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donna l'accolade, et pendant que sur la berge de l'arroyo, le P. Bon et moi regardions s'éloigner la barque qui emportait nos confrères, le P. Tamet, debout sur l'arrière, nous fit signe par une mimique expressive que le P. Gélot fondait en larmes. Ma foi, cela se gagne, et nous allions en faire autant...! Partons.

Puisque me voilà de pair à compagnon avec le R. P. Bon, il faut que je fasse faire sa connaissance aux lecteurs des

LE P. BON; d'après une photographie. Missions Catholiques. Originaire du beau diocèse d'Angers, il était ce que l'on appelle un sujet d'élite. A son départ de la rue du Bac, il avait été désigné pour un des vicariats apostoliques du Su-tchuen, mais avec mission spéciale de s'occuper du procès des martyrs. C'est pour cette raison, qu'après avoir passé en Chine et en Cochinchine, il avait été demandé par Mgr Puginier pour le Tonkin occidental, où sa présence devait être plus utile qu'ailleurs à la cause des martyrs. De haute taille, d'une physionomie et de manières distinguées, le P. Bon se faisait remarquer tout de suite dans n'importe quel milieu, et dès qu'on le fréquentait on était sous le charme de son esprit très fin et très cultivé. Bon, il l'était dans tous les genres, dans tous les sens, excepté, disait le méchant P. Godard de l'imprimerie, excepté pour la bravoure ou plutôt le sang-froid en temps de troubles et de pirateries. Mais, après tout, ce n'était pas son affaire, et je suis sûr qu'en cas de nécessité le P. Bon aurait été un terrible adversaire frappant d'estoc et taille.

Quand on se frottait à lui, en disant une sottise, on se piquait à la fine pointe de son esprit.

Un jour, à Ké-So, il recevait la visite d'un soi-disant envoyé du ministère de l'instruction publique ou de l'agriculture en mission au Tonkin. Ce missionnaire scientifique n'osait pas précisément traiter le P. Bon comme une quantité négligeable, car il espérait se servir de lui; mais il affectait un peu trop le ton suffisant et l'air protecteur, en faisant parade de ses connaissances universelles. Le P. Bon souriait dans sa grande barbe blanche.

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Sans fausser compagnie au vénéré P. Bon, qui retourne à ses chères études, je rentre à Kê-Trinh pour célébrer les fêtes de la Toussaint et de la Commémoraison des défunts.

Ces saints jours sont des plus solennels pour nos chrétiens tonkinois qui ont le goût des cérémonies religieuses non seulement par esprit de foi, mais encore par caractère national. L'Annamite aime les distractions bruyantes, les réunions nombreuses, tout l'apparat plus ou moins comique des drapeaux, tam-tams, sabres et lances en bois laqué rouge et or, parasols, etc... tous objets nécessaires à l'exhibition d'une fantasia boudhiste à la porte des pagodes. Ne pouvant participer à ces cérémonies païennes, les chrétiens prennent leur revanche sur le diable à l'occasion des grandes fêtes de la religion, et naturellement, pour tout ce qui n'est pas contraire aux rubriques de l'Eglise, on les laisse parfaitement libres de déployer leurs pompes nationales.

Noël, Pâques, la Pentecôte, l'Assomption, sont les grandes fêtes chômées par les chrétiens tonkinois. Mais, pour la Toussaint et la Commémoraison des défunts, l'assistance aux offices est peut-être encore plus nombreuse. C'est que la dévotion catholique aux âmes du Purgatoire ne fait que purifier et sanctifier le culte des morts, qui est traditionnel dans tout le royaume de l'Annam. Et elle se manifeste surtout pour le 2 novembre et à l'époque du tét (premier de l'an chinois). En ces deux circonstances, les pécheurs les plus endurcis assistent à la messe et récitent le chapelet pour les ames du l'urgatoire.

Je reçus même à Ké-Trinh, en cette année 1882, la visite d'une vieille boudhiste, mère d'un chef de canton, ennemi déclaré de la religion, qui vint m'offrir ses présents, en me demandant de vouloir bien célébrer une messe de Requiem pour les domestiques chrétiens morts au service de sa famille.

A propos de la vieille femme boudhiste, modèle de tolérance, je citerai aussi celle qui existait à cette même époque à la pagode de Phû-Siay, près de Ké-Bang, et qui, par philanthropie, avait appris la formule du baptême afin de pouvoir ouvrir le Ciel aux enfants agonisants dans les villages des environs de sa bonzerie.

(A suivre.)

Nous donnerons dans notre prochain numéro la suite du pittoresque et instructif travail du R. P. Trilles sur les FANG.

BIBLIOGRAPHIE

NECROLOGIE

MGR BULEON,

vicaire apostolique de la Sénégambie.

La mort vient de frapper, dans la mission de la Sénégambie, un coup aussi terrible qu'inattendu. Le 13 juin, Mgr Joachim Buléon, évêque titulaire de Cariopolis, vicaire apostolique de la Sénégambie et préfet apostolique du Sénégal, rendait le dernier soupir à Dakar.

Né le 6 mars 1862 à Plumergat (Morbihan), le prélat n'était âgé que de 38 ans; les derniers jours de mai, il écrivait encore à Mgr Le Roy: « Je me porte à merveille ». Quel est donc le mal qui a si soudainement terrassé le vaillant missionnaire? C'est l'implacable fièvre jaune. Le fléau s'est déclaré à Dakar vers la mi-mai; et, sans prendre jusqu'à présent les proportions effrayantes qu'on lui a vues parfois dans le passé, il n'a cessé de faire un certain nombre de victimes parmi les Européens de la colonie.

Mgr Buléon n'était au Sénégal que depuis le mois de novembre dernier; mais il avait travaillé dans les missions d'Afrique depuis la fin de 1885. C'est le Gabon qui a été le champ principal de son apostolat. Il y dirigea d'abord le séminaire indigène, dont il fut en quelque sorte le restaurateur; car, cette œuvre si importante et si difficile avait été suspendue depuis plusieurs années. Doué d'une foi ardente et généreuse, d'une énergie et d'une ténacité qu'aucun obstacle ne déconcertait, le R. P. Buléon prit une part active à la fondation de plusieurs stations importantes du vicariat du Gabon. En février 1887, il coopérait à celle du Fernan-Vaz, où il dirigea notamment les travaux de la belle église de Sainte-Anne, qu'il eut la consolation d'enrichir d'une relique insigne de la glorieuse Patronne des Bretons. En 1893, il passait aux pays des Eshiras pour y établir la station de Sainte-Croix, à laquelle il donnait une puissante impulsion; il la quitta pendant quelques mois en 1897, pour aller préparer la fondation de Ndjolé sur l'Ogowé

Le R. P. Buléon a tracé, au courant de la plume, des récits fort goûtés des travaux et des aventures de sa vie apostolique au Gabon. Observateur sagace, il a fourni à diverses Sociétés savantes des études très appréciées et qui lui avaient valu de précieuses sympathies.

En 1899, le zélé missionnaire était placé à la tête de la grande mission de la Sénégambie, en remplacement de Mgr Barthet, démissionnaire pour cause de santé. Le nouveau prélat fut accueilli partout avec des démonstrations extraordinaires d'allégresse. On pouvait attendre de lui une longue, brillante et féconde carrière. Hélas! en un jour toutes ces espérances ont été brisées par l'impitoyable mort. Sans doute nous ne devons pas nous attrister sicut ceteri qui spem non habent, et pourtant comment se défendre d'un profond serrement de cœur en présence d'un coup si cruel et si subit ?

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La création de la Salle des Martyrs date de 1842, époque où le séminaire reçut la dépouille sainte de Mgr DumoulinBorie, martyrisé quatre ans plus tôt, au moment où il venait d'être nommé évêque et vicaire apostolique du Tonkin occidental. Le corps du martyr fut déposé dans une chambre et bientôt, autour de lui, se rangèrent d'autres corps de missionnaires massacrés pour la foi. Ce furent ceux des Bienheureux Gagelin et Jaccard, ceux de plusieurs Annamites et Chinois morts pour Jésus-Christ. En même temps, cette salle s'enrichissait de cangues et de chaînes portées par les confesseurs de la foi pendant leur captivité, de leurs lettres autographes, de leurs vêtements, des objets dont ils s'étaient servis, de tableaux faits par des peintres annamites et représentant les supplices endurés. C'est ainsi que peu à peu s'orna de ces sanglants trophées la « Salie des Martyrs ». Les saints ossements, depuis quelques années, ont été transférés dans la crypte de l'église des Missions-Etrangères, sise rue du Bac, à Paris. Néanmoins la « Salle » conserve encore une grande richesse de reliques: linges rouges de sang, chaînes, anneaux de fer, vêtements noirs, bleus, blancs, percés de coups de sabre, cordes, petits volumes à l'usage des suppliciés, planchettes portant en langue chinoise leur arrêt de mort, chapelets, crucifix qui reçurent leur dernier baiser, des tableaux, types de l'art oriental, reproduisant le supplice des Cent Plaies, subi par le Bienheureux Marchand, la décapitation du Bienheureux Dumoulin-Borie, la strangulation des Bienheureux Antoine Nam et Pierre Tu.

C'est à la description et à l'historique de ces reliques que ce volume est consacré, guide indispensable de ce « Musée » des martyrs. Voici l'ordre qu'il suit : il raconte l'origine de la « Salle », en fait la description générale; puis vient la description des instruments de torture, des tableaux, au nombre de dix-sept, avec des scènes de martyre. Dans la dernière partie Souvenirs et biographies il nomme

les objets possédés aux Missions-Etrangères, indiquant souvent en note leur provenance, la date de leur envoi et de leur dépôt à la « Salle. Sont résumées ensuite, dans une courte nolice, la vie et la mort des confesseurs, des martyrs ou des saints personnages auxquels ces objets ont appartenu ou servi et qui, presque tous, sont des prêtres de la Société des Missions Etrangères ou des chrétiens évangélisés par eux, en Chine, en Corée, en Cochinchine, au Tonkin. A la fin du volume, une « Liste des évêques et des prêtres de la Société des Missions Etrangères, des prêtres et des fidèles des Missions de la Société déclarés Vénérables de 1848 à 1889. Finalement sont indiqués les Jours anniversaires du martyre ou de la mort des évêques

et des prêtres de la Société des Missions-Etrangères, qui au nombre de plus de quatre-vingts ont leur biographie en ce volume.

Un La mission du Kiang-nan. Son histoire, ses œuvres. Adresser les devol. in-8 de 158 p., orné de deux cartes. mandes au R. P. Tournade, 35, rue de Sèvres, Paris.

La mission du Kiang-nan, ainsi appelée de l'ancienne province chinoise qui, depuis l'année 1667, a été subdivisée en deux nouvelles provinces, celle du Kiang-sou à l'est, celle du Ngan-hoei à l'ouest, occupe la partie la plus orientale de la Chine proprement dite. Le grand fleuve Yangtse-kiang ou fleuve Bleu la traverse de l'ouest à l'est, et, grâce aux vapeurs qui chaque jour le remontent et le descendent, permet aux missionnaires de se porter en quarante-huit heures d'un bout à l'autre du Kiang-nan.

Cette double province, soumise à un vice-roi demeurant à Nan-king, et à deux gouverneurs résidant respectivement à Sou-tcheou et à Ngan-king, pour le Kiang-sou et le Ngan-hoe, ne renferme pas moins de 50 millions d'habitants. C'est beaucoup, c'est trop, pour un territoire notablement inférieur à celui de la France. Aussi la pauvreté est-elle générale, même dans les contrées réputées les plus fertiles en riz et en coton, les deux productions par excellence de la province.

On ne saurait trop féliciter le R. P. Tournade d'avoir entrepris la monographie d'un aussi important vicariat apostolique, si riche en glorieux et édifiants souvenirs.

Rien de plus consolant que l'exposé des progrès qu'a faits cette Mission depuis cinquante ans, au point de vue de la diffusion de l'évangélisation. En 1847, tandis que 56.500 chrétiens, gouvernés par 25 prêtres, se pressaient dans les six sections qui s'étendent au sud du fleuve, de la mer à la ville de Sou tcheou, un seul missionnaire était préposé aux 4.469 chrétiens dispersés dans le reste du Kiang-sou et sur toute la surface du Ngan-hoei. Ce pénible état de choses, dû tout d'abord à la pénurie des ressources, surtout en ouvriers apostoliques, fut longtemps maintenu par la rébellion des « Longues chevelures ». Quand on put respirer, la Compagnie de Jésus entreprit courageusement de défricher ce sol immense, jusque-là presque completement stérile.

« Sur ce même terrain, qui n'avait jadis qu'un seul prêtre, on en compte aujourd'hui plus de 60; au lieu de 13 chrétientés avec 4.500 chrétiens à peine, nous possédons 352 chrétientés et près de 16.000 chrétiens. C'est surtout dans l'ouest de la mission, au Ngan-hoei, qu'ont porté les efforts de pénétration et que Dieu a béni nos travaux; cette contrée, où travaillent aujourd'hui 39 religieux de la Compagnie de Jésus, n'avait encore, en 1867, que 3 chrétientés; elle en a maintenant 171; elle comptait à la même date 437 fidèles, elle en possède aujourd'hui près de 11.000. Que de luttes de travaux, de peines de tout genre, représente cette humble moisson, Dieu le sait; mais il sait aussi combien ses « inutiles serviteurs » sont ambitieux de lui offrir des dons plus magnifiques! >>

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NORVÈGE. LE ROMSDALSHORN ET LES VENGETINDERNE ; d'après une photographie envoyée par Mgr FALLIZE, vicaire apostolique (voir p. 305).

EN CHINE

Pour satisfaire aux légitimes désirs de nos lecteurs dont nous comprenons et partageons l'anxiété, nous avons prié les chefs des Congrégations qui comptent des missionnaires en Chine, de nous communiquer les nouvelles qui pourront leur parvenir. Voici les réponses qui nous ont été faites aujourd'hui:

Le R. P. Desmarquest, de la Compagnie de Jésus, Procureur à Lille des Missions du Petchely Sud-Est, nous fait part d'une dépêche qui lui annonce, sans aucun détail, la mort de deux missionnaires vraisemblablement, ajoute-t-il, massacrés par les Boxers. L'un est le R. P. Modeste Andlauer, alsacien, àgé de 53 ans; l'autre est le R. P. Remi Isore, du diocèse de Cambrai, âgé de 48 ans.

Le R. P. Tournade, procureur à Paris des Missions des Pères Jésuites au Kiang-Nan, nous télégraphie le même jour : Situation grave, ignorons détails.

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Les communications télégraphiques étant interrompues, on comprend la pénurie de nouvelles précises. Tout en mettant en garde nos lecteurs contre les renseignements que la presse de tous les pays donne chaque jour, sauf à les démentir le lendemain, nous ne pouvons cacher que nous avons lieu de tout redouter au milieu de ce soulèvement de la Chine, un des plus généraux et des plus violents que nous ayons eu à déplorer dans ce siècle. Plaise à Dieu que nos craintes ne soient pas justifiées par la réalité!

CORRESPONDANCE

OCEANIE CENTRALE

Epreuves de la mission: Cyclones et décès.

Les craintes que nous éprouvons pour nos pauvres vicariats de Chine ne doivent pas nous faire oublier les épreuves de nos autres missions. Avec le vénérable évêque, actuellement en France, qui nous adresse cette lettre pleine de détails navrants, nous sollicitons la charité de nos lecteurs.

LETTRE DE MGR LAMAZE, VICAIRE APOSTOLIQUE.

Comme vous le savez, le fléau des cyclones s'abat

périodiquement sur l'une ou l'autre des îles de I'Océanie centrale. Les trois premiers mois de chaque année sont sous ce rapport une saison bien redoutée. Le 1er janvier 1900, l'île de Niua-foou eut, pour ses étrennes, une tempête des plus violentes. Les deux églises, le presbytère et le petit couvent résistèrent cependant à la tourmente; mais le personnel de la mission se trouve réduit à la misère, car toutes les plantations ont été anéanties.

A peine arrivé en France, j'apprenais un autre malheur. Dans la nuit du 2 au 3 avril, tout l'archipel de Vavau a été ravagé par un épouvantable cyclone. Les habitants se croyaient à la fin du monde. Rien n'est resté intact: les maisons ont été détruites; le sol était jonché d'arbres arrachés ou brisés, etc. Presque tous les temples protestants sont par terre, même ceux que feu le roi Georges avait fait construire dans des dimensions et avec des dépenses vraiment extraordinaires.

Située sur une colline à l'entrée du port et exposée à toute la fureur des vents, l'église catholique a cependant tenu bon, ne perdant que la flèche du clocher et le mobilier de la sacristie placée au-dessous.

Mais que d'autres ruines à réparer! La nouvelle toiture du presbytère a été emportée on ne sait où, comme toutes les toitures en feuilles de zinc. La maison d'école et ses dépendances, la voiture, l'embarcation ont été mises en pièces...

Quelques jours après la catastrophe, le jeune P. Faivre arrivait à Vavau:

a Que vais-je devenir à la tête d'une mission si éprouvée? m'écrit-il. Faire comme Job, prendre patience, mettre ma confiance en Dieu, qui saura bien suggérer à quelques âmes charitables de venir à notre

secours. »

Bien des fois déjà, les généreux abonnés des Missions Catholiques se sont intéressés à notre cause, dans des désastres semblables; nous ne saurions assez les remercier. Leurs aumônes et leurs prières sont un grand encouragement pour nous et nous font oublier nos privations et nos épreuves.

Par le même courrier, j'apprends la mort d'un de nos prêtres indigènes, décédé à Maofaga, le saint jour de Pâques. Il a été précédé de quelques années dans la tombe par un autre prêtre océanien: l'un et l'autre ont puissamment aidé le R. P. Jouny à fonder et à développer la mission dans les deux îles de Niua, au milieu de persécutions, de travaux et de privations de toute sorte. Notre-Seigneur a béni ce dévoùment 120 catholiques dans une ile, 100 dans

l'autre, 4 chapelles, des écoles, un couvent tenu par 2 sœurs indigènes, nombreux néophytes pleins d'entrain et de ferveur; voilà déjà un succès bien consolant, en attendant une moisson plus abondante.

Nous avons perdu récemment plusieurs sœurs indigènes du Tiers-Ordre de Marie et quatre Sœurs européennes. Pour remplacer ces dernières, et pour occuper notre nouvelle station de Nukualofa, capitale de l'archipel des Amis, il nous faut 6 religieuses et de nouveaux missionnaires. Vous savez ce que nous coûtent ces longs voyages d'ici au bout du monde. Or l'allocation de la Propagation de la foi, forcément diminuée l'an dernier, suffit à peine à l'entretien ordinaire du personnel et des œuvres de la mission. Homme de peu de foi, je me sens parfois défaillir. Puis je me souviens de la Providence qui donne aux oiseaux du ciel leur nourriture; je me souviens des bonnes âmes d'Europe qui aiment si tendrement les apôtres des pays lointains; je me souviens... et je vais de l'avant.

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Le diocèse d'Adana et de Tarse se trouve au centre de la Cilicie, au milieu d'une chrétienté de cent mille âmes qui tendent, aujourd'hui plus que jamais, vers l'Union à laquelle travaillent activement nos missions d'Adana, de Tarse, de Mersine, de Sis, de Hadjine, de Féké, de Chardéré, de Roumly, etc.

A Adana, notre mission fait des progrès sensibles. Outre les conversions individuelles dont le nombre atteint un chiffre bien encourageant, nous voyons avec joie disparaître l'antipathie qui divisait depuis si longtemps les catholiques et les grégoriens, frères nés d'une même mère, ayant vu le jour dans la même patrie, parlant la même langue, attachés au même rite. Grâce aux aumônes de chrétiens généreux, j'ai la consolation de travailler efficacement à la réalisation du vou le plus cher de Sa Sainteté Léon XIII. Pour atteindre plus rapidement ce grand but, il nous a fallu augmenter le nombre de nos séminaristes; je n'ai, hélas! vous le savez, que huit prêtres pour un si vaste diocèse.

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