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nant que faire ? Il m'était impossible de dire où était ma mission, au nord, au sud, à l'est, à l'ouest? J'avais trop fait de tours et de détours; et quoique, peut-être, je n'en fusse qu'à quatre ou cinq milles de distance, je ne savais dans quelle direction je devais me diriger; mais l'Agence, située à vingt milles de la Mission, était certainement le quelque part entre le Nord et l'Est. Je pensai donc que plus sage était d'aller vers elle, en ligne droite et aussi vite que mes pauvres jambes pouvaient me porter. Je m'orientai grâce au soleil qui, juste à ce moment, sortit des nuages.

(La fin au prochain numéro).

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Au R. P. Antoninader, pour la chapelle St-Antoinede-Padoue à Kanei (Pondichéry).

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BIBLIOGRAPHIE

Lettres Ile de Ceylan. Croquis, mœurs et coutumes. du P. Van der Aa, S. J., missionnaire, illustrées d'une carte et de nombreuses phototypies. Louvain, Giele, 1899. In-8, pp. 271. La population de Ceylan s'accroît rapidement et dépasse trois millions d'habitants qui se décomposent, suivant la race, en 1.840.000 Singhalais, 689.000 Hindous et Tamouls 195.000 Musulmans et à peu près 40.000 Européens, Hollandais-Burghers, Portugais métis, Malais et Javanais, nègres et Veddas. Au point de vue religieux, les missions catholiques ont beaucoup souffert, de 1658 à 1796, de la domination des Hollandais calvinistes. Mais, à cette dernière date, les Anglais introduisirent un régime libéral. Il restait alors dans l'île 50.000 catholiques. Aujourd'hui ils sont 240.000. Leur premier apôtre fut saint François Xavier. Depuis 1893, cinq diocèses se partagent le territoire : Colombo, siège métropolitain; Jaffna, Kandy, Galle, Trincomali, évêchés suffragants. Colombo et Jaffna sont évangélisés par les Pères Oblats de Marie-Immaculée, Kandy par les Bénédictins sylvestrins d'Italie; Galle par les Pères Jésuites belges; Trincomali par leurs confrères de France de la province de Champagne.

Le P. Van der Aa, professeur de théologie morale à Kandy, s'embarquait pour la grande île, il y a quatre ans. Les premières impressions sont les plus vives; il adressa en Europe une série de lettres familières, d'un style toujours gai, pleines d'anecdotes piquantes, d'observations humoristiques et aussi de graves et touchantes considérations sur la vie de missionnaire en ces contrées si favorisées de la nature et encore si rebelles à la grâce. C'est en réunissant ces lettres exquises qu'on a composé ce magnifique volume.

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Un anonyme du diocèse de Reims.

A M. Veyret, missionnaire à Mysore.

M. de Verdelhan des Molles, du diocèse de Mende.....

A M. Maurice, Pondichéry, pour les affamés.
M. Al. Maës, du diocèse de Paris..

A M. Grangeon, Cochinchine orientale, pour les catéchistes.

M. Al. Maës, du diocèse de Paris.....

A Mgr Marcou, Tonkin occidental, pour les affamés. Anonyme de Paris.....

A M. Marc Civati, Hyderabad, pour l'église du SaintRédempteur. M. Al. Maës, du diocèse de Paris......

S. B., Lyon.......

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Au R. P. Marc Civati, Hyderabad, pour l'école de Bezwada.

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Mae Bjot, Paris, demande de prières....

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A Mgr Augouard, Oubanghi.

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Un anonyme du diocèse de Limoges...

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NORVÈGE. PAYSANNES DU HARDANGERFJORD; d'après une photographie envoyée par Mgr FALLIZE, vicaire apostolique (voir p. 126).

CORRESPONDANCE

KIANG-NAN (Chine)

Persécution dans le district de Pei-hien.

Le R. P. Tournade, procureur des missions de la Compagnie de Jésus, nous communique la lettre suivante qui donne d'émouvants détails sur la situation des chrétiens au Kiang-nan.

dans tout le nord du Kiang-nan : le seul district de Péi-hien comptait 15.000 catéchumènes, dont plus de 8.000 avaient déjà des catéchistes installés dans leurs villages. C'était trop beau; il fallait s'attendre de la part du démon à un vigoureux effort pour ruiner l'œuvre du bon Dieu. Il avait du reste les instruments sous sa griffe: la secte des Grands Couteaux s'est, en ces dernières années, activement propagée au sud du Chan-tong et au nord du Kiang-nan; elle n'a, hélas! pas d'autre but que d'extirper le nom chrétien.

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La plupart des villages, où sont groupés les néophytes, sont situés à l'est et au nord de la ville de Péi-hien, dans les cantons de Tchao-toan, Tang-toan, Wang-toan et Sin-toan. Ces quatre cantons sont administrés par des notables, qui sont en même temps et avant tout percepteurs d'impôts. Ces tyranneaux se sont de tout temps engraissés du sang du pauvre peuple, qu'ils grugeaient tout à leur aise, extorquant les impôts deux, trois fois par an, sans parler des contributions pour les pagodes, pour l'entretien de

leurs satellites, etc. Quoi d'étonnant que les bons cultivateurs soient venus à nous? Quoi d'étonnant que, dès l'origine, les notables aient voulu entraver les conversions? Néanmoins, nous avons gagné du terrain, si bien que ces quatre cantons sont en majorité chrétiens ou catéchumènes. Mais les revenus des notables en ont souffert plus de contributions pour pagodes, comme l'a réglé le traité franco-chinois; plus d'exactions exorbitantes; est seule exigible, en principe du moins, la taxe légale. Et voilà le vrai motif de la persécution : ce sont ces notables qui ont appelé contre nous les hordes des Grands Couteaux.

Je savais que le coup était préparé et, depuis quelque temps, les Grands Couteaux menaçaient ouvertement les chrétiens. Seulement, au préalable, il fallait les mettre dans leur tort. Le sous-préfet de Pěi-hien était gagné d'avance. Restait à se donner un semblant de droit devant les mandarins supérieurs de Sin-tchéou-fou. Le notable du Tchao-toan, Li-pé-yu, et [celui du Tang-toan, Tang-ki-loan, trouvèrent chacun un moyen ingénieux.

..

A la fin de juillet, je dus partir pour Chang-hai. C'était le moment où nos paysans paient l'impôt. Li-pé-yu se tenait en permanence à son bureau. Un de mes domestiques étant allé payer les impôts de ses terres, Li-pé-yu le fit attacher à la poutre de la maison et accabler de mauvais traitements, puis il envoya des gens avertir les chrétiens. Il espérait que ceux-ci viendraient délivrer le prisonnier et qu'on pourrait les arrêter comme coupables d'avoir voulu piller le trésor pendant la nuit.

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Heureusement, les chrétiens restèrent calmes; ils se contentèrent de faire agir des amis païens auprès de Li-pé-yu en faveur de la pauvre victime. Toute la nuit, ils tâchèrent de fléchir le bourreau. Rien n'y fit! Li-pé-yu et ses assistants assouvirent leur haine sur le pauvre chrétien; avec leurs coutelas, ils enlevèrent les chairs d'une de ses jambes, jusqu'à ce que l'os fût mis à nu; puis ils laissèrent le corps tomber violemment à terre; enfin, avec des bûches, ils briserent le tibia en ricanant :

«- Ah! tu es courrier chez le Père; eh! bien maintenant tu pourras marcher plus vite! »

Après ces affreux supplices, le pauvre martyr fut abandonné; on le transporta chez moi; le R. P. Ministre vint l'administrer et put, en présence du mandarin, recevoir sa déposition. Deux jours après, arriva l'ordre du Tao-tai d'emprisonner le coupable. Le jeune chrétien, si horriblement mutilé, vécut encore douze jours. Depuis, le sous-préfet a voulu obliger le frère de la victime à signer unepièce par laquelle il renonçait aux poursuites, moyennant vingt piastres pour frais d'enterrement!! Bien entendu, l'affaire est portée devant les mandarins supérieurs.

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Que faisait le mandarin? Pressé par le Père de Bodman, il protestait de sa bonne volonté, mais arguait de son impuissance et, tous les jours, promettait d'agir le lendemain. Enfin, apprenant que le Père avait demandé des secours à Sin-tcheou-fou, il y envoyait des rapports mensongers, déclarant que la paix la plus complète régnait au Péi-hien. Quant aux soldats en garnison à Péi-hien, ils assistaient sans vergogne au pillage des chrétiens et fraternisaient avec les Grands Couteaux. Même notre chapelle de Fong-lo ne fut pas du tout défendue. Les soldats firent savoir aux bandits qu'ils pouvaient la piller à leur aise, à condition de ne pas mettre le feu. Si vous voyiez ce qui reste de notre maison: les murs et le toit, euxmêmes très endommagés !

Enfin, le 24 août, arriva de Sin-tcheou-fou le commandant Hiong, un de nos amis, avec cent cavaliers. Le sous-préfet voulut les renvoyer, mais le commandant Hiong répondit :

a

Puisque j'ai fait seize lieues pour venir ici, je ne veux pas retourner sans avoir vu de mes yeux l'état de la mission; je ferai bien encore quatre ou cinq lieues demain. »

Pendant la nuit, le sous-préfet fit avertir son ami Tang-ki-loan, que les cavaliers arriveraient le lendemain, et qu'en conséquence, il eût à prendre ses mesures. Il est beau, n'est-ce pas? ce sous-préfet!

Le lendemain, il y eut bataille, en deux endroits; quelques dizaines de Grands Couteaux restèrent sur le champs de bataille; une vingtaine furent faits prisonniers; on voulait les livrer au sous-préfet.

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L'invasion était repoussée, pour un temps du moins. Plus de quarante familles chrétiennes ont tout perdu, habits, blé, bêtes, instruments de labour, mobilier. Il ne leur reste rien, sinon les terres et les murs de leur maison. Deux mois et demi se sont passés, aucune réparation. Le mandarin n'a fait aucune arrestation. Voici le temps des semailles faute de ressources, les terres des chrétiens restent en friche; l'hiver arrive: les chrétiens n'ont pas d'habits pour se protéger contre le froid. Ils souffrent, et le pauvre missionnaire ressent le contrecoup de leurs souffrances. C'est un martyre auquel je ne m'habitue pas: ce sont mes enfants que j'ai régénérés par le saint baptême.

Enfin, avons-nous la paix? Pas précisément. Il y a quinze jours, 800 Grands Couteaux devaient venir venger leurs morts dans le sang des chrétiens et du Père surtout, auquel on annonça toute sorte de sup

plices, des plus raffinés. Mais notre commandant Hiong, prévenu, est arrivé à temps. La partie est remise.

Il y a sept jours, le 31 octobre, les pillages ont

recommencé au Sin-toan:

« Vous continuez à prier, ont dit les Grands Couteaux, nous continuons à piller; si vous ne ces

sez, nous vous massacrerons! »

Un enfant de douze ans défendit énergiquement son chapelet et son scapulaire. Un coup de sabre lui fit lâcher prise. Ce même enfant et ses deux frères de sept et quatre ans furent emmenés captifs; déjà les bandits les avaient dépouillés et se préparaient à les hâcher en morceaux, quand des païens amis accoururent armés de fusils : les Grands Couteaux durent livrer les trois petits prisonniers, que j'ai recueillis aussitôt chez moi.

Quelques mots pour finir. Les chrétiens, au milieu de cette effroyable panique, se sont bien montrés. Beaucoup de familles ont eu à choisir entre le pillage et l'apostasie, et la réponse fut donnée sans hésiter « Nous sommes et mourrons chrétiens! »

Un bon vieillard, voyant son village envahi, se prosterna devant son image de la sainte Vierge, lui fit ses adieux, se passa son chapelet autour du cou, puis alla au-devant des Grands Couteaux. Il ne recueillit pas la couronne qu'il convoitait; on le laissa tranquille.

Je vous laisse à penser dans quel état d'âme je retrouvai mes chrétiens, à mon retour de Chang-hai.

Pendant mon sermon le dimanche suivant, j'eus bien de la peine à retenir mes larmes, tout comme mes auditeurs d'ailleurs, dont beaucoup pleuraient. Mais il paraît que, dans le feu de l'improvisation, j'aurais dit « Pour répondre aux menaces de nos ennemis, pour leur montrer que la sainte Eglise grandit par la persécution, je vous bâtirai deux ou trois chapelles dans les centres les plus éprouvés. » J'avoue ne pas avoir préparé ce beau mouvement prophétique; mais, puisque je me suis engagé, j'espère que les charitables lecteurs des Missions catholiques aideront à prouver que je n'ai pas trop déraisonné, et qu'ils viendront au secours de ce beau district de Péi-hien, si cruellement éprouvé et partant si riche d'espé

rances.

INFORMATIONS DIVERSES

Lyon. Lundi 12 mars a eu lieu, dans un des salons de l'Archevêché et sous la présidence de S. Em. le cardinal Coullié, la réunion annuelle du Comité diocésain de l'Euvre de la Propagation de la Foi. M. le Président et les Membres du Conseil central y assistaient. Lecture fut donnée du rapport sur les résultats de l'exercice 1899. Si la somme recueillie

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à Lyon est inférieure à celle de 1898, on constate que la diminution provient de certains dons qui ne pouvaient se renouveler; mais le produit des dizaines est même supérieur.

Son Eminence, dans une réponse charmante, a loué le zèle des Membres du Comité, les a assurés de tout son concours, de tout le concours de ses prêtres pour une œuvre qui est l'honneur de son beau et grand diocèse.

Mardi 13 mars, S. G. Mgr Livinhac, supérieur général des Pères Blancs, a célébré, dans l'église Saint-François de Sales, une messe pour le repos de l'âme de M. le comte Francisque des Garets, qui fut pendant trente ans président de l'Euvre à Lyon. Le Conseil central et le Comité diocésain assistaient à cette cérémonie.

Le lendemain, mercredi 14, Mgr Livinhac disait la sainte messe dans la Chapelle des sœurs Sainte-Claire pour l'Euvre apostolique des Missions.

Le vénéré successeur du Cardinal Lavigerie, dans une allocution familière, a loué le zèle de ces dames, grâce auxquelles les pauvres missionnaires ont la joie de pouvoir entourer les saints mystères d'ornements dont la richesse et le bon goût frappent l'esprit des peuples sauvages et les disposent à estimer et à aimer une religion qui suscite de si grands dévoue

ments.

Paris. On a procédé dernièrement dans la maison des Lazaristes, à la reconnaissance canonique du corps du Vénérable Clet.

Ce saint missionnaire fut martyrisé en Chine, il y a près de quatre-vingts ans. Son corps fut inhumé sur le lieu même de son martyre où il resta environ quarante ans. Il fut ensuite rapporté en France, et en 1878, Mgr Richard, coadjuteur de S. Em. le Cardinal Guibert, procédait à une première reconnaissance.

Son Eminence avait délégué à cet effet, M. Fages, archidiacre de Sainte-Geneviève, assisté de MM. Peuportier, promoteur, et Rivière, secrétaire de l'Archevêché. Quand les RR. PP. Lazaristes eurent apporté le corps, de la petite chapelle qui le renfermait, deux médecins, MM. Monier et Alibert, l'examinèrent et dressèrent un procès-verbal. Puis on fit, ainsi que le prescrit le Code des béatifications, trois parts des reliques; l'une a été mise à la disposition du Souverain Pontife et du postulateur de la cause, l'autre à la disposition de Mgr l'Archevêque, qui en a laissé la garde aux prêtres de Saint-Lazare: la troisième sera renfermée dans l'autel que l'on élèvera en l'honneur du Vénérable Clet, après sa béatification. Cette dernière cérémonie aura lieu à Rome, dans quelques semaines.

Philippines. La dernière page du Calendrier de la Province dominicaine des Philippines, pour l'année 1900, contient la liste des religieux qui ont été victimes des insurgés en cet archipel.

Le R. P. David Varas fut mis en pièces par les révolutionnaires, le 21 novembre 1896, à Llana-Hermosa. Le Fr. Jacques Horra fut emmené captif et mourut le 6 juin 1898 entre les mains des rebelles. Le Fr. Augustin Masip, après avoir été prisonnier longtemps, fut saisi par la fièvre et mourut, privé de tout secours humain, le 18 juillet 1898. Les Réverends Pères Vincent Avila et Raymond Aranzeta moururent également en prison, en septembre 1898. Le R. P. Vincent Izteghi tomba aux mains des insurgés au siège de Dagupan ; il aurait pu se dérober par la fuite, mais il ne voulut pas abandonner son troupeau spirituel: condamné à de durs travaux et cruellement frappé, il rendit à Dieu son âme précieuse, dans la prison de Tarlac, le 21 décembre 1898. Les RR. PP. Dominique Campo et Arsène Gomez sont morts aussi; mais on ignore la date et les circonstances de leur décès. Le R. P. Isidore Fernandez, atteint de la fièvre à Tumavini, succomba le 3 juillet 1899.

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<< Pour visiter mes chrétientés, il faut que je sois presque toujours sur mer; j'ai besoin d'une embarcation un peu grande. J'en ai bien une qui cube nne tonne à peu près; ce n'est pas prudent de s'aventurer sur le Pacifique sur un aussi frèle esquif. Il me faudrait une embarcation de 3 à 4 tonnes. et, pour me la procurer, une somme de 2.000 francs au moins. Où les trouver? Ce n'est pas à mes néophytes que je m'adresserai, ils sont plus pauvres que moi. C'est aux amis de France, toujours à eux, que le missionnaire a recours.

« Si vous pouviez intéresser à mon projet d'embarcation quelques personnes généreuses, oh! combien je vous serai reconnaissant! En attendant, je dois me contenter de mon frêle esquif. Le vent est fort quelquefois, les vagues semblent nous engloutir; ma petite flotte et moi nous jouons à l'escarDolette sur la cîme des flots. Mais nous ne risquons rien. D'abord, comme l'ordonne la prudence, nous ne nous aventurons pas trop au large; et puis, au moment du danger, nous pensons à Marie: on égréne quelques dizaines de chapelet, et c'est là un bon gouvernail. Par ce moyen, l'Etoile de la mer devient notre pilote. Qu'a-t-on à craindre quand on a Marie Pour gardienne? »

PROMENADES EN NORVÈGE

Par Mgr FALLIZE, vicaire apostolique
Suite (1)

Agréments d'une tournée pastorale en Norvège. - Tout va bien d'abord, car nous montons lentement et en serpentant sur le versant du Horrebraekkene jusqu'à l'altitude de 3.100 pieds. Mais, chemin faisant, j'ai beau rendre mon compagnon attentif au splendide panorama qui se développe derrière nous, il préfère l'admirer sans se retourner.

Vient ensuite la descente par la gorge sauvage et dangereuse de Gorsvingane avec une vue sur le glacier Folgefond et le Hardangerfjord, que jamais peintre ne pourra reproduire, jamais poëte chanter dignement.

Mon compagnon les célèbre à sa façon; tout en guidant son cheval à côté d'effroyables abîmes, en partie remplis d'eau, il gémit à faire pitié :

Oh! ces karriols! Sont-ce là des coussins? Appellet-on cela des ressorts? »

Pauvre compagnon! Que faire ? Au relai de Seljestad un bon dîner et un mot d'encouragement le consolent. Mais bientôt la course et la descente, et avec elles les gémissements reprennent. J'ai beau lui montrer les sauvages beautés de la gorge Seljestadjuv, des cascades, des rapides, des blocs cyclopéens qui longent notre chemin, rien ne le touche. Il fait à peine attention lorsque, non loin des grandioses cascades Lotefos, Skarsfos et Espelandsfos, je lui montre la place où, quelque temps auparavant, un cavalier de l'empereur d'Allemagne a perdu la vie en tombant dans le lac avec son vélocipède, où l'on n'a retrouvé que longtemps après son corps. L'empereur a inauguré lui-même, récemment, le monument érigé à sa mémoire.

Mais voilà le nouvel hôtel du Lotefos. C'est incroyable, comme une bonne tasse de café réconforte, même lorsqu'on a le bas des reins cruellement endommagé. Sous la véranda de l'hôtel nous savourons notre moka, les cascades font

(1) Voir les Missions Catholiques des 5, 12, 19, 26 janvier, 2, 9, 16 février, 2 et 9 mars.

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