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tapage, et pour forcer mon compagnon à oublier ses douleurs, je lui raconte une petite histoire.

Victimes de la science.— Il y a deux ans, un Père Jésuite de mes amis avait consenti à venir nous prêcher, à mes prêtres et à nos Sœurs, une série de retraites. Jours de grâce et de consolation! Pendant que nos confrères d'audelà du Cercle arctique se réunissaient à Hammerfest, au bout du monde habitable, tous les missionnaires du reste de la Norvège se rassemblaient à Christiania dans la « maison paternelle ». Pour y arriver, plusieurs d'entre eux durent parcourir des centaines de lieues et dépenser des centaines de francs. Qui donc nous dotera d'une fondation pour rendre possibles des retraites périodiques? Nombre d'entre eux, qui depuis de longues années correspondaient ensemble, ne se connaissaient pas encore de vue, et je devais les présenter les uns aux autres.

La retraite finie, nous procédâmes à la consécration de ma cathédrale », car jusque-là, faute d'évêque, aucune de nos églises n'était encore consacrée. Après cette fête, tous s'en retournèrent à leurs stations, heureux de s'être vus et d'avoir réconforté leurs âmes.

Le Père Jésuite accompagna à Bergen le missionnaire de cette ville, pour y prêcher également la retraite à nos religieuses. Ils étaient arrivés en bonne santé à nos trois superbes cascades. Là ils eurent la curiosité de remonter jusqu'à leurs sources; c'était comme qui dirait vouloir découvrir les sources du Nil. Par un long détour ils atteignent un joli lac et constatent qu'il donne naissance à deux des trois cascades. Cette acquisition faite au profit de la science géographique, ils remarquent que la nuit va tomber, et M. le curé de Bergen, que rien n'effraie, demande à un petit pâtre, s'il ne connaît pas de sentier çonduisant directement à l'hôtel.

Naturligvis, dit le patron, suivez-moi seulement. »> Et fumant comme une cheminée le cigare dont ces messieurs l'ont régalé, les mains dans les poches, il se met à la tête de la caravane. D'abord cela ne va pas trop mal. Mais peu à peu les ténèbres surviennent; le sentier, tout en descendant de plus en plus rapidement, fait des zig-zags inquiétants. On peut encore se tenir debout en tàtonnant le long des rochers. Mais, ô trahison du destin! voilà que la piste se change en un interminable fossé rempli de pierres roulées. Le pâtre, fumant toujours tranquillement son cigare, marche droit comme un troupier.

Nous allons arriver », dit-il à chaque instant, sans se retourner... Mais on n'arrive pas.., Brrrr!... Sont-ce les cascades, qui mugissent là, tout à côté? Est-ce quelque éboulement de rochers? Est-ce la fin du monde ? Les voyageurs n'en savent rien. Ce qu'ils savent, c'est qu'ils n'avancent plus sur leurs pieds, mais... autrement, et avec la vitesse d'un train express et que la montagne semble les suivre. En passant devant le pâtre, ils l'entendent crier : Lad gaa, ingen fare! (En avant, pas de danger!) » Suit un moment d'arrêt et de recueillement. Plus de pierres roulées, mais une terre grasse, changée en une pâte douce et tendre par la vapeur des cascades.

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Les voilà de nouveau partis, cette fois sans bruit ni fracas. Mais comme toute chose a sa fin, le fameux sentier a aussi la sienne, et à un moment donné nos explorateurs se retrouvent à la porte de leur hôtel.

Après un examen minutieux ils constatent qu'aucun de leurs membres ne manque à l'appel et qu'il n'y a pas même d'os cassé. Les contusions, on n'y fait pas attention dans les moments critiques.

Mais, le lendemain matin, lebon Père ne put pas se lever, jusqu'à ce que son compagnon lui eût remis en ordre sa toilette et surtout eût fait sécher son linge, encore trempé « par la vapeur des cascades », disait le Père, par la sueur froide de la peur », prétendait l'autre.

Après le départ de Lotefos, où, à droite, les rochers se dressent perpendiculairement, tandis qu'à gauche se creuse le lac, qui a englouti le cavalier de l'empereur, le Père arrêta brusquement son compagnon :

<< — Vous allez me jurer, lui dit-il, de ne jamais raconter cette aventure ni à Luxembourg ni à Rome. »

Sachant ce dont un Jésuite est capable, le curé de Bergen le promit et, en homme consciencieux, il tint parole. Mais il n'avait pas promis de garder le silence vis-à-vis de son évêque et voilà comment je suis en état de raconter à la postérité qu'il n'y a pas qu'au « Continent noir » que des gens de cœur se sacrifient pour la science.

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Comme quoi il ne faut jamais se moquer d'autrui. Mon compagnon va beaucoup mieux. Ma petite histoire et le café ont produit leur effet, et nous pouvons repartir pour Odde, où nous devons passer la nuit. Le chemin va de plein pied à droite les rochers, à gauche tantôt la rivière du Grænsdal, tantôt le lac du même nom. La route est très étroite; mais, de temps à autre, elle s'élargit assez pour permettre à deux voitures de se croiser.

« - Halte-là!» s'écrie tout à coup le cocher de mon compagnon, qui est en avant. Mais il est trop tard; le paysan qui arrive avec sa lourde voiture a, autant que nous, dépassé depuis longtemps l'élargissement de la route. Que faire pour nous éviter? Après une longue conférence avec le paysan, il est convenu, que lui s'arrêtera du côté du lac, ferme comme un mur, et que nous tàcherons de passer, tant bien que mal, du côté des rochers, où, pour comble de malheur, se trouve un fossé profond.

La voiture de mon compagnon franchit sans accident l'endroit redoutable. Mais quand la mienne se présente, les chevaux du paysan se mettent en mouvement. Carambolage effroyable, rupture de l'équilibre, bouleversement, et puis, je ne sais plus quoi. Enfin je reviens à la notion de l'existence et je m'aperçois que je vis encore. Ma bonne mère me l'avait toujours dit : « Toi, tu peux être tranquille, mauvaise herbe ne périt point. » Elle avait raison. Je me retrouvai sous le véhicule renversé, mais j'étais sain et sauf; je ne pouvais pas bouger, mais rien ne me faisait mal.Une minute après, la voiture était remise sur ses roues.

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JEUNES PATRES NORVEGIENS; d'après une peinture de TIEDEMAND. Elle s'était bien un peu avariée sans doute en heurtant ma tête, que déjà les libéraux du Luxembourg trouvaient si dure, lorsque j'étais journaliste et député; mais elle pouvait encore rendre des services. Quant à moi, all right, les jambes me portaient, et mon compagnon, plus effrayé que moi, put même constater que mes habits n'avaient pas trop souffert. Les boutons, que nous ramassàmes consciencieusement, retrouveront leur place ce soir à l'hôtel, grâce au précieux nécessaire de voyage que ma sœur a mis entre mes mains en me laissant partir.

Nous pouvons donc continuer notre route; mais je vous avoue que je n'avais plus envie de railler mon compagnon ni le R.Père Jésuite; car peu à peu,je commençais à sentir des brûlures à droite et à gauche, en haut et en bas. Ah! cher lecteur, ne vous moquez jamais de votre prochain, et lorsque le chemin est étroit, descendez de votre voiture, quand vous avez à en éviter une autre.

Dans l'après-midi, nous arrivons de bonne heure à Odde, petite agglomération de maisons, surtout d'hôtels, au bout du Soerfjord, un des derniers embranchements du grand fjord de Hardanger.

Nous avions l'intention de faire encore dans la soirée une visite au magnifique glacier Buarbrae, qui est tout près et que j'avais déjà vu antérieurement; mais mon compagnon seul eut assez de courage pour entreprendre cette course à pied assez fatigante. Pour moi, je dus me mettre au lit et me contenter d'entendre, assez tard dans la nuit, le récit qu'il me fit de son excursion et la description du

lamentable état de ses pieds après cette dure partie de plaisir.

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Le sommeil de la nuit réAu Hardangerfjord. para si bien nos forces que, le matin, nous n'hésitàmes pas à nous confier au bateau à vapeur qui devait nous promener sur le Hardangerfjord (1) pour nous déposer ensuite à Stavanger, où le missionnaire et les Sœurs nous attendaient. Le Hardangerfjord est un de ces interminables bras de mer qui, en se dédoublant à l'infini, pénètrent tout le long de la côte de la Norvège jusqu'au cœur du pays. Bordé en bas par une bande de terre d'une fertilité surprenante en ces parages, en haut par des pentes boisées, d'où à chaque instant une brillante cascade se jette dans la mer, couronné tout en haut par des champs de neige, des glaciers et de blanches cimes, qui se confondent avec le ciel, le Hardangerfjord, de même que le Sognefjord et le Nordfjord, attire chaque année des milliers d'étrangers, qui s'y promènent à bord des bateaux à vapeur et en admirent sans fatigue les splendeurs. Beaucoup d'entre eux se logent dans les fermes et les hôtels qui longent le jord, ou se cachent dans l'un de ses bras pittoresques; ils y passent la belle saison à se promener, à pêcher la truite ou le saumon, à chasser, à flaner.

Le fjord latéral qui aboutit à Odde, le Soerfjord, réunit à lui seul tout ce que les fjords norvégiens possèdent de beauté sauvage. I ressemble à une longue et étroite crevasse, pénétrant jusque dans les profondeurs d'un gigantesque massif de montagnes.

Pendant que le bateau vous emporte, vos deux yeux suffisent à peine à recueillir tous ses charmes. Tout en haut, une cime qui menace de faire la culbute et de vous écraser. Là, entre deux cimes, un glacier, semblable à une cataracte engourdie au milieu de sa chute. Plus loin encore des cascades, tantôt fougueuses et bruyantes, tantôt minces et gracieuses, sautant de rocher en rocher, disparaissant, reparaissant tour à tour, tantôt s'évaporant en brouillard, en formant devant la paroi de granit un voile si candide, si léger, que vous grondez le vent qui le déchire, tantôt luisantes, festonnant le long du rocher comme un ruban argenté, que vous seriez tenté d'enrouler et d'envoyer aux chères Dames des Euvres Apostoliques de France pour garnir leurs ornements d'église.

Plus loin, un coquet village avec son église, ses fermes, ses champs, ses vergers, ses prairies. Pendant que le bateau s'y arrête, nous observons deux jeunes paysannes dans le costume de Hardanger, occupées à traire leur petite chèvre. Un touriste les met sans plus de façons dans sa boîte photographique (Voir la gravure, p. 121).

(1) Voir les Missions catholiques, année 1895, p. 416.

(A suivre.)

Voyages et aventures d'un Missionnaire

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DANS LE FAR-WEST

Par le R. P. SAVINIEN, Bénédictin, ancien missionnaire au Territoire indien

Suite et fin (1)

C'était le deuxième jour de marche à travers les bois, les prairies, les creeks, les collines et les vallées. La faim me faisait horriblement souffrir et je ne pus trouver un seul fruit sauvage, la saison étant passée. J'essayai de tuer un petit oiseau avec une pierre, mais je le manquai autant par faiblesse que par maladresse. Je pris des feuilles sèches et de l'herbe, mais impossible de les mâcher et de les avaler. Vers dix heures je ramassai au pied d'un chêne quelques glands, mais tout pourris et rongés par les vers. Néanmoins, séparant soigneusement avec mon couteau les parties saines, j'essayai de les manger. Oh! que c'était amer et peu substantiel ! Je rejetai ce que j'avais dans la bouche, et pourtant je remplis mes poches de ces glands, pensant qu'il pourrait bien venir un moment où je n'aurais d'autre alternative que de les manger ou de mourir de faim.

Je me couchai dans les hautes herbes et dormis jusqu'à midi. Cela me fit du bien de reposer ainsi étendu sous les rayons du soleil. Ensuite je récitai la deuxième partie de mon rosaire et me remis en route.

J'arrivai alors près d'un joli petit cours d'eau sur le bord duquel sept chevreuils cherchaient un peu d'herbe. A ma vue ils s'enfuirent. Je suivis quelque temps ce ruisseau dans l'espoir qu'il me mènerait à un camp indien, car les Osages aiment à s'établir près des cours d'eau.

En effet, j'arrivai bientôt à un groupe de wigwams in(1) Voir les Missions catholiques des 5, 12, 17, 24 janvier, 2, 9, 16 28 février, 2 et 9 mars.

CABANE INDIENNE.

CHEF OSAGE.

diens. Un peu plus loin, je reconnus un trail qui n'avait pas servi peut-être depuis des années, car, par endroits, l'ornière des voitures était complètement effacée. Toutefois je pensai qu'il me conduirait à un settlement et je résolus de le suivre. Mais mes forces diminuaient et je commençai à penser que bientôt je ne pourrais plus faire un pas.

Vers trois heures de l'après-midi, il me fut impossible d'aller plus loin. Je me couchai de nouveau dans les hautes herbes et me livrai aux pensées les plus mélancoliques: « Dans quelle anxiété, me disais-je, les Sœurs et le Père Félix doivent se trouver à mon sujet ! Certainement, à cette heure, on est à ma recherche. Aije bien fait de m'éloigner ainsi de mon campement de la nuit précédente? Viendra-t-on jusqu'ici avant que je sois mort de faim et de fièvre?»> Tout à coup je fus surpris d'entendre le son d'une clochette. Je pouvais à peine le croire. Je me levai tout ému, je gravis une petite colline et j'aperçus une mule au cou de laquelle était la clochette, et un peu plus loin trois femmes indiennes qui faisaient des fagots.

Je m'avançai vers elles, et à ce moment j'étais si faible que mes genoux

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frappaient l'un contre l'autre; une pierre céda sous mes pieds, c'en fut assez pour me faire tomber tout de mon long par terre. Les bonnes Indiennes me regardaient avec une compassion évidente. Quand je leur eus dit en osage que je n'avais rien mangé depuis deux jours, elles me montrèrent le sentier conduisant à leurs demeures.

J'arrivai devant un wigwam; un jeune Indien était sur le seuil, assis par terre et chantant un refrain de danse sauvage. Hélas ! je n'étais d'humeur ni à chanter ni à danser. Je lui dis que j'étais Wakoutah Tapuska et que je mourais de faim. Il me regarda d'un drôle d'air, comme pour dire : « Vous, le prêtre? Allons donc ! » Et vraiment, je ressemblais plutôt à un malheureux rouleur, avec mon visage noirci par la fumée de mon camp de la nuit précédente, ma chemise en lambeaux, mes bras et mes mains ensanglantés, enfin mes bottes et mon pantalon couverts de boue. J'insistai cependant, avec l'éloquence du désespoir. Alors il se leva et me conduisit dans un joli terrain où se trouvait caché un autre wigwam à l'abri du vent du nord. Un vieil Indien s'y tenait drapé majestueusement dans sa blanket. Celui qui m'accompagnait lui dit :

«

Père, voici un homme qui prétend être le prêtre; que ferai-je de lui ? »

J'avais rencontré le vieillard peu de temps auparavant, à l'Agence, et lui avais fait cadeau d'une médaille. Il me

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C'était la fin de ma longue épreuve. Le jeune Indien me ramena dans sa tente et mit devant moi le repas le plus délicieux que j'aie mangé de ma vie. Quel en était le menu? Il me serait difficile de le dire; mais le souvenir de l'appétit avec lequel je l'attaquai me cause encore aujourd'hui un vif plaisir. Moi, qui avais si souvent fait le dégoûté lorsque nos pauvres Indiens m'invitaient à leurs repas, pour une fois, au moins, je trouvai leur cuisine irréprochable. Mon hôte semblait jouir de mon appétit.

Quand j'eus fini, il demanda les détails de mon aventure. Il les trouva tellement comiques qu'il se renversait par terre pour mieux rire et se roulait ; quand je tirai de ma poche la provision de glands, je crus qu'il allait étouffer; il poussait des clameurs qui firent trembler le wigwam.

Il voulut m'emmener chez un voisin, à deux kilomètres de là, et, pour lui faire plaisir, j'y consentis. Il attela aussitôt ses mules à un wagon et nous fûmes bientôt arrivés. Là, il fallut de nouveau raconter mon histoire, et on nous servit à tous deux un repas. Ma foi! j'avais un si bel arriéré de compte à régler que je ne me fis pas prier pour recommencer à manger.

Ensuite nous allâmes chez un deuxième, où nous fûmes

traités de la même façon; puis chez un troisième. Mon ami se disposait à me faire faire ainsi le tour du settlement; décidément, après m'avoir arraché aux horreurs de la famine, il allait me faire mourir d'indigestion.

Mais une espèce de réaction se faisait dans tout mon être; la surexcitation nerveuse qui m'avait soutenu jusqu'alors faisait place à une prostration qui ne me permettait même plus de me tenir debout. Le brave garçon s'en aperçut et s'empressa de me ramener chez lui.

J'étais profondément endormi avant qu'il eût dételé ses mules. Il me prit délicatement dans ses bras, me déposa sans m'éveiller sur un tas de branches de sapins couvertes de peaux et me couvrit comme une mère aurait pu faire pour son enfant.

Aux premières heures de la nuit, de nombreux Indiens vinrent pour voir le Wakoutah Tapuska qui s'était perdu au milieu des bois. Ils remplissaient la loge et causaient à demi-voix autour du feu. A un moment je m'éveillai. Ils me firent asseoir et raconter de nouveau toute l'aventure. Dans les Etats de l'Est, on croit généralement qu'un Indien ne rit jamais. Il aurait fallu entendre les exclamations et les éclats de rires de ces bons sauvages. Ils s'en allèrent enfin l'un après l'autre, non sans m'avoir donné chacun une poignée de main.

Le lendemain, mon hôte m'informa que je me trouvais à peu près à égale distance de l'Agence et de ma Mission et qu'il n'éprouverait aucun dérangement à me transporter à l'Agence, parce qu'il avait quelques emplettes à y faire. chez les traders.

Quand j'arrivai à Pawhuska, je fus reçu par tout le monde comme un homme qui sortirait du tombeau. On me croyait bel et bien mort; à ce moment-là même, un brave Irlandais, marié à une Indienne, organisait une expédition pour aller à la recherche de mes reliques :

«< - Pour sûr, disait-il, le Père est mort; les loups et les buzards sont en ce moment à se disputer son cadavre; tàchons de rapporter au moins ses os pour leur donner une sépulture honorable. »

Il était urgent d'avertir le Père Félix de mon retour. Dès le soir du premier jour de ma disparition, les Sœurs avaient fait partir un homme à cheval pour l'informer et le Père était arrivé chez moi au milieu de la nuit. Dès le matin, il avait envoyé chercher des Indiens pour organiser une battue en règle dans toute la forêt. On avait découvert mes traces, trouvé encore un peu des cendres chaudes du foyer que j'avais allumé et remarqué plusieurs endroits sur le bord des creeks où, le pied me manquant, j'avais roulé jusqu'au fond. Ils en avaient conclu que je m'étais probablement noyé; comme la journée était très avancée, ils remirent au lendemain la recherche de mes restes.

Le lendemain, une première expédition ne donna aucun résultat et le Père Félix était au désespoir, aussi bien que les Sœurs, lorsqu'un homme à cheval arriva de Pawhuska, apportant un mot écrit de ma main. En lisant cette

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