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des rapprochements sexuels ou la frigidité la plus

absolue.

Sans vouloir nous appesantir davantage sur ce sujet, tirons-en les conclusions qui nous paraissent en ressortir d'elles-mêmes, et tout d'abord avec l'auteur de la Psychologie morbide remarquons l'analogie entre les constitutions rachitiques, scrofuleuses, nerveuses, analogie de conformation de structure, développement exagéré du crâne et du cerveau, gonflements des articulations difformités résultant des altérations du système osseux, des os longs en particulier... etc., analogie des individus chez lesquels existent les diathèses scrofuleuses et rachitiques à titre soit simplement de prédisposition héréditaire, soit de maladie confirmée, analogie au double point de vue physique et moral avec les idiots et les imbéciles.

Analogie du développement des facultés intellectuelles morales et instinctives, vitalité exubérante dans le premier âge, précocité d'esprit.., etc.

Si ensuite, nous reportant à des travaux antérieurs de mon père on veut bien se rappeler que les fous et les idiots proviennent d'une même souche, que la différence qui existe entre eux au point de vue symptomatologique, tient uniquement à ce que la cause morbifique a exercé son action à des époques différentes de la vie, nous

pouvons et nous devons nécessairement conclure que les individus entachés de vices scrofuleux et rachitiques présentent physiquement, moralement les mêmes conditions d'organisation que les aliénés.

Faibles d'Esprit

Après avoir signalé deux des principales affections qui ont un égal retentissement sur le physique et le moral, nous sommes amenés à étudier certains individus jouissant le plus ordinairement d'une bonne constitution physique et dont les facultés morales et affectives seules ont reçu une atteinte plus ou moins profonde. Les premiers qui se présentent à nous constituent pour ainsi dire le trait d'union entre l'homme sain d'esprit et l'aliéné que l'on a si justement appelé « par défaut» (imbéciles, idiots, crétins...): ce sont les faibles d'esprit.

Au premier abord l'aspect de ces individus ne présente rien qui les différencient des autres hommes, mais pour peu qu'on les étudie en détail, on est frappé de l'étrangeté de leur mise, et le même étonnement se manifeste quand on veut scruter un peu leur intelligence, leur savoir. Chez eux

tout est superficiel : sans opinions personnelles, ils prennent leurs idées toutes faites chez l'un, chez l'autre, où ils les trouvent: Sans aucune initiative, ils cherchent instinctement quelqu'un à qui obéir. Leur mise est extravagante : ils ne redoutent pas, recherchent même des vêtements à coupe excentrique, et leur goût pour les couleurs vives et éclatantes leur fera choisir les étoffes les plus disparates.

Rappelant tous les travaux de ses devanciers, M. Dagonet a tracé un portrait de tous points exact du faible d'esprit1: « Parmi les faibles d'esprit, les uns sont d'une indolence extrême et se trouvent sous l'influence d'un état dépressif, les autres au contraire sont d'une pétulance sans bornes, semblent être gouvernés par une puissance expansive. Ces derniers se meurent continuellement ils veulent se montrer utiles et nécessaires partout et en toutes les occasions, et ont été bien décrits par Lafontaine dans sa fable de « le coche et la mouche. » Ils se livrent avec ardeur à une foule de travaux qu'ils abandonnent avec autant de facilité qu'ils avaient mis d'empressement à les entreprendre.

Sous le rapport des facultés intellectuelles, l'association des idées laisse beaucoup à désirer...

1. Dagonet. Nouveau traité élémentaire et pratique des maladies mentales. Paris, 1876.

P. MOREAU.

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ils savent cependant facilement imiter, mais lorsqu'ils puisent leur inspiration en eux-mêmes, ils tombent dans le grotesque : il existe chez eux une grande mobilité d'esprit, ils n'ont aucune énergie de volonté. Ils sont suceptibles d'une bonne éducation, mais ils se feront toujours remarquer en société par la fatuité qui leur est inhérente et dont ils ne sauraient se dépouiller. Le simple d'esprit a beaucoup de penchant à parler seul; d'autres fois il est très bavard en société, s'écoute parler et rit des saillies qu'il croit avoir dites. Sa conversation est stérile: elle peut briller par les dehors et à première vue un homme de cette catégorie peut paraître instruit, mais on s'aperçoit bien vite que ces dehors brillants sont trompeurs et cachent un esprit borné, incapable de raisonner juste, de juger les choses à leur véritable point de vue, un esprit simplement recouvert d'un vernis de faits historiques plus ou moins bien classés dans une mémoire fonctionnant machinalement.

Dans une conversation, le faible d'esprit pour exprimer les choses les plus simples se servira de périphrases, et aura recours aux expressions sonores et ronflantes. Il ajoute volontiers foi aux contes qu'on lui débite. Il se laisse facilement entraîner dans les erreurs les plus grossières des préjugés populaires : Aussi ces malades sont-ils

particulièrement les victimes des charlatans, de la superstition.... Le sens moral cependant existe chez ces individus et peut être perfectionné. Le simple d'esprit est très vantard et par cela même qu'il est très poltron, il vous entretiendra con stamment soit de ses duels, soit des dangers qu'il a courus dans telle ou telle circonstance, espérant se rendre intéressant par là. Alors seulement dans ce cas, il donne essor à son imagination, qui devient réellement féconde. Il est très susceptible et par contre très irritable. Lorsqu'une querelle est survenue entre lui et une personne de son entourage il se démène comme un possédé gesticule, élève la voix et cela d'autant plus fort qu'il voit son adversaire plus intimidé: on voit qu'il cherche à s'exciter, mais tout cela tombe comme par enchantement devant un maintien ferme et calme... Il est bouffi de prétention. Si sa position sociale le met en relation avec de hauts personnages, il ne manquera pas de faire valoir ses relations comme un mérite personnel et il citera à tous propos les noms de ces personnes. Il est fier et hautain envers ses supérieurs. Ses sentiments affectifs sont le plus souvent exagérés et empreints du cachet de l'égoïsme. S'il a des enfants, il ne saura pas bien les diriger. Il les aimera d'une affection aveugle qui ne lui permettra pas de s'imposer le moindre sacrifice dans

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