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rieur du corps des insectes. Les mouches les ont sur le corselet et les anneaux; le ver à soie et plusieurs chenilles en ont dix-huit le long de leur corps, et la courtillère, qui vit sous terre, en a vingt. Il y a des vers qui portent les leurs au bout d'une corne. De ces ouvertures partent en-dedans une infinité de petits canaux formés d'une fibre argentine, roulée sur elle-même en forme de tire-bourre, comme les trachées des plantes. Ces canaux se ramifient à l'infini, et portent dans tout le corps de l'animal ainsi que dans celui du végétal, l'air, qui ressort par les pores de la peau. Des nymphes aquatiques ont, au lieu des stigmates, des panaches où aboutissent leurs poumons aériens, qu'elles font jouer avec une légèreté surprenante. Il est digne de remarque que les trachées des plantes ayant leurs spires tournées en sens contraire au mouvement diurne du soleil, les coquillages à vis ont aussi leurs volutes dans le même sens, excepté un très-petit nombre, que pour cette raison on appelle les uniques. Il est vraisemblable que le soleil a agi d'abord sur leurs trachées et ensuite sur les spires de leurs coquilles. Ces harmonies ne laissent aucun lieu de douter de l'influence primordiale de l'astre du jour sur toutes les parties de la puissance végétale et animale, soit

que leurs spires aériennes soient considérées dans le sens du mouvement de rotation de la terre vers l'orient, ou opposées au mouvement apparent du soleil vers l'occident. De plus, on sait que les mouvemens diurnes de ces deux planètes, combinés avec leur mouvement annuel, produisent une courbe spirale.

Quant aux poissons, ils tirent l'air de l'eau qu'ils avalent sans cesse par leur bouche, et qu'ils rejettent par leurs ouïes. C'est dans ce passage que leur sang s'abreuve d'air. Les ouies sont construites avec un artifice admirable: ce sont des tamis qui séparent l'air de l'eau. Elles prouvent les différences essentielles de ces deux élémens, et que, même lorsqu'ils sont mêlés ensembic, ils ne se confondent pas. Elles sont situées à la partie postérieure des côtés de la tête et ren fermées dans une cavité particulière. Ce sont des espèces de feuillets flexibles et rouges, composés d'un rang de lames étroites, rangées et serrées l'une contre l'autre, qui forment comme autant de barbes ou franges semblables à celles d'une plume à écrire. Ces ouïes sont recouvertes d'un opercule et d'une membrane soutenus par des rayons cartilagineux. L'un et l'autre s'élèvent et s'abaissent, et en s'ouvrant donnent passage à l'eau que l'animal a respirée. Un nombre prodigieux de muscles font

mouvoir toutes ces parties. Il suffit, pour en donner une idée, de dire que toutes les pièces qui composent la charpente et servent à la respiration de la carpe, sont au nombre de quatre mille trois cent quatre-vingt-six. Il y a soixante-neuf muscles. Les artères des ouïes, outre huit branches principales, jettent quatre mille trois cent vingt rameaux, et chaque rameau jette de chaque côté sur le plat de cha que lame une infinité d'artères transversales, dont le nombre passeroit de beaucoup tous ces nombres ensemble. Il y a autant de nerfs que d'artères. Les ramifications des premiers suivent celles des autres. Les veines ainsi que les artères, outre les huit branches principales, se subdivisent aussi en quatre mille trois cent vingt rameaux, qui diffèrent de ceux des artères, en ce qu'ils ne jettent point de vaisseaux capillaires transversaux. Le sang qui sort du cœur du poisson se répand de telle manière sur toutes les lames dont les ouïes sont composées, qu'une très-petite quantité de sang se présente à l'eau sous une très-grande surface, afin que par ce moyen chacune de ses parties puisse facilement être pénétrée par les petites particules d'air qui se dégagent de l'eau.

Il n'est pas aisé d'expliquer comment ces particules d'air sont dégagées de l'eau par les

feuillets des ouïes; mais il est bien évident qu'elles le sont en effet, et que c'est à l'air que le sang des ouïes du poisson doit sa couleur vermeille elle est tout-à-fait semblable à celle

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du sang veineux des animaux à poumons, qui se distingue de celui des artères par un rouge beaucoup plus éclatant.

C'est au célèbre Duverney que nous devons l'anatomie des ouïes de la carpe dont je viens de donner ici une légère esquisse. Malgré mon insuffisance et l'ignorance où je suis des premières voies de la nature, dont je ne saisis çà et là que quelques résultats, je ferai observer ici que si on joint aux quatre mille trois cent vingt rameaux artériels et veineux leurs huit branches. principales, et même ceux des soixante-neuf muscles de la carpe qui servent à sa respiration, on aura un nombre fort approché de celui de quatre mille trois cent quatre-vingt-six, qui forme celui des os de sa charpente. Si on y ajoute ensuite les subdivisions de chacun de ces rameaux artériels, on aura de nouveaux rapports avec les fibrilles dont chacun de ses os est composé. Cette remarque confirme les correspondances qui existent dans les végétaux entre les trachées et leurs fibres ligneuses, qui,. comme nous l'avons vu, sont en même nom-bre, puisqu'elles sont unies les unes aux autres;

et elle peut servir à faire connoître celles qu'il y a entre les différentes parties du poumon et les os des animaux; car l'air communique dans l'intérieur de leur corps avec les aponévroses de leurs muscles, comme nous l'avons déjà indiqué, et comme nous tâcherons de le développer davantage en donnant une idée du poumon, aux harmonies aériennes de l'homme.

Il n'y a pas de doute que les poissons ne tirent l'air de l'eau par leurs ouïes, puisque c'est par ce moyen qu'ils renouvellent l'air de leur vessie aérienne. Cette vessie est un sac oblong, composé de deux ou trois membranes qui se séparent facilement; elle n'a quelquefois qu'un lobe ou ne forme qu'une cavité, comme dans les brochets, les merlans, les truites, etc.; d'autres fois elle a deux lobes ou loges, comme dans le barbeau et la carpe; ou trois, comme dans la tanche de mer; ou quatre, comme dans la dorade de la Chine. C'est en dilatant ou en comprimant cette vessie que le poisson, occupant dans l'eau un plus grand ou un plus petit volume, devient plus léger ou plus pesant, qu'il monte et qu'il descend à sa volonté. La division de la vessie en différens lobes n'a pas été faite sans raison. Lorsqu'elle n'a qu'une cavité, comme dans les poissons ichtyophages et voraces, leur mouvement d'ascension ou de descente se fait tout

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