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il se sépare pour toujours de son aimant par l'action même du feu. S'il est un corps,

ment est-il invisible et impalpable comme un esprit ? et s'il est un esprit, comment peut-il s'attacher à des corps et les faire mouvoir ? Il y a donc des principes de mouvement actifs par eux-mêmes, qui s'unissent à des corps et qui échappent à tous nos sens et même à nos raisonnemens. Pourquoi n'y auroit-il pas aussi des principes de vie et d'intelligence qui existent par eux-mêmes, qui s'attachent à la matière, l'organisent, la font mouvoir, se propager, sentir, raisonner? Ils existent sans doute, car il y a des êtres matériels organisés qui se meuvent, se propagent, sont sensibles et raisonnables, et ne sont plus que de la matière lorsqu'ils sont séparés de l'âme qui les anime. Si tous les arts des hommes ne sont que de foibles imitations de la nature que nous voyons, cette nature elle-même n'est que le résultat de principes que nous ne voyons pas. Nous sommes environnés d'air, d'attractions, d'électricité, de magnétisme, d'êtres organisans, sensibles, passionnés, intelligens, tous invisibles par leur essence, et qui ne se manifestent à nos sens qu'en se combinant avec la matière. Mais ils n'en existent pas moins sans elle comme elle existe sans eux. Il y en a sans doute d'une na

et qui

ture supérieure qui échappent à nos sens, se rendent sensibles à notre raison par l'existence des premiers. Tel est celui qui a formé les harmonies de cet univers et qui les maintient pour nous, êtres passagers. Ses jouissances éternelles ne sont pas comparables aux nôtres. Elles doivent être immenses comme sa puissance infinie et son immortalité. Soyez donc certains que ce monde, comme l'a dit Platon, n'est qu'une ombre fugitive d'un autre monde habité des êtres invisibles pour nous, par bien supérieurs à nous.

mais

HARMONIES AÉRIENNES

DES VÉGÉTAUX.

Si les métaux les plus durs ont des rapports intérieurs avec l'air et avec d'autres élémens plus subtils, les végétaux en ont encore de plus étendus. Des expériences réitérées, faites par les plus habiles chimistes, entre autres par Homberg, prouvent que l'air entre comme matière solide dans la composition des plantes. Le chêne en contient le tiers de sa pesanteur; le feu l'en dégage. Lorsqu'on brûle une bûche de ce bois, on entend souvent de longs murmures sortir de ses flancs: c'est l'air qui s'échappe de ses trachées. Les pois renferment aussi un tiers de leur pesanteur d'air. Des tuyaux et des globes de fer n'en contiendroient pas la dixième partie de leur poids sans crever : il y a apparence même que toutes les forces humaines ne produiroient pas une pareille condensation ; cependant elle est le résultat de l'action des rayons si légers du soleil. Ses feux sont les tisserands des élémens ; ils les assemblent et les séparent; ils en sont à la fois

la navette et les ciseaux. Nos instrumens de physique n'opèrent rien de semblable. On ne peut donc bien étudier la nature que dans la nature même.

Les végétaux ont des harmonies sensibles avec l'air par leur respiration. Si on frotte d'huile une plante vivante, on la fait mourir presque subitement, tandis que par une semblable opération on préserve un morceau de fer de la rouille qui le détruit. Sur ce point, le végétal diffère donc essentiellement du métal. En effet, le premier a les organes de la respiration, dont le dernier est privé. Les plantes ont des tuyaux par où l'air se communique dans tout leur intérieur. Malpighi est le premier qui a fait cette découverte et qui leur a donné le nom de trachées. « Ce sont, dit-il, des vaisseaux formés par les différens contours d'une lame fort mince, comme argentée, plate, assez large, élastique, qui, se roulant sur elle-même en ligne spirale ou en tire-bourre, forme un tuyau assez. long et comme divisé dans sa longueur en plusieurs cellules. Ces lames sont composées de plusieurs pièces, divisées par écailles comme les trachées des insectes, ce qui leur en a fait donner le nom. Quand on déchire ces vaisseaux, on s'aperçoit qu'ils ont une espèce de mouvement. péristaltique.

Hales, dans sa Statique des végétaux, observe que la spire de ces vaisseaux est dans un sens contraire au mouvement diurne du soleil. Cette observation est importante et confirme ce que nous avons dit de l'influence de l'astre du jour sur toutes les puissances de la nature, dont il est le premier moteur. Les ressorts des plantes sont de petites roues de rencontre, mues par son cercle journalier comme leurs harmonies le sont par son cercle annuel. Peutêtre trouvera-t-on une disposition différente dans les spires des trachées des plantes nocturnes, c'est-à-dire, qui n'ouvrent leurs fleurs que la nuit, comme le jalap, une espèce de convolvulus, l'arbre triste des Moluques, etc.: celles-ci ont sans doute des harmonies lunaires

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qui leur sont propres.

Quoi qu'il en soit, on découvre facilement les trachées des plantes en cassant net des tendrons de de vigne ou de jeunes branches de rosier, tilleul, etc. ils paroissent en forme de spirales de couleur argentée. Quand on déchire doucement une feuille, on en voit les trachées s'allonger, en écartant les portions de la feuille l'une de l'autre. Les trachées ont plus de diamètre que les autres vaisseaux des plantes ; elles sont toujours placées autour des fibres ligneuses, et sont plus grandes dans les racines que

dans

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