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A Tarse, patrie de saint Paul, nous venons de fonder une maison de religieuses. Depuis une trentaine d'années, le monde catholique désirait y voir ériger une église, dédiée au grand Apôtre. Que Dieu bénisse les bienfaiteurs dont les offrandes nous ont permis d'acheter un terrain au lieu même où saint Paul est né, pour y bâtir une église, un presbytère et deux écoles des deux sexes! Nous espérons qu'après la construction de ce sanctuaire, notre mission fera de grands progrès.

A Mersine, mission récemment ouverte et où se sont réfugiés des Arméniens venus de tous les pays, à la suite des sinistres événements de ces dernières années, nous nous efforçons d'élargir le cercle de notre influence. A notre grand regret, la mission est si pauvre que nous n'avons pas pu ouvrir encore une école de filles, qui est indispensable, sous tous les rapports.

A Sis, antique et vénérable cité où, dans les siècles passés, des patriarches soumis à l'Eglise de Rome gouvernaient le peuple chrétien, dans la voie du salut éternel, nous avons pu établir une mission tout en face du trône patriarcal de la communauté non unie.

A Hadjine, le nombre des conversions et la ferveur des fidèles récompensent abondamment nos efforts. Nous nous voyons forcés d'entreprendre la construction d'une grande église sur les cendres même de l'ancienne chapelle, détruite il y a quatre ans par un incendie. Mais nous devons en différer l'exécution à cause de l'épuisement de nos ressources.

Nos missions de Féké, de Chardéré, de Roumly et d'autres sont seulement visitées périodiquement par nos missionnaires. Les fidèles de ces localités sont donc privés durant des mois entiers de toutes les consolations spirituelles. J'ai l'âme navrée et le cœur déchiré chaque fois que ces pauvres gens me demandent avec insistance et les larmes aux yeux de leur donner un missionnaire en résidence permanente.

J'espère que les généreux lecteurs des Missions catholiques voudront bien s'intéresser à mon diocèse et me secourir dans la tâche pénible, mais fructueuse qui m'incombe, de ramener au bercail de Jésus-Christ tant de brebis qui ne le connaissent pas.

DÉPARTS DE MISSIONNAIRES

Le 22 juin six missionnaires de la Société des Pères Blancs se sont embarqués à Naples pour Tchinde, d'où ils se rendront dans le vicariat apostolique du Tanganika. Voici leurs noms : RR. PP. Hamberger (Aloys), Poultier (Gaston), Eyck (Nicolas), et Mester (Mathieu); FF. Lambert et Siméon. Avec eux, et pour la même destination, sont parties cinq religieuses de la Congrégation des sœurs missionnaires de N.-D. d'Afrique : sœurs Saint-Luc, Saint-Léon, Fulgence, Régine et Cornélie.

Rome.

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INFORMATIONS DIVERSES

Le 10 juin dernier ont été béatifiés deux missionnaires de l'ordre des Carmes, martyrisés à Atchin (Sumatra) le 28 novembre 1638, les bienheureux Denys de la Nativité, prêtre, et Redempt de la Croix, frère convers.

Le B. Denys était né à Honfleur en 1600. Avant d'embrasser la vie religieuse, il avait pris part à de nombreuses navigations dans les mers de l'Inde et des îles de la Sonde; il avait conquis le grade de pilote-major. Touché de la grâce, il sollicita et obtint son admission au noviciat des Carmes à Goa en 1834. Il faisait ses études préparatoires à la prêtrise lorsque le vice-roi des Indes, qui n'avait consenti qu'à grand peine à son entrée en religion, le réclama impérieusement pour conduire la flotille d'un ambassadeur que l'on envoyait au sultan d'Atchin. Le P. Denys, ordonné prêtre pour qu'il pût, en ce voyage,faire œuvre d'apôtre, s'embarqua avec le Frère Redempt. Ils savaient bien qu'ils allaient au martyre et ils en étaient tout joyeux. A peine arrivés à Atchin, l'ambassadeur et ses compagnons furent saisis par ordre du sultan. On essaya de faire à force de tourments, apostasier les chrétiens. Le P. Denys ne cessa d'exhorter, de fortifier, de relever au besoin ses compagnons. Le jour du supplice, il resta le dernier des soixante chrétiens qui furent mis à mort et c'est grâce à lui que personne ne faiblit parmi eux. Plusieurs miracles s'opérèrent autour de son cadavre et dès ce moment sa mémoire fut en réputation de sainteté. Un premier procès, commencé à Rome au XVIIe siècle, était resté en suspens; on l'a repris il y a cinq ans et il vient d'aboutir.

Le B. Redempt de la Croix était Portugais, natif du village de Paredes. Tout jeune, il était venu aux Indes en qualité de soldat et y avait conquis quelques grades. Il avait un tendre amour pour la Sainte-Vierge. Aussi, quand les Carmes déchaussés parurent dans ces contrées, fut-il des premiers à demander son admission parmi eux. On l'employa, en diverses maisons, comme sacristain ou comme portier. Obéissant, aimable pour tous, brûlant du zèle des âmes et désirant le martyre, il fut exaucé, mais en même temps il garda son humilité jusqu'au bout: sa gloire n'apparait que comme un rayon de celle du B. Denys dont il fut l'auxiliaire.

Ces deux martyrs sont les premiers que l'ordre du Carmel réformé par sainte Thérèse voit placer par l'Eglise sur les autels.

Milan.

Le séminaire des Missions Etrangères de Milan va prochainement célébrer le cinquantenaire de sa fondation et nous sommes heureux de saisir cette occasion pour présenter à nos lecteurs un rapide historique de cet établissement qui a fourni à l'Extrême-Orient près de deux cents missionnaires et que dirige actuellement le vénérable Mgr Scurati.

Dès le début de son pontificat, Pie IX avait exprimé le désir que le clergé des provinces lombardes se vouàt à la propagation de l'Evangile dans les pays infidèles. Cette invitation toucha profondément M. Ange Ramazzotti, alors supérieur des Oblats de Rho, devenu plus tard évêque de Pavie, puis patriarche de Venise. Ce saint prêtre se proposa de fonder un séminaire sur le modèle de celui de Paris et offrit pour les étudiants une maison qu'il possédait à Saranno.

C'est là que, le soir du 30 juillet 1850, se réunirent, avec Mgr Ramazzotti, récemment sacré évêque, MM. Reina, Mazzucconi, Salerio, Ripamonti et don Joseph Marinoni, venu de Rome (où il était curé de Saint-Michel à Ripa) pour prendre la direction de l'établissement.

Le 31 juillet fut inauguré le nouvel Institut, avec une règle provisoire, qui fut développée dans la suite, retouchée par le Saint-Siège et rendue définitive en 1866. Don Marinoni, muni de lettres de recommandation du cardinal Fransoni, visita les diocèses de Plaisance, de Parme, de Vérone, de Padoue, de Venise, d'Udine et recueillit de précieuses adhésions.

La maison de Saranno devint insuffisante et l'Institut fut

transporté à Milan on lui assigna l'église Saint-Calocère. Moins de deux ans après sa fondation, il pouvait offrir sept prêtres à la Propagande. Parmi les missionnaires sortis depuis cinquante ans du Seminario lombardo delle missioni estere, nous citerons don Mazzucconi, tombé sous le casse-tête des sauvages de Woodlark, NN. SS. Barbero et Caprotti, d'Hyderabad Biffi, fondateur de la mission birmane; Raimondi, d'Hong-kong, pour ne parler que des morts. Au séminaire de Saint-Calocère sont confiés les deux diocèses hindous d'Hyderabad et de Krishnagar, la Birmanie orientale et les trois vicariats apostoliques chinois de Hong-kong, du Ho-Nan meridional et du Ho-Nan septentrional. Ils sont peuplés de 70 millions d'infidèles. Actuellement il compte 112 membres européens, dont 5 évêques, 102 prêtres et 5 catéchistes (plus 20 prêtres indigènes). 50.000 Hindous, Birmans ou Chinois ont été convertis par eux à la vraie foi et les Œuvres par eux fondées proclament éloquemment leur zèle: 42 églises, 375 chapelles, 4 séminaires, 11 collèges, 400 écoles, 42 orphelinats, etc. Mais si consolant que soit le bien déjà realisé, il est insuffisant, et pour entreprendre la tâche immense qui leur reste à accomplir, il faut songer à accroître le personnel apostolique: un comité spécial a assumé la mission d'ouvrir à Milan un nouveau séminaire plus spacieux et pouvant recueillir en plus grand nombre les élus que Dieu appelle à la sublime vocation de l'apostolat.

Paris. Le compte rendu annuel des travaux des missionnaires de la Société des Missions Etrangères de Paris vient de paraître. Nous nous empressons de reproduire le préambule de cet important document:

<< Pendant l'année qui vient de s'écouler, Dieu a béni encore les travaux des membres de notre chère Société, et nous sommes heureux de vous présenter la belle moisson d'âmes qu'ils ont recueillie:

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« Sans doute, ce n'est pas tout ce que vous auriez désiré, et plusieurs de nos Missions, surtout en Chine et dans l'Annam, n'ont pas récolté ce qu'elles étaient en droit d'espérer; mais les résultats obtenus sont néanmoins consolants et doivent être classés parmi les meilleurs que nous ayons eu à enregistrer. «Depuis quelques années, nous avions à vous signaler, au commencement de notre Lettre commune, la mort violente de quelque confrère. Cette fois, nous n'avons pas à le faire. Cela pourtant ne veut pas dire que la tranquillité a continuellement régné dans tous les pays confiés à notre sollicitude. Dans nos Missions de Chine, la persécution a fait bien des ravages et a même provoqué le massacre de plusieurs prêtres indigènes et d'un certain nombre de néophytes ou catéchumènes.

« Parmi les ouvriers apostoliques que le Roi des apôtres a, dans le cours de l'exercice, appelés à l'éternelle récompense, nous nous permettons de mentionner d'une manière spéciale : Mgr Chouzy, évêque de Pédnelisse et préfet apostolique du Kouang-si; M. Chibaudel, directeur du Séminaire de Paris et supérieur de notre établissement de l'Immaculée-Conception à Bièvres; M. Lemonnier, ancien procureur général de la Société à Hong-kong.

« Voici maintenant, entre les événements de l'année, ceux qui nous paraissent les plus importants:

« Mgr Mossard a été sacré évêque de Médée et a pris la direction de la Cochinchine occidentale.

« Le Laos a été érigé en Mission distincte, et Mgr Cuaz en a été nommé premier vicaire apostolique avec le titre d'évêque d'Hermopolis.

« L'archidiocèse de Pondichéry a été démembré pour former l'évêché de Kumbakonam, qui a pour premier pasteur Mgr Bot

tero.

« Le Japon a vu se réaliser un rêve qu'il caressait depuis longtemps: il a été admis dans le concert des nations civili

sées.

« En Chine, un décret impérial a accordé aux évêques et aux missionnaires des droits spéciaux et indique la marche à suivre

dans les affaires litigieuses qui peuvent surgir entre les chrétiens et les païens. Cet acte a pu être différemment apprécié ; son importance pourtant est incontestable, et il doit être considéré comme le témoignage d'une réelle bienveillance. Assurément, il serait excessif de conclure de là qu'il n'y aura plus désormais de difficultés; mais elles seront plus rares, et celles qui naîtront pourront être plus facilement et plus vite aplanies. Il faut done rendre grâces à Dieu de cet événement et remercier ceux qui ont contribué à sa réalisation : le ministre de France en Chine et Mgr le vicaire apostolique de Pékin. » Pondichery (Hindoustan). M. Maurice, des Missions Etrangères de Paris, nous écrit de Villupuram:

«La faim m'amène encore, rue de la Charité! c'est bien le cas de le répéter: « Ventre affamé n'a pas d'oreilles! » Mais aije besoin de vous rappeler la désolante situation de nos pauvres néophytes? Les pressants appels. partis de tous les coins de l'Inde et que les Missions catholiques enregistrent chaque semaine, vous disent assez qu'une affreuse désolation règne par

tout.

« Voici, du reste, quelques chiffres, pris dans les rapports officiels et qui parlent assez éloquemment par eux-mêmes. « Plus de 40 millions d'Hindous, dit le Times, se trouvent « réduits à la dernière extrémité par suite du manque de riz « et d'eau. La misère, surtout dans les provinces du Nord, de« passe en horreur tout ce que l'imagination pourrait se figu«rer. Le gouvernement a été obligé d'entreprendre de grands « travaux pour empêcher la population de certains districts « d'émigrer en masse, ce qui serait une vraie catastrophe. La « mortalité est partout très élevée; pour le seul district de << Poona, elle a dépassé le chiffre de 3.000 en une semaine. »," «On peut affirmer que ces chiffres sont au-dessous de la vérité. Dans la région que j'habite et qui compte de très nombreux chrétiens, tout travail a cessé à la suite de la sécheresse persistante. L'eau commence à manquer en bien des endroits et le riz devient de plus en plus rare sur le marché. A certains moments même, il faut l'intervention de la police pour obliger les marchands à vendre leurs denrées.

« Notre situation ne peut que s'aggraver et, dans quelques jours, nous serons assaillis par des milliers de pauvres chrétiens qui comptent toujours sur la charité du missionnaire. Les païens aussi accourront à nous. Beaucoup même sont déjà venus se faire inscrire pour recevoir le baptême. Que les lecteurs si sympathiques des Missions catholiques se souviennent de nous et daigne le Seigneur leur rendre au centuple, même en cette vie, le bien qu'ils nous feront ! »>

Tonkin occidental. M. Maxime Vibert, des Missions Etrangères de Paris, nous écrit de Ké-tru, près Ha-Noï:

Dans le district de Son Mieng et de Ké-tru, où je travaille depuis près de trois ans, j'ai pu déjà détruire deux pagodes et bâtir deux églises à la place. La dernière, celle qui est dédiée à Notre-Dame de Fourvière, n'est pas encore achevée. Si j'avais les ressources nécessaires, avant deux mois elle serait terminée: hélas ! les gros sous manquent! Vous comprenez ce cri du cœur !

« L'ère des persécutions sanglantes ne reviendra plus, je l'espère, au Tonkin; le moment est passé de vivre sous terre, de se cacher le jour et de ne travailler que la nuit; aussi nous devons nous montrer, remplacer nos granges par des églises dignes de Notre-Seigneur, faire honte et peur au démon et à ses suppôts.

« J'ai d'autant plus hâte de terminer cette église que Mgr Gendreau, avant de partir pour la France, a divisé la paroisse de Son Mieng,beaucoup trop grande et difficile à visiter. Dans la nouvelle paroisse placée au village de Ké Chuang, il y a à construire une nouvelle église. Combien me faudra-t-il d'années pour mener à bonne fin l'œuvre du bon Dieu, si les âmes charitables ne viennent à mon secours? Seul je ne puis rien faire. Je vis à l'annamite, pauvrement, me privant de tout pour pouvoir faire du bien autour de moi, à de pauvres païens vraiment dignes de pitié. »

CHEZ LES FANG

Par le R. P. TRILLES

de la Congrégation du Saint-Esprit et du Saint-Coeur de Marie.

Suite (1)

La musique fang.

Le Noir, on l'a dit et répété souvent, est un grand enfant, à tout àge. Bébé est au jardin; seul, tranquille, inobservé; il prend une fleur, l'ouvre, l'effeuille, la jette, et il chante. Il chante quoi? Des mots sans suite, une mélodie sans but, un air naïf; il le répète à satiété.

Ecoutez chanter le peuple. Le grand art? Peu lui chaud. Ce qu'il veut, ce qui lui plait, c'est l'air monotone, toujours le même, roulant sur les mêmes mots : c'est la complainte, la naïve complainte.

Ecoutez chanter le marin, le soldat. En hissant les ancres, en virant au cabestan, le matelot aimera à redire les refrains naïfs d'Yann Nibor et tant d'autres restés in

connus.

Pour monter la côte, franchir la rude étape, le soldat répètera sans trève et sans fin :

Ma capote a deux boutons.

Fi des airs d'opéra, foin des couplets savants et truqués, délices des intellectuels, des raffinés, des délicats: l'enfant chante d'instinct, comme il parle le Noir est un enfant, il chantera comme l'enfant.

Ce qui ne veut pas dire que le Noir n'ait pas de musique! Il en a une, elle n'est pas la nôtre. Le fils de Japhet a la sienne, le fils de Sem en a une autre et le fils de Cham en a une qui diffère des deux premières. Voilà tout!

I. L'instrument naturel.

Il n'est pas rare de rencontrer chez les noirs de fort jolies voix, du moins tant qu'ils sont enfants. Nous en avons chaque jour la preuve dans nos chapelles.

Plus tard, par suite du manque d'exercices et surtout de l'habitude de crier outre mesure, les voix se perdent, s'éraillent, deviennent rauques, affreuses. Il y a des exceptions pourtant.

En pirogue, le Noir chante presque continuellement; de lentes mélopées accompagnent le battement des pagaies, et aux passages difficiles, pour franchir barre ou rapide, un coup de gosier accentue le mouvement on crie et on passe.

Parmi ces chants, quelques-uns sont réellement beaux : les Nkomis, en particulier, ont grande réputation et je me souviens encore de l'impression profonde que me produisaient ces chœurs de deux ou trois cents voix, chantant à l'unisson, le soir, sur l'Ogowé.

Roulant de vague en vague, les ondes sonores glissaient sur les grandes eaux, répercutées par les échos de la forêt séculaire, pour s'en aller mourir là-bas, tout là-bas, dans les ombres du soir, se mariant aux mille bruits de la forêt, s'éteignant avec eux en un decrescendo majestueux d'un effet saisissant.

Parmi les plus connus, au hasard, choisissons un de ces chants de pirogue. Souvent, lorsque deux embarcations marchent de conserve, les équipes aiment à se provoquer. La lutte est chaude, ardente; si les canots sont d'égale force, elle durera souvent plus d'une heure. Une l'emporte enfin et voici le chant triomphal que les lutteurs aiment à répéter:

Les mélodies fang sont généralement en mode mineur, dans le genre des mélodies irlandaises ou bretonnes, mélodies des primitifs, mélodies originales, sources après tout de la science moderne.

La gamme noire, si gamme on peut l'appeler, se compose de sept notes comme la nôtre, la ré sol si la do ré. Le la, note fondamentale, est suivi de deux quartes justes, d'une tierce majeure, descend d'une seconde majeure, remonte d'une tierce mineure et d'une seconde majeure. Ouf! je ne l'aurais pas deviné tout seul; mais c'est un savant musicien, notre bon frère Alexandre, qui me l'a dit. Faites comme moi croyez-le sur parole.

En travaillant comme en marchant, à l'œuvre comme au repos, le peuple chante. Le Noir en fait autant.

D'abord il joue de l'instrument que le bon Dieu a donné à tout homme venant en ce monde ou du moins à presque tout homme il joue de son gosier. Puis, comme cela ne lui suffit pas, il a inventé autre chose pour aider sa voix et il s'est fait des instruments de musique.

(1) Voir les nos des 8 et 15 juin.

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Au travail, en tirant la senne ou la charrette, en exécutant un travail de force, le Fang chantera: mais, comme des Blancs le dirigent, il aimera, sûr de ne pas être compris, à les tourner en dérision.

« Qu'est-ce qui nous commande aujourd'hui? Un éléphant? »

Et tout le monde de reprendre : « Un éléphant! »

« Et quel est son pays? C'est un mangeur de grenouilles!

« Oui, les Blancs mangent des grenouilles : ah! que les Blancs sont malpropres ! »

Drôle de réputation, soit dit en passant, qui nous suit partout. Ainsi, de même, au XVIIe siècle, les Anglais nous traitaient de « mangeurs de grenouilles ».

CHANT DU. NGIL

MBAMBA.

Improvisé docteur.- Après avoir pris mon café, comme je me préparais à partir, la directrice du sanatorium s'approcha de moi et me dit à brûle-pourpoint: Monsieur, votre cocher nous a dit que vous êtes docteur. »

Me souvenant que j'avais prié mon compagnon de me donner ce titre, je répondis:

«En effet, Madame, je suis docteur. »

« Quel bonheur! Il y a ici une dame gravement indisposée; depuis huit jours elle doit garder le lit. Elle vous prie instamment de la voir. »

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intransigeance allait faire taxer de cruauté l'honorable corporation des médecins. Je pouvais bien donner un bon conseil. Un vieux missionnaire a vu de près tant de misères!

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« Soit, Madame, j'irai la voir, mais à condition qu'elle ne me demandera pas d'ordonnance; je ne pourrais en donner sans enfreindre la loi. »

Cinq minutes après, j'étais au chevet de la malade. Le cas n'était pas désespéré, pas même grave. La plaignante était tout simplement descendue trop brusquement des hautes montagnes où elle avait passé l'été ; l'atmosphère plus dense.de la vallée l'avait rendue nerveuse. De plus elle m'avoua qu'étant en transpiration, elle avait pris de la glace; il en était résulté des troubles gastriques. Quand au reste, ni fièvre ni autre dérangement sérieux. Je lui

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NORVEGE.

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LES TROLDTINDERNE; d'après une photographie envoyée par Mgr FALLIZE, Vicaire apostolique (voir ci-dessous.) prescrivis un remède élémentaire, de la diète et du courage. Elle me promit de faire appeler le médecin du district, si le lendemain elle ne se portait pas mieux, et, comblé de ses remerciements, je me hâtai de gagner le large. Bien entendu mon cocher reçut une sérieuse réprimande pour son bavardage et je pris la résolution de ne plus jamais me faire appeler docteur. Quand à la malade, j'appris dans la suite, que, dès le lendemain, elle avait reparu à la table d'hôte.

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nous laissent parfois à peine unétroit passage; les cîmes du Romsdalshorn et des Vengetinderne, qui percent les nues et lancent souvent, avec un vacarme infernal, des blocs de pierre ou d'énormes avalanches dans le lit de la Rauma; les crêtes crénelées des Troldtinderne, aux pieds desquelles nous passons en tremblant; les pics fantatisques du Kongen (Roi), de la Dronningen (Reine), du Bispne (Evêque) et des Soestrene (Soeurs), que nous saluons au fond de la vallée latérale Isterdal; et ces cascades, descendant comme un léger voile de soie pour se dissoudre en un brouillard teint par le soleil de toutes les nuances de l'arc en ciel, ou se précipitant d'abîme en abîme avec un bruit qui fait tressaillir; voilà certes de quoi inspirer nos grands peintres norvégiens, qui trempent leur pinceau dans les couleurs du soleil de minuit et dans les ombres du Troldfjord; voilà de quoi faire vibrer les cordes de notre poète

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