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ques, des liliacées en ellipses. L'ordonnance de leurs fleurs suit les mêmes dispositions; car il y en a d'agrégées en ombelles, en grappes, en sphères, en hémisphères et en corymbes. Dans la zone torride, les fleurs à grands pétales sont en moindre nombre, et n'éclosent guère qu'à l'ombre même des rameaux qui les portent, ou bien elles ont des courbes paraboliques et divergentes comme celles de la capucine du Pérou, papilionacées, où les parties sexuelles sont recouvertes par une carène; et ce genre, qui produit les grains légumineux, y présente des espèces très-nombreuses. Les épis des graminées se subdivisent en une multitude d'épilets divergens; de sorte qu'ils ont peu de réflexion: tel est celui du riz. Celui du maïs, au contraire, y est revêtu de plusieurs pellicules. Enfin, le port même des arbres les plus communs dans la zone glaciale et dans la zone torride, paroît soumis aux mêmes harmonies; car les sapins de la première sont perpendiculaires et pyramidaux, comme leurs cônes, qu'ils exposent, par étages, à tous les aspects du soleil, tandis que les palmiers de la seconde ont des cimes étendues qui en tempèrent les ardeurs, et ombragent leurs fruits en grappes pendantes. La nature emploie aussi les différentes nuances des couleurs pour accroître ou affoiblir les

réverbérations des pétales, suivant les sites, les climats et les saisons; de manière que plusieurs végétaux naturels au nord et au midi peuvent croître dans les climats tempérés, et réciproquement. Mais nous avons parlé suffisamment de ces rapports solaires et de leurs compensations dans nos Études de la Nature.

Puisque les formes et les couleurs des fleurs des végétaux sont en harmonie avec le soleil et lui doivent leurs développemens, je suis porté à croire que leurs fruits et même leurs tiges entières lui sont redevables de leurs vertus harmoniées avec les divers besoins des tempéramens de l'homme et des animaux. Puisque le cours annuel du soleil ajoute, chaque année, un cercle au tronc des arbres, et que ses rayons colorent de blanc, de jaune, d'orangé, de rouge, de pourpre, et de bleu le sein de leurs fleurs, suivant leurs genres, pourquoi ne transmettroient-ils pas les saveurs acides, sucrées, vineuses, huileuses, aromatisées, dans le sein des fruits dont les fleurs ne sont que les berceaux? Tous les végétaux ont, sans doute, dans chaque genre, des caractères déterminés, qui se reproduisent par des sexes, et qui sont fixés d'une manière invariable par l'auteur de la nature; mais leurs sexes même pourroient fort bien n'être que des agens des

influences du soleil, qui s'harmonient en saveur dans leur ovaire, comme sa lumière s'harmonie en couleur dans leurs pétales. En effet, les qualités des plantes paroissent plutôt solaires que terrestres. On n'en doutera pas si on se rappelle que leurs saveurs sont bien plus développées dans la zone torride que dans les autres zones. C'est là que se trouvent par excellence et en plus grand nombre celles qui renferment des acides, du sucre, des huiles, des épiceries, des parfums, comme nous le verrons ailleurs. Il y a plus, a plus, c'est que toutes les qualités des plantes en général sont si passagères, qu'elles s'évanouissent entièrement par leur décomposition. Leur analyse chimique ne présente que des caput mortuum et des résultats semblables, soit qu'elles soient alimentaires, soit qu'elles soient vénéneuses. Le savant chimiste Homberg a prouvé cette vérité par des expériences réitérées qu'il a faites sur un millier de nos végétaux. J'en conclus donc que leurs vertus, si variées et si actives tandis qu'elles existoient, ne sont que des émanations du soleil, fugitives comme la vie qu'il leur prête.

Cependant la puissance végétale se combine aussi avec les autres puissances. Pour nous former une idée de leurs divers rapports, nous

en allons présenter l'ensemble; nous entrerons ensuite dans de plus grands détails, et nous finirons, suivant notre plan général, par appliquer toutes ces puissances aux besoins des hommes, objets principaux de nos études.

La puissance végétale présente, comme chacune des autres puissances, treize harmonies. La première est céleste, ou soli-lunaire; six sont physiques, et six sont morales. J'appelle la première soli-lunaire, parce que la lune influe sur elle conjointement avec le soleil. Dans les six physiques, trois sont élémentaires, l'aérienne, l'aquatique, la terrestre; trois sont organisées, la végétale, l'animale et l'humaine. Dans les morales, il y en a pareillement trois élémentaires, la fraternelle, la conjugale, la maternelle; et trois organisées ou sociales, la spécifiante, la générique et la sphérique.

sance,

Ces harmonies vont en progression de puisde manière que la seconde réunit en elle et accroît les facultés de la première; la troisième, celles de la seconde, ainsi de suite jusqu'à la sphérique, qui non-seulement se compose de celles des espèces et des genres, mais, par ses révolutions, tend sans cesse vers l'infini.

Ces harmonies sont si vieilles et si constantes, que les différens systèmes des botanistes posent

tous sur quelques-unes d'entr'elles

comme

nous le verrons; et s'ils sont restés imparfaits, c'est qu'ils ne les ont pas embrassées en entier.

Quelque étendu que soit l'ordre harmonique, nous espérons en donner une idée précise, en fixant d'abord l'attention de nos lecteurs sur la plante qui produit le blé : elle est la plus facile à saisir par la simplicité de ses formes. Nous la regardons comme le prototype du genre des graminées, dont les espèces sont si nombreuses; et, sans contredit, de toutes les plantes c'est celle qui nous intéresse davantage. Pourquoi d'ailleurs irions-nous chercher des preuves d'une Providence dans les cèdres du nord, ou dans les palmiers de la zone torride, quand l'ordre général de l'univers est à nos pieds et peut se démontrer dans une paille?

Le blé a des harmonies avec le soleil par le peu d'élévation de sa plante, qui en est échauf fée dans toute sa circonférence par ses feuilles linéaires et un peu concaves, qui en réfléchissent les rayons à son centre; par les reflets de la terre qui l'environne et qui renvoie sur lui la chaleur dont elle se pénètre. C'est un des avantages des sites humbles sur ceux qui sont élevés, de jouir des plus petites faveurs des élémens, et d'être à l'abri de leurs révolutions. Aussi les herbes poussent-elles plus tôt et

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