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FERME NORVÉGIENNE; d'après une photographie envoyée par Mgr FALLIZE, vicaire apostolique (voir p. 29).

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GRAVES ÉVÈNEMENTS EN CHINE

Nous recevons du vénéré préfet apostolique du Kouang-tong des détails sur les difficultés qui ont surgi à propos de la prise de possession par la France des territoires à elle concédés par le gouvernement chinois dans le sud de l'empire. Les lettres suivantes confirment et complètent les nouvelles qui récement ont occupe la presse européenne.

LE TRE DE MGR CHAUSSE, DES MISSIONS ÉTRANGÈRES DE PARIS, PRÉFET APOSTOLIQUE DU KOUANG-TONG.

Canton, 13 décembre.

Le canon tonne dans la baie de Kwong-tchaoWaw. Il fallait s'y attendre. Depuis deux ans nos bateaux sillonnaient en silence cette baie; occupaient-ils le pays? Oui et non. Les Français avaient ms garnison dans quelques postes importants, évilant avec soin de contrarier la population; mais la Chine n'avait encore rien cédé, aucune délimitation n était tracée. Les mandarins amusaient nos chefs, pendant que le vice-roi envoyait des soldats, sous prétexte de maintenir l'ordre dans la région, en réaté pour soulever le peuple contre la domination f.ançaise.

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Il a bien fallu ouvrir les yeux.

Un jour que 75 soldats d'infanterie de marine allaient faire une reconnaissance à deux ou trois lieues d'Hoï-tao, différents postes chinois furent rencontrés; l'agitation régnait dans les villages. La colonne poursuivit pourtant son chemin sans être inquiétée. Au retour, ce fut bien different; de loin nos soldats aperçurent les Chinois massés sur la route dans un but évidemment hostile. Le lieutenant qui commandait la petite troupe fit faire halte et se prépara à soutenir le choc; il avait devant lui un millier de braves auxquels s'était jointe la population des hameaux voisins.

Des coups de fusil ne tardèrent pas à partir du côté des villages. Nos soldats ripostèrent; leurs petits canons furent terribles; cent Chinois restèrent sur le champ de bataille; nous eûmes trois blessés. Du fort de Hoï-lao, on avait entendu la fusillade, et une compagnie de marius fut 'envoyée au secours de la petite colonne qui rentra fièrement à son poste.

C'était la première rencontre sérieuse. Telle était l'attitude des soldats du vice-roi; au lieu de tenir la population tranquille, comme on le prétendait, ils employaient tous les moyens pour l'exciter et la soulever contre nous.

Quand le maréchal Sou arriva pour faire la délimitation, les pourparlers s'engagèrent aussitôt, Aux

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premiers mois, tout fut rompu on refusait de céder les deux îles de Nao-tchao et de Tong-hoï; c'était fermer l'entrée de la baie. Les Chinois prétendaient que ces îles étant la clef du Haï-Nam et de LouiTchéou ne pouvaient être concédées aux étrangers. C'est peut-être vrai, mais il n'aurait pas fallu donner la baie, si on voulait en fermer l'entrée.

On télégraphia à Peking; Peking céda les deux iles. On pouvait croire que la paix était faite. Il n'en était rien.

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Deux jeunes officiers, arrivés récemment de France, ne se rendant pas bien compte de la situation, voulurent faire une promenade sur un pelit mamelon. Ils furent aperçus par les indigènes et tués; leurs têles furent coupées et soumises à tous les outrages. Le commandant indigné braqua ses canons sur les canonnières chinoises qui étaient dans la rade et les déclara prisonnières de guerre avec tout le personnel du bord. Dans le nombre étaient le tao-taï d'Haï-nam, le Préfet de Loui-Tchéou et une foule de hauts personnages. C'était un bon coup de filet et un gage important pour l'avenir.

En même temps deux canonnières bombardaient le marché de Ma Tcheung, qui s'était toujours montré hostile et avait quelques peccadilles sur la conscience. La distance était grande; on croyait avoir fait peu de mal au village, caché derrière un mamelon.

Les jours suivants, on a appris que le marché n'existait plus, et que plus de 400 habitants ou soldats avaient été atteints par les obus. Le châtiment était exemplaire et surtout nécessaire.

Le mandarin de Shé-kai, qui avait trop bien rempli les ordres donnés par le vice-roi pour soulever la population et venait de faire couper la tête à un notable qui conseillait d'être conciliant avec les Français, prit peur lui-même, et envoya toute sa famille au district voisin. Il croyait déjà entendre, gronder le canon sur sa bonne ville... Il vient d'être révoqué. La délimitation est faite; mais, selon un mot altribué au maréchal Sou. il re te à conquérir le pays. Il doit y avoir près de dix mille braves dans la région. Va-t-on les rappeler? Ce n'est pas sûr.

Le P. Ferrand, que j'ai placé à la baie pour prendre soin de nos soldats, a complètement gagné leur confiance; il est, m'écrit-on, l'idole des Marsouins. Tout le monde admire son courage et son sang-froid sur la champ de bataille. C'est un plaisir de le voir partig en guerre sur son cheval blanc....

Il a construit sa maison avec une chapelle provisoire. Il aurait voulu commencer une véritable chapelle; mais, à cause des hostilités, il est impossible d'avoir des matériaux. Il faut attendre la paix.

Il y a eu d'autres rencontres à Kwong-tchaoWaw, le 23 novembre, 8 à 900 Chinois ont été enfilés à la baïonnette.

Les choses ont changé à Pékin. M. Pichon domine la situation. Notre vice-roi, l'auteur de tous ces désordres, est cassé.

Je viens d'arranger l'affaire de Pak-tong, où le P. Chanès avait été massacré le 14 octobre 1898. A Canton, tout va bien. En d'autres temps, si le canon avait résonné à Kwong-tchao-Waw comme il vient de le faire, une effervescence terrible bouleverserait la capitale, et de terribles menacés épouvanteraient les chrétiens. Aujourd'hui, nos Cantonnais sont indifférents. Quel changement !

Vive Dieu et vive la France !

La lettre suivante de M. Maréchal, datée du 19 novembre 1899, ajoute quelques détails à la lettre de Mgr Chausse.

LETTRE DE M. MARECHAL, MISSIONNAIRE

Des faits extrêmement regrettables se sont passés, ces derniers jours, en nos parages.

Le 12 novembre, je crois, un enseigne de vaisseau qui commandait un détachement de marins occupant le fort de Moun't'ao, s'aventura de l'autre côté de la rivière avec un aspirant. Ils furent environnés par de nombreux partisans et tués sous les yeux même des hommes du fort, impuissants à leur porter

secours,

..

Cette nouvelle ne tarda pas à être connue à ChekChen; les Chinois chantèrent victoire. Je ne puis vous dire mon indignation en entendant les gens raconter, comme une chose indifférente, que le cœur, le foie, la tête de nos malheureux compatriotes pesait tant de livres! on citait comme une merveille le poids d'une des têtes.

Il paraît que les deux officiers ont bel et bien été mangés. On racontait que leurs corps avaient beaucoup de graisse, que la chair était succulente.

Les premiers jours qui suivirent cet horrible forfait, les malandrins de Chek-Chen ne parlaient de rien moins que de me faire subir le même sort. Je veux bien croire qu'ils disaient cela par manière de plaisanterie et qu'ils m'auraient épargné ce mode d'enterrement gratuit et par trop civil; mais les

chrétiens étaient grandement effrayés des menaces des païens.

..

Heureusement, le 16 novembre, de grand matin, le canon français commença à tonner. Je croyais que nos marins bombardaient seulement le village près duquel les officiers avaient été massacrés. Mais, dans la soirée, le mandarin reçut un courrier qui annonçait que deux villages où s'était centralisée la résistance, avaient été brûlés et que beaucoup d'habitants avaient péri. Toute la nuit j'entendis un roulement de trompettes; c'étaient des gens qui venaient se réfugier à Chek-Chen.

Le 17 novembre, toute la journée, la route de SheKai était encombrée de fuyards. Des chars à buffles transportaient des femmes et des enfants. La famille. de notre ennemi acharné, le mandarin de She-Kai, qui ne cessa d'encourager la résistance, s'est aussi réfugiée dans notre ville en secret, en voyageant de nuit. Les habitants de She-Kai craignant d'être bombardés, beaucoup se sont enfuis. Les têtes de nos malheureux officiers sont exposées sur des poteaux télégraphiques, au delà de She-Kai. Voilà où les choses en sont aujourd'hui.

Les Français vont-ils continuer leurs représailles? Il est bien à désirer qu'ils agissent le plus vite possible. Joseph, un de nos néophytes, qui avait été faire le commerce à Hoï-tao, a sa tête à prix; il s'est sauvé à Pak-Hoi.

Je prie Dieu de ramener la paix; je désire vivement n'être pas obligé de m'éloigner de Chek-Chen, pendant ces jours de trouble. Si j'avais dù m'absenter la semaine dernière, les païens n'auraient pas manqué de croire que j'avais pris la fuite. Ce ne sont pas les pauvres chrétiens de Chan-Liou qui se seraient opposés au pillage de ma chapelle. Chacun d'eux ne craint que trop justement pour sa propre vie!

DÉPARTS DE MISSIONNAIRES

Le 5 novembre, douze prêtres du séminaire de Mill-Hill; MM. Proctor, Keller, Litolff, Van Agt, Brandsma, Drontman, Grimshaw, Kallen, Kirk, Minderop, Mulder et Sweeney sont partis pour le vicariat apostolique du Haut-Nil.

Voici les noms des Soeurs de l'Immaculée-Conception de Castres qui se sont embarquées à Bordeaux pour la Côte occidentale d'Afrique pendant l'année 1899: pour le Sénégal, les Soeurs M.-Philomène Faury (Albi); Saint-Germain Veaute (Albi); Saint-Amans Bousquet (Rodez); Saint-Germier Desprats (Toulouse) et Saint-Patrice Meehan (Irlande); pour le Gabon et le Congo français: Sœurs Dorothée Fournié (Albi); Saint-Paulin Baudin (Sénégalaise); Saint-Eugène Plemecassagne (Rodez); Henriette Audiguier (Rodez) et M.-Angèle Rieu (Nimes).

INFORMATIONS DIVERSES

Bulgarie. On sait que le supérieur de la Mission des RR. PP. Résurrectionnistes d'Andrinople, le R. P. Auguste Mosser, a établi au mois de novembre dernier use succursale de la mission dans la ville de Stara-Zagora (Bulgarie). Là habitent plusieurs familles catholiques, qui étaient dans l'impossibilité d'exercer leur culte à cause du marque de chapelle et de prêtres. La population de la ville en général, qui est très reconnaissante de la façon bienfaisante et désintéressée dont les PP. de la Résurrection travaillent au bien de la Bulgarie, a fait à cette fondation un excellent accueil. Mais l'évêque orthodoxe de Stara-Zagora s'y est opposé par tous les moyens: arfieles de journaux, sermons, tentatives d'intimidation. Non content d'avoir adressé lettres sur lettics, plaintes sur plaintes, au Ministère des Cultes et au Synode, il a réuni ces missives calomnieuses en une brochure à laquelle il a donné un titre à effet. Il l'a répandue parmi la population afin de la pousser à des actes de violence contre les Pères de la Ré-urrection et contre les catholiques pour les obliger à abandonner la ville.

Ajoutons à l'honneur de la Bulgarie que ni le Ministre, ni les autorités locales n'ont jusqu'à présent tenu compte des plaintes de l'éveque; ils continuent comme par le passé à accorder leur protection aussi bien aux catl oliques qu'aux orthodoxes. Cette altitude correcte des autorités suffit à montrer qu'elle ne partagent pas la manière de voir et la façon d'agir peu courtoise de l'évêque de Stara-Zagora pour une religion professée par un grand nombre d'étrangers auxquels la Bulgarie accorde une large hospitalité, de même que par une quantité nullement négligeable de Bulzares et notamment par le chef de l'Etat, S. A. R. le Prince Ferdinand de Bulgarie.

S ri. Le R. P. Michel, de la Compagnie de Jésus, nous écrit de Be.routh;

A Noël et au premier jour de l'an, j'ai prié et j'ai fait prier mes enfants pour nos bienfaiteurs de France. Le missionnaire les remercie du fond du cœur de leur généreuse sym atlie pour son école du Liban: mais qu'ils lui permettent d'exprimer un regret : les 500 tranes reçus sont insuflisants pour cette fondation.

«La situation a changé, il ne s'agit plus d'acheter la maison des protestants, qui, ayant appris la volte-face des habitants, ont feint de plier bagages et laissent leur école inachevée. On me conseille de fonder à Hadeth une école centrale. Des notables paieront la location de l'immeuble; je n'aurai à ma charge que le traitement des professeurs.

«Hadeth est à une lieue de Beyrouth, sur le chemin de fer. Cette petite ville de 5.000 habitants sert de résidence au gouverneur du Liban.

«J'y suis allé dernièrement; mon vicaire, un jeune prêtre maronite, m'accompagnait. A notre arrivee enthousiasme général. Les enfants accourent et nous baisent les mains. Sur notre passage, on nous montre deux écoles russes, l'ane pour les garçons, l'autre pour les filles :

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Mais leur foi?

C'est la seule chose qui nous inspire des inquiétudes. Ah! si vous ouvriez une école, vous les auriez tous! »

« Sur une colline qui domine la vaste banlieue de Beyrouth, se dresse la belle maison qu'on m'ofre gratis. Sa position est des plus pittoresques; la bâtisse protestante se trouve à un quart d'heure de là: Haret-Hereik, Baabda et Borge sont à quelques pas.

« Tous ces villages, avec leur ceinture de mûriers, de verts oliviers et d'arbres fruitiers, qui vont rejoindre la grande forêt des pins de Beyrouth, reposent les yeux de la plaine de sable

longue et ensoleillée dont les ondulations menacent de couvrir la ville et les faubourgs. Je ne puis rassasier mes regards, je les promène sur les cimes neigeuses du Liban : le célèbre Sannin apparaît majestueux avec tout son éclat et sa beauté. Mais toutes ces blanches montagnes, brillantes parures de la nature. ne font plus aucune impression sur le cœur du missionnaire s'il y est témoin de la destruction du plus beau chef-d'oeuvre de Dieu « les âmes ».

« Ah! ces âmes d'enfants, sauvez-les, mes chers bienfaiteurs! Une école de cette importance demande quatre professeurs: à vous de les entretenir. Les Maronites ont beaucoup de conflance dans le dévouement de la France. Dernièrement, au passage de notre escadre à Beyrouth et à Djounieh, ils se sont livrés à des démonstrations enthousiastes d'amour et de reconnaissance. Faut-il le repéter après cent autres bouches : l'influence française se confond en Orient avec l'influence catholique. Multiplier les écoles des missionnaires, c'est répandre la langue de la France et faire grandir son amour dans les cœurs. Je placerai mon école sous le patronage de Notre-Dame-desVictoires: aidez la Sainte Vierge à triompher une fois de plus du schi-me et de l'hérésie! »

M. Picot. des Missions EtranBargalore (Ilindoustan). gères de Paris, 'nous écrit d'Arsikéré, le 27 décembre 1899 : « C'est avec un cœur débordant de reconnaissance que je vous écris. Vous avez entendu généreusement mon appel: merci. Ma chrétienté est sauvée : c'est votre récompense.

<«< Où en sommes-nous? L'histoire de ces deux mois sera brève. La peste éclatait à Arsikéré les premiers jours de novembre: nous l'avons encore au milieu de nous; mais elle s'est toujours montrée assez bénigne. Elle a fait peu de victimes. Tous mes chrétiens, sauf trois enfants de six moi à cinq ans et deux grandes personnes, ont été épargnés : les enfants sont moris, les grands sont en train de s'en tirer.

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On sait maintenant comment manœuvrer quand l'épidémie se présente. Il n'y a pas à hésiter une seconde. Chacun déloge et va s'établir au milieu des champs sous des tentes de feuillage: cela vous donne une certaine idée de ce que devait être à Jerusalem la fête des Tabernacles. Alors on fait sauter les toits des huttes de la ville, et on attend que l'air ait pénétré meme les murs d'argile pour réintégrer domicil. Il faut compter trois bons mois comme la plus petite limite.

« Cependant, si, grâce à ces précautions, nous n'avons pas eu en perspective les horreurs dont j'ai été témoin à Bangalore, nous étions exposés à un autre mal: la famine. Heureusement j'ai une certaine expérience. Pendant que tout le monde criait : « La peste! la peste!» et ne voyait pas plus loin, j'ai fait venir de la farine et du riz, j'ai tenu boutique dans l'unique chambre qui me sert de bureau, de réfectoire, de dortoir, de sacristie, de dépôt. Et comme le bon Dieu m'a bien éclairé dans la circonstance! Les marchands ont pris la poudre d'escampette, c'est leur système; aujourd'hui encore ils n'ont pas reparu. Nous n'avons été qu'un jour à souffrir. un jour sans manger, jour de jeûne complet.

« Vous penserez que j'ai fait fortune avec mon riz? Eh bien! vous aurez raison : j'ai fait une immense fortune... de bonne réputation. Grâce à ma boutique, grâce aux ventes à perte pendant quelque temps, et sans profit toujours, le nom du prêtre catholique est béni dans toute la contrée et notre sainte religion est respectée par tous sans exception.

« Avant-hier nous avons eu une magnifique fête de Noël. La peste, la famine, les vicissitudes et les misères de la vie, sont de chaudes et bonnes averses qui préparent le terrain des âmes et les rend aptes à produire les plus superbes moissons pour

l'éternité.

« Il me reste à vous exprimer mes vœux de bonne année, d'excellente fin de siècle, d'entrée triomphale dans la prochaine century. Je les ai présentés, ces vœux, à l'Enfant -Jésus, avanthier. Une de mes Messes de Noël était due aux généreux bienfaiteurs dont les derniers numéros des Missions catholiques m'ont annoncé les bonnes offrandes. Qu'ils soient tous mille fois bénis. S'ils pouvaient voir tout le bien qu ils font! Ils seront

surpris de leur mérite et de leur gloire au grand jour où chacun voudra présenter des mérites et obtenir de la gloire.

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Cochinchine septentrior ale (Annam). M. Allys, des Missions Etrangères de Paris, nous écrit de Phu-Cam: « Je suis spécialement chargé de dix-neuf chrétientés, toutes situées aux environs de Hué et dans des centres où les boudhis es possèdent des pagodes n mbreuses et magnifiques.

« Ces chrétientes, dont la population s élève à 3.660 habitants, mériteraient bien d'avoir chacune une chapelle où il serait possible d'offrir quelquefois le saint Sacrifice de la messe. «Mais comment finir les chapelles que j'ai commencées et élever celles que je devrais entreprendre, surtout maintenant que les païens, soutenus par les pouvoirs publics, ont retiré aux catholiques la part qui leur était allouée sur les biens destinés au culte et que, par suite des vexations sans nombre auxquelles mes chrétiens ont été en butte, la plupart d'entre eux sont reduits à la misère.

« Cependant, pour doter ces chrétientés de chapelles en rapport avec leur population et leurs besoins, bien peu d'argent sulirait; car pour le moment, je ne puis 1.i ne veux songer à faire grand et beau: de simples paillottes suffiraient dans beaucoup d'endroits; et là où je devrai faire quelque chose de mieux, je me bornerai à remplacer le toit en paille par une couverture en tuiles.

« Aussi, serais-je bien heureux si je pouvais trouver deux ou trois cents francs pour chacune de ces chapelles dont les unes seront dédiées au Sacré-Coeur de Jésus, les autres à la Sainte Vierge, plusieurs à saint Joseph, et le reste à saint Pierre et saint Paul, saint Jean-Baptiste et saint Antoine de Padoue. >> Madagascar central. Le R. P. Gardes, de la Compagnie de Jésus, nous écrit d'Arivonimamo :

« Mon district est en proie à un fléau terrible. C'est une sorte d'influenza extrèmement meurtrière. Les malades sont enlevés en quelques jours, parfois en quelques heures. Dans un petit village j'ai vu six maisons complètement vidées par la mort. On assiste à des scenes navrantes. Dans les familles où tout le monde est trappe, ce qui est très fréquent, le moins malade se dévoue à soigner les autres; mais, à cau-e de ce sureroit de fatigues, il succombe souvent le premier. Nous avons eu la consolation de baptiser de nombreux païens dans ees pénibles conjonctures... Nous supplions la Miséricorde divine d'abréger ces jours de deuil et de faire cesser ce fléau qui décime les villages du district d'Arivonimamo. »>

Canada. Le R. P. Maisonneuve,Oblat de Marie Immaculée, missionnaire du vicariat apostolique de la Saskatchewan, nous ecrit de Fletts-springs:

་་

"Nou loin de l'rince-Albert, à une centaine de kilomètres, ce qui est regardé comme bien peu, vu les distances immenses que l'on a à parcourir ici, se trouve un pays d'avenir, un centre de colonisation envahi par de nombreux protestants venus d'Angleterre ou des Etats-Unis. Ils voudraient écraser le catholicisme et faire reculer les Canadiens français, métis et sauVages, jusque dans les déserts, et garder pour eux seuls les prairies et les meilleures contrées de Fletts-Springs et de Stone Creek. L'évêque de la Saskatchewan a jugé opportun de jeter là les fondations d'une nouvelle mission, et depuis six Lois je suis occupé à réunir le matériel nécessaire, travaillant de mes mains comme un ouvrier, faute de ressources pour rétribuer un travail qui devrait être fait par tout autre que par un pretre; trop heureux encore si, malgré tout, je pouvais trouver les fonds nécessaires pour payer le matériel si cher dans ce pays.

« Les lecteurs des Missions catholiques ne viendront-ils pas à mon aide? Je serais si heureux d'inscrire leurs noms en tete de la liste des bienfaiteurs de la paroisse, que je suis chargé de fonder à Fletts-Springs sous le vocable de saint Augustin!»

PROMENADES EN NORVÈGE

Par Mgr FALLIZE, vicaire apostolique

Suite (1)

A Drammen. Nous partons donc par une brillante journée du mois de juin.

Ah! que la Norvége est belle à cette époque! La neige. qui convre, pareille à un immense linceul, le pays pendant cinq long mois, a enfin disparu dans les vallées et les plaines, mais continue à blanchir le sommet des montagnes, qui n'en seront jamais dégarnies. Une riche végétation, poussant comme par enchantement après un sommeil d'une demi-année, recouvre les pentes rapides et rempit l'air d'un baume enivrant.

Les torrents, naguère encore enchaînés par les glaces, roulent victorieusement leurs eaux, et avec elles les milliers de trones que nos paysans leur ont confiés à des centaines de lieues d'ici, pour les charrier par lacs, rapides et cascades jusqu'au fjord. Le fjord, tourmenté penda: t l'hiver par les vents et les tempêtes, nous montre là-ba- sa gure sereine et rayonnante et berce avec tendresse les bar pics et les vapeurs, que son flot porte depuis la mer ouverte jusqu'au fond de nos gorges, pénétrant au cœur des chaînes de montagnes.

Dans les fermes - la Norvège n'a pas de villages - dar s les fermes, entourées de prés fleuris, de champs ondoyant, de forêts de sapins exhalant un parfum d'encens, quelle vie, quel mouvement! Pendant des mois on a été bloqué par les neiges. C'est seulement grâce aux patins qu'on a pu entretenir des communications aussi difficiles que dangereuses avec les voisins, dont la ferme se trouve souvent à une bonne lieue de distance. Soigner le bétail, abattre et charrier par traineau les arbres de la forêt, c'est tout ce qu'on a pu faire durant la mauvaise saison. Voilà enfin les que'ques mois, où il faut arracher à la terre son tribut. Il n'y a pas moment à perdre. Une véritable fièvre de travail a saisi tout le monde, et tandis que le pâtre gagne avec son troupeau mugissant les chalets des montagnes pour y passer l'été et fabriquer son beurre et son délicieux fromage, la ferme elle-même ressemble à une ruche. Les prairies, la princi

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