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COMPLÈTES

DE VOLTAIRE.

TOME SECOND.

STOUTGART,

CHEZ L'EXPÉDITION DE L'HISTOIRE DE
NOTRE TEMPS,

ET POUR LES PAYS-BAS EN COMMISSION

CHEZ LES FRÈRES HARTMANN A LA HAYE.

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M. DCCC, XXVIII.

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SUITE

DES ANNALES DE L'EMPIRE.

HENRI L'OISELEUR, ONZIÈME EMPEREUR.

(920) Il est important d'observer que dans ces temps d'anarchie plusieurs bourgades d'Allemagne commencèrent à jouir des droits de la liberté naturelle, à l'exemple des villes d'Italie. Les unes achetèrent ces droits de leurs seigneurs: les autres les avaient soutenus les armes à la main. Les députés de ces villes concoururent, dit-on, avec les évêques et les seigneurs, pour choisir un empereur, et sont, cette fois, au rang des électeurs. Ainsi Henri Ier dit l'Oiseleur, duc de Saxe, est élu par une assemblée qui ressemble aux trois états établis long-temps après en France. Rien n'est plus conforme à la nature, que tous ceux qui ont intérêt d'être bien gouvernés concourent à établir le gouvernement.

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Ce n'est pas qu'il y eût alors en Alle

magne trois états distincts, trois ordres distinctement reconnus. Ces trois ordres, noblesse, clergé, communes, n'existent qu'en France: jamais dans aucun autre pays le clergé n'a fait une nation à part. Les évêques et les abbés, comme grands terriens, comme barons, comtes, princes, eurent de la puissance, et prévalurent souvent dans les élections des empereurs, jusqu'à ce qu'enfin les sept principaux officiers et chapelains de l'empire s'emparèrent du droit exclusif d'élire l'empereur. Il ne faut pas croire qu'il y ait aucune vérité fondamentale, dans la science de l'histoire, comme il en est dans les ma thématiques.

(Depuis 921 jusqu'à 930) Un des droits des rois de Germanie, comme des rois de France, fut toujours de nommer à tous les évêchés

vacants.

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L'empereur Henri a une courte guerre avec le duc de Bavière, et la termine en lui cédant ce droit de nommer les évêques dans la Bavière.

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Il y a dans ces années peu d'évènements qui intéressent le sort de la Germanie. Le plus important est l'affaire de la Lorraine. Il était toujours indécis si elle resterait à l'Allemagne ou à la France.

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Henri-l'Oiseleur soumet toute la Haute-et Basse-Lorraine en 925, et l'enlève au duć Giselbert, à qui les rois de France l'avaient donnée. Il la rend ensuite à ce duc, pour le

mettre dans la dépendance de la Germanie. Cette Lorraine n'était plus qu'un démembrement du royaume de Lotharingue. C'était le Brabant, c'était une partie du pays de Liège, disputée ensuite par l'évêque de Liège; c'étaient les terres entre Metz et la FrancheComté, disputées aussi par l'évêque de Metz. Ce pays revint après à la France; il en fut ensuite séparé.

Henri fait des lois plus intéressantes que les évènements et les révolutions dont se surcharge l'histoire. Il tire de l'anarchie féodale ce qu'on peut en tirer. Les vassaux, les arrière-vassaux, se soumettent à fournir des milices, et des grains pour les faire subsister. I change en villes les bourgs dépeuplés que les Huns, les Bohêmes, les Moraves, les Normands, avaient dévastés. Il bâtit Brandebourg, Misnie, Sleswich. Il y établit des marquis pour garder les marches de l'Allemagne. Il rétablit les abbayes d'Herfort et de Corbie ruinées. 11 construit quelques villes, comme Gotha, Erfort, Goslar.

Les anciens Saxons, les Slaves Abrodites, les Vandales leurs voisins, sont repoussés. Son prédécesseur Conrad s'était soumis à payer un tribut aux Hongrois, et HenriI'Oiseleur le payait encore. II affranchit l'Allemagne de cette honte.

(Depuis 930 jusqu'a 936) On dit que les députés des Hongrois étant venus demander leur tribut, Henri leur donna un chien galeux. C'était une punition des chevaliers

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