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de Lothaire, reçoit la Basse-Lorraine de l'empereur, avec quelque partie de la Haute. Il lui fait hommage à genoux; et c'est, diton, ce qui a coûté le royaume de France à sa race; du moins Hugues-Capet se servit de ce prétexte pour le rendre odieux.

(980) Pendant qu'Othon II s'affermissait en Allemagne, les Romains avaient voulu soustraire l'Italie au joug allemand. Un nommé Cencius s'était fait déclarer consul. Lui et son parti avaient fait un pape qui s'appelait Boniface VII. Un comte de Toscanelle, ennemi de sa faction, avait fait un autre pape; et Boniface VII était allé à Constantinople inviter les empereurs grecs, Basile et Constantin, a venir reprendre Rome. Les empereurs grecs n'étaient pas assez puissants. Le pape leur joignit les Arabes d'Afrique, aimant mieux rendre Rome mahométane qu'allemande. Les chrétiens grecs et les musulmans africains unissent leurs flottes, et s'emparent ensemble du pays de Naples.

Othon II passe en Italie, et marche à Rome.

(981) Comme Rome était divisée, il y fut reçu. Il se loge dans le palais du pape; il invita à dîner plusieurs sénateurs et des partisans de Cencius. Des soldats entrent pendant le repas, et massacrent les convives. C'était renouveler les temps de Marius, et c'était tout ce qui restait de l'ancienne Rome. Mais le fait est-il bien vrai? Geof

froi de Viterbe le rapporte deux cents ans après.

(982) Au sortir de ce repas sanglant, il faut aller combattre dans la Pouille les Grecs et les Sarrazins, qui venaient venger Rome et l'asservir. Il avait beaucoup de troupes italiennes dans son armée; elles ne savaient alors que trahir.

Les Allemands sont entièrement défaits. L'évêque d'Augsbourg et l'abbé de Fulde sont tués les armes la main. L'empereur s'enfuit déguisé; il se fait recevoir comme un passager dans un vaisseau grec. Ce vaisseau passe près de Capoue. L'empereur se jette à la nage gagne le bord, et se réfugie dans Capoue.

(983) On touchait au moment d'une grande révolution. Les allemands étaient près de perdre l'Italie. Les Grecs et les musulmans allaient se disputer Rome; mais Capoue est toujours fatale aux vainqueurs des Romains. Les Grecs et les Arabes ne pouvaient être unis; leur armée était peu nombreuse; ils donnent le temps à Othon de rassembler les débris de la sienne, de faire déclarer empereur à Vérone son fils Othon qui n'avait pas dix ans.

Un Othon, duc de Bavière, avait été tué dans la bataille. On donne la Bavière à son fils. L'empereur repasse par Rome avec sa nouvelle armée.

Après avoir saccagé Bénévent infidèle, il fait élire pape son chancelier d'Italie. On

croirait qu'il va marcher contre les Arabes et contre les Grecs, mais point. Il tient un concile. Tout cela fait voir évidemment que son armée était faible, que les vainqueurs l'étaient aussi, et les Romains davantage. Au lieu donc d'aller combattre, il fait confirmer l'érection de Hambourg et de Brême en archevêché. Il fait des règlements pour la Saxe, et il meurt dans Rome, le 7 décembre, sans gloire; mais il laisse son fils empereur. Les Grecs et les Sarrazins s'en retournent après avoir ruiné la Pouille et la Calabre, ayant aussi mal fait la guerre qu'Othon, et ayant soulevé contre eux tout le pays.

OTHON III, QUATORZIÈME EMPEREUR.

(983) COMMENT reconnaître en Allemagne un empereur et un roi de Germanie agé de dix ans, qui n'avait été reconnu qu'à Vérone, et dont le père venait d'être vaincu par les Sarrazins? Ce même Henri de Bavière qui avait disputé la couronne au père, sort de la prison de Mastricht où il était renfermé; et sous prétexte de servir de tu teur au jeune empereur Othon III son petitneveu, qu'on avait ramené en Allemagne, il se saisit de sa personne, et il le conduit à Magdebourg.

"

(984) L'Allemagne se divise en deux factions. Henri de Bavière a dans son parti la Bohême et la Pologne; mais la plupart des seigneurs de grands fiefs et des évêques

espérant être plus maîtres sous un prince de dix ans, obligent Henri à mettre le jeune Othon en liberté et à le reconnaître, moyennant quoi on lui rend enfin la Bavière.

Othon III est donc solennellement proclamé à Weissenstadt.

Il est servi à dîner par les grands officiers de l'Empire. Henri de Bavière fait les fonetions de maître d'hôtel, le comte palatin de grand-échanson, le duc de Saxe de grandécuyer, le duc de Franconie de grand-chambellan. Les ducs de Bohême et de Pologne y assistent comme grands vassaux.

L'éducation de l'empereur est confiée à l'archevêque de Mayence et à l'évêque d'Hildesheim.

Pendant 'ces troubles, le roi de France Lothaire essaie de reprendre la Haute-Lorraine. Il se rend maître de Verdun.

(986) Après la mort de Lothaire, Verdun est rendu à l'Allemagne.

(987) Louis V, dernier roi en France de la race de Charlemagne; étant mort après un an de règne, Charles, duc de Lorraine, son oncle et son héritier naturel, prétend en vain à la couronne de France. HuguesCapet prouve par l'adresse et par la force que le droit d'élire était alors en vigueur.

(988) L'abbé de Verdun obtient à Cologne la permission de ne point porter l'épée, et de ne point commander en personne les soldats qu'il doit, quand l'empereur lève des troupes.

Othon III confirme tous les privilèges des évêques et des abbés. Leur privilège et leur devoir étaient donc de porter l'épée, puisqu'il fallut une dispense particulière à cet abbé de Verdun.

(989) Les Danois prennent ce temps pour entrer par l'Elbe et par le Weser. On commence alors à sentir en Allemagne qu'il faut négocier avec la Suède contre le Danemarck, et l'évêque de Sleswick est chargé de cette négociation.

Les Suédois battent les Danois sur mer. Le nord de l'Allemagne respire.

(990) Le reste de l'Allemagne, ainsi que la France, est en proie aux guerres particulières des seigneurs, et ces guerres que les souverains ne peuvent apaiser, montrent qu'ils avaient plus de droits que de puissance. C'était bien pis en Italie.

Le pape Jean XV, fils d'un prêtre, tenait alors le saint-siège, et était favorable à l'empereur. Crescence, nouveau consul, fils du consul Crescence, dont Jean X fut le père, voulait maintenir l'ombre de l'ancienne république; il avait chassé le pape de Rome. I.'impératrice Théophanie, mère d'Othon III, était venue avec des troupes commandées par le marquis de Brandebourg soutenir dans l'Italie l'autorité impériale.

Pendant que le marquis de Brandebourg est à Rome, les Slaves s'emparent de son marquisat.

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