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dit Cabanis', que les dégénérations de la lymphe et la mixtion imparfaite du sang se manifeste par des phénomènes différents de ceux que nous venons de tracer. Les deux foyers hypochondriaques et phréniques peuvent acquérir une sensibilité particulière le sang peut se porter en plus. grande abondance vers le centre cérébral commun, et se trouver doué de qualités stimulantes extraordinaires, lesquelles, pour le dire en passant, paraissent tenir à certaines circonstances capables de troubler en même temps l'ossification. Ainsi donc, tandis que les fonctions des organes qu'elles renferment se trouvent fortement excitées, les parois osseuses affaiblies cèdent à l'impulsion intérieuré, ces cavités s'agrandissent, l'organe cérébral acquiert plus de volume et d'activité, Quelques fois même, les organes des sens deviennent plus sensibles, acquièrent plus de finesse. On voit clairement que les fonctions du cerveau doivent ici prédominer sur celles des autres parties. Les dispositions analogues de tout l'épigastre où semblent se former, et que mettent, en effet, plus spécialement en jeu les affections de l'âme, doivent alors en multiplier les causes, en augmenter les forces, aiguiser pour ainsi dire presque toutes les impressions dont elles sont le

1. Cabanis, Rapport du physique et du moral, p. 295.

résultat. Toutes choses égales d'ailleurs, le moral doit être plus développé; et c'est aussi ce qu'on observe ordinairement chez les enfants rachitiques; car les faits contraires notés par quelques écrivains, paraissent n'être qu'une exception rare dans nos climats, et d'ailleurs ils s'expliquent par certaines circonstances particulières qui ne tiennent pas toujours à la maladie primitive et dominante. »

Au rachitisme se rattache d'une manière intime. une affection dont l'action morbide ne lui cède en rien.

Nous avons nommé la SCROFule.

Scrofule

Généralement, ou pour être plus exact, dans la presque totalité des cas, Scrofule et Rachitisme marchent de pair, se montrent simultanément les mêmes sujets, et il n'y a qu'à parcourir les chez hospices destinés aux enfants pour voir presque toujours ces deux affections réunies chez les idiots et souvent aussi chez les imbéciles et les arriérés.

Le même fait s'observe également chez les individus ayant subi, seulement au point de vue physique, la loi de dégénérescence héréditaire,

l'activité cérébrale psychique ayant suivi, dans son développement, sa marche régulière et normale.

Les scrofuleux qui sont le plus ordinairement de petite stature peuvent parfois atteindre une taille démesurée. Lugol' qui a fait de la scrofule une étude toute spéciale, a eu dans son service à Saint-Louis des enfants de 18 à 20 ans, n'ayant que de 1 20 à 1m 30. D'autres du même âge avaient de 1m 65 à 1m 70 et même 1 95. Il est à remarquer que chez ces malades, les articulations sont souvent volumineuses, le tronc et les membres manquent de symétrie et n'ont pas plus de proportion que chez ceux dont l'accroissement a été arrêté : ils ont généralement la tête trop petite ou trop grosse, ils portent fort mal leur corps: ils en sont embarrassés.

La peau, le tissu cellulaire sont d'une maigreur très prononcée ou bien dans un état d'hypertrophie singulière, d'hypertrophie indurée, qui grossit les formes outre mesure.

L'harmonie symétrique des deux plans du corps est souvent détruite ; il semble que dans la jonction de ces deux moitiés l'une se trouve placée

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1. Lugol, Recherches ei observations sur les maladies scrofuleuses. Paris, 1844.

2. Voir au musée Dupuytren le squelette d'un de ces individus.

plus haut et plus en avant que l'autre. Chez quelques enfants la poitrine est en carène, les côtes sont tordues, le sternum fait saillie en haut et en avant, les différentes pièces qui le composent se dessinent sous la peau. Le diamètre antéro-postérieur du thorax a plus d'étendue que le transversal. Cependant cette conformation vicieuse peut changer d'une manière progressive entre 8 et 12 ans, et la cage osseuse de la poitrine se rapprocher de la normale.

Le professeur Bazin insiste également sur cette déformation'. « Le thorax du scrofuleux, dit-il, est aplatie d'avant en arrière et, sur les côtés, à sa partie supérieure, il présente une forme de quadrilatère le sternum est souvent bombé en arrière : les membres manquent ordinairement de proportion avec le reste du corps; de là cette gaucherie dans les attitudes et les mouvements que l'on observe chez tous les scrofuleux. La colonne vertébrale est fréquemment déviée de différentes manières; le crâne est généralement très développé dans sa partie postérieure, le front est bas, le cou court, les mâchoires larges et fortement accusées. >>

Il n'est pas rare non plus d'observer un défaut de réunion sur un ou plusieurs points de la

1. Gazette des Hôpitaux, no 538.

ligne médiane, et ce sont les sujets scrofuleux qui présentent le plus communément des exemples d'écartement de la ligne blanche, des becs de lièvre, simples ou compliqués de la séparation des os de la voûte palatine et des deux moitiés du voile du palais.

En résumé, exagération d'une part, et de l'autre diminution des forces organiques: telle est la joi générale à l'aide de laquelle on explique presque toutes les modifications des appareils fonctionnels et organiques chez les scrofuleux. Dans tous, c'est un contraste frappant et leur aspect extérieur, leur aspect physique bizarre, difforme, grotesque, nous explique le choix que les grands faisaient de ces malheureux pour l'amusement de leurs cours.

Sous le rapport intellectuel, l'opposition n'est ni moins grande ni moins saillante. A côté de facultés brillantes de l'esprit, on rencontre l'idiotisme et lorsqu'on trouve l'intelligence, l'intelligence ordinaire s'entend, on remarque l'absence d'application et de suite dans les idées.

Le scrofuleux n'éprouve généralement aucune vivacité soutenue des appétits physiques ni des facultés intellectuelles, ni des sentiments moraux. Il n'a rien de normal, rien de fort, rien de durable. Ainsi, dans le caractère, on trouve l'irascibilité ou la mansuétude, dans les appétits brutaux, la boulimie ou l'inappétence, le désir immodéré

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