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„royaume teutonique à Rodolphe, et Nous ,,condamnons Henri à être vaincu.

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Il envoie à Rodolphe une couronne d'or avec ce mauvais vers si connu:

Petra dedit Petro, Petrus diadema Rudolpho.

Henri IV, de son côté, assemble trente évêques et quelques seigneurs allemands et lombards à Brixen, et dépose le pape pour la seconde fois aussi inutilement que la pre

miere.

Bertrand, comte de Provence, se soustrait à l'obéissance des deux empereurs, et fait hommage au pape. La ville d'Arles reste fidèle à Henri.

Grégoire VII se fortifie de la protection des princes normands, et leur donne une nouvelle investiture, à condition qu'ils défendront toujours les papes.

Grégoire encourage Rodolphe et son parti, et leur promet que Henri mourra cette année. Mais dans la fameuse bataille de Mersbourg, Henri IV, assisté de Godefroi de Bouillon, fait retomber la prédiction du pape sur Rodolphe son compétiteur, blessé à mort par Godefroi même.

(1081) Henri se venge sur la Saxe, qui devient alors le pays le plus malheureux.

Avant de partir pour l'Italie, il donne sa fille Agnès au fils d'un Frédéric de Stauffen, qui l'avait aidé, ainsi que Godefroi de Bouillon, à gagner la bataille décisive de Mersbourg.

Le duché de Souabe est sa dot. C'est l'origine de l'illustre et malheureuse maison de Souabe.

Henri vainqueur passe en Italie. Les places de la comtesse Mathilde lui résistent. Il amenait avec lui un pape de sa façon, nommé Guibert: mais cela même l'empêche d'abord d'être reçu à Rome.

(1082) Les Saxons se font un fantôme d'empereur: c'est un comte Hermann à peine

connu.

(1083) Henri assiège Rome. Grégoire lui propose de venir encore lui demander l'absolution, et lui promet de le couronner à ce prix. Henri pour réponse prend la ville; le pape s'enferme dans le château Saint-Ange. Robert Guiscard vient à son secours, quoiqu'il eût aussi quelques années auparavant sa part des excommunications que Grégoire avait prodiguées. On négocie: on fait promettre au pape de couronner Henri.

Grégoire, pour tenir sa promesse, propose de descendre la couronne du haut du château Saint-Ange avec une corde, et de couronner ainsi l'empereur.

(1084) Henri ne s'accommode point de cette plaisante cérémonie; il fait introniser son anti-pape Guibert, et est couronné solennellement par lui.

Cependant Robert Guiscard ayant reçu de nouvelles troupes, cet aventurier normand force l'empereur à s'éloigner, tire le pape du château Saint-Ange, devient à la fois son

protecteur et son maître, et l'emmène à Salerne, où Grégoire demeura jusqu'à sa mort prisonnier de ses libérateurs, mais toujours parlant en maître des rois, et en martyr de l'Eglise.

(1085) L'empereur retourne à Rome, s'y fait reconnaître lui et son pape, et se hâte de retourner en Allemagne, comme tous ses prédécesseurs, qui paraissaient n'être venus prendre Rome que par cérémonie. Les divisions de l'Allemagne le rappelaient: il fallait écraser l'anti-empereur, et dompter les Saxons; mais il ne peut jamais avoir de grandes armées, ni par conséquent de succès entiers.

(1085) Il soumet la Thuringe; mais la Bavière soulevée par l'ingratitude de Guelfe, la moitié de la Souabe, qui ne veut point reconnaître son gendre, se déclarent contre Jui; et la guerre civile est dans toute l'Alle

magne.

(1087) Grégoire VII étant mort, Didier, abbé du Mont-Cassin, est pape sous le nom de Victor III. La comtesse Mathilde, fidèle à sa haine contre Henri IV, fournit des troupes à ce Victor pour chasser de Rome la garnison de l'empereur, et son pape Guibert. Victor meurt, et Rome n'est pas moins soustraite à l'autorité impériale.

..(1088) L'anti-empereur Hermann n'ayant plus ni argent ni troupes, vient se jeter aux genoux de Henri IV, et meurt ensuite ignoré.

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(1089) Henri IV épouse une princesse russe, veuve d'un marquis de Brandebourg de la maison de Stade; ce n'etait pas un mariage de politique.

Il donne le marquisat de Misnie au comte de Lanzberg, l'un des plus anciens seigneurs saxons. C'est de ce marquis de Misnie que descend toute la maison de Saxe.

Ayant pacifié l'Allemagne, il repasse en Italie; le plus grand obstacle qu'il y trouve est toujours cette comtesse Mathilde, remariée depuis peu avec le jeune Guelfe, fils de cet ingrat Guelfe à qui Henri IV avait donné la Bavière.

La comtesse soutient la guerre dans ses états contre l'empereur, qui retourne en Allemagne sans avoir presque rien fait.

Ce Guelfe, mari de la comtesse Mathilde, est, dit-on, la première origine de la faction des Guelfes, par laquelle on désigna depuis. en Italie le parti des papes. Le mot de Gibelin fut long-temps depuis appliqué à la faction des empereurs, parce que Henri, fils de Conrad III, naquit à Ghibeling. Cette origine de ces deux mots de guerre est aussi probable et aussi incertaine que les autres.

(1090) Le nouveau pape Urbain II', auteur des croisades, poursuit Henri IV avec non moins de vivacité que Grégoire VII.

Les évêques de Constance et de Passau soulèvent le peuple. Sa nouvelle femme Adélaïde de Russie, et son fils Conrad, né de Berthe, se révoltent contre lui; jamais

empereur, ni mari, ni père, ne fut plus malheureux que Henri IV.

(1091) L'impératrice Adélaide et Conrad son beau-fils passent en Italie. La comtesse Mathilde leur donne des troupes et de l'argent. Roger, duc de Calabre, marie sa fille à Conrad.

Le pape Urbain, ayant fait cette puissante ligue contre l'empereur, ne manque pas de l'excommunier.

(1092) L'empereur en partant d'Italie avait laissé une garnison dans Rome; il était encore maître du palais de Lateran, qui était assez fort, et où son pape Guibert était

revenu.

Le commandant de la garnison vend au pape la garnison et le palais. Geofroi, abbé de Vendôme, qui était alors à Rome, prête à Urbain II l'argent qu'il faut pour ce marché; et Urbain II le rembourse par le titre de cardinal qu'il lui donne, à lui et à ses successeurs. Ainsi dans tous les gouvernements monarchiques, la vanité a toujours fait ses marchés avec l'avarice. Le pape Guibert s'enfuit..

(1093, 1094 et 1095) Les esprits s'occupent pendant ces années en Europe de l'idée des croisades que le fameux ermite Pierre prêchait partout avec un enthousiasme qu'il communiquait de ville en ville.

Grand concile, proou plutôt assemblée' digieuse à Plaisance en 1095. Il y avait plus de quarante mille hommes; et le con-

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