Page images
PDF
EPUB

quatorze à quinze années d'études sont nécessaires avant qu'on puisse ordonner un prêtre chinois.

Collèges et écoles.

..

nous

Au lieu de 2 collèges, nous en avons 5; au lieu de 135 élèves, en avons 325, qui reçoivent une éducation plus soignée que dans les simples écoles et sont en grande partie à notre charge. Quant aux écoles, toutes gratuites, elles nécessitent encore une assez forte dépense pour la mission; leur nombre était en 1889 de 153, il est aujourd'hui de 370. Au lieu de 2.727 élèves qui les fréquentaient alors, nous comptons actuellement 5.503.

Tous, arrivés à l'âge requis, se marient et forment de bonnes familles chrétiennes; ils apprennent un état qui leur permet de gagner leur vie.

Quant aux enfants baptisés à l'article de la mort. pendant ces dix années, leur nombre dépasse cent mille.

[ocr errors]

Pour toutes ces œuvres, les dépenses sont considérables, et les généreuses aumônes que nous recevons sont très loin de suffire. Que de bien nous pourrions faire si on venait à notre aide! Avec cinq mille francs on peut bâtir un oratoire chinois; avec mille francs on fonde une école de catéchumènes. Avec cent francs par an on entretient un élève des séminaires; avec dix francs on est presque certain d'avoir à son actif un baptême d'adulte. Espérons que les lecteurs des Missions catholiques voudront partager avec nous les mérites de toutes ces œuvres, en y participant par des offrandes proportionnées à leurs moyens.

[blocks in formation]

Par bref apostolique, le Saint-Père a divisé le vicariat apostolique de Pékin ou du Pé-tché-ly septentrional. Le nouveau vicariat prend le nom de Pé-tché-ly oriental avec résidence épiscopale à Young-ping fou. Il a pour limites : au nord et à l'est, la Grande Muraille; au sud, la mer de Chine; à l'ouest, le vicariat apostolique de Pekin jusqu'aux limites de la préfecture de Tchoung-tiéou-fou ou de Pékin. M. Ernest-François Geurts, Lazariste, né en 1862, à Maashees (diocèse de Bois-le-Duc), en a été nommé vicaire apostolique avec le titre épiscopal de Rinocolora.

[blocks in formation]

Fr. Auguste Pomp, diacre, Jacques Jamard, clerc, Jean-Baptiste Béten, coadjuteur et Vincent Lemaire, coadjuteur. Pour la Syrie, MM. Louis Dinet et Joseph Aoun, prêtre et les Fr. Henri Broutin et Eloi Blaise, coadjuteurs. Pour la Perse, M. Eugène Courandière. — Pour la Chine, MM. Claudius Chavanne, Cyprien Aroud, Francois Schraven, prêtres, et les Fr. François Pistone, Ernest Gaertner, clercs. Pour l'Abyssinie, MM. Bernard Forstman, et Ernest Hamon. Pour Madagascar M. Emile Brunel. — Pour l'Amérique Centrale, MM. JeanMarie Potier et Pierre Bruning.- Pour le Brésil, MM. Simon Lumesi, Edouard Van Gool, Osorius Braga et Joseph Alvės.- Pour le Pérou, M. Valentin Ampuero. Pour le Chili, M. Eleuthère Leblond.

Dans le courant de l'année 1899, la Communauté des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul (rue du Bac, 140 à Pari-) a envoyé 62 Sœurs dans les missions étrangères, dont 23 en Orient, 7 en Chine et 32 en divers pays de l'Amérique du Sud et de l'Amréique centrale

INFORMATIONS DIVERSES

Pondichery (Hindoustan).

Mgr Gandy, archevêque de Pondichery, nous ecrit de cette ville:

« Mon cœur a éprouvé des émotions bien diverses lorsque, le 30 novembre dernier, je donnai la consécration épiscopale à Mgr Bottéro, premier évêque de Kumbakonam.

« L'histoire de notre chère mission, depuis son premier démembrement en 1836, me revenait à la mémoire et je rendais des actions de grâces au Dieu qui a répandu sur nous de si abondantes bénédictions. Au lieu d'un diocèse, nous en avons quatre. Et, sans parler de ceux du Maïssour et du Coimbatour qui ont déjà cinquante ans d'existence, celui qui vient de naître se place, dès son apparition, parmi les plus importantes missions de notre Société. Ses 81.500 chrétiens lui assurent le quatrième rang. Malgré ces fractionnements successifs, Pondichery en conserve encore 135.000, c'est-à-dire une vingtaine de mille de plus que lors de la première division. La famille s'est donc grandement accrue. Le nombre de ses enfants s'est triplé, quadruplé et plus encore, car, pour se rendre un compte exact du chiffre de conversions obtenues, il ne suffit pas de constater l'état actuel du catholicisme dans le pays, il faut encore se souvenir que la grande famine nous enleva près de 100.000 fidèles et que chaque année l'émigration nous en fait perdre des milliers. Par bonheur, ces derniers, perdes pour nous, ne le sont pas pour le Dieu de leur baptême. En Birmanie, en Cochinchine, au Natal, dans les îles de Penang, de Ceylan, de la Trinité et sur divers autres points du globe, ils forment de populeuses et florissantes chrétientés.

« Ces magnifiques résultats sont assurément l'œuvre de Dieu, mais ils sont aussi celle des hommes. Or, ces hommes ne sont pas seulement les ouvriers apostoliques, comme on paraît le penser trop souvent, ce sont encore et pour une large part les généreux chrétiens d'Europe, les associés de la Propagation de la Foi et les lecteurs des Missions Catholiques. Ces derniers en particulier n'ont cessé de nous prodiguer les témoignages de la plus touchante sympathie.

«Depuis trente-un ans, grâce à votre si charitable et si apostolique publication qui combat avec nous, chante nos victoires, est l'écho eloquent de nos cris de détresse, et sonne l'alarme quand la famine s'appesantit sur nous, les secours se multiplient dans la mesure où se multiplient nos besoins. Au nom de tout le bien que leurs aumônes ont réalisé, au nom des âmes ainsi préservées du malheur éternel, au nom de Jésus dont ils facilitent et complètent l'œuvre rédemptrice: Merci.

«Mais en même temps que ce cri de la reconnaissance la plus profonde jaillit spontanément de mes lèvres, ma main se tend pour recevoi

ncore.

« Nos ressources sont épuisées. Non seulement il ne nous ste plus aucune réserve; mais, hélas! la caisse est loin de n'être

que vide!... En effet dans un pays comme l'Inde, d'abondantes conversions ne vont pas sans de gros sacrifices pécuniaires.

<«<< Ici aussi bien que dans la Palestine au temps de Notre-Seigneur, c'est le pauvre qui court après la Bonne Nouvelle. Nos recrues nous viennent surtout de castes inférieures, des parias, malheureux esclaves qui trop souvent ne sont même pas propriétaires du sol sur lequel sont construites leurs misérables habitations. Lorsque, pour recevoir nos instructions, ils ont quitté le champ d'un maître inhumain, ils n'ont plus à compter sur la maigre poignée de graines qui était leur unique salaire. Ils n'auront que ce que nous leur donnerons nousmêmes. C'est tout comme aux temps évangéliques. Alors le compatissant Jésus devait satisfaire les estomacs après avoir illuminé les esprits et ravi les cœurs. Oh! si nous étions comme Lui, si nous savions multiplier le pain et les poissons!... <<< Hélas! notre mission se borne à enseigner! Si du moins ceux qui demandent à se faire chrétiens savaient lire, on pourrait leur remettre un catéchisme; mais leur ignorance n'a d'égale que leur pauvreté. Force nous est donc de les nourrir pendant qu'ils demeurent à nos côtés. Heureusement ce temps n'est pas long, car on travaille avec ardeur. La formation est rapide. Arrivés de dix, vingt, trente kilomètres, les catechumènes s'installent au centre du district, à côté de la maison du missionnaire, à l'ombre des grands arbres ou même sons un soleil de teu. Dès lors, du matin au soir, ce ne sont plus que répétitions de prières en commun, recitations particulières, explications catéchistiques, interrogations et examens divers. A peine un peu de répit vers midi pour manger les quelques grains que le Père distribue à chacun et qui constituent tout le menu de leur repas.

« Mais, quelque grande que soit notre activité, quelque admirable que soit la bonne volonté de nos auditeurs, la doctrine chrétienne ne s'apprend ni en un jour ni en une semaine. Ne faudrait-il qu'un mois, calculez tout ce qu'il en coute pour nourrir tant de personnes. Aujourd'hui ce sont des villages et des villages qui nous conjurent de les enrôler sous l'étendard de la Croix; car la hideuse famine est à nos portes. Au nom de tous les infortunes qui sont déjà ou qui désirent devenir nos enfants, je tends la main en suppliant Dieu de rendre à nos bienfaiteurs ce qu'ils voudront bien nous donner. »

Mgr Pelvat, évêque de Nagpore,

Nagpore (Hindoustan). nous écrit le 21 décembre 1899 :

«Que le bon Dieu soit mille fois béni! Qu'll répande particulièrement ses plus précieuses faveurs sur les âmes charitables qui viennent si généreusement à notre secours pendant cette crise inouie de famine, de peste et de choléra. Voilà le cri de reconnaissance qui s'échappe de la bouche de chaque missionnaire en apprenant les dons nombreux et magnifiques reçus par les Missions catholiques. Voila la prière que tous offrent chaque jour au Saint Sacrifice de la Messe et qu'ils font répéter bien des fois non seulement à leurs pauvres chrétiens, mais meme à près de 2000 païens en train de recevoir l'instruction chrétienne. Voici quelques détails pour la satisfaction de nos zélés bienfaiteurs.

« De Chikolda, on m'écrit en date du 24 novembre :

« Deux villages nous ont envoyé une députation s'offrant à « devenir tous chretiens si nous pouvions venir à leur secours. «Que faut-il faire? Si nous les recevons, bien vite beaucoup d'autres viendront faire la mème demande. »

« D'Amraoti, la R. Mère Véronique écrit le 26 novembre: « Les deux derniers dimanches, nous avons eu plus de mille païens venant au catéchuménat dans l'espérance d'obtenir une « aumône. Ils montrent une bonne volonté et un empressement « édifiants pour apprendre les prières. Ce que nous leur don«nons ne peut sauver leur vie, mais la prolonge, et nous aurons « le temps de ne pas en laisser mourir un seul sans le saint baptême.

་་

«Les femmes musulmanes viennent aussi en foule, mais nous ne « pouvons rien leur donner. C'est triste d'avoir à renvoyer ces « malheureuses criant qu'elles meurent de faim. Que faire ? « Nous sommes à bout de ressources. »

« Comptant sur la divine Providence et sur les pieux lecteurs des Missions Catholiques, j'ai fait un premier envoi de 2.000 francs de riz.

« Le Père Sage écrit en date du 10 courant :

« Cinq familles de Marars (caste des laboureurs) sont << arrivées hier soir de Datapur. Douze autres familles sont en « route pour venir aussi, me disent les nouveaux arrivés. Que « faut-il faire? Les dépenses pour les orphelins et les ancien<<nes familles sont déjà énormes. »>

<«< Trois Sœurs de Saint-Joseph, parties de Nagpur le 14 courant pour visiter les campements du district d'Acola, pour baptiser les enfants en danger de mort et les mourants adultes bien disposés, écrivent en date du 18 et du 19 courant :

«Nous avons visité ces jours-ci cinq campements de 8400, « 8000, 6000, 5000, 4000 personnes. La condition des petits « enfants est navrante: les mères n'ont nilait pour les nourrir, « ni linge pour les couvrir, ni abri pour les prémunir contre la « chaleur du jour et le froid de la nuit. La plupart sont assez « malades pour recevoir leur passeport et aller peupler le ciel. <« Les femmes sont aussi dans un état pitoyable. Ayant souffert « longtemps de la faim avant de quitter leurs villages, non « accoutumées à ce dur labeur de briser des pierres pour les « routes, elles tombent de lassitude et de désespoir.

[ocr errors]

«Mais c'est d'Aurungabad, territoire du roi musulman d'Hydérabad, que nous arrivent les cris les plus déchirants de détresse. Le Père Jacquier écrit en date du 3 courant :

«J'envoie de nouveau à la poste aujourd'hui, pour voir si le « bon Dieu nous aura envoyé quelques secours. Depuis trois <« mois nos pauvres gens sont dans la plus grande misère. Ici « le gouvernement non seulement ne commence pas de tra«vaux, mais il est occupé à percevoir les impôts. Des villages « sont partis pour chercher du travail sur le territoire anglais; « mais il n'est pas facile d'en trovuer, surtout quand on a de « petits enfants, de vieux parents, des champs et du bétail. Je « n'os plus sortire pour aller voir ce qui se passe, n'ayant plus « rien à donner. »

Nous cherchons à envoyer des provisions à ce vaillant missionnaire, mais les frais de transport sont énormes.

« Il me serait facile d'ajouter à ces descriptions suffisam ment éloquentes et déjà trop longues. Trois Catéchistes missionnaires de Marie-Immaculée sont en course dans le district de Bilaspur, mais leurs narrations ne me sont pas encore parvenues. En conclusion, laissez-moi vous offrir mes meilleurs souhaits de bonne année et vous supplier de nous continuer votre bienveillance et vos sympathies. »

Mœurs, Légendes et Superstitions

DES

SAUVAGES DU NORD-OUEST CANADIEN

Nous trouvons dans les journaux de Montréal d'intéressants détails sur une Conférence de Mgr Langevin à l'Université Laval. Le savant archevêque de Saint-Boniface a donné à ses auditeurs des aperçus piquants et absolument ignorés sur les moeurs et les superstitions des peuplades sauvages de l'Ouest du Canada.

Le bon Dieu, dans sa divine Providence, a dit en commençant Mgr Langevin, se sert de qui lui plaît pour faire ses œuvres. Or, il lui a plu de choisir la race canadiennefrançaise pour faire son œuvre au Manitoba et au NordOuest, pour convertir et civiliser les Indiens, les PeauxRouges.

Le prélat a ensuite donné les bornes de l'immense territoire embrassé par le diocese de Saint-Boniface, puis il a indiqué comment sont divisées les peuplades sauvages qui habitent cette vaste région. Puis il décrit les mœurs des Indiens en comparant le passe avec le présent.

Les Sauteux qui prennent leur nom du Sault SainteMarie, ont été les plus féroces des diverses tribus sauvages.

Il y a quarante ans seulement, non loin de Saint-Boniface, ces sauvages, au cours d'une guerre avec les Sioux, prirent part à un festin de cannibales, se repaissant de la chair de leurs ennemis morts. Ils sont bien changés, mais ils restent très difficiles à convertir.

Si ces sauvages ne sont plus féroces, ils sont toujours superstitieux. Ils croient encore à ce qu'ils appellent le principe du bien et le principe du mal; ils croient au Grand-Esprit et au manitou.

Ils ont un grand nombre de divinités, à qui ils offrent des sacrifices le dieu Soleil, bienfaiteur du monde et en l'honneur de qui ils exécutent de grandes danses; le dieu Ours, à qui ils font l'offrande d'une part de ce qu'ils mangent et boivent; le dieu Tonnerre, à qui leur imagination donne la figure d'un oiseau : c'est en ouvrant les yeux, qu'il produit les éclairs.

Les sauvages croient à un autre esprit, demi-dieu et demi-homme, qui s'amuse à jouer des tours aux hommes et aux bêtes: c'est Nanapous. Ils racontent toutes sortes de légendes sur son compte.

Un jour Nanapous marchait, portant sur son dos un sac très lourd. Une bande de grues l'aperçoit et l'interpelle: Que portes-tu dans ton sac, Nanapous?

[ocr errors]
[ocr errors]

«

Je porte des chansons.

Et comment se chantent-elles?

En dansant en rond, les yeux fermés.
Chantes-en une, Nanapous. »

Le dieu y consent. Les grues se mettent à voler en cercle, les yeux fermés, autour de Nanapous, qui, à mesure qu'elles défilent devant lui, leur tord silencieusement le cou pour faire un bon repas.

Il se trouvait cependant dans la troupe, une vieille grue qui avait déjà été à la bataille et qui, plus rusée, ne fermait jamais si bien les yeux qu'elle ne pût y voir.

«Que fais-tu, Nanapous? tu nous extermines », s'écrie la vieille grue.

Les autres ouvrent aussitôt les yeux et s'enfuient, mais Nanapous en avait tué plusieurs, et il se réjouissait du festin qu'il allait savourer.

Pour comble de bonne fortune, Nanapous voit venir un ours qui chancelait et avait peine à se conduire; il avait le mal de neige, affection doulourense des yeux causée par la lumière trop éclatante réflétée par la neige.

- Je vais te guérir, » dit Nanapous.

Et après avoir fait coucher l'ours et lui avoir fermé les yeux, il l'assomme avec une grosse pierre.

Le repas de Nanapous se trouva augmenté d'autant. Mais un grand nombre d'oiseaux surviennent et demandent à partager le plantureux menu. Nanapous refuse; il se promet bien de tout manger seul. Il a malheureusement la fâcheuse inspiration de s'asseoir dans la fourche d'un bouleau dont le tronc se dédouble à une certaine hauteur. Tout à coup, Nanapous se sent serrer. Il essaie en vain de faire lacher prise à l'arbre, qui le tient prisonnier jusqu'à ce que les oiseaux aient dévoré tout son repas.

Mgr Langevin dit que cette légende indique que les sauvages savent s'amuser. Ce ne sont point des personnages taciturnes qui ne parlent pas et ne pensent pas davantage; mais, durant les longues soirées, ils aiment à se raconter des contes et des légendes. Ils ont des narrations dont le récit dure des jours et même des mois. Si les blancs se moquent des sauvages, ces derniers le leur rendent bien.

Les Indiens ont un culte pour les âmes. Ils déposent sur la tombe de leurs morts ce qu'ils croient leur être utile pour le grand voyage et, si la saison est rigoureuse, ils y feront du feu. Dans la forêt, si le sauvage entend un bruit, c'est une âme qui lui demande quelque chose, et le sauvage lui jette du pain, de l'eau, ou du tabac. Les aurores boréales sont dans l'imagination des Indiens les danses des âmes.

Les sauvages croient qu'il y a deux ciels celui des Peaux-Rouges et celui des blancs. S'ils changent de religion, ils n'iront, croient-ils, ni dans l'un ni dans l'autre : ils se seront exclus du ciel des sauvages et il faut avoir la peau blanche pour aller dans l'autre.

Les sorciers inventent des histoires pour maintenir leur empire sur les âmes.

..

Le sauvage ne se convertit pas facilement; mais quand il a dit « Je veux prier, » il ne changera plus et sera fidèle à sa religion, parce que sa conviction, venue de loin, est inébranlable. Un Indien disait : « J'ai promis à Mgr Taché de ne plus jamais faire la guerre aux blancs, et j'ai tenu ma parole. » L'œuvre de la religion est donc aussi une œuvre patriotique et civilisatrice. Qui a transformé ces sauvages?qui a changé ces loups en agneaux? La sainte Eglise catholique! De qui s'est-elle servie? Des missionnaires.ll y en a qui se dévouent au milieu de souffrances physiques et de difficultés de toutes sortes. Depuis quatre ans, cinq missionnaires Oblats ont failli mourir de faim et de soif, dans le seul diocèse de Saint-Boniface, à la suite de privations cruelles, ou à cause du froid.

Les missionnaires ne s'occupent pas que des sauvages, ils vont au secours des blancs, des colons. Dans le Manitoba et le Nord-Ouest, le progrès de l'immigration est constant. Dans le diocèse de Saint-Boniface, depuis quatre ans, la population a augmenté de 25.000 âmes, c'est-à-dire de moitié. il y a eu 28 églises ou chapelles construites et 16 couvents fondés. Cette année, 8 paroisses canadiennes ont été formées (voir la gravure p. 13).

En retour de cette œuvre civilisatrice, que demandonsnous? Le droit de faire du bien, la liberté d'enseigner cette langue française, la première qui a été parlée sur ce territoire, la permission de prêcher librement cette religion qui a accompli tant de merveilles. Nous voulons vivre en paix avec ceux qui ont d'autres croyances, nous demandons qu'on respecte les nôtres. Nous voulons être fidèles au drapeau qui protège nos libertés au prix même de grands sacrifices; mais nous réclamons le droit de nous souvenir du passé et des vieilles traditions, le droit d'aimer la France d'un amour ardent et croissant toujours, car, pour nous, la France est toujours la mère-patrie, pour nous, elle est toujours la nation chevaleresque par excellence. Il n'y a pas une œuvre charitable qui n'ait été chercher en France l'élan qui l'a poussée aux extrémités du monde...

[ocr errors]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

« Les Jésuites et les ordres religieux ne sont pas tolérés. »

Or, si, en pratique, cette disposition ne nous gênait guère, il allait de l'honneur de notre Sainte Eglise d'en obtenir l'élimination. Nous lui avons donc donné l'assaut, tant dans notre journal que dans des brochures, et en même temps nous nous en relation sommes mis

avec des députés tant de la droite que de la gauche.

Enfin, en 1892, nous cûmes la satisfaction de voir apparaître au Storting une proposition d'abolition de cet article. Comme cependant tout changement à la Constitution doit passer par trois législatures différentes, la proposition ne put être débattue qu'en 1897. En Norvège, de même qu'ailleurs, les Jésuites ont le privilège d'être détestés par les adversaires de l'Eglise. On scinda la proposition. La première partie, l'admission des Jésuites, eut bien la majorité absolue, 63 voix contre 48, mais non les deux tiers

[ocr errors]

non plus à reconquérir leurs droits. Il y a quelques mois seulement, le président du Storting lui-même remit la question sur le tapis, et elle ne fut écartée que parce que le Storting ne voulait pas se déjuger à si court intervalle. A l'occasion de ce changement de Constitution, le libéralisme de bon aloi des députés norvégiens s'est de nouveau manifesté d'une manière éclatante. Si quelques fanatiques n'ont pas pu s'empêcher de donner libre cours à leur haine contre les religieux, d'autres députés ont catégori

AU VALDER; d'après une photographie envoyée NORVÈGE. par Mgr FALLIZE, vicaire apostolique (voir le texte).

des voix requis par la Constitution. Elle fut donc rejetée, et elle l'a été uniquement parce qu'à cette époque les journaux avaient répandu les plus odieuses calomnies contre les Jésuites à Madagascar, où les Norvégiens entretiennent d'importantes missions. Par contre l'admission de tous les autres Ordres religieux a été adoptée par 77 voix contre 34. Cependant les Jésuites ne tarderont pas (1) Veir les Missions Catholiques du 5 janvier.

quement déclaré, que, ne voyant pas comment ces religieux pourraient menacer les intérêts de l'Etat, ils ne se reconnaissaient pas le droit de refuser ce que, nous autres catholiques, nous prétendions appartenir à l'intégrité de notre Eglise; en principe, les catholiques seuls étaient juges des libertés qu'il leur fallait, et les sympathies ou antipathies. personnelles des députés n'avaient pas voix au chapitre.

[graphic]
[blocks in formation]

exemple du noble esprit de tolérance dont sont animés

les législateurs d'un pays où, il n'y a pas si longtemps encore, tout prêtre qu'on aurait arrêté aurait été condamné à mort, tandis que les catholiques étaient privés de leurs biens et bannis?

Le 16 avril 18:8, en revenant d'un voyage, je vis dans les journaux que la seconde Chambre du Storting était occupée à discuter une loi permettant la crémation des corps; les évêques de l'Eglise de l'Etat consultés, n'avaient trouvé à y redire, et les deux premiers articles de la loi, déjà votés, contenaient des dispositions qui

rien

devaient blesser la conscience d'un catholique, puisqu'ils permettaient, par exemple, à un père protestant de faire brûler le corps de son enfant catholique àgé de moins de dix-neuf ans, et forçaient un enfant catholique à faire brûler le corps d'un parent protestant qui l'aurait exigé dans son testament.

Immédiatement, j'écrivis à M. le Président du Storting une lettre dans laquelle j'exposai mes objections, en lui expli

quant que l'Eglise nous défendait, sous peine de péché mortel, de coopérer à une crémation, et en le priant respectueusement de communiquer ma réclamation à la Chambre.

Le 18 au matin, le curé de Saint-Olaf porta la lettre à M. le Président, au moment même où allait s'ouvrir la séance pour continuer la discussion de la loi. Dix minutes après, ma lettre était lue du haut du siège présidentiel, et, quoique cette intervention tardive causât des formalités bien compliquées, les articles déjà votés par le Storting furent changés, absolument comme je l'avais proposé. J'eus encore la satisfaction d'être remercié par des journaux protestants pour être seul intervenu dans cette question délicate en faveur de la liberté des consciences.

Dans la question scolaire, j'ai toujours trouvé le mê

me vrai libéralisme. Nos

écoles catholiques sont absolument libres, et là où nous en avons, les catholiques n'ont pas à payer la taxe pour les écoles publiques. D'après d'anciennes lois, les

bureaux de bienfaisance, où

siège encore le ministre pro

testant, avaient le droit de placer des enfants pauvres dans des familles, qui pouvaient leur faire donner une éducation protestante, et une commission avait le droit de placer soit dans des établissements spéciaux, soit chez des protestants, des enfants catholiques abandonnés. Je m'adressai au gouvernement et au Storting pour qu'on apportât des changements à ces lois, afin de sauvegarder nos droits, et j'eus la joie de voir accepter toutes mes demandes. En ce moment même, le Storting s'occupe d'une proposition que le gouvernement lui a faite à ma prière, dans une nouvelle loi sur la bienfaisance publique, proposition qui sera admise sans aucun doute.

[ocr errors]

Mais il est temps de dire adieu à Christiania pour faire voir aux lecteurs ce qu'on peut appeler : « la province ». Avant de partir, nous allons cependant faire une petite excursion et saluer notre plus proche voisin, M. le curé de Fredriksstad, un Néerlandais plein de vie et d'énergie. Ce n'est pas bien loin, 94 kilomètres seulement.

[ocr errors]

A Fredrikstad. Nous n'y trouvons plus la chaumière où Notre-Seigneur daignait résider en 1895, ni le trou que nous décorions du nom d'hôpital et où nos bonnes Sœurs se tuaient en sauvant la vie à leur prochain. C'est que là nous avons eu de la chance. Nos tristes baraques couvraient un terrain qui, tout d'un coup, s'est trouvé dans le centre d'affaires de la ville. Et voilà qu'un jour, au mois de juin 1898, un monsieur, dont la femme est Française et catholique,vient m'offrir, pour le terrain, une somme qui me fit tout simplement tourner la tête.

[graphic]

NORVÈGE. AU VALDER: d'après une photographie envoyée par Mgr FALLIZE, vicaire apostolique (voir le texte)

On me trouve parfois quelque peu enthousiaste, lorsque je parle de mes chers compatriotes norvégiens. Comment ne pas l'être, lorsqu'on voit de tels exemples de largeur d'esprit et de cœur pour tout ce qui est vrai et juste?

Je calcule, voilà de quoi payer la dette qui grève encore la propriété, acheter un emplacement plus vaste et. plus beau dans une partie de la ville plus tranquille

et mieux située, y emménager un magnifique hôpital pour les Sœurs, construire une belle église, une maison d'école et un presbytère digne de ce nom. Accepté. Le lendemain, je suis à Fredrikstad, l'acte de vente est dressé, un nouvel emplacement acquis, notre prêtre et nos Soeurs sont en extase. Aujourd'hui, que voyezvous? Un nouvel hôpital, en bois, oui, mais vaste et commode, est déjà en plein fonctionnement. La nouvelle église, l'école et le pres bytère, construits en bois, eux aussi, mais vrais bijoux de

l'ancien style norvégien, ont été inaugurés le 12 novembre dernier, au milieu d'une affluence incroyable de catholiques et de protestants. Ce qui nous a surtout rendus heureux, c'est que presque toutes les autorités de la ville ont bien voulu être de la fête.

J'aime beaucoup ce vieux style norvégien, si sérieux et si coquet en même temps, et surtout si catholique; car il date du temps où la Norvège était en communion avec Rome.

« PreviousContinue »