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BOILEAU, (Jacques) docteur de Sorbonne, frère du précédent, de l'académie fran

BOHAN, (S. P. L.) né à Bourg, départ. de l'Ain, le 28 juillet, 1751, ancien colo-çaise, né à Paris en 1635, nel decavalerie, est auteurd'un ouvrage intitulé: Examen critique des militaires français Genève, 1781, 3 vol. in-8°.

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BOILEAU (Gilles) frère aîné de Despréaux, était fils de Gilles Boileau, greffier de la grand-chambre du parlement de Paris; il mourut en 1669, âgé de 38 ans. Il fut poète comme son frère; mais sa célébrité n'est point, à beaucoup près, la même. Ce n'est pas qu'il n'eût pu illustrer un autre nom : sa traduction de l'Abrégé de la philosophie d'Epictète par Arrien, et la Vie qu'il nous a donnée de ce philosophe stoïcien, 1657, in-12, sont un ouvrage très-estimable. Il a traduit aussi en vers le 4o. livre de l'Enéide, et certains morceaux de cette traduction ne seraient point indignes de son frère.

mourut dans la même ville en 1716. Il est auteur de plusieurs ouvr., soit en latin, soit en français, qui annoncent un homme savant et de beaucoup d'esprit. Son imagination, il est vrai, n'était pas toujours réprimée par le jugement, et ses Sermons ne sont pas irréprochables du côté de l'affectation et de la singularité : malgré cela, on a su en extraire un grand nombre de pensées dont on a formé un bon Recueil. Ses principaux ouvr. sont : De antiquo jure Presbyterorum in regimine Ecclesiastico, 1678, in-8°. — De antiquis et majoribus Episcoporum causis, 1678, in-4°.

Le Traité de Ratramne: De corpore et sanguine Domini, avec des Notes, 1712, in-12. Il en avait donné une version française en 1685, in-12. De sanguine Corporis Christi post resurrectionem, 1681, in

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8°. Historia Confessionis | auricularia, 1683, in-8°. Marcelli Ancyrani disquisitiones de residentia canonicorum, avec un Traité De tactibus impudicis prohibendis, Paris, 1695, in-8°. - Historia Flagellantium, contre l'usage des disciplines volontaires. Dans ce Traité historique, imprimé à Paris en 1770, in-12, il y a des détails qu'on eût souffert à peine dans un livre de chirurgie. Du Cerceau et Thiers le critiquèrent. On en publia, en 1701, une Traduction encore plus indécente que l'original; mais l'abbe Granet l'a réformée en la redonnant en 1732. Disqui

courts.

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sitio historica de re vestiaria Hominis sacri, vitam communem more civili traducentis, 1704, in-12. Ce Traité fut fait pour prouver qu'il n'est pas moins défendu aux ecclésiastiques de porter des habits trop longs, que trop De re Beneficiaria, 1710, in-8°. Traité des empêchemens du Mariage, à Sens, sous le titre de Cologne, en 1791, in-12 : ouvrage assez rare, solide et curienx. De Librorum circa res Theologicas approbatione, 1708, in-16. On a recueilli ses bons mots et ses singularités. Dans le tems des disputes, excitées au sujet des cérémonies chinoises, il prononça un discours enSorbonne, dans lequel il dit, que l'éloge des Chinois avait ébranléson cerveau

chrétien. Le grand Condé ayant passé par Sens, l'abbé Boileau futchargé de le complimenter. Le prince affecta de le regarder en face pour le faire manquer. Le docteur feignit d'être interdit :

<< Monseigneur, dit-il au » prince, V. A. ne doit pas » être surprise de me voir » troublé à la tête d'une com»pagnie d'ecclésiastiques; je » tremblerais bien davantage » à la tête d'une armée de 30 » mille hommes. » Le prince charmé embrassa l'orateur, et l'invita à dîner.

BOILEAU-DESPRÉAUX, (Nicolas) de l'académie française et de celle des inscriptions, naquit en 1636, et mourut en 1711.

Boileau, dont l'enfance taciturne ne promettait rien à la vanité de ses parens, fut très-maltraité par son père, qui disait, en le comparant à ses autres enfans: Pour celui-ci, c'est un bon garçon qui ne dira jamais mal de personne. Il logeait dans une guérite au-dessus du grenier, et ce fut une grande faveur quand on le fit descendre au grenier. Docile à son génie, il fit des Satyres ; il fit mieux, il fit ses belles Epitres, où il a su entremêler à des louanges finement exprimées, des préceptes de littérature et de morale rendus avec la vérité la plus frappante et la précision la plus heureuse. Son

dit le monarque en regardant sa montre, que j'ai toujours une heure par semaine à vous donner, quand vous voudrez.» Cependant, il ne flattait pas toujours Louis XIV. Ce monarque, lui ayant montré des vers qu'il s'était avisé de faire on ne sait pourquoi, lui en demanda son avis. « Sire, rien n'est impossible

Lutrin, où, avec si peu de matière, il a répandu tant de variété, de mouvement et de graces; enfin son Art poétique, qui est dans notre langue le code du bon gout, comme celui d'Horace l'est en latin. Il fit en littérature ce qu'avait fait Descartes en philosophie, une révoluțion dans les esprits; et si Descartes renversa les autels d'Aristote,» à votre majesté; elle a Boileau releva les autels d'Homère. Sans lui, Racine n'eût

jamais été Racine. Il forma le premier, en France, une école de poesie, où Racine vint apprendre à faire des vers difficilement. Le disciple honorait le maître, qui le présenta à Louis XIV, comme Virgile donna Horace au jeune Auguste.

» voulu faire de mauvais vers, » elle y a reussi. » Au milieu des honneurs, il ne perdit jamais de vue un de ses bons principes; car il en donnait en morale comme en poésie; La fierté du cœur, est l'atiribut des honnètes gens; mais la fierté d'airs et de manières ne convient qu'à des sots. Quoique d'un caractère brusMontausier, le plus honnête que, il portait rarement dans homme de la cour, qui, prola société la causticité dont on tecteur de Chapelain et de accusait ses écrits. Sa converCotin, prétendait qu'il fallait sation était douce, et n'avait, envoyer aux galères le plus comme il le disait lui-même, caustique des écrivains, tout ni ongles ni griffes; c'était ce couvert de lauriers qu'il était, qu'on appelle un bon-homme. se mit enfin du parti du poète Le tendre Racine le mordait que protégeait Louis XIV. souvent avec une aigreur dont Les éloges qu'il donna à ce il se plaignit plus d'une fois monarque ne valent pas les avec la simplicité d'un enfant. leçons utiles qui lui échap- « Avez-vous eu dessein de pèrent souvent. Boileau, que » me faire de la peine?» lui son titre d'historiographe ap- dit-il un jour dans une converpelait souvent à la cour, ysation. «Dieu m'en garde, » parut avec toute la franchise répond Racine. « Hé bien, de son caractère. Après la » vous avez donc tort; car mort de son ami Racine, il » vous m'avez fâché. » n'y vint plus qu'une fois pour prendre les ordres du roi sur son Hist. «Souvenez-vous, lui

Tome I.

Des actions de générosité bien connues; et les secours qu'il a souvent donnés à des

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familles indigentes, ont fait | dire de lui qu'il n'était cruel 'qu'en vers. Il avait joui pendant 8 ou 9 ans d'un prieuré simple; il le remit au collateur, pour qu'il y nommât 'un autre, et les pauvres rent tout ce qu'il en avaït.

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Le célèbre Patru se voyant forcé de vendre sa bibliothèque, Despréaux la lui acheta un tiers de plus qu'on ne lui en offrait, et lui en laissa la jouissance jusqu'à sa mort. Sa bourse fut ouverte à bien des gens de lettres. Il était touché, ému, lorsqu'il voyait un d'eux dans la misère. Il donnait à Linière, qui allait aussitôt au cabaret faire une chanson contre son bienfaiteur. C'est lui qui a fait rendre à l'auteur de Cinna, une pension que la cour lui retranchait. Quoique rien ne soit aussi beau que les poésies de Boileau, ces actions-là sont encore plus belles. Il donna, par son les tament, presque tout son bien aux pauvres. Son convoi fut suivi d'un cortège nombreux; ce qui fit dire à une femme du peuple: Il avait donc bien des amis! on assure cependant qu'il disait du mal de tout le monde. Après cette notice sur la Vie de Boileau, nous croyons devoir transmettre ici une analyse de la discussion importante, qui se trouve consignée dans les Trois Siècles de la littérature, au sujet des critiques qui ont été faites de ses ouvrages: elle est à

la-fois curieuse et instructive. « C'est assurément moins par conviction que par systême, dit l'auteur de ce livre, que plusieurs de nos litté rateurs importans ont renouvellé contre Boileau les critiques des Perrault et des Cotin. Ils ont si fort senti combien il était difficile d'égaler cette touche mâle et vigoureuse, cette versification aussi nombreuse que correcte, cette tournure de pensées, tantôt lumineuse et piquante, tantôt forte, pittoresque et majestueuse, qui caractérise ce poète, que leur amourpropre a pris le parti le plus facile, celui de le décrier. » Ils méprisent d'abord ses Satyres; et pour rendre ce sentiment intéressant, ils affectent une fausse bénignité, ressource ordinaire et trèscommode aux esprits médiocres, qui ont plus d'amourpropre que de talent. La Satyre, il est vrai, a toujours été le fléau de leurs absurdes prétentions; mais sur qui doitelle tomber? Et qui sont ceux à qui Despréaux a porté les plus rudes coups? Des auteurs sans génie, sans talent, sans étude, et tout-à-la-fois ambitieux, vains et tranchans; des littérateurs plus habiles dans les mystères de l'intrigue, que dans ceux de la littérature, qui, à la faveur des suffrages extorqués, prétendaient attirer les hommages qui ne sont dus qu'au

génie; des importans du second ordre, qui, se croyant en droit de décider de tout suivant leur caprice, s'efforçaient de substituer un faux culte à celui des véritables divinités du Parnasse. De pareils travers ne seront-ils pas toujours l'aliment de la Satyre? Et quelle autre arme est plus propre à déconcerter ces petits tyrans? Qu'on ne l'accuse point de malignité: il est si naturel à un esprit droit et juste, à un coeur ferme et généreux, d'éprou ver les mouvemens du dépit, à la vue des usurpations; le zèle pour la gloire des lettres, et les intérets de l'équité, est si prompt à s'enflammer contre des injustices absurdes et multipliées, que l'esprit vient comme de lui-même au secours de la raison outragée; et du mêlange de sa vivacité unie à la sensibilité du cœur, naissent ces traits vigoureux, qui impriment tantôt le ridicule, tantôt l'opprobre sur les travers ou sur les vices. Ainsi s'échauffait la verve de Juvenal. En poésie, comme en morale, un homme éclairé et équitable a toujours droit d'être indigné,

a Quoties de moribus audent, Qui Curios simulant et Baccha»nalia vivunt

» D'ailleurs Despréaux oublia-t-il jamais que les défauts d'un ouvrage n'ont rien de commun avec la personne

de l'auteur? Sa plume n'at taqua que la médiocrité orgueilleuse, et respecta les qualités morales. Né avec un goût aussi sûr que délicat, doué d'un jugement aussi solide qu'éclairé, l'esprit de critique naquit en lui de la connaissance des règles et du zèle pour leur observation. Dans toutes ses Satyres, fidèle aux vrais principes, il n'emploie le sel de la plaisanterie, que pour mieux marquer les défauts, et les proscrire plus surement. Tantôt agréable et piquant, un bon mot lui suffit pour faire sentir l'absurdité d'un ouvrage tantôt plein de force et d'énergie, un seul trait parti de sa pluine, devient le fléau du vice et l'hommage de la vertu. Réunissant l'impétuosité de Juvenal à l'enjouement d'Horace, il rend dans ses vers les impressions de son ame, et rappèle aux lois du goût et de la raison.

» Nous ne parlerons point de ses Epîtres, puisqu'on est assez généralement d'accord qu'elles sont préférables à ses Satyres. Nous remarquerons seulement que la neuvième l'emportera toujours sur les meilleures poésies de ce siècle. Rien de plus sublime, pour le fond des pensées; rien de plus séduisant, pour la versification; rien de plus profond ef de plus lumineux, pour la morale. Où trouver une touche plus philosophique, que dans la description des maux

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