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Bref, c'est seulement le 13 novembre que le Colombert nous amena au terme du voyage, à la résidence principale de mon vicariat apostolique, à Nong-Seng.

Mon évêché est une modeste construction faisant face au Mé-kong, bâtie sur pilotis solides, avec cloisons en torchis et toiture en chaume. Les deux étages sout, pour la circonstance, ornés de guirlandes en papier de diverses couleurs. Des oriflammes voltigent le long des avenues remplies de chrétiens en costume de fête. Quatre missionnaires et trois prétres indigènes viennent nous recevoir. Nous passons à travers toute cette foule agenouillée, que je bénis de tout mon cœur.

Arrivé à la véranda je dois m'asseoir et bénir chacun en particulier. C'est l'affaire de près de deux heures.

Nong-Seng n'a pas encore d'église paroissiale. Je célébre la Sainte Messe dans la chambre contigue à la mienne. C'est, pour le moment, la cathédrale du Laos. Vous ne sauriez croire combien je suis heureux! Notre-Seigneur lui-même, dans son adorable sacrement, est mon voisin de chambre; tous les soirs, je n'ai qu'à ouvrir la porte de communication et je suis à ses pieds pour lui redire mon In manus tuas, Domine, prier pour ma Mission, mes bien aiteurs et mes amis.

Le lundi suivant, commenca la retraite des missionnaires. Elle s'est passée pieusement. Nous étions 17, en comptant nos 4 prêtres indigènes. Le soir de la clôture, le samedi, je me rendis à Don-Don.

C'est dans cette ile, à 1 h. 1/2 en pirogue au nord de Nong-Seng, qu'est le séminaire de la Mission; il compte 25 élèves. Don-Don a un kilomètre de large sur 6 kilomètres de long. Elle était autrefois la terreur des Laociens qui la croyaient hantée par le démon et n'osaient s'y établir. Grâce au P. Xavier, c'est actuellement unesplendide chrétienté de 500 néophytes.

Le 11 décembre, nos braves religieuses laociennes entraient à leur tour en retraite. J'ai été heureux de pouvoir la leur prêcher ces âmes dévouées, des néophytes cependant, rendent de grands services à la Mission en instruisant les femmes et les filles qu'il s'agit de préparer soit au Baptême, soit à la Première Communion.

...

Le 18 décembre, je m'embarque de nouveau sur le Colombert pour aller à Paksan (province de Pakchoum) à moitié chemin de Vien-chan. A bord, je retrouvai le roi de Luang Prabang, retournant dans ses Etats, accompagné de sa cour, du vice-roi et de la petite fille de ce dernier, Augusta, âgée de 11 ans.

Elle revenait de Bangkok où elle était en pension chez les Dames de Saint-Maur. Elle s'exprime couramment en français et en anglais. Elle me dit son grand regret de n'être point baptisée; je lui parlai du baptême de désir et de la contrition. La parole de Notre-Seigneur sera donc toujours vraie : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer au ciel!» Si la petite Augusta n'était qu'une pauvrette ou une orpheline, elle serait, en effet, chrétienne aujourd'hui, mais comme elle doit vivre dans une cour païenne, il a été impossible de lui faire cette faveur. Elle me montra un crucifix qu'elle garde soigneusement dans sa valise. Je lui promis que, lorsque nous irons nous établir à Luang-Prabang, nous la baptiserons si elle persévère dans ses bonnes dispositions.

INFORMATIONS DIVERSES

Lyon et Paris. Le 3 mai, le 78° anniversaire de la fondation de l'Euvre a été célébré solennellement dans tout le monde catholique.

A Lyon, Son Eminence le Cardinal Archevêque a célébré la sainte messe dans la basilique de Fourvière en présence de MM. les Membres du Conseil central et du Comité diocésain. Le soir, le sermon d'usage a été donné dans l'Eglise prima tiale par le R. P. Rochette.

A Paris, c'est dans l'église Saint-Sulpice qu'a eu lieu la fète. M. le Curé, le successeur du regretté M. Méritant, a dit la sainte messe en présence des deux Conseils et des représentants des Congrégations de missionnaires.

Paris.

Nous recevons de M. le Supérieur du Séminaire des Missions Etrangères de Paris la lettre suivante :

« Le Supérieur et les Directeurs du Séminaire des Missions Etrangères ont, à diverses reprises, recommandé à vos prières le succès d'une Cause de Béatification qui se poursuivait à Rome depuis 1840, et qui comprenait, en dernier lieu, quarante-neuf Vénérables Serviteurs de Dieu, mis à mort pour la foi dans nos Missions d'Extrême-Orient. Le décret pontifical du 2 juillet 1899, en approuvant le martyre de ces Vénérables Serviteurs de Dieu et les miracles obtenus par leur intercession, avait, pour ainsi dire, terminé cette Cause. Toutefois, d'après les règles de la procédure en pareille matière, une question devait encore être posée dans une Congrégation générale, savoir, si, vu la certitude du martyre et des miracles, on pouvait procéder en toute assurance à la solennité de la Béatification.

« Cette question a été posée, le 27 mars, dans une congrégation tenue au Vatican, sous la présidence du Souverain Pontifé, et la réponse affirmative est contenue dans un Décret qui a été publié au palais du Vatican, le 8 avril courant, par ordre et en la présence de Sa Sainteté Léon XIII.

« La solennité de la beatification est fixée au dimanche 27 mai prochain.

« Les neuf missionnaires français, membres de notre Société, qui se trouvent compris dans le Décret de béatification, sont les Bienheureux Jean-Gabriel Taurin-Dufresse (du diocèse de Clermont); Pierre Dumoulin-Borie (Tulle); Jean-Charles Cornay (Poitiers); Augustin Schoeffler (Nancy); François-Isidore

Gagelin et Joseph Marchand (Besançon); François Jaccard (Annecy); Jean-Louis Bonnard (Lyon); Augustin Chapdelaine

Coutances).

République Argentine. Nous lisons dans le Voz de la Iglesia de Buenos-Ayres, du 31 mars:

«Demain part pour l'Europe Mgr Terrien, fondateur de l'Euvre de la Propagation de la Foi dans cette République, ainsi qu'en plusieurs autres Etats de l'Amérique du Sud.

« Le vénéré prélat est pleinement satisfait des résultats qu'il a obtenus et profondément touché des attentions délicates de la société argentine, dont il apprécie hautement la générosité et l'esprit chrétien. Il est convaincu que le zèle des Pères Blanes, qui ont pris après lui la direction de l'Euvre, sera couronné d'un succès complet. Nous continuerons à faire de cette Euvre l'objet de nos constantes préoccupations, heureux de contribuer ainsi à faciliter la tâche des intrépides missionnaires qui propagent la civilisation chrétienne dans tous les pays du monde infidèle. »

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Chez les Fans.

Suite (1)

7. Les catéchistes. Les petites Pahouines ne sont ni moins intelligentes ni plus désagréables que les autres négresses; elles auraient même plusieurs avantages, celui, par exemple, de préférer les travaux des champs et de s'attacher moins à ce qui a rapport à la toilette.

Mais il sera toujours impossible d'avoir assez de religieuses pour s'occuper de tant d'enfants. Il faut donc recourir à un expédient plus simple, qui ne donne pas, il est vrai, de résultats aussi parfaits, mais qui suffit cependant pour ébaucher la civilisation et commencer une chrétienté.

On se rappelle Amvam, et son refus d'acquiescer d'abord à mes propositions; la seule raison qui le fit se décider fut ma simple menace d'enlever de son village le catéchiste instituteur. Timothée, en effet, avait toute sa confiance. Son action s'étendait jusque chez les Ecikourougués qui demeurent à 4 lieues dans l'intérieur des terres. Enlever Timothée était humilier Amvam, qui avait mérité le choix du missionnaire pour l'établissement d'une école et d'une chapelle. Tous ses enfants et plusieurs de ses femmes les fréquentaient; Amvam lui-même ne dédaignait pas de venir à l'église ébaucher un signe de croix et réciter un Notre Père. Une vingtaine d'enfants des villages environnants arrivaient le matin et repartaient le soir, après avoir appris une bonne leçon; son fils lisait déjà couramment et pouvait déchiffrer les billets que le père recevait dans les factoreries pour son commerce; une de ses filles, àgée de 10 ans à peine, disputait le prix de catéchisme à la fille d'Emana, son adjoint dans l'administration du village.

(1) Voir les nos des 13, 20 et 27 avril et la carte p. 210.

Amvam tenait à Timothée plus qu'aux usages de sa tribu, plus qu'à ses revendications qu'il croyait justes, et pou lesquelles il aurait fait la guerre pendant des années. Si l'instruction, et l'instruction par les catéchistes catholiques, est si désirée, si elle a tant d'influence pour dompter les chefs les plus rebelles, répandons-la. Dans la Guinée française, chez M. Ballay, le Gouvernement entretient plusieurs instituteurs. Celui du Gabon n'a pas encore pensé à cela. Il compte sans doute sur la concurrence des missions catholiques et protestantes. C'est une mauvaise spéculation, qui découragera bien vite notre pauvreté et nous forcera de nous arrêter.

Avec Timothée au lac Ejanga, nous avons encore Lazare chez les Ebifas, et Gabriel chez les Esamewebas. Lazare a sur Timothée et sur Gabriel un grand avantage : il est marié, et sa femme, Victorine, ancienne élève des Sœurs, sait lire, écrire, coudre, blanchir et repasser. A Victorine les filles, à Lazare les garçons. Et les filles et les femmes de trois villages Ebifas et d'un village Ebikala situés tout près viennent à l'envi prendre les premières leçons de couture chez Victorine.

Plus loin, au lac Onangué, chez les Galoas de Nombedouma, est installé Thomas, le protégé d'une bienfaitrice d'Alsace. Thomas a droit de visite partout. Il part tous les deux mois en pirogue, avec Elisabeth, sa femme, pour examiner les enfants, encourager ses collègues, et faire un rapport sur tout. Hélas! le dernier courrier m'apporte une bien triste nouvelle. Thomas m'annonce qu'il est veuf, et il ajoute « J'ai tout perdu, Elisabeth était si bonne que jamais elle ne m'a donné l'occasion de lui faire une observation désagréable. »

Enfin, au mois de juin, voici les vacances. Poisson et gibier abondent dans les lacs: carpes et caimans, espadons et requins, soles et mulets, lamentins et hippopotames. Tout le bataillon scolaire de Lambaréné se dirige vers ces bords fortunés. Le père et les garçons s'installent sur un banc de sable, dans une île verdoyante; mère Ambroisine et ses filles vont camper chez Amvam. On pêche à la dynamite: 1.000 carpes par jour, avec quantité d'autres poissons. On jette le tramail; caîmans, scies et requins s'y font prendre à l'envi. C'est une fortune pour la Mission, une fortune pour les villages.

Du matin au soir, mère Ambroisine est occupée avec ses Pahouines, ses belles Pahouines, habillées d'un mouchoir autour des reins et parées de deux plumes de coqs à la chevelure, leur pipe avec leur mouchoir attachée derrière le dos par une ficelle. Elle note les progrès, elle gronde souvent, elle prêche ces vieilles filles d'Eve sur leurs défauts qu'elle connaît si bien; elle leur fait voir leur malheur de ne connaître ni Dieu, ni la liberté, ni les joies que procurent les lois françaises et chrétiennes, elle les fait soupirer après la délivrance.

Bref, une vraie révolution s'est accomplie dans cette

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partie de l'immense district de Lambaréné, et la moitié des parents consentent à ne plus marier leurs petites filles avant un âge convenable. C'est un succès, qu'il est aussi facile de remporter partout avec les mêmes moyens, c'est-à-dire les mêmes bienfaiteurs pour entretenir des catéchistes.

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Ce que

8. Encore les catéchistes. je viens de raconter à propos du lac Ejanga, je voudrais pouvoir le dire également de Sambekita, sur l'Ogowé, où nous avons aussi trois postes de catéchistes-instituteurs. Malheureusement, là un obstacle a empêché tout progrès dans l'évangélisation des femmes pahouines. A côté de nous, il y a quatre missions protestantes ; les efforts ont donc dû se porter sur la controverse. Arrivés après nous, ces rivaux se sont installés sur le terrain que j'avais choisi chez les Ebikouloum de la rive droite de l'Ogowé et qui m'avait été désigné par le chef; ailleurs ils se sont placés encore près de nous, entre nos deux cases. Le résultat a été qu'ils n'ont rien fait pour attaquer l'esclavage de la femme, et que, de notre côté, nous avons cru prudent de nous abstenir. Ils n'auraient pas manqué de dire partout que nous venions uniquement pour démolir les usages des pays et révolutionner les peuples.

A Sambékita pourtant, nous avons comme catéchiste la

INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE DE LAMBARÉNÉ.

CHAPELLE DES SŒURS DE LAMBARÉNÉ.

meilleure des élèves qui soit sortie de chez les Sœurs, Julie-Rose, que les lecteurs des Missions catholiques connaissent déjà. Mariée à Philippe, jeune homme instruit et dévoué, Julie-Rose, avec son entrain, sa fermeté et sa foi, devait grouper toutes les petites filles et leur parler des avantages et du bonheur que donne un mariage accompli selon les règles de la morale et de la civilisation. Afin de ne pas effaroucher nos terribles et méfiants Pahouins, nous n'avons pu que recommander la prudence. Et voilà ce que

gagne la grande cause de la civilisation à avoir à se défendre contre une religion hétérodoxe, Islam ou Protestantisme.

Pourtant à Sambekita les petites filles sont aussi instruites que les garçons; on dirait même qu'elles chantent les cantiques avec plus d'entrain qu'ailleurs. Elles désirent le baptême avec autant d'ardeur; elles pleurent lorsqu'elles voient un de leurs frères, moins instruit qu'elles, régénéré dans le bain divin; elles nous accusent de partialité. Mais, hélas! leurs chaînes ne sont pas brisées; ou mariées, ou promises, ou appartenant à des pères que nous devons ménager, elles devront attendre que le gouvernement français ait lui-même promulgué solennellement la liberté de la femme pahouine et empêché, dans toute la colonie, le mariage des petites filles en bas âge.

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(A suivre.)

212

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Phuc-Nhat.

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Un Le P. Gélot. Vacances à

Une Maison de Dieu.

Avant de quitter Ké-So pour prendre la clef des champs et m'en aller donner la mission sous la direction d'un ancien, il faut que je fasse mention d'un fait divers qu sent le complot.

Tous ceux qui ont tant soit peu étudié l'histoire de l'An nam savent au moins vaguement que le Tonkin a toujours gardé le souvenir traditionnel de la dynastie des Lê, qui pendant 361 ans a donné 27 rois à ce pays. Le dernier Lê détrôné mourut sur la terre étrangère en 1791, après avoir reçu de la cour impériale de Pékin, en fiche de consolation, un bâton de maréchal. Mais un de ses frères, réfugié dans les montagnes, essaya de combattre les usurpateurs TâySon. Le mystère qui entoura sa vie et sa fin lui permit d'être l'ancêtre de tous les Naundorf tonkinois, qui depuis lors ont fait de temps en temps leur apparition sur la scène politique.

Un vieux missionnaire du Tonkin a écrit à ce sujet : « C'est toujours au moment où le riz renchérit et où la misère augmente que leurs mouvements ont lieu pour se traduire en vols et en rapines. Mais si un véritable, Lê sortait des forêts sur le vieil éléphant à anneaux d'or qui attend encore son retour à la porte de Bac-Ninh et de KeCho (Ha noï) tous les chefs actuels désolés s'évertueraient à prouver que ce n'est pas lui. >>

Plus d'une fois, à Ke-So j'ai entendu le vénéré Monseigneur Puginier raconter comment, lors de son arrivée au l'étendard des Tonkin, Lê-Phung, qui avait relevé

vieux rois, avait pu réunir une armée de plus de 20.000 hommes à la tête desquels il s'était emparé des provinces de Quang-Yén, de Bàc-Ninh, de Haï-Duong et avait fortement ébranlé le trône de Tu-Duc. Ce tigre royal avait lancé contre Lê-Phung un de ses nombreux beauxpères, Nguyên-Dinh-Tàn, qui, pour laver la honte de ses défaites, se plongea jusqu'au cou dans le sang chrétien. Lê-Phung avait envoyé une ambassade à Saigon demander l'aide de la France pour soustraire le Tonkin au joug des Nguyên: il promettait, en cas de succès, de mettre ce pays sous le protectorat français. Vraiment c'eût été trop beau et trop facile. Lê-Phung, un roi chrétien sur le trône de Tu-Duc, reconnaissant la suzeraineté de la France, et cela sans qu'il nous en coûtât autre chose que l'envoi de deux ou trois petites cannonières! Le gouvernement français d'alors abandonna Lê Phung en signant avec Tu-Duc le (1) Voir les Missions catholiques des 23, 30 mars, 6, 13, 20 et 27 avril.

traité du 5 juin 1862. Le prétendant malheureux finit pa tomber entre les mains du tyran de l'Annam, qui le fit expirer dans les plus horribles supplices.

L'année 1879-80 fut signalée au Tonkin par une famine affreuse qui jeta le trouble dans le pays. Un nouveau Lê ne tarda pas à surgir; mais cette fois-ci le prétendant tonkinois, né au Nghê-An, était fortement saïgonisé et se nommait vulgairement Huyên-Thi. Naturellement la mission, comme on le pense bien, était absolument en dehors du mouvement et même elle le redoutait. Je me rappelle que, certain jour, à Ke-So, Mgr Puginier était dans une inquiétude mortelle. Moi, jeune Eliacin, peu, habitué aux révolutions, je sentais cependant qu'il y avait quelque chose dans l'air. Vers les 9 heures du matin, Monseigneur me fit appeler chez lui:

(1 Avez-vous entendu ?... me demanda-t-il d'un ton anxieux. Tenez, écoutez!» et, dans l'attitude du saint rol Canut qu'un peintre a représenté debout dans une barque, l'index à la hauteur de l'oreille, attentif à un chant lointain de moines, Mgr Puginier me faisait faire une pose de Comment, vous n'entendez pas ?... Le canon!... oui,

silence.

c'est bien ça, dans la direction de Nam-Dinh... «<- Ah! pardon, Monseigneur... parfaitement, je perçois... en effet. »

Je n'osais pas dire que je suis sourd de l'oreille droite et que, de l'autre, j'étais fort distrait. J'avouai un moment après au P. Godard que, si mon nerf auditif de simple soldat n'avait rien entendu, ce n'était pas manque de respect pour le colonel. «1 Oh, vous verrez, dit le P. Godard..., moi, je prétends qu'on n'a pas tiré le canon. >>>

1

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