Henri (Chartres), Cabiran François (Auch) et Palluel Jean (Chambéry), pour Kumbakonam; Van den Bossche Edmond (Cambrai), pour le Maïssour; Boissière Antoine (Le Puy et Morin Valentin (Rennes), pour le Coïmbatour; Ravoire Louis (Annecy) et Loizeau Paul (Luçon pour la Birmanie méridionale: Keller Charles (Strasbourg), pour le Cambodge: Hutinet Gustave (Langres), Nicolas Gabriel (Nancy) et Guillot Louis (Paris), pour la Cochinchine orientale; Boillot Ernest (Besançon), pour la Cochinchine septentrionale; Le Gourriérec Albert (Vannes), pour le Tonkin méridional; Jaricot Paul (Lyon), pour le Haut-Tonkin; Juge Léon (Lyon), pour le Laos; Kapfer Charles (Paris), pour Tokio; Bois Joseph (Chambéry), pour Nagasaki; Marmonier Petrus (Lyon), pour Osaka; Cardon René (Séez), pour Malacca.

INFORMATIONS DIVERSES

Angleterre. Un écrivain socialiste très en vue en Angleterre, et dont la science historique est très appréciée, Hyndmann, parle en ces termes dans son ouvrage : The historical basis of socialisme in England, de l'action du clergé et des ordres monastiques pendant le moyen åge:

« L'Eglise catholique faisait mieux que consacrer la moitié des revenus de ses biens au soulagement des pauvres. Les comptes encore existants aujourd'hui des biens des couvents, prouvent qu'une notable partie de ces revenus était affectée à donner un abri, à nourrir et à entretenir ceux qui n'avaient pas de foyer, et aussi à soutenir d'autres œuvres de bienfaisance. <«< Et lors même que l'on établirait que des sommes importantes ont été sacrifiées à la pompe des solennités religieuses et à l'ornementation des temples, il n'en demeurerait pas moins acquis que les prêtres et les abbés étaient les meilleurs landlords de l'Angleterre, et qu'aussi longtemps que i'Eglise catho

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lique est restée en possession de sa puissance et de ses biens, la misère et les privations étaient des fléaux inconnus aux populations parmi lesquelles elle vivait comme propriétaire; l'amélioration qu'elle apportait à ses cultures, ses travaux, ses constructions, l'établissement de routes. un bienfait inappréciable pour l'époque tout cela joint au zèle qu'elle mettait aussi bien à aider les pauvres qu'à épurer les mœurs et à créer des écoles, aux soins éclairés qu'elle prodiguait aux malades, tout cela montre combien ces religieux, si odieusement diffamés, furent une bénédiction pour l'humanité. >>

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Syrie. M. Malaval. lazariste, missionnaire a Akbès, nous écrit:

« Vous savez que d'ordinaire les pauvres sont le partage des missionnaires, surtout à Akbès où la pauvreté est générale parmi les Arméniens et les Maronites. Or le nombre des familles catholiques augmenté et surtout va augmenter cette année d'une façon qui doit nous faire réfléchir. Une vingtaine de jeune gens, élevés et formés par la mission, sont en âge de se marier, de s'établir. N'ayant pas de métiers, comment soutiendront-ils leur petit ménage? Devront-ils s'expatrier? Les protestants, nos puissants [adversaires, s'efforcent de fixer au sol natal leurs jeunes prosélytes en les aidant à gagner leur vie. Nous voudrions les imiter. Déjà trois de nos enfants ont été envoyés à Beyrouth où ils apprennent des métiers différents. « Un autre projet m'est venu à l'esprit. Dès notre installation à Akbès, nous achetâmes à vil prix des terrains immenses Mais faute de sécurité on dut renoncer à les cultiver et cependant c'est la partie la plus belle et la plus fertile de la plaine. Aujourd'hui que les temps sont changés et que nous avons une administration régulière, des familles catholiques pourraient s'établir sur nos terrains. Mais il faudrait leur venir en aide. L'Arménien est laborieux; une misérable hutte, construite en deux jours, donne à sa famille un abri suffisant. Mais comment se procurera-t-il les animaux de labours? Une paire de bonnes bêtes coûte environ 150 francs. Que la Providence inspire à quelques âmes charitables de nous donner les moyens d'installer ainsi quelques familles. Ce serait le commencement d'un village catholique appelé à se développer et à exercer une salutaire influence. »>

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Soeur Vincent Sion, Fille de la Charité, supérieure de l'hôpital du Sacré-Coeur de Caïffa, nous écrit:

« Je suis la soeur de sœur Sion de Jérusalem, bien connue de vos lecteurs. Le bon accueil qu'il ont fait à ses demandes m'encouragé à venir à mon tour m'adresser à eux. Je sens au fond de mon coeur que ce ne sera pas en vain.

« Depuis longtemps déjà les RR. PP. Carmes priaient nos supérieurs d'envoyer à Caïffa quelques Soeurs pour y fonder un hôpital, une salle d'asile, un dispensaire, autant d'œuvres bien nécessaires dans cette ville, appelée à prendre une grande importance lorsque sera construite la voie ferrée de Damas à Nazareth.

<< Depuis plusieurs mois, la mission est ouverte dans une maison située au centre de la ville. La salle d'asile compte aujourd'hui 295 enfants, au grand désespoir des protestants qui font ici une propagande effrénée. Notre dispensaire est assiégé chaque jour par une foule de malades, et notre hôpital, qui compte 14 lits pour son début, ne peut suffire à la moité des demandes.

<< Voilà un aperçu des oeuvres naissantes de Caïffa. Nous avons une bien grande espérance de les voir prospérer dans l'avenir. Malheureusement les ressources sur lesquelles nous comptions pour soutenir et entretenir la marche de ces heureux commencements, nous font défaut. >>

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œuvres florissantes, ni cette pourpre sanglante des persécutions qui, comme autant de belles auréoles, attirent à bon droit, vers tant d'autres champs de l'apostolat les regards et l'admiration du monde catholique: cependant il a un titre. hélas! trop réel, à la bienveillance des amis des Missions : c'est sa pauvreté, son extrême dénûment.

« Le district de Matighiri, c'est ainsi qu'il se nomme du nom de sa station principale, compte un peu plus de treize cents chrétiens dispersés dans près de quarante localités. Il fait partie du diocèse de Mysore qui comprend la principauté de ce nom. La photographie que je joins à ma lettre représente le jeune Maharajah de Mysore et son frère.

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Mon district possède six chapelles; mais ce ne sont que des masures ouvertes au vent et à la pluie, dénuées de tout et, d'année en année, achevant de se désagréger. Une seule est en partic, à l'abri de cette triste décadence, parce qu'à force de sacrifices, elle a pu être rebâtie par le P. Gouarin, mon zélé prédécesseur; mais, à l'exception de ses murs et de son toit, elle ne possède absolument rien, pas même un autel. pas même le plus modeste chandelier.

« Et pourtant il est bien à désirer que ces lieux de prière soient assez décents pour faire honneur à la vraie religion et attirer le respect des infidèles! Mais, pour les mettre en bon état, il faudrait des ressources, et les ressources font ici à peu près complètement défaut. D'autre part, le district aurait besoin de plusieurs écoles et il n'en a qu'une, toute petite et absolument insignifiante.

« Je m'adresse donc à la charité des lecteurs des Missions Catholiques. Je leur présente ma mission avec sa misère et de même qu'une mère réserve volontiers une plus tendre sollicitude à celui de ses enfants qui paraît le plus faible, j'espère qu'ils voudront bien laisser tomber un peu de la rosée de leur charité sur ce pauvre coin du champ apostolique. »>

EXCURSION EN BOLIVIE
BOLIVIE ET AU PÉROU

Par Mgr TERRIEN

DÉLÉGUÉ DE L'EUVRE DE LA PROPAGATION DE LA FOI DANS L'AMÉRIQUE DU SUD

Suite (1)

De La Paz à Puno (Pérou) par le lac de Tilicaca, à 4.000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les quatre jours complets que nous passons à La Paz nous suffisent pour visiter cette ville intéressante et singulière, unique au monde, je crois, par sa position physique. et par son aspect original. Elle compte près de 60.000 habitants dont les deux tiers sont indiens son climat est sain et tempéré malgré son altitude, il y a même de la vé gétation, ce qui est bien rare à 4.000 mètres de hauteur; sa promenade publique (Alameda) est très agréable et fréquentée, au milieu de ses grands arbres dont l'ombrage est recherché, et de ses plantes dont les fleurs variées exhalent un parfum exquis. C'est une ville paisible comme l'indique son nom, et cependant sa jalousie contre şa rivale Sucre l'a fait se mettre dernièrement à la tête du mouvement révolutionnaire; elle a été le foyer et l'âme de l'insurrection, elle a triomphe, et aujourd'hui le Président et le nouveau gouvernement résident dans son sein.

C'est le 11 au matin que nous disons adieu à la pittoresque et sympathique petite ville de La Paz. Il nous faut encore reprendre la diligence qui nous conduira jusqu'à Chililalla ou Port Perez, sur les bords du lac de Titicaca, ce n'est qu'une journée de voyage. Malgré les huit mules attelées à notre voiture, la montée du cratère au fond duquel se trouve la ville dure plus de deux heures, et à notre arrivée pour faire la même route en descendant nous n'avions employé qu'un quart d'heure. Parvenus en haut, nous laissons, après avoir admiré une dernière fois le panorama de La Paz, le chemin de Oruro à gauche, et nous nous dirigeons sur Chililalla. Sur le parcours rien d'extraordinaire ne s'offre à nos regards, c'est la pampa monotone et

PRISONNIERS BOLIVIENS; d'après une photographie.

A La Paz il y a deux couvents de Franciscains, plusieurs paroisses et communautés de religieuses dont les principales sont : les Filles de la Charité de SaintVincent-de-Paul, les soeurs des Sacrés-Coeurs, celles du BonPasteur, etc. Ces religieuses s'occupent des hospices, des hôpitaux, des ouvroirs, et aussi de l'éducation des jeunes filles. Pour les jeunes gens il y a le Collège des Père Jésuites et le séminaire. Je n'oubliai pas la chère mission qui m'a été confiée l'oeuvre de la Propagation de la Foi a été bien comprise et admise sans difficultés par l'autorité ecclésiastique, et partout où j'eus occasion de la faire connaître. Un sermon de charité improvisé à l'hospice donna un heureux résultat. Je crois qu'en passant un mois à La Paz, on formerait des centaines de dizaines d'associés, car les habitants sont dociles et charitables, et malgré le vice de la boisson auquel ils sont adonnés, ils sont restés chrétiens.

(1) Voir Missions Catholiques des 27 juillet et 3 août.

inhabitée. Nous ne trouvons, à des distances désignées, que de misérables posadas ou auberges. Ces posadas sont élevées par les soins du gouvernement qui réquisitionne les indiens pour pétrir les adobes, et faire la construction. L'administration de la Posada est confiée à un blanc. Le service est fait par des indigènes qui se remplacent tous les mois, et sont obligés à ce travail comme payement des terres que leur abandonne le gouvernement. C'est un reste de la fameuse Mita espagnole ou prestation forçant les indiens à travaller dans les célèbres mines de Potosi. En dépit de l'indépendance, de la liberté, de l'égalité et de la fraternité proclamées en Bolivie, cette servitude des malheureux indigènes existe encore, et généralement les édifices publics sont bâtis de cette façon. Citons à La Paz le pont de pierre qui se trouve en face de Saint-Francisco, le palais des postes,ete. vigueur actuellement sous

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L'esclavage même est en un nom ou sous une forme déguisée : les Pongos ne sont rien moins que des esclaves. En effet étant les domestiques des riches hacendados (propriétaires) de Bolivie, les Pongos sont loués par leurs maîtres à des particuliers ou à des entreprises, comme on loue les bètes de somme. Le pauvre Pongo reçoit l'alimentation de ceux qui l'emploient, mais le prix de la location est remis intégralement à l'Hacendado ou propriétaire. Celui-ci prète quelquefois à la famille des Pongos un coin de terre pour la culture.

Les deux domestiques du collège Saint-Callixte étaient des Pongos leur patron les avait loués pour 80 bolivianos chacun, dont ils ne recevaient pas un centime : les Pères Jésuites leur donnaient quelques réaux par semaine,

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EXPLOSION D'UNE MINE EN BOLIVIE; d'après une photographie communiquée par Mgr TERRIEN, délégué de l'Euvre de la Propagation de la Foi dans l'Amérique du Sud (voir le texte).

teint plus sombre que ceux de La Paz, vivent un peu de leurs troupeaux, beaucoup du lac où pullulent les poissons et en particulier les pejercyes dont la taille ne dépasse jamais 10 ou 12 centimètres et qui sont les plus exquis, et par conséquent les plus recherchés. Les îles du lac et ses rives sont aussi très favorables à la culture des pommes de terre dont les Indiens font leur chuno.

Les barques des pêcheurs sont très curieuses et d'une construction originale. Le bois est inconnu sur les hauts

plateaux boliviens, les Indiens font leurs barques en forme de galère turque à pointes effilées, à flancs renflés, avec les roseaux qui croissent sur les rives marécageuses du lac; la flottaison est parfaite et la rapidité très grande. Les fibres des roseaux composent l'unique voile latine de cette embarcation.

Quand l'Indien ne peut utiliser le vent, il se sert de la pagaie en hauts fonds, et quand il peut atteindre le sol, il a recours à un bâton assez long qui est son propulseur. Les Indiens aymaras purs sont en guerre continuelle avec

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