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APOTHÉOSE DES 77 MARTYRS FRANÇAIS, ESPAGNOLS, ITALIEN ET INDIGÈNES DE LA CHINE, DE L'ANNAM ET DU TONKIN (Tableau exposé à Saint-Pierre de Rome pour la cérémonie officielle)

Béatification de soixante-dix-sept Martyrs

DE LA CHINE, DU TONKIN, DE LA COCHINCHINE

Dimanche dernier 27 mai, a eu lieu à Rome la solennelle cérémonie de béatification de soixantedix-sept martyrs de la Chine, du Tonkin et de la Cochinchine. Sur les reize Européens, compris dans ce nombre, neuf appartiennent à la société des Missions Etrangères de Paris; un, le bienheureux Clet, à la Congrégation de Saint-Lazare; deux, les Bienheureux Delgado et Hénarès, à l'Ordre de SaintDominique; un dernier enfin, le Bienheureux Jean Triora, à l'Ordre Séraphique. Les autres 64 martyrs sont des indigènes parmi lesquels 29 prêtres, des catéchistes ou de simples fidèles, et même une vaillante chrétienne chinoise.

Toutes ces gloires sont bien nôtres, car, n'est-ce pas l'Euvre de la Propagation de la Foi, qui par

No 1617.1er JUIN 1900.

l'offrande de ses associés, a rendu possibles, pour la plupart, ces héroïques dévouements?

Il y a dix ans, lorsque le grand Pape, glorieusement régnant, élevait sur les autels les Bienheureux Perboyre et Chanel, d'inoubliables fêtes annonçaient au monde que, dans le ciel, des protecteurs priaient pour la diffusion de notre Euvre, mère nourricière de l'apostolat. Notre joie et nos hymnes de triomphe ne doivent-ils pas redoubler aujourd'hui, quand, nous en sommes certains, de nouveaux intercesseurs bénissent nos chers associés, anges pour eux de la Providence, et cause de leur conversion et de leurs glorieux combats ?

Nous ne saurions oublier que la France d'où notre Euvre s'est répandue dans le monde, a la plus grande part de ces triomphes. Elle vient de donner un rendez-vous solennel à l'univers entier et son Exposition résume dans une admirable synthèse les merveilleuses conquêtes du siècle qui finit. Léon XIII a

voulu ajouter une gloire de plus à toutes ces splendeurs et l'apothéose de tant de héros, bien français de cœur et de génie, sera comme un arc en ciel radieux et pacifique qui flottera sur les merveilles du travail humain.

Qu'il nous soit permis d'offrir à cette occasion nos humbles et respectueuses félicitations aux familles de saint François d'Assise, de saint Dominique et de saint Vincent de Paul et aussi à ce vénérable Séminaire de la rue du Bac, si bien appelé la pépinière du martyre. De ces quatre foyers bénis sont partis pour l'exil, la mort et le ciel, les Bienheureux que Rome vient de désigner aux hommages de l'Eglise universelle.

Voici les noms des martyrs européens béatifiés dimanche dernier. Nous regrettons de n'avoir eu à notre disposition que les portraits de ceux qui appartiennent aux Missions Etrangères de Paris et nous nous réservons, à l'occasion des fêtes qui seront célébrées, sans doute, en l'honneur des trois autres Bienheureux, de réparer cette lacune, satisfaisant ainsi à nos propres désirs et aux désirs de nos lecteurs.

Le Bienheureux Gabriel-Taurin DUFRESSE, de la Société des Missions Etrangères, était né dans le Puy-de-Dôme en 1750. Il partit pour le Su-tchuen (Chine) en 1775, fut sacré évêque de Tabraca en 1800, et décapité le 14 septembre 1815.

Le Bienheureux Ignace DELGADO, Dominicain, était né en Espagne en 1762. Nommé le 11 février 1794 évêque de Mellipotamos et vicaire apostolique du Tonkin oriental, il mourut de misère en prison le 12 juillet 1838.

Le Bienheureux Dominique HENARES, Dominicain, était né en Andalousie en 1765. Nommé évêque de Fesseiten et coadjuteur de Mgr Delgado le 9 septembre 1800, il fut décapité le 25 juillet 1838..

Le Bienheureux Pierre DUMOULIN-BORIE, des Missions Etrangères, était né à Tulle. Parti pour le Tonkin en 1830, il fut arrêté en 1838 et apprit dans sa prison qu'il était nommé évêque d'Acanthe et vicaire apostolique du Tonkin occidental. Décapité le 24 novembre 1838.

Le Bienheureux JEAN DE TRIORA, Franciscain, était né 15 mars 1770 au Piémont. Il fut étranglé à Ou-tchan-fou, capitale du Hou-kouang (13 février 1816).

Le Bienheureux Jean-François-Régis CLET, Lazariste, était né à Grenoble en 1748. Il arriva en Chine en 1791, évangélisa le Kiang-si et le Hou-pé, et fut étranglé à Ou-tchang-fou, le 17 février 1820.

Le Bienheureux François-Isidore GAGELIN, des Missions Etrangères, était né à Besançon en 1799. Il arriva en Cochinchine en 1820, fut étranglé à Hué le 17 octobre 1833.

Le Bienheureux Joseph MARCHAND, des Missions Etrangères, était né également à Besançon et évangélisa également la Cochinchine. Il subit l'horrible supplice des cent plaies (30 novembre 1835).

Le Bienheureux Jean-Charles CORNAY, des Missions Etrangères, était né à Loudun. Missionnaire au Tonkin. Coupé en morceaux et décapité le 20 septembre 1837.

Le Bienheureux François JACCARD, des Missions Elrangères, était né à Faucigny (Savoie). Parti pour la Cochinchine en 1828, il fut étranglé le 21 septembre 1838.

Le Bienheureux Augustin SCHAEFFLER, des Missions Etrangères, était né à Nancy. Parti pour le Tonkin en 1847 il fut décapité le 1er mai 1851.

Le Bienheureux Jean-Louis BONNARD, des Missions Elrangères, était du diocèse de Lyon. Il partit pour le Tonkin en 1849 et fut décapité le 1er mai 1852.

Le Bienheureux Auguste CHAPDELAINE, des Missions Etrangères, appartenait au diocèse de Coutances. Il partit pour le Kouang-tong (Chine) en 1852, fut condamné à mort et pendu le 29 février 1856.

Voici la lettre que nous écrit à ce sujet M. Hinard, directeur du Séminaire des Missions étrangères de Paris:

Le 27 mai 1900 restera une date à jamais mémorable dans les Annales de notre Société.

En effet, ce jour-là, 40 de nos martyrs ont été placés solennellement sur les autels. Parmi eux, se trouvent 9 évêques et prêtres, membres de la Société des Missions étrangères de Paris, avec 48 prêtres indigènes ou néophytes de la Chine, du Tonkin et de la Cochinchine.

Mgr Gendreau, évêque titulaire de Chrysopolis et vicaire. apostolique du Tonkin occidental, Mgr Pineau, évêque titulaire de Calama et vicaire apostolique du Tonkin méridional, M. Prosper Delpech, supérieur du Séminaire des Missions étrangères, avec M. Grosjean, Procureur, M. Parmentier, directeur du même Séminaire, et M. Bouchut, directeur du Séminaire de philosophie, s'étaient rendus à Rome pour représenter la Société des Missions étrangères aux fêtes de la Béatification.

Dimanche 27 mai, à 2 h. 1/2 de l'après-midi, nous recevions de Rome la dépêche suivante:

a Alleluia, Béatification accomplie. Delpech. »> Pendant les vêpres, à Paris, les reliques de nos martyrs furent exposées à la chapelle, et, le soir, le Séminaire fut illuminé tout entier, du côté du jardin. Les aspirants chantèrent des cantiques et des hymnes, à l'Oratoire de la sainte Vierge, jusqu'à 10 heures moins un quart. Aujourd'hui, 29 mai, nous recevons de notre vénéré Supérieur, M. Delpech, la lettre suivante:

Rome, le 27 mai 1900. «Alleluia! Nos voeux sont réalisés; la Béatification s'est accomplie... Hæc dies quam fecit Dominus, exultemus et lætemur in eá. C'est bien vrai, de la présente journée, pour les Missions Etrangères.

« Qu'il est beau et consolant d'entendre chanter pour la première fois la messe des nouveaux martyrs, de voir encenser leurs reliques et lever le voile qui couvrait le tableau de leur apothéose, au milieu de la gloire qui couronne l'autel de la chaire de saint Pierre.

«La cérémonie n'a commencé qu'à 10 h. 1/4. Les postulateurs ont présenté au Cardinal Préfet des Rites le Bref de Béatification, en Lui demandant de vouloir bien le faire publier. Le Cardinal Préfet, après y avoir consenti, a renvoyé les Postu

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LES NOUVEAUX BIENHEUREUX DE LA SOCIÉTÉ DES MISSIONS ÉTRANGÈRES DE PARIS

lateurs au Cardinal-Archiprêtre de Saint-Pierre, pour obtenir de Lui la permission de publier le Bref dans sa Basilique. La licence du Cardinal-Archiprêtre obtenue, le Bref a été publié à haute voix. La lecture finie, chant du Te Deum pendant lequel sonnaient toutes les cloches de Saint-Pierre. Après le Te Deûm, encensement des reliques; puis, la messe des Martyrs a été chantée par le Patriarche latin de Constantinople. Dieu soit béni! »

Cette courte notice ne saurait être mieux couronnée que par les strophes A un Martyr, que Victor Hugo écrivait au lendemain du supplice d'un jeune missionnaire lyonnais, aujourd'hui glorifié par l'Eglise, le Bienheureux Bonnard.

O saint prêtre! grande âme! oh! je tombe à genoux!
Jeune, il avait encore de longs jours parmi nous;
Il n'en a pas compté le nombre;

Il était à cet âge où le bonheur fleurit;
Il a considéré la Croix de Jésus-Christ,

Toute rayonnante dans l'ombre.

Il a dit : « C'est le Dieu de progrès et d'amour;
Jésus, qui voit ton front, croit voir le front du jour.
Christ sourit à qui le repousse :

Puisqu'il est mort pour nous, je veux mourir pour lui.
Dans son tombeau, dont j'ai la pierre pour appui,
Il m'appelle d'une voix douce.

Sa doctrine est le Ciel entr'ouvert; par la main,
Comme un père l'enfant, il tient le genre humain;
Par lui nous vivons et nous sommes :

Au chevet des geôliers dormant dans leurs maisons,
Il dérobe les clefs de toutes les prisons
Et met en liberté les hommes.

Or, il est loin de nous une autre humanité
Qui ne le connait point, et dans l'iniquité
Rampe enchaînée, et souffre, et tombe;

Ils font pour trouver Dieu de ténébreux efforts;
Ils s'agitent en vain ils sont comme des morts
Qui tâtent le mur de leur tombe.

Sans loi, sans but, sans guide, ils errent ici-bas,
Ils sont méchants, étant ignorants; ils n'ont pas
Leur part de la grande conquête.

J'irai. Pour les sauver, je quitte le saint lieu.
O mes frères, je viens vous apporter mon Dieu;
Je viens vous apporter ma tête. »

Prêtre, il s'est souvenu, calme en nos jours troublés,
De la parole dite aux Apôtres : - -(( Allez,
Bravez les bûchers et les claies! »

Et de l'adieu du Christ au suprême moment :
«<- O vivants, aimez-vous! aimez-vous! En aimant,
Frères, vous fermerez mes plaies. >>

Il s'est dit qu'il est bon d'éclairer dans leur nuit
Ces peuples égarés loin du progrès qui luit,
Dont l'âme est couverte de voiles;

Puis il s'en est allé dans les vents, dans les flots,
Vers les noirs chevalets et les sanglants billots,
Les yeux fixés sur les étoiles.

Ceux vers qui cet apôtre allait l'ont égorgé.

En terminant, donnons un souvenir à saint JeanBaptiste de La Salle. Il n'a pas sans doute versé son sang pour Jésus-Christ, sa vie si remplie ne s'est pas écoulée dans les pays de missions; mais pouvonsnous oublier les services que ses fils rendent à l'apostolat dont ils sont de plus en plus les auxiliaires dévoués et précieux?

INFORMATIONS DIVERSES

Lyon. Dernièrement avait lieu dans les Salons de l'Archevêché, à l'occasion de l'Exposition de l'Euvre Apostolique, l'Assemblée générale présidée, en l'absence de Son Eminence le Cardinal-Archevêque, par S. G. Mgr Vidal. Le vaillant évêque mariste, a pris possession cette année, on le sait, des îles Salomon, mission empourprée du sang de ses frères et qu'on avait dû temporairement abandonner. Aussi avec quel empressement respectueux a-t-il été entouré et quels applaudissements l'ont salué quand il a apporté à cette Euvre si active une benédiction spéciale du Saint-Père.

Dans l'inventaire général de cette année, nous relevons: 2 autels portatifs, 6 ostensoirs, 15 calices,7 ciboires, 2 pixides, une superbe croix pectorale, un baiser de paix et un anneau d'évêque (dons de Chambéry), 6 grandes et magistrales peintures, 5 statues, 390 chasubles, 40 chapes, 12 ornements orientaux, dalmatiques, antipendiums, tabernacles portatifs, et une foule de travaux délicats en peintures et broderies, canons d'autel peints à la main, fleurs, etc., 150 bannières ou oriflammes, des aubes, du linge en grande quantité, des vêtements, soit à l'usage des missionnaires, soit à celui de leurs néophytes, et mille objets divers, tels que armes, uniformes militaires, bijoux, rubans, etc., pour cadeaux ou échanges.

L'Euvre Apostolique de Paris ne nous a pas encore envoyé son inventaire que nous nous empresserons de publier.

Pondichéry (Hindoustan). M. Combes, des Missions Etrangères de Paris, nous écrit de Tindivanam :

« Nous sommes en pleine famine. Comment vous dépeindre l'horrible misère dont je suis témoin dans tous les villages que je visite. La nouvelle de mon arrivée s'y répand vite. Aussitôt tout le monde m'entoure, et tous les affamés me répètent :

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- Père, qu'allons-nous devenir? Nous mourrons, si tu ne « prends pas soin de nous. »

« Et je ne puis leur donner que de bonnes paroles. On m'apporte de jeunes enfants pour les bénir: Pauvres petits êtres! ils sont bien malades. Je les bénis de cette grande bénédiction qui ouvre le ciel, le baptême.

« Notre misère va sans cesse en augmentant; cette année encore j'espère en votre charité. Aussi je vous tends la main pour mes pauvres affamés et pour les païens qui veulent entrer dans la bergerie du Bon-Pasteur. »

Abyssinie. M. Edouard Gruson, lazariste, nous écrit d'Alitiéna, le 24 avril 1900:

« J'ai reçu ce matin de notre vénéré supérieur M. Coulbeaux une lettre conçue à peu près en ces termes :

« A bout de ressources, je viens vous prier de diminuer le <«< nombre des élèves du séminaire. Nous n'avons plus de quoi «<les nourrir... »

« Comment vous décrire ma désolation? Les jeunes gens qu'il faut jeter à la porte sont intelligents et pieux. Nous les avons choisis un à un dans nos familles catholiques. C'est sur eux que nous fondons l'espérance de l'avenir. Et nous pourrions nous résoudre à renvoyer ces futurs auxiliaires? Non, nous retrancherons encore sur notre maigre pitance. Nous jeûnerons toute l'année s'il le faut. Quant à renvoyer dix, quinze ou même un seul de ces soixante pauvres enfants, c'est trop dur.

«Que leur faut-il d'ailleurs? Une poignée de farine de lin avec un morceau de galette d'orge. Leur lit consiste en une peau de vache; leur oreiller est une pierre. Enfin, comme vêtements, un pantalon, une chemise et un pagne de cotonnade. Casquettes, souliers, bas..., tout cela est inconnu.

« Je tourne mes yeux vers vous. Je confie nos élèves à votre charité inépuisable et vous supplie d'avoir pitié d'eux et de

nous ! »>>

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Sous le rapport religieux, le district de Kim-Son était très bien organisé; les chrétiens, aussi nombreux que les païens, évitaient facilement les vexations locales, et comme le territoire n'était pas très étendu, les prêtres indigènes pouvaient mieux soigner leurs paroissiens. Les enfants savaient parfaitement leur catéchisme, et tous les fidèles avaient la facilité d'assister à la messe les dimanches et fêtes d'obligation.

Des cinq paroisses de Kim Son, la plus considérable est celle de Phat-Diem, qui ne compte pas moins de 10.000 chrétiens. Au Tonkin, tout le monde connaît le curé de Phat-Diem, le Père Six, ancien diacre de Mgr Jeantet. Pendant la persécution, dans une poursuite où le vénérable évêque faillit tomber entre les mains des satellites, le diacre Six s'exposa et se fit prendre pour donner au Vicaire apostolique le temps de s'échapper. Il fut condamné à l'exil perpétuel et envoyé aux extrémités du royaume, dans la province de Lang-Son, sur les confins de la Chine. Il y avait là un grand nombre de chrétiens exilés pour leur religion, sans prêtre et par conséquent privés de la réception des Sacrements à l'heure de la mort. Le diacre Six put s'échapper pour venir recevoir la prêtrise, et il reprit le chemin de l'exil portant Jésus-Christ aux confesseurs de la foi.

Plus tard, quand la prise de Saïgon eut imposé à TuDuc le respect de la liberté religieuse, le Père Six put rentrer dans sa Mission. Ses supérieurs, confiants dans sa sagesse et son habileté, l'envoyèrent à la capitale pour traiter plusieurs affaires importantes; il réussit au-delà de toute espérance, et depuis lors il jouit d'une réputation universelle et d'une très grande autorité même auprès des mandarins qui le regardaient comme un haut personnage du Royaume. Le roi lui-même lui décerna plusieurs décorations avec le titre de Kham Sai, commissaire royal. Le gouvernement français, lui aussi, reconnut les services du P. Six, en le faisant chevalier de la Légion d'honneur. Malgré ces honneurs mondains, le P. Six était un prêtre d'une grande foi et d'une profonde humilité n'employant son crédit qu'à faire le bien spirituel et matériel autour de lui. Il est mort en 1899.

A Phat-Diêm, pendant la tournée pastorale, les choses se firent plus en grand que partout ailleurs, et les fêtes religieuses y furent empreintes d'une pompe extraordinaire. L'enceinte de l'église et des chapelles particulières

(1) Voir les Missions catholiques des 23, 30 mars, 6, 13, 20, 27 avril, 4, 11, 18 et 25 mai.

voisines était encombrée de milliers de personnes en habits de fête qui gardaient cependant un ordre parfait.

Un soir, Monseigneur, étant sorti pour sa promenade du soir, dut donner à baiser son anneau à près de 2.500 personnes agenouillées dans tous les chemins aboutissant à l'église.

Le Prélat ayant été obligé de reprendre un instant haleine, tous ces chrétiens, enfants et grandes personnes, entonnèrent à pleine voix une magnifique prière pour les âmes du Purgatoire, composée par le P. Six.

A la procession en l'honneur du Rosaire, il y avait douze brancards dorés; chacun valait bien 2.000 francs. Une des chapelles construites par le P. Six est entièrement en marbre poli et sculpté. Nous admirâmes aussi comme curiosités religieuses les quatorze stations du Chemin de Croix et un autel d'un seul bloc de marbre. Ces travaux d'art rappellent absolument ceux du Moyen Age de l'Europe chrétienne.

Un souvenir aussi qui me reste bien vivant, c'est la bénédiction solennelle d'un nouveau cimetière... bénédiction aux flambeaux. Pour éviter la chaleur, on avait remis cette cérémonie à la tombée de la nuit. Sur les bords de l'arroyo, d'énormes amàs de bambous secs flambaient en crépitant et en projetant vers le ciel des gerbes de feu éclatantes qui brillaient pour bientôt mourir.

Mgr Puginier, sur une dépêche du consul de France à Hanoi, fut subitement obligé d'interrompre sa visite pastorale, pour se rendre à Kè-Vinh afin d'y rencontrer le commandant de la marine de Cochinchine qui venait visiter le Tonkin avec une mission politique et militaire. Il me prit avec lui, laissant le P. Berthet en Kim-Son. Les officiers membres de cette mission extraordinaire, qui faisaient soidisant un voyage d'agrément au Tonkin, étaient douze ou treize, sans compter le Dôc-Phû-Phuong, mandarin de notre colonie de Saïgon. L'entrevue eut lieu à la cure, et je vois encore l'évêque assis au milieu de tous ces Messieurs qu'il tenait tous sous l'ascendant de sa conversation, aussi intéressante que loyale. On voulait le faire causer, mais ne rien lui dire... Du reste la présence dans cette mission d'officiers de toutes armes, marins, artilleurs, infanterie et commissariat, était assez significative.

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