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11 augmente les privilèges des évêques et des abbes, pour les opposer aux seigneurs. 11 donne à l'évêque de Trèves le titre de prince, et tous les droits régaliens. Il donne le duché de Bavière à son frère Henri qui avait conspiré contre lui, et l'ôte aux héritiers naturels. C'est la plus grande preuve de son autorité absolue.

(945 et 946) En ce temps la race de Charlemagne, qui régnait encore en France, était dans le dernier avilissement. On avait cédé en 912 la Neustrie proprement dite aux Normands, et même la Bretagne, devenue alors arrière-fief de la France.

Hugues, duc de l'Ile de France, du sang de Charlemagne par les femmes, père de Hugues Capet, gendre en premières noces d'Edouard lor roi d'Angleterre, beau-frère d'Othon par un second mariage, était un des plus puissants seigneurs de l'Europe; et le roi de France alors une des plus petits. Ce Hugues avait rappelé Louis-d'Outremer pour le couronner et pour l'asservir, et on T'appelait Hugues-le-Grand, parce qu'il s'était rendu puissant aux dépens de son maître.

Il s'était lié avec les Normands qui avaient fait le malheureux Louis d'Outremer prisonnier. Ce roi, délivré de prison, restait presque sans villes et sans domaine. Il était aussi beau-frère d'Othon, dont il avait épousé la sœur. Il lui demande sa protection, en cédant tous ses droits sur la Lorraine.

Othon marche jusque auprès de Paris. II assiège Rouen; mais étant abandonné par le comte de Flandre, il s'en retourne dans ses états, après une expédition. inutile.

(947 et 948) Othon n'ayant pu battre Hugues-le-Grand, le fait excommunier. Il convoque un concile à Trèves, où un légat du pape prononce la sentence, à la réquisition de l'aumônier d'Othon. Hugues n'en est pas moins le maître en France.

Il y avait, comme on a vu, un markgrave à Sleswick dans la Chersonèse cimbrique, pour arrêter les courses des Danois.

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tuent le margrave. Othon y court en personne, reprend la ville, assure les frontières. Il fait la paix avec le Danemarck, à condition qu'on y prêchera le christianisme.

(949) De là Othon va tenir un concile auès de Mayence à Ingelheim. Louisd'Outremer, qui n'avait point d'armée, avait demandé au pape Agapet ce concile, faible ressource contre Hugues-le-Grand.

Des évêques germains, et Marin le légat du pape, y parurent comme juges, Othon comme protecteur, et Louis, roi de France, en suppliant. Le roi Louis y demanda justice, et dit: „J'ai été reconnu roi par les suffrages de tous les seigneurs. Si on prétend que j'aie commis quelque crime qui mérite les traitements que je souffre, je suis prêt à m'en purger au jugement du concile, suivant l'ordre d'Othon, ou par un combat singulier."

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Ce triste discours prouve l'usage des duels, l'état déplorable du roi de France, la puis sance d'Othon et les élections des rois. Le droit du sang semblait n'être alors qu'une recommandation pour obtenir des suffrages. Hugues-le-Grand est cité à ce vain concile : on se doute bien qu'il n'y comparut point.

Ce qui n'est pas moins prouvé, c'est que l'empereur regardait tous les rois de l'Europe comme dépendants de sa couronne impériale, c'est l'ancienne prétention de sa chancellerie; et on faisait valoir cette chimère, quand il se trouvait quelque malheureux roi assez faible pour s'y soumettre,

(950) Othon donne l'investiture de la Souabe, d'Augsbourg, de Constance, de Wir temberg, à son fils Ludolphe, sauf les droits des évéques.

(951) Othon retourne en Bohême, bat le duc Bol, qu'on appelle Boleslas. Le mot de slas chez ces peuples désignait un chef. C'est de là qu'on leur donna d'abord le nom de slaves, et qu'ensuite on appela esclaves ceux qui furent conquis par eux. L'empereur confirme le vasselage de la Bohême, et y établit la religion cbrétienne. Tout ce qui était au delà était encore païen, excepté quelques marches de la Germanie. La religion chrétienne, exterminée en Syrie où elle était née, et en Afrique où elle s'était transplantée, s'établit encore dans le nord de l'Europe. Othon pensait dès lors à re

nouveler l'empire de Charlemagne : une femme lui en fraya les chemins.

Adélaïde, sœur d'un petit roi de la Bourgogne transjurane, veuve d'un roi ou d'un usurpateur du royaume d'Italie, opprimée par un autre usurpateur, Bérenger II, assiégée dans Canosse, appelle Othon à son secours. Il y marche, la délivre; et étant veuf alors, il l'épouse. I entre dans Pavie en triomphe avec. Adélaïde: mais il fallait du temps et des soins pour assujettir le reste du royaume, et surtout Rome qui ne vou lait point de lui.

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(952) Il laisse son armée à un prince nommé Conrad, qu'il a fait duc de Lorraine, et son gendre et, ce qui est assez commun dans ces temps-là, il va tenir un concile à Augs bourg, au lieu de poursuivre ses conquêtes. Il y avait des évêques italiens à ce concile: il est vraisemblable qu'il ne le tint que pour disposer les esprits à le recevoir en Italie. (953) Son mariage avec Adélaïde, qui semblait devoir lui assurer l'Italie, semble bientôt la lui faire perdre.

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Son fils Ludolphe auquel il avait donné tant d'états, mais qui craignait qu'Adélaïde sa belle-mère ne lui donnât un maître ; son gendre Conrad à qui il avait donné la Lorraine, mais à qui il ôte le commandement d'Italie, conspirent contre lui; un archevêque de Mayence, un évêque d'Augsbourg, se joignent la son fils et à son gendre: il marche contre son fils; et au lieu de se

faire empereur à Rome, il soutient une guerre civile en Allemagne.

(954) Son fils dénaturé appelle les Hongrois à son secours, et on a bien de la peine å les repousser des bords du Rhin et des environs de Cologne, où ils s'avancent.

Othon avait un frère ecclésiastique nommé Brunon; il le fait élire archevêque de Cologne, et lui donne la Lorraine.

(955) Les armes d'Othon prévalent. Ses enfants et les conjurés viennent demander pardon; l'archevêque de Mayence rentre dans le devoir. Le fils du roi en sort encore. Il vient enfin pieds nus se jeter aux genoux de son père.

Les Hongrois appelés par lui ne demandent point grâce comme lui; ils désolent l'Allemagne. Othon leur livre bataille dans Augsbourg, et les défait. Il paraît qu'il était assez fort pour les battre, non pas assez pour les poursuivre et les détruire, quoique son armée fût composée de légions à peu près selon le modèle des anciennes légions romaines.

Ce que craignait le fils d'Othon arrive. Adélaïde accouche d'un prince, c'est Othon II. (Depuis 956 jusqu'à 960) Les desseins sur Rome se mûrissent, mais les affaires d'Allemagne les empêchent encore d'éclore. Les Slaves et d'autres barbares inondent le nord de l'Allemagne, encore très-mal assurée, malgre tous les soins d'Othon. De petites guerres, vers le Luxembourg et le Hainaut,

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