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Conftantin. Peut-on donner le nom de fublime à des loups qui font venus égorger toute la bergerie? Quoi! ce font des chrétiens qui parlent, et ils ofent dire qu'ils ont appelé les fidèles mahométans contre leur propre patrie! contre les chrétiens!

Braves Polonais, ce n'était pas ainsi qu'on entendit parler et qu'on vit agir votre grand Sobieski, lorfque, dans les plaines de Choczim, il lava dans le fang de ces brigands la honte de votre nation qui payait un tribut à la fublime Porte, lorsqu'enfuite il fauva Vienne du carnage et des fers, lorsqu'il remit l'empereur chrétien fur fon trône: certes, vous n'appeliez pas alors ces ennėmis du genre humain vos bons voifins et vos fidèles alliés.

Quel eft le but, mes chers frères, de cette alliance monftrueuse avec la Porte des Turcs? C'eft d'exterminer les chrétiens, leurs frères, qui diffèrent d'eux fur quelques dogmes, fur quelques ufages, et qui ne font pas comme eux les efclaves d'un évêque italien,

Ils appellent la religion de cet italien catholique et apoftolique, oubliant que nous avons eu le nom de catholique long-temps avant eux; que le mot de catholique eft un terme de notre langue, ainfi que tous les termes confacrés au chriftianifme que nous leur avons enfeigné ; que tous leurs évangiles font grecs; que tous les pères de l'Eglife des quatre premiers fiècles ont été grecs; que les apôtres qui ont écrit n'ont écrit qu'en grec; et qu'enfin la religion romaine, fi décriée dans la moitié de l'Europe, n'est (fi notre esprit de douceur nous permet de le dire) qu'une bâtarde révoltée depuis long-temps contre fa

mère.

Ils nous appellent des diffidens; à la bonne heure; nous diffiderons, nous différerons d'eux, tant qu'il s'agira de fucer le fang des peuples, d'ofer fe croire fupérieurs aux rois, de vouloir foumettre les couronnes à une triple mitre; d'excommunier les fouverains, de mettre les Etats en interdit, et de prétendre difpofer de tous les royaumes de la terre.

Ces épouvantables extravagances n'ont jamais été reprochées, grâces au ciel, à la vraie Eglife, à l'Eglife grecque. Nous avons eu nos fottifes, nos impertinences comme les autres, mes chers frères, mais jamais de telles horreurs.

DIEU nous a donné un roi légitimement élu roi fage, un roi jufte, à qui on ne peut reprocher la moindre prévarication depuis qu'il eft fur le trône. Les confédérés ou conjurés le perfécutent; ils lui veulent ravir la couronne et peut-être la vie, parce qu'ils le foupçonnent de quelque condefcendance pour notre paroiffe de Sainte-Toléranski.

L'augufte impératrice de Ruffie, Catherine II, l'héroïne de nos jours, la protectrice de la fainte Eglife catholique grecque, fermement convaincue que le Saint-Efprit procède du Père et non pas du Fils, et que le Fils n'a pas la paternité, a jeté sur nous des regards de compaffion. C'en eft affez pour que les farmates de l'Eglife latine fe déclarent contre Catherine II.

Ils publient, dans leur manifefte du 4 juillet 1769, (page 241) qu'ils opposent aux Ruffes le courage et la vertu; que les Ruffes ne fe font jamais rendus dignes de la gloire militaire; que leur armée n'ofe fe montrer devant l'armée de , la fublime Porte.,,

On fait comment Catherine II a répondu à ces complimens, en battant les Turcs par-tout où fes armées les ont trouvés; en les chaffant de la Moldavie et de la Valachie entières; en leur prenant prefque toute la Beffarabie, Azoph et Taganrok; en fefant pofer les armes à leurs Tartares, leur prenant leurs villes fur les deux bords du Pont-Euxin en Europe et en Afie; enfin, en fefant partir des efcadres du fond de la mer feptentrionale pour aller détruire toute la flotte de la fublime Porte à la vue des Dardanelles. Les Ruffes ont donc ofé fe montrer. Le Dieu Sabaoth a combattu pour eux, et il a été puiffamment fecondé par les Gédéons, appelés Orlof, Romanzoff, Gallitzin, Bauer, Showaloff, et tant d'autres, qui ont rendu St Nicolas fi refpectable aux mahométans.

Songez, mes chers auditeurs, que la main puiffante de Catherine, qui écrase l'orgueil ottoman, cft cette même main qui foutient notre Eglife catholique. C'eft celle qui a figné que la première de fes lois eft la tolérance. Et DIEU, dont elle eft en ce point la parfaite image, a répandu fur elle fes bénédictions.

Elle est ointe, mes frères. Pourquoi donc les nations ont-elles médité des pauvretés contre l'ointe, comme dit le pfalmifte ? C'eft qu'il n'eft plus en Europe de Godefroi de Bouillon, de Scanderbeg, de Mathias Corvin, de Morofini. Ce n'est que la Ruffie qui produit de tels hommes.

Aujourd'hui les chrétiens latins appellent le grand turc leur faint père. Grand St Nicolas, defcendez du ciel, où vous faites une fi belle figure, et apportez dans ma paroiffe l'étendard de Mahomet. Conjurés de

Pologne, allez baifer la main de Catherine. Nations,

ne frémiffez plus, mais admirez.

je ne

DIEU m'eft témoin que je ne hais pas les Turcs, mais je hais l'orgueil, l'ignorance et la cruauté. Notre impératrice a chaffé ces trois monftres. Prions DIEU et St Nicolas de feconder toujours notre augufte impératrice.

AUX CONFÉDÉRÉS CATHOLIQUES DE

KAMINIECK EN POLOGNE.

Par le major Kaiferling, au fervice du roi de Pruffe.

BRAVES

RAVES Polonais, vous qui n'avez jamais plié fous le joug des Romains conquérans, voudriezvous être aujourd'hui les efclaves et les fatellites de Rome théologienne?

Vous n'avez jufqu'ici pris les armes que pour votre liberté commune ; faudra-t-il que vous combattiez pour rendre vos concitoyens efclaves? Vous déteftez l'oppreffion; vous ne voudrez pas, fans doute, opprimer vos frères.

Vous n'avez eu depuis long-temps que deux véritables ennemis, les Turcs et la cour de Rome. Les Turcs voulaient vous enlever vos frontières, et vous les avez toujours repouffés; mais la cour de Rome vous enlève réellement le peu d'argent que vous tiriez de vos terres. Il faut payer à cette cour les annates des bénéfices, les difpenfes, les indulgences. Vous avouez que fi elle vous promet le paradis dans l'autre monde, elle vous dépouille dans celui-ci. Paradis fignifie jardin. Jamais on n'acheta fi cher un jardin dont on ne jouit pas encore. Les autres communions vous en promettent autant; mais du moins elles ne vous le font point

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